20 ans après le mythique M1, Korg met la workstation à portée de tous sans sacrifier la qualité. Bourré de copieux échantillons et de puissants multieffets, le M50 place résolument la barre de l’entrée de gamme bien au-delà de la concurrence.
20 ans après le mythique M1, Korg met la workstation à portée de tous sans sacrifier la qualité. Bourré de copieux échantillons et de puissants multieffets, le M50 place résolument la barre de l’entrée de gamme bien au-delà de la concurrence.
Sorti en 1988, le M1 de Korg revendique le titre de première workstation de l’histoire. Il intègre alors 4 Mo d’échantillons, une polyphonie de 16 voix, un séquenceur 8 pistes et 2 multieffets. Le concept a donc largement vécu et les 3 grands constructeurs japonais se sont taillés la part du lion pendant des années. Si le propos d’une workstation est d’associer dans un ensemble compact et polyvalent un générateur sonore multitimbral, un séquenceur multicanal et une section effets, on trouve, sur les machines les plus évoluées, des outils de manipulation de l’audio (échantillonnage, traitement de sources externes et enregistrement audio multipistes), des unités de stockage interne, voire différentes technologies de synthèse venant compléter la traditionnelle lecture d’échantillons. Pour le M50, Korg s’est concentré sur l’essentiel, en s’efforçant de ne faire aucune concession sur la qualité pour chacune des sections retenues : générateur sonore, kits de percussions, arpégiateurs, séquenceur, effets… et ergonomie. Voyons tout cela en détail.
Premier contact
Cela n’aura pas échappé aux aficionados de la marque ou aux plus anciens d’entre nous, le M50 affiche incontestablement un air de famille du M1. La couleur noire, les flancs arrondis, les « smarties » rouges en guise de boutons de commande… la filiation est bien établie. La façade est en métal peint, à laquelle les commandes sont solidement ancrées, ce que nous saluons dans cette gamme. Elles se manipulent très bien, avec une réponse franche, un bon espacement et une dimension très confortable. En revanche, le dessous de la machine – tout comme les flancs – est en plastique, il faudra donc être prudent dans les utilisations live, la bonne idée étant d’acquérir un étui de transport et de laisser le M50 dans le couvercle inférieur. L’inclinaison du panneau avant, plus marquée que d’habitude, permet une lecture aisée des différentes sections : à gauche, entre les curseurs de volume et de données, on trouve 4 rotatifs assignables à 4 fonctions programmables. Ils permettent de contrôler en temps réel les paramètres de synthèse (coupure du filtre, résonance, enveloppes, effets…), les arpèges ou des unités midi externes par CC. Cette section est complétée par 2 interrupteurs permettant de déclencher un pattern rythmique et des arpèges, ainsi que 4 touches pour stocker et lancer des accords (jusqu’à 8 notes par programme).Au centre, un large écran tactile monochrome 320 × 240 remplace très avantageusement l’habituel LCD. Nous saluons ce choix qui améliore considérablement l’ergonomie de la machine, identique à celle d’un Triton (10 ans déjà !) ou d’un M3 pour ce qui est de l’édition. Celle-ci est basée sur la sélection de différentes pages menus, selon le mode de jeu. Dans chaque page, on trouve des onglets façon classeur Excel que l’on appelle du bout du doigt, avant de sélectionner le paramètre à éditer. Ce dernier peut être modifié avec le gros encodeur, le pavé numérique, le curseur Data, les touches +/- ou encore l’un des 4 rotatifs assignés ; de quoi être à l’aise en toutes circonstances. En haut à droite du panneau avant, on trouve des touches de sélection de mode (programme, combinaison, séquenceur, global, média) et de banque son. A l’extrémité droite, Korg a heureusement prévu les commandes de transport du séquenceur et des commandes de tempo, à savoir un rotatif dédié et une touche « tap » pour entrer le tempo au vol, bien vu !
Trois versions
Côté clavier, le M50 est actuellement livré en versions 61 touches légères semi-lestées et 88 touches lourdes. Ce dernier est le clavier équipant le M3–88, utilisant la mécanique RH3 à 4 zones de pondération avec aftertouch. Le modèle à 73 touches sera disponible pour Francfort. Nous avons testé le M50–61, dont le clavier répond à la vélocité, mais pas à la pression, contrairement au TR, zut ! Ceci dit, la réponse à la pression du TR ne nous avait pas convaincus, le clavier ayant tendance à envoyer trop facilement des modulations d’aftertouch quand il est joué trop lourdement. Ce clavier est agréable à l’utilisation, pas trop mou et avec un rebond suffisant, mais reste évidemment inférieur à celui qui équipe le M3–61.
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Enfin, sur la partie inférieure gauche, on retrouve l’habituel joystick (axe pitchbend et 2 axes de modulation) et 2 Switches de commande, permettant d’altérer la valeur de certains paramètres en temps réel : par exemple enclencher le portamento, activer un effet supplémentaire, transposer d’une octave, ou encore verrouiller le joystick… la liste est longue.
Si la façade du M50 est généreusement fournie et n’a rien d’une entrée de gamme, des coupes budgétaires ont été faites sur le panneau arrière. Tout d’abord, l’alimentation est externe, heureusement sous forme de bloc central connecté à une prise IEC 3 broches. Ensuite, une seule paire de sorties stéréo jouxte la prise casque, les 3 prises pour pédales et le duo Midi (pas de Thru). Pour les sauvegardes des sons, séquences, OS ou Sysex, un lecteur permet d’accueillir des cartes SD jusqu’à 2 Go.
Enfin, le M50 dispose d’une prise USB permettant de transférer des données Midi avec un ordinateur externe (Voir encadré ci-contre). Par contre, rien pour le traitement de signaux audio externes ; aucune possibilité d’extension non plus. Toutes ces prérogatives sont réservées au haut de gamme, rien d’étonnant.
Terminons ce premier contact en signalant la présence d’un mode d’emploi en français parfaitement traduit dès la mise sur le marché, obligation légale pas toujours respectée dans le domaine de la musique électronique. En revanche, le guide exhaustif des paramètres est en anglais (ou en japonais pour les plus courageux) et sous forme PDF.
Qualité audio
A l’allumage du M50, ce qui frappe immédiatement, c’est la puissance des niveaux audio. La plupart des synthés de notre studio nécessite d’ajouter du gain en pré mix, pas le M50. Les niveaux sont même supérieurs à ceux de notre vénérable Trinity, avec toujours cette absence de bruit de fond. Merci pour cette qualité ! Fidèle à la tradition des workstations, le premier programme est l’incontournable piano acoustique. Alors là, nous avons été très agréablement surpris par la musicalité de ce piano. Korg avait la réputation d’offrir des sons de piano plutôt agressifs et froids. Là, pas du tout, virage à 180 degrés : on est dans le rond, le doux, le presque sombre, le piano classique en somme. Le multiéchantillon pèse pas moins de 128 Mo, soit la moitié de la très généreuse Rom équipant le M50. Il est capturé sur 3 niveaux stéréo de dynamique et une 4ème couche dédiée à la résonance sympathique des cordes lors de l’utilisation d’une pédale de maintien. Franchement c’est le piano le plus musical que nous ayons entendus sur un synthé Korg. Il est exempt de bouclage, d’artefact de transposition et répond sur une large gamme de dynamique, comme illustré sur cet énorme exemple sonore emprunté à Chopin, issu à l’origine d’une séquence développée pour Kurzweil.Outre un piano acoustique mono plus agressif pour le live, on trouve des échantillons mono de claviers électriques / électroniques vintage très bien capturés : le SG-1 maison, un CP80, quelques variations multicouches judicieusement choisies de Rhodes, un Wurlitzer, des bandes de Mellotron et un Clavinet qui a tout ce qu’il faut comme tranchant pour taper « Superstition », sans oublier la variation wha-wha. Le M50 propose une large sélection d’orgues à roues phoniques ou transistors. Nous avons apprécié le déclenchement mono des percussions, rendu possible grâce au moteur de synthèse emprunté au M3. En revanche, nous sommes restés sur notre faim concernant la façon dont certains programmes simulaient les cabines Leslie, par fondu / enchaîné de multisamples capturés avec Leslie lent / rapide. Les démarrages et arrêts des haut-parleurs tournants sont irréalistes, mieux vaut utiliser le multieffet dédié.
Les guitares acoustiques sont très soignées, parfois même trop « léchées ». Explications : les attaques ont été hyper détaillées et tapent bien dans l’oeil, mais cela prolonge la durée des transitoires et empêche de jouer efficacement les passages rapides. Les guitares électriques bénéficient de l’excellente section effets du M50, riche de différents simulateurs d’ampli, saturations et distorsions. De quoi nous faire regretter l’absence d’entrées audio. Les sons de cuivres ont été améliorés. On trouve des ensembles stéréo à différents niveaux dynamiques forts convaincants, sans oublier les trompettes, cors français classiques et saxes avec effet « growl » déclenchés par la vélocité.
Les cordes reprennent plus ou moins les échantillons développés précédemment, dans la plus pure tradition Korg. Si elles sonnent large, les grosses sections stéréo restent trop éthérées à notre goût. Il s’en dégage un certain manque de chaleur. Empilées avec des cordes solos, on gagne en réalisme mais on perd en expressivité, vues que ces dernières sont capturées avec vibrato. Les petites sections sont les plus convaincantes, mais on est loin des softs d’orchestres dédiés, qui valent toutefois à eux seuls un ou même plusieurs M50 ! Côté chœurs, nous avons trouvé notre compte, avec mention particulière au chœur classique solennel et aux programmes multicouches de scats façon Take Five, qui sans égaler leur alter ego de chez Kurzweil enregistrés avec le groupe éponyme, s’en rapprochent beaucoup.
… et qualité sonore
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Le M50 comporte son lot de basses acoustiques et électriques. Les premières souffrent un peu du même problème que les guitares acoustiques, à savoir une attaque trop détaillée et omniprésente. Les basses électriques sont en revanche excellentes : rondes, dynamiques, énormes, elles bénéficient là encore d’effets particulièrement efficaces (type compresseurs et simulateurs d’ampli basse), comme illustré ici et là.
Les percussions bénéficient de nouveaux échantillons stéréo multicouches, avec un soin tout particulier pour les sets acoustiques de toute époque. Qualité sonore que l’on peut apprécier dans chaque programme, puisqu’au son de base on peut associer un kit de percussions et un motif rythmique issu de la Rom (671 Presets) ou enregistré à partir du séquenceur (1000 emplacements). Un concept inauguré sur les Fantom Roland, idéal pour s’accompagner et lancer les premières idées sonores. La plupart des exemples sonores de ce test sont d’ailleurs joués tels quels. Le M50 n’oublie pas la panoplie électro / techno / rap, avec des kits électroniques complets.
Terminons ce tour d’horizon par les sons synthétiques. Ils sont dans la veine de ce qui a fait la renommée des workstations de la marque : nappes amples et évolutives, textures hybrides réalisées par empilages, grosses basses qui déchirent, larges nappes, leads puissants… s’appuyant sur la section filtres identique au M3, permettant de combiner 2 filtres multimodes résonants avec auto oscillation, nous y reviendrons…
Globalement, la Rom du M50 privilégie la qualité à la quantité : les multiéchantillons sont biens capturés, assignés et bouclés (pour ceux qui le sont, car la durée de chaque sample s’est considérablement allongée). Les instruments les plus délicats bénéficient de 3 à 4 couches de dynamique, certains en stéréo. Finis les 10 pianos acoustiques et les 20 pianos électriques déclinés en versions plus ou moins subtiles. Korg a su éviter le remplissage inutile de Rom et a éliminé tous les échantillons médiocres. Merci !
Outils de synthèse
Le M50 reprend le même moteur sonore que le M3, marquant une nette évolution par rapport à la série Triton. Les 80 voix de polyphonie maximale sont complètement dynamiques sur 16 canaux multitimbraux, quels que soient les multiéchantillons utilisés. A noter qu’un multiéchantillon stéréo consomme 2 voix par note, ce qui est normal. Le moteur sonore est la lecture d’échantillons, puisés dans une Rom de 256 Mo (équivalent 16 bits linéaires après décompression), du jamais vu sur une workstation de cette gamme de prix ! Cela représente 1077 multiéchantillons (dont 7 stéréo) et 1609 sons de percussions pour les kits de batterie (dont 116 stéréo). Contrairement au M3, cette mémoire n’est pas extensible et il n’existe pas d’autres moteurs de synthèse, type modélisation.Un programme est constitué de 1 ou 2 générateurs sonores, formant une chaîne classique oscillateur – filtre – ampli. Chaque oscillateur peut faire appel à 4 multiéchantillons mono ou stéréo déclenchés selon des plages programmables de dynamique de frappe. Cette section est très supérieure à la série Triton, puisque le M50 permet la superposition (Layer), la transition (Crossfade) ou la commutation (Switch) des couches sonores. Il est même possible de choisir la courbe de fondu (linéaire ou Equal Power). Un multiéchantillon peut être joué en poly ou monophonie, avec ou sans portamento, avec ou sans redéclenchement des enveloppes. Application : un son d’orgue type B3, avec percussion qui n’est pas déclenchée tant que des notes sont tenues. La sortie de chaque oscillateur passe alors dans 2 filtres qui peuvent être routés en série ou en parallèle. Ils sont de type multimode résonants, avec passe-bas 2 pôles, passe-haut 2 pôles, passe-bande 1 pôles ou réjection de bande. En les fusionnant, on obtient des filtres 4 pôles (passe-bas ou passe-haut) et 2 pôles (passe-bande et réjection). La qualité de ces filtres est bonne, même si l’auto-oscillation a tendance à siffler de manière agressive par rapport à un analogique. Les fréquences de coupure se modulent par à peu près tout : tracking clavier, dynamique de frappe, enveloppes, LFO, contrôleurs physiques…
Le signal passe enfin dans une section ampli entièrement paramétrable et modulable, avec panoramique et driver. Ce dernier est un étage de saturation qui agit sur chaque voix, contrairement à un overdrive qui agirait au niveau global ; ceci permet de traiter chaque voix sans interaction, évitant ainsi de saturer l’étage de sortie en fonction du nombre de voix utilisées. Les effets vont de la saturation légère à la distorsion la plus improbable. L’effet offre également un booster de basses pour renforcer la fondamentale qui aurait tendance à disparaître quand on pousse le driver. Bien vu ! Application évidente, les sons de guitare ou de claviers saturés.
Modulations en tout genre
Au rayon modulations, le M50 est très bien achalandé. Chacun des 2 oscillateurs possède 2 LFO indépendants. Au niveau global, on trouve également un LFO commun à toutes les voix, ce qui fait jusqu’à 5 LFO par programme, de quoi bien débuter ! Chaque LFO offre 18 formes d’onde variées, dont des profils aléatoires. Ils sont synchronisables à l’horloge globale interne ou Midi. Un paramètre « Shape » permet de varier les courbes des formes d’ondes en les filtrant plus ou moins. On trouve des paramètres de fondu, d’offset d’onde (décalage par rapport à la position centrale) et de délai. Pour moduler la fréquence, 2 sources peuvent être utilisées en même temps. Pour sa part, le LFO global est constamment en mouvement. Ses paramètres sont un peu plus limités que les LFO de voix. Le M50 offre également 3 à 5 enveloppes par programme. Elles sont préaffectées à la hauteur, au filtre et au volume, mais peuvent également moduler d’autres paramètres (voir ci-après). Si l’enveloppe de hauteur est globale pour les 2 oscillateurs, les 2 autres sont indépendantes pour chaque oscillateur. Elles sont de type multisegment, avec 4 temps et 4 niveaux modulables en temps réel. Mieux, les courbes de réponses sont paramétrables (linéaires, exponentielles, logarithmiques…), ce qui permet des temps de réponse plus ou moins rapides, idéal pour certains sons de synthèse percussifs. A faibles valeurs de temps, elles sont plutôt rapides, pour des enveloppes logicielles.
Mais le plus puissant réside dans la section AMS, une grosse matrice permettant d’affecter des sources de modulation à des paramètres de synthèse. Dans chaque page, les paramètres modulables (destinations) possèdent une liste déroulante permettant de sélectionner les sources. Tout ou presque se module : la hauteur, la fréquence des filtres, leurs résonance, le volume, le panoramique, la vitesse des LFO, les segments d’enveloppes… la liste est exhaustive. Les sources sont constituées des enveloppes, des LFO, des contrôleurs physiques (clavier, switches, pédales, joystick, rotatifs) et des CC Midi. Mieux, la matrice dispose, comme sur les synthés modulaires, de 2 mixeurs par oscillateur, permettant de mélanger 2 sources (par exemple, additionner / multiplier 2 modulations) ou d’altérer le signal d’une source (comme adoucir la forme d’onde d’un LFO). On peut même cascader les 2 mixeurs pour des traitements encore plus délirants. Dans cette section synthèse, il ne manque à notre sens que des interactions entre les oscillateurs, telles que la synchro, la modulation d’amplitude ou la modulation en anneau. Fonctions en général réservés aux synthés analogiques ou à modélisation, permettant d’ajouter du contenu harmonique aux ondes de base. En sortie, un EQ 3 bandes permet de retailler le signal avant effets. Au global, on dispose de 640 emplacements utilisateur (la plupart programmés d’usine) et 256 sons GM2 en Rom.
Combinaisons
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Tout comme sur le M3, les programmes se combinent désormais par 16 sur le M50. S’y ajoutent la piste de motifs de batterie et 2 arpégiateurs polyphoniques (Voir encadré ci-contre). Le mode combinaison est idéal pour tirer la quintessence de la machine en jeu direct, non seulement avec le générateur interne multitimbral 16 canaux, mais également avec des unités Midi externes pilotables sur 16 canaux simultanés. Utilisation type : à main gauche, une section du clavier qui commande un programme interne en direct, genre nappe de cordes. Les 2 arpégiateurs polyphoniques agissent sur 2 autres programmes suivant les accords joués, par exemple une ligne de basse et un riff de guitare. Le motif de batterie vient soutenir cette honnête petite formation et il ne reste plus qu’à ajouter le solo main droite pour parfaire notre arrangement. Bien évidemment, les contrôleurs du panneau avant peuvent être usés et abusés, ainsi que les touches de générateurs d’accords pour faciliter le tout.
Sur chacun des 16 canaux, on peut faire un certain nombre de réglages, affichés graphiquement dans le large écran : origine du son (interne ou externe), canal midi, mode de jeu, volume, panoramique, transposition / accordage, EQ (3 bandes avec médium semi-paramétrique), routage d’effets. Là où la machine prend tout son intérêt, c’est dans la souplesse des réglages de tessiture et de vélocité des différents canaux. Pour chaque canal, on peut définir une zone de tessiture avec fondus hauts et bas ; idem pour la vélocité. A nous les Splits, empilages et fondus pilotés par la force de frappe. Application type, les ensembles orchestraux avec cordes, cuivres et percussions apparaissant progressivement.
Côté Midi, le M50 permet un pilotage très précis des différents paramètres de chaque canal, avec filtrage des messages de changements de programme, aftertouch, pédale de maintien et portamento. Pour faciliter l’édition, il est possible d’isoler une piste ou encore de comparer la combinaison éditée à l’originale. Pour éditer les programmes dans leur contexte de combinaison, on dispose d’une page spéciale permettant d’agir sur une vingtaine de paramètres de synthèse et d’effets. Les valeurs sont stockées dans la combinaison, ce qui permet de conserver en l’état le programme d’origine. Par contre, il n’est pas possible d’agir sur les autres paramètres, ce qui reste une déception. Si notre mémoire est bonne, il était possible de faire cela sur le 01/W, workstation de la marque sortie au début des années 90, faculté hélas abandonnée depuis le Trinity… La mémoire interne du M50 renferme 512 combinaisons utilisateur dont 384 programmées d’usines.
Séquences à la pelle
Si le mode combinaisons est le mode idéal pour le jeu live, le mode séquenceur est son pendant pour l’enregistrement. Le M50 offre 16 pistes Midi indépendantes, auxquelles s’ajoutent 1 piste maître (comprenant les données globales telles que les variations de tempo), la piste de motifs de batterie et les 2 arpégiateurs polyphoniques. Il peut contenir 128 morceaux totalisant 210.000 événements Midi. Attention, cette mémoire est volatile, hélas ! Il faut donc utiliser des ressources externes (carte SD ou port USB) pour sauvegarder ses données.
On peut enregistrer en temps réel (overdub, bouclage, punch in…) ou pas à pas, en s’appuyant sur l’écran qui fournit des informations très détaillées. Le M50 est aussi capable d’enregistrer plusieurs pistes Midi simultanément, soit en interne, à partir des 2 arpégiateurs, de la piste de batterie et des motifs RPPR, soit via un séquenceur externe (notes et Sysex). Un éditeur de patterns permet de créer jusqu’à 100 motifs par morceau comme dans une boîte à rythmes, avec affichage graphique dédié. Ces motifs, qui s’ajoutent aux 671 motifs en Rom, peuvent ensuite être copiés dans les séquences, utilisés dans la piste de batterie ou en mode RPPR. Cette fonction permet d’assigner très rapidement des motifs rythmiques aux touches du clavier pour les lancer en temps réel en parfaite synchronisation avec tout ce qui bouge dans la machine.
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Pour l’édition des pistes de séquences, le mode microscopique offre la visualisation et la modification de chaque événement par liste déroulante, avec filtrage possible de certains paramètres pour aller à l’essentiel. On dispose également d’un éditeur de piste et d’une fonction permettant d’ajouter des commandes de contrôle à partir des contrôleurs physiques, idéal pour faire évoluer un paramètre de synthèse en temps réel. Pour la reproduction, chaque piste peut être bouclée en toute autonomie, entre 2 points au choix. Il suffit pour cela de définir la plage de lecture à la mesure près et le M50 obéit au doigt et à l’œil. On peut même décider de lire les premières mesures hors bouclage avant que le M50 n’entre en mode bouclage. Tout comme en mode combinaison, chaque piste dispose d’un numéro de canal Midi, une source sonore (interne ou externe), un niveau, un panoramique, une assignation aux bus d’effets d’insertion et des départs dosables vers les effets maîtres. Pour s’y retrouver dans ce dédale de possibilités, le M50 offre une fonction Cue-List, véritable juke-box Midi dédié à la gestion et à la lecture des séquences. A savoir qu’une Cue-List peut à son tour être transformée en séquence.
Section d’effets
La section effets est identique à celle du M3. Que ce soit en modes programme, combinaison ou séquenceur, on dispose de 8 multieffets surpuissants. Les 5 premiers sont des effets dits « d’insertion ». Viennent ensuite 2 effets « maîtres », que l’ont réserve habituellement aux effets globaux parallèles (départs / retours bus). Vient enfin l’effet dit « total », qui permet de peaufiner le traitement du mix final avant qu’il n’aille rejoindre les sorties audio.
Tous ces effets disposent d’entrées / sorties mono ou stéréo, suivant l’algorithme sélectionné (170 en tout). Ils sont hyper sophistiqués. 17 d’entre eux le sont d’avantage : ce sont des effets « doubles » dont l’utilisation est soumise à certaines restrictions (voir ci-après). Tous ces algorithmes sont largement paramétrables et certains paramètres sont modulables en temps réel par une matrice dédiée, comprenant entre autre 2 LFO pour synchroniser les effets périodiques au tempo global, donc à tout ce qui bouge dans le M50. Qualitativement, les résultats sont de très haut niveau, avec mention spéciale aux modélisations d’ampli à lampes. Pour nous simplifier la tâche, Korg a judicieusement prévu des programmes tout faits pour chacun des algorithmes d’effets.
Les 5 effets d’insertion peuvent être chaînés 2 à 2 en série ou placés en parallèle pour des combinaisons complexes, genre Compresseur/EQ/Ampli/Distorsion/Phaser ou EQ/Chorus + Compresseur/Overdrive/Flanger. Utiliser un effet double limite d’autant le nombre d’insertions. En mode combinaisons ou séquences, chaque canal peut être routé vers l’un des 5 bus d’insertion. Cela permet soit de se fabriquer des prémixages indépendants, soit de « prendre le bus » progressivement dans une chaîne.
Les effets maîtres sont identiques mais interviennent sous forme de bus globaux. Chaque canal d’une combinaison ou séquence dispose de 2 départs vers les 2 bus, chaque bus ayant son dosage de retour stéréo. Tous les routages sont indiqués graphiquement par l’écran, ce qui facilite considérablement la compréhension des structures d’effets. Signalons que le second effet maître ne peut utiliser d’effets doubles, ce qui à l’usage ne se révèle pas gênant. Enfin, l’effet total met à disposition les 153 algorithmes simples pour finaliser le traitement du signal, ce qui est surtout utile lors de gros empilages sonores ou pour donner une coloration générale. On utilisera typiquement le limiteur mastering stéréo, mais pas le limiteur multibandes stéréo qui est un effet double, argh !
Conclusion
Au final, le M50 est une vraie bonne surprise. Ce test confirme notre première impression à l’occasion du salon de la musique en septembre 2008. Pour un tarif magasin situé dans les 1000 euros début 2009, nous avons droit à une workstation complète qui ne fait aucun sacrifice sur le plan de la qualité : sons, moteur de synthèse, effets, séquences, arpèges, ergonomie, le M50 se révèle une machine fiable et efficace. Il est aussi bien destiné au débutant qu’au professionnel, à l’aise en studio comme sur scène (dans un étui de transport). Héritant des fonctions essentielles du M3 et des 20 ans d’expérience de Korg dans le développement de workstations, le M50 place très haut la barre de l’entrée de gamme. Une très belle réussite!
[+] L’excellent rapport qualité / prix
[+] L’essentiel d’une workstation
[+] Le grand écran tactile
[+] L’ergonomie top niveau
[+] La qualité sonore et audio
[+] Les oscillateurs à 4 couches stéréo
[+] Les filtres multimodes résonants
[+] La matrice de modulations
[+] L’excellente section effets
[+] Les arpégiateurs polyphoniques
[+] Les combinaisons à 16 canaux
[+] Le port USB Midi intégré
[-] Le manque d’aftertouch
[-] Une seule sortie audio stéréo
[-] L’édition limitée des programmes en mode combinaison