Microphone à ruban n'est pas forcément synonyme de prix exorbitant ! La marque allemande t.bone le prouve avec cet intrigant RM700, proposé au même tarif qu'un simple Shure SM57. Mais pour quelle qualité ?

Présentation et spécificités du t.bone RM700
Toujours est-il que le RM700 arrive bien dans un carton estampillé « Studio Recording Microphone ». À l’intérieur se trouve une mallette façon AKG C414 dans laquelle nous découvrons une suspension de type araignée et une petite boite en bois où se cache le fameux RM700. Malgré l’utilisation de matériaux bon marché, tout ce packaging est plutôt sympathique et surtout assez incroyable au vu du tarif du microphone.
Parlons justement du microphone. Avec un corps assez fin et une tête ronde et plate, le RM700 propose un design original en forme de sucette rappelant celui du Cascade Fat Head. Comme la plupart des microphones à ruban, le t.bone est bidirectionnel. Sa réponse en fréquence est de 20 Hz à 10 000 Hz, ce qui sur le papier paraît assez réduit, même pour un ruban, et son rapport signal/bruit est de 80,6 dB. Le t.bone semble également accepter de très gros niveaux sonores avec 136 dB de niveau de pression acoustique maximum (à titre de comparaison, un Royer R121 en accepte environ 130 dB). Enfin, il ne comporte aucun sigle, switch ou autre pad sur le corps, hormis le nom de la marque qui permet d’identifier le « bon » côté du t.bone à placer devant votre source sonore.
Essais batterie : comportement du RM700 en prise de son
Installation
Dès l’installation, la suspension laisse quelque peu perplexe. Quasi identique à celle d’un RB100 (en fait, exactement la même, mais avec une mousse isolante différente sur l’attache du micro), son système à vis a souvent tendance à se desserrer. Son dispositif de pinces, permettant d’y glisser le microphone, peut également facilement induire de petits bruits mécaniques. Prêtez-y donc attention !
De plus, le poids du microphone est principalement placé dans la tête du RM700 ce qui peut avoir tendance à le déséquilibrer. Loin d’être un réel souci, mais à prendre en compte, surtout avec cette suspension un peu fragile et si vous placez le microphone horizontalement.
Devant une batterie
En ambiance
Cette envie d’ajouter un peu d’air à la prise s’accentue en room où le RM700 sonne très médium et très mat avec une dynamique un peu molle. Ni mauvaise ni révolutionnaire, la prise ne fonctionnera alors peut-être plus comme un effet (ou pour appuyer une couleur très spécifique) que comme LE micro de pièce ultime. Et si le t.bone accentue plus l’effet de pièce que le C414, grâce sûrement à sa directivité, on ressent un petit manque de profondeur que l’on a rapidement envie de combler par l’ajout d’un effet ou d’une réverbe.
L’utilisation d’un compresseur aux réglages extrêmes vient justement compenser cela. La prise reprend vie avec un rendu toujours très typé (et un peu brouillon), mais plus rebondissant. Le jeu du ruban est alors parfait pour garder de la douceur alors que le C414 devient rapidement fatigant. Et si l’on sent toujours qu’il manque quelque chose en termes de fréquences au t.bone pour sublimer totalement la prise, sa personnalité pourrait devenir un atout pour venir colorer votre son de batterie et gonfler les micros de proximité.

- 01a Drums Akg C41400:16
- 01b Drums t.bone RM70000:16
- 02a Drums Room Akg C41400:16
- 02b Drums Room RM70000:16
- 03a Drums ExtremeComp Akg C41400:13
- 03b Drums ExtremeComp RM70000:13
Comportement sur piano droit et glockenspiel
Devant un Steinway
L’un de ses principaux défauts est cette fâcheuse inclination à ne capter qu’un seul plan sonore, sûrement accentuée par ces aigus un peu voilés, qui sera vite dommageable sur une pièce de piano solo. Cela se fera pourtant un peu moins gênant sur des formats plus pop pour lesquels les effets de profondeur sonore sont souvent recréés artificiellement (avec l’application de réverbe, délais ou modulations).
L’autre souci du t.bone vient de son rapport signal/bruit assez faible, qui pourrait lui aussi devenir parfois problématique, surtout devant des sources délicates ou faibles (cf. extrait 04). Il reste heureusement facilement gérable dès lors que la source se fait un peu plus puissante (cf. extrait 05).

- 04a 414 Piano A100:20
- 04b RM700 Piano A100:20
- 05a 414 Piano A200:11
- 05b RM700 Piano A200:11
Au-dessous d’un glockenspiel
Placé au-dessus d’un glockenspiel, le t.bone s’en tire plutôt bien. La chaleur du micro est indéniable et l’instrument paraît bien plus gros et épais qu’avec un Schoeps. La dynamique un peu molle du RM700 en devient même un bel atout pour casser les transitoires rapides et assez dures du glockenspiel. Une bonne surprise !
Par contre, l’effet de proximité du microphone est cette fois flagrant et surtout un peu trop prédominant malgré plus de 70 cm de distance avec l’instrument. Un coupe-bas (réglé assez haut) est indispensable pour équilibrer le signal qui pourrait idéalement réclamer aussi un petit shelf dans le haut du spectre. À ce propos, le t.bone accepte justement très bien les égalisations, sans que cela ne rajoute de problèmes de souffle ou ne révèle de fréquences néfastes. Ici, cela pourrait d’ailleurs l’aider à se rapprocher (dans une certaine mesure) du Schoeps qui a ce précieux avantage de bien mieux faire ressortir les harmoniques, un peu trop étouffées sur le ruban au rendu bien plus mat.

- 06a Schoeps Glock RM70000:16
- 06b RM700 Glock00:16
- 06c RM700 Glock Locut 450Hz00:16
Test du RM700 sur guitare électrique et ampli
Sur une guitare Palm Mute et Fuzz, la douceur devient plus proche d’une certaine mollesse. Le micro manque d’un peu de mordant et la montée en puissance du bas médium sur la prise Fuzz lui fait perdre en cohérence. En comparaison, le Royer sonne plus ouvert et dynamique alors que c’est un micro déjà très coloré et pouvant souvent nécessiter une petite égalisation. La gestion d’une prise brute faite au RM700 peut alors devenir un peu compliquée pour l’insérer dans un mix, à moins de lui appliquer une égalisation assez sévère.
Heureusement, comme la plupart des microphones à ruban, le RM700 se marie très bien avec un SM57. Il devient alors un outil merveilleux pour gonfler le Shure et lui apporter une belle corpulence. Le mariage des deux rappelle même étonnamment l’équilibre et la couleur d’un Royer pour un rendu bien gras et puissant. Il faudra par contre faire attention à la phase des deux microphones. Cependant, la tête plate et fine du t.bone facilite justement grandement leur placement.

- 07a Gtr Surf Sm5700:22
- 07b Gtr Surf RM700 Surf00:22
- 07c Gtr Surf Royer R12100:22
- 07d Gtr Surf RM700 + Sm57 Surf00:22
- 08a Gtr PalmMute Sm5700:23
- 08b Gtr PalmMute Gtr RM70000:23
- 08c Gtr PalmMute Royer R12100:23
- 08d Gtr PlamMute RM700 + Sm5700:23
- 09a Gtr Fuzz Sm5700:24
- 09b Gtr Fuzz RM70000:24
- 09c Gtr Fuzz Royer R12100:24
- 09d Gtr Fuzz RM700 + Sm57 Fuzz00:24
- 09e Gtr Fuzz LoZ RM70000:24
Un second moyen de rééquilibrer un peu plus la prise est de reculer les microphones de quelques centimètres. Une fois placé à 20 cm de l’ampli, le résultat est tout de suite meilleur et plus équilibré : l’effet de proximité reste audible, mais bien mieux contrôlé. La distorsion hargneuse de la Big Muff ressort plus facilement et la guitare gagne en agressivité tout en restant colorée à souhait.

- 10a Gtr PalmMute 20cm Sm5700:23
- 10b Gtr PalmMute 20cm RM70000:23
- 10c Gtr PalmMute 20cm RM700 + Sm5700:23
- 11a Gtr Fuzz 20cm Sm5700:25
- 11b Gtr Fuzz 20cm RM70000:25
- 11c Gtr Fuzz 20cm RM700 + Sm5700:25
Avec un wurlitzer branché en lieu et place de la guitare, le constat est identique : le t.bone vient épaissir le son avec un bas-médium bien présent. Le résultat est un peu mou, mais il correspond à l’instrument. C’est typé et musical sans sonner trop daté ni trop cliché. Pas si éloigné du Royer avec pourtant cette dynamique moins naturelle et, surtout, et toujours, cette sensation de manque de profondeur (que les musiciens pourraient facilement combler avec quelques pédales d’effets).

- 12a Wurli Shure Sm5700:09
- 12b Wurli t.bone RM70000:09
- 12c Wurli Royer R12100:09
Résultats sur saxophone et voix chantée
Le saxophone
Les voix
Comme pour la prise de guitare, une fois le chanteur reculé de quelques pas, le son gagne en homogénéité. Il vous faudra sûrement trouver le juste milieu qui vous conviendra le mieux, mais, si le morceau s’y prête, le t.bone pourra alors vous donner un résultat assez élégant.
Caractéristiques techniques
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Type : microphone à ruban passif
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Directivité : bidirectionnelle (figure en 8)
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Réponse en fréquence : 20 Hz – 10 kHz
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Niveau de pression acoustique max : 136 dB SPL
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Rapport signal/bruit : 80,6 dB
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Connectique : XLR symétrique
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Corps fin avec tête ronde façon « sucette »
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Poids concentré sur la tête
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Aucun filtre ni pad intégré
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Livré avec suspension, mallette et boîte bois
FAQ
Le RM700 fonctionne-t-il sans alimentation fantôme ?
Oui. Comme tout micro à ruban passif, il ne nécessite pas d’alimentation fantôme, mais attention à ne pas l’envoyer accidentellement.
Peut-on l’utiliser sur un ampli guitare ?
Oui, à condition de faire attention à l’effet de proximité et à bien gérer l’égalisation. Il peut épaissir une prise, notamment en complément d’un SM57.
Est-ce adapté pour le chant ?
Possible, mais avec prudence : l’effet de proximité peut alourdir le bas du spectre. Mieux vaut prévoir un peu d’EQ et des effets pour lui donner de la profondeur.
Ce micro est-il fragile ?
Comme tous les micros à ruban, il est sensible aux coups de vent, aux chocs et à l’alimentation fantôme. À manier avec précaution.
Quelle alternative plus haut de gamme ?
Un Royer R-121 ou un Coles 4038, bien plus chers, offriront plus de dynamique, de linéarité et de profondeur dans le mix.