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Guide d'achat des casques pour le studio - Quel casque acheter pour faire de la musique ?

Que ce soit pour faire des prises, de l'édition, bosser la nuit ou s'affranchir d'une acoustique médiocre, le casque est l'un des meilleurs ami que puisse avoir le home studiste. Reste à savoir quel(s) casque(s) acheter pour quels usages.

Guide d'achat des casques pour le studio : Quel casque acheter pour faire de la musique ?
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Les enceintes ont beau être le dispo­si­tif d’écoute privi­lé­gié en studio, le casque n’en est pas moins un autre type d’écoute indis­pen­sable pour l’en­re­gis­tre­ment, l’édi­tion et même, comme nous allons le voir, le mixage ou le maste­ring. Inutile de dire qu’il faut le choi­sir avec soin. Pour ce faire, il convient toute­fois de bien comprendre les enjeux qui sont ceux du casque en studio ainsi que les diffé­rents types de casques pouvant répondre à nos besoins.

Et pour péné­trer ce foison­nant marché, le mieux est dans un premier temps de nous pencher sur l’his­toire avec un petit h comme head­phones.

Une brève histoire du casque

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Bien avant qu’on imagine l’uti­li­ser pour écou­ter ou produire de la musique, le casque répond d’abord à un besoin profes­sion­nel. À la fin du 19e siècle, toute commu­ni­ca­tion télé­pho­nique passe par des opéra­teurs ou des opéra­trices qui établissent la liai­son entre l’ap­pelé et l’ap­pe­lant à la main, en connec­tant des câbles sur un patch. À mesure que les villes et les parti­cu­liers s’équipent, ce qui n’était d’abord qu’un simple petit tableau devient vite une centrale télé­pho­nique où des dizaines de personnes travaillent côte à côte et reçoivent, tout le jour durant, des appels qu’elles doivent connec­ter à leurs desti­na­taires. Inutile de dire que les salles sont bruyantes et qu’il est parfois dur d’en­tendre ce que veut le corres­pon­dant dans le brou­haha, tandis que le signal véhi­culé est bien faible et que le bras qui tient le combiné fatigue. Pour allé­ger la péni­bi­lité de ce nouveau métier tout en le rendant plus effi­cace, Ezra Gilli­land, ami de Thomas Edison travaillant pour la Bell Tele­phone Compa­gny, imagine un dispo­si­tif portable qui aurait été utilisé dès 1881, joignant un émet­teur à un récep­teur et repo­sant sur les épaules de l’opé­ra­teur. Notez que le mot trans­por­table serait plus juste vu le poids de l’en­gin : de 3 à 5 kg !

Pourquoi une telle idée ? Pour pouvoir écou­ter du son sans être impor­tuné par le bruit ambiant comme l’in­verse : ne pas impor­tu­ner les autres avec ce que l’on écoute. Cette qualité origi­nelle demeure d’ailleurs la première raison d’uti­li­ser un casque : imagi­nez à quoi pour­rait bien ressem­bler un wagon de métro si tout le monde y écou­tait sa musique sur des enceintes.

Mais le carac­tère isolant du casque et la proxi­mité des haut-parleurs avec nos tympans présente en outre un deuxième avan­tage : cela permet d’en­tendre des choses extrê­me­ment fines qu’on serait bien en peine de distin­guer avec une paire d’en­ceintes.

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C’est notam­ment pour cette raison qu’en 1910, l’ar­mée s’in­té­resse au casque inventé par Natha­niel Bald­win pour le secteur de la télé­pho­nie et qui, plus que le dispo­si­tif rustique de Gilland ou les autres proto-casques d’Er­nest Merca­dier, est consi­déré comme le premier vrai casque de l’his­toire. Il faut dire que le design de ce dernier est déjà très proche du casque tel qu’on le connait aujour­d’hui. L’objec­tif de l’US Navy ? En équi­per ses opéra­teurs radios puis, plus tard, les sous-mari­niers prépo­sés à l’écoute du Sonar. Pour ces derniers, le moindre petit chuin­te­ment peut révé­ler un pois­son rouge, une baleine ou une torpille enne­mie. Il faut donc qu’ils disposent d’un système d’écoute parfai­te­ment isolé et offrant la resti­tu­tion la plus précise possible.

La suite de l’his­toire ne sera qu’une amélio­ra­tion du concept au fil des usages et besoins. Au-delà des appli­ca­tions mili­taires, télé­pho­niques ou radio­pho­niques, le casque va deve­nir un équi­pe­ment acces­sible au grand public avec l’ex­plo­sion de la hi-fi tandis que certaines grandes compa­gnies vont le perfec­tion­ner petit à petit.

Les alle­mands de Beyer­dy­na­mic inventent ainsi le premier casque basé sur des trans­duc­teurs dyna­miques en 1937 (le DT48), les améri­cains de Koss le premier casque stéréo en 1958 (le SP/3), les japo­nais de Stax le premier casque élec­tro­sta­tique en 1959 (SR-1), les alle­mands de Senn­hei­ser le premier casque ouvert en 1968, les améri­cains de Bose le premier casque à réduc­tion de bruit en 1989, et entre le marché indus­triel et la hi-fi, quan­tité de socié­tés vont écrire l’his­toire du casque. Il est à noter que bon nombre d’entre elles sont aussi construc­teurs de micros car, après tout, un trans­duc­teur est un trans­duc­teur comme nous l’avions vu lors de notre guide d’achat sur les enceintes. On pense notam­ment à AKGSenn­hei­ser, Audio-Tech­nica, Sony, etc.

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Bref, du low a coulé sous les arceaux au point qu’il n’est peut-être pas inutile de préci­ser, avant de rentrer plus vive­ment dans des détails tech­niques, ce qu’on appelle aujour­d’hui un casque.

Qu’est-ce qu’un casque audio ?

Cousin de l’en­ceinte, le casque est un système d’écoute portable dont le but est de trans­for­mer, au moyen de trans­duc­teurs, un signal élec­trique en son, au contraire du micro­phone qui lui trans­forme le son en signal élec­trique. 

Géné­ra­le­ment, Il se compose de deux écou­teurs abri­tant les trans­duc­teurs et reliés par un arceau, le tout étant complété d’un cordon destiné à le connec­ter à une source audio. Comme il existe une multi­tude de variantes possibles de ce système, on commen­cera par opérer une grande clas­si­fi­ca­tion en fonc­tion de la façon dont le casque se porte, dont ses écou­teurs sont en contact avec nos oreilles.

Design du casque

Casques audio : circum auriculaire

On parle de casque circum-auri­cu­laire (circum-aural en anglais) lorsque les écou­teurs englobent toute l’oreille et reposent sur la tête de l’au­di­teur. A priori, ce genre de design apporte à la fois un bon confort et favo­rise l’iso­la­tion mais il implique forcé­ment des écou­teurs de grande taille, de sorte que le casque n’a rien de très discret. Préci­sons que la plupart des casques utili­sés en studio sont de ce type.

Casques audio : supra auriculaire

En compa­rai­son, on parle de casque supra-auri­cu­laire (supra-aural en anglais) lorsque les écou­teurs reposent sur le pavillon même de l’oreille et non autour. De la sorte, on obtient forcé­ment un casque moins impo­sant qu’avec un design circum-auri­cu­laire car les écou­teurs sont moins gros.

Casques audio : intra auriculaire

Enfin, on parle de casque intra-auri­cu­laire (intra-aural en anglais) lorsque le trans­duc­teur vient se loger à l’in­té­rieur même du conduit audi­tif. Il ne s’agit alors plus d’écou­teurs mais d’oreillettes (in-ears en anglais) tandis que l’ar­ceau, même s’il peut subsis­ter, dispa­rait la plupart du temps. Très utili­sés pour le live ou le broad­cast en raison de leur discré­tion (c’est la fameuse oreillette de Jean-Luc Dela­rue), les in-ears sont extrê­me­ment répan­dus en raison de leur plus faible coût de fabri­ca­tion et de leur grande porta­bi­lité, mais ne sont quasi­ment jamais utili­sés en studio où la discré­tion du dispo­si­tif importe peu et où l’on préfère privi­lé­gier le confort, l’hy­giène, l’iso­la­tion et le son.

Au-delà de ces histoires de formes, un casque se défi­nit d’ailleurs par sa capa­cité à isoler.

Design des oreillettes

Le design des écou­teurs condi­tionne l’étan­chéité du casque et sa capa­cité à isoler l’au­di­teur des bruits exté­rieurs comme à empê­cher que le son diffusé dans le casque soit audible à l’ex­té­rieur. Ce choix a cepen­dant une influence sur le rendu sonore  comme sur le fait que le casque soit plus ou moins fati­guant.

On oppose ainsi :

Les casques fermés où l’écou­teur est conçu pour être le plus étanche possible. Le but, c’est d’iso­ler au mieux du bruit exté­rieur comme ne pas lais­ser passer le son du casque vers l’ex­té­rieur. Ce design peut présen­ter deux défauts toute­fois par rapport au design ouvert : les ondes et la pres­sion acous­tiques étant confi­nées dans un petit espace, non seule­ment le son peut être moins natu­rel et présen­ter des basses exacer­bées, mais le casque peut être aussi plus fati­guant à l’usage.

Les casques ouverts où l’écou­teur ne cherche pas du tout à être étanche (ce qui peut poser des problèmes pour nous comme nous le verrons) pour privi­lé­gier la qualité du rendu comme le confort.

Les casques semi-ouverts qui sont un entre deux, plus proche toute­fois pour l’usage qui nous occupe des casques ouverts que des casques fermés. Conve­nons-en en effet : du point de vue d’un courant d’air, une porte à demie-ouverte ne fait pas grande diffé­rence avec une porte ouverte.

Tech­no­lo­gie des trans­duc­teurs

Le rapport entre casque et micros que nous évoquions plus haut se retrouve dans les tech­no­lo­gies employées par les construc­teurs :

Trans­duc­teurs élec­tro­dy­na­miques :
Il s’agit d’uti­li­ser l’in­ter­ac­tion entre un aimant et un élec­tro-aimant (un bobi­nage de fil élec­trique très fin) soli­daire de la membrane du HP. C’est la tech­no­lo­gie utili­sée par l’écra­sante majo­rité des casques en raison de son rapport simpli­cité/perfor­mances/prix. Et c’est la tech­no­lo­gie utili­sée par l’écra­sante majo­rité des casques utili­sés en studio.

Trans­duc­teurs ortho­dy­na­miques :
Appe­lés aussi planar dyna­miques, planar magné­tiques ou encore isody­na­miques, ces trans­duc­teurs utilisent comme leur cousins élec­tro­dy­na­miques une inter­ac­tion entre deux champs magné­tiques. Il s’agit toute­fois d’uti­li­ser un fin plateau incor­po­rant un réseau de minus­cules fils pris entre deux grilles d’ai­mants placés pôle à pôle. De la sorte, dès qu’on envoie un courant dans le plateau, on perturbe les champs magné­tiques, ce qui va donner lieu à des mouve­ments utili­sés pour mouvoir la membrane.

Trans­duc­teurs élec­tro­sta­tiques :
Contrai­re­ment aux élec­tro­dy­na­miques et ortho­dy­na­miques, les trans­duc­teurs élec­tro­sta­tiques n’uti­lisent pas des aimants pour faire bouger la membrane du HP, car c’est la membrane elle-même qui bouge direc­te­ment. Cette dernière est géné­ra­le­ment une très fine feuille de Mylar (quelques microns seule­ment) qui loge entre deux plaques dont l’une est char­gée posi­ti­ve­ment et l’autre néga­ti­ve­ment pour que le signal induise un mouve­ment de la feuille.

Si nous revien­drons plus tard sur l’in­té­rêt de ces diffé­rentes tech­no­lo­gies, l’heure est venue de parler dans leur sillage de la façon dont le signal est ache­miné vers le casque. On va parler élec­tri­cité donc.

Une histoire d’Ohm

Vous vous en rendrez compte en vous inté­res­sant aux spéci­fi­ca­tions tech­niques des casques, tous ne présentent pas la même impé­dance, certains construc­teurs allant même jusqu’à propo­ser plusieurs versions d’un même modèle avec une impé­dance diffé­rente. Le DT 770 de Beyer­dy­na­mic peut ainsi s’ache­ter en version 32, 80 ou 250 Ohms.

Rappe­lons-le : l’im­pé­dance, c’est l’op­po­si­tion qu’exerce un circuit élec­tro­nique (ici notre casque) sur le passage du courant et qui se défi­nie comme suit :

Z(f) = U(f) / I (f)
où Z est l’im­pé­dance en Ohms, U la tension en volts, I l’In­ten­sité en Ampère et f la fréquence en Herz

Au-delà de cette formule qui doit rappe­ler quelques cours de physique à certains, on pour­rait dire pour les autres que l’im­pé­dance peut se voir comme une forme de fric­tion qui entrave le mouve­ment des élec­trons.

Soit. Mais qu’est ce que cela implique pour nos casques ? Rappe­lons d’abord qu’en marge de leur impé­dance, tous les casques se distinguent par leur sensi­blité (qu’on appelle encore ça ou là rende­ment ou effi­ca­cité), une donnée qui indique quel niveau sonore est déli­vré par le casque (en dB SPL) pour une puis­sance élec­trique donnée (en milli­Watts abrégé mW) : en géné­ral, on nous indique un niveau en dB SPL pour 1 mW de courant. Or, si le niveau est affaire de puis­sance, la puis­sance est quant à elle affaire de tension et d’in­ten­sité sur un temps donné (P(t)=U(t)xI(t)), lesquelles sont soumises à l’im­pé­dance. Conclu­sion : l’im­pé­dance va forcé­ment jouer sur le niveau sonore déli­vré par le casque.

Pourquoi propo­ser diffé­rentes impé­dances ? Tout simple­ment pour s’adap­ter aux diffé­rents types d’am­plis qu’on trouve sur le marché : 32 Ohms convient aux bala­deurs/smart­phones, 80 Ohms aux équi­pe­ment TV/Hi-fi ordi­naires et 250 Ohms ou plus aux équi­pe­ment de studio et Hi-fi haut de gamme. Pourquoi de telles diffé­rences ? Pour s’adap­ter à la source d’ali­men­ta­tion des diffé­rents appa­reils. Sur les équi­pe­ment nomades, la puis­sance élec­trique est limi­tée par l’usage de batte­ries dont on ne veut pas qu’elles s’épuisent en 3 minutes. Du coup, on opte pour des casques à faible impé­dance, ce qui permet à l’am­pli d’at­teindre le niveau désiré en consom­mant moins d’éner­gie.

Dans ces circons­tances, vous vous deman­dez bien pourquoi tout le monde n’uti­lise pas l’im­pé­dance de 32 Ohms, pourquoi les profes­sion­nels du studio préfèrent utili­ser des casques à haut impé­dance. Il y a plusieurs raisons à cela qui tiennent évidem­ment aux rela­tions qu’en­tre­tiennent Z, U et I que ce soit au niveau de la sortie casque ou du casque lui-même, et qui ont une inci­dence sur le son. À basse impé­dance, on observe a priori plusieurs problèmes sur le plan audio : moins d’ener­gie dans les basses, une plus forte propen­sion à mélan­ger canal droit et canal gauche (ce qu’on appelle cross­feed en anglais ou diapho­nie en français) et un bruit de fond plus présent, donc un moins bon rapport signal/bruit.

Pourquoi a priori ? Parce que malgré tout, la science évolue et que s’il fallait par exemple lutter contre le bruit de fond créé par les compo­sants élec­tro­niques d’au­tre­fois, cet aspect est clai­re­ment moins problé­ma­tique avec les compo­sants modernes tandis que les amplis ont bien progressé. Avec l’ex­plo­sion de l’au­dio nomade, les fabri­cants riva­lisent enfin d’in­gé­nio­sité pour propo­ser toujours plus de qualité avec les basses impé­dances que réclament les smart­phones et les bala­deurs.

Mais au-delà de ces histoires de qualité audio, l’im­pé­dance va aussi avoir son impor­tance lorsqu’on souhaite utili­ser plusieurs casques en même temps, comme c’est souvent le cas en studio.

On ne peut pas doubler un casque 1000 fois

Imagi­nez que vous souhai­tez vous enre­gis­trer Live avec un ami, vous à la guitare acous­tique, lui au chant sur un play­back de batte­rie. Chacun devra évidem­ment porter un casque pour entendre le play­back sans que ce dernier soit enre­gis­tré par les micros. Vous me direz que la chose peut se régler avec un bon vieux câble en Y (un doubleur) ? Certes, mais encore faudra-t-il être atten­tif aux impé­dances de sortie de votre appa­reil comme aux impé­dances de vos diffé­rents casques car en fonc­tion de celles-ci, vous pour­rez obte­nir des volumes bien diffé­rents d’un casque l’autre tandis que l’am­pli n’aura pas la même charge, ce qui a une inci­dence sur le niveau comme sur le son.

Au-delà de ces histoires de niveau et d’im­pé­dance, le fait d’uti­li­ser un doubleur est d’au­tant moins perti­nent que les musi­ciens, pour jouer dans les meilleures condi­tions, doivent dispo­ser d’un retour person­na­lisé en termes de niveau comme de mix. Un batteur voudra entendre le métro­nome, le chant et la basse avec un petit peu de guitare, tandis qu’un guita­riste voudra surtout entendre sa guitare et la batte­rie, mais moins la basse. Quant au chan­teur, si vous pouvez lui ajou­ter une petite réverb rien que pour lui, vous seriez un amour !

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Bref, tout le monde veut du sur mesure, au point que qu’il vous faudra prévoir autant de sorties casques avec leur propre mix et leur propre volume que vous devez enre­gis­trer de musi­ciens simul­ta­né­ment. Vous compre­nez dès lors l’in­té­rêt des quadruples ou octuples préam­plis casque qui, une fois raccor­dés aux bonnes sorties de la console ou de l’in­ter­face, vont permettre de créer un véri­table réseau casque. Chacun dispo­sera ainsi de son mix et de son potard de volume pour adap­ter le retour à sa conve­nance.

Et puisque nous sommes rentré de plain pied dans l’uti­li­sa­tion studio du casque, je vous propose un petit réca­pi­tu­la­tif de cette dernière.

Inté­rêt du casque en studio

En studio, on utilise des casques pour diverses tâches :

  • Offrir un retour son au musi­cien à l’en­re­gis­tre­ment :
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    Comme nous venons de le voir, un casque servira d’abord à offrir un retour son au musi­cien sans que ce dernier ne soit enre­gis­tré par les micros lors d’une prise. 
  • Entendre les plus petits détails d’une prise au moment de l’en­re­gis­tre­ment ou de l’édi­tion :
    Un casque peut offrir une écoute très détaillée, révé­lant comme une sorte de loupe audio certaines choses qui passe­raient inaperçues sur une paire d’en­ceintes : cela va des bruits para­sites (buzz, ronflette, réso­nances, etc.) à de petits problèmes de justesse. Toutes ces problèmes qu’il est impor­tant d’en­tendre au moment d’en­re­gis­trer pour tenter de les résoudre à ce stade, ou qu’on devra régler au moment de l’edi­ting.
  • Véri­fier comment sonne son mixage ou son maste­ring :
    Et comment il sera perçu par la plupart des gens, sachant que la consom­ma­tion de la musique se fait pour l’es­sen­tiel aujour­d’hui au travers de casques audio.
  • Et avec tout les guille­mets qui s’im­posent : « mixer » un titre.

Il a osé ? Il a osé ! Et comme j’en vois déjà qui font les gros yeux en lisant ce dernier point, nous allons de suite le déve­lop­per.

Mixage au casque ? Bien sûr que non ! (sauf que oui…)

« Il ne faut jamais mixer au casque ! »

Cette phrase, on la connaît car on nous l’as­sène comme un impé­rieux comman­de­ment dès qu’on évoque ce qu’il faut ou ne faut pas faire pour réus­sir un mixage. Le problème, c’est qu’à l’heure où ces lignes sont écites, elle est en contra­dic­tion avec la pratique de bien des home studis­tes… voire de pros comme nous le confiait Klaus Hill.

Elle n’est évidem­ment pas sans fonde­ment car le casque offre une resti­tu­tion sonore extrê­me­ment diffé­rente des moni­teurs, notam­ment au niveau de la spatia­li­sa­tion des sons (soit l’en­droit d’où ces derniers semblent prove­nir : plus ou moins à droite ou à gauche, proches ou loin­tains, etc.). Cette diffé­rence tient dans la façon dont le son nous arrive.

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Avec un casque en effet, chaque oreille n’écoute que le canal qui lui est dédié, le son se jetant direc­te­ment dans le canal audi­tif, de façon laté­rale donc, comme sur le shéma ci-contre.

Alors qu’avec une paire d’en­ceintes, les choses sont bien diffé­rentes : le son nous arrive non seule­ment de devant, mais il n’ar­rive pas direc­te­ment à nos oreilles. Ses ondes se déploient ainsi dans tous les sens, ce qui a plusieurs effets :

  • Les ondes qui le composent vont non seule­ment inter­agir avec la pièce (en se réver­bé­rant, en s’at­té­nuant), subis­sant l’in­fluence de l’acous­tique de cette dernière, mais elles vont en outre inter­agir entre elles, comme nous l’avions vu lorsque nous parlions d’acous­tique : certaines vont s’ad­di­tion­ner, d’autres vont s’an­nu­ler, etc.
  • Les canaux droit et gauche ne sont pas isolés comme avec un casque : avec un peu de retard sur son homo­logue gauche et en subis­sant l’in­fluence acous­tique de la pièce mais aussi de la tête qui diffracte et absorbe les ondes, l’oreille droite entend aussi une partie du canal gauche… et l’oreille gauche une partie du canal droit, évidem­ment… sachant que la latence et l’équi­libre spec­tral de tout cela change à chaque mouve­ment de tête !

On oppose ainsi une audi­tion binau­rale (les enceintes) à une audi­tion bi-aurale (le casque), qui changent radi­ca­le­ment la façon dont le cerveau inter­prète le son qu’on lui envoie et se repré­sente le place­ment de ce dernier. Et parce que l’au­di­tion bi-aurale est parfai­te­ment arti­fi­cielle, vous aurez compris pourquoi on vous décon­seille de mixer au casque.

Deux facteurs viennent toute­fois remettre en ques­tion ce judi­cieux conseil :

L’acous­tique d’une pièce peut d’abord sévè­re­ment compro­mettre la fidé­lité d’une paire d’en­ceintes, boos­tant ou creu­sant certaines fréquences, réver­bé­rant trop le son. En face de cela, le casque n’est abso­lu­ment pas dépen­dant de l’acous­tique de l’en­droit où vous l’uti­li­sez, ce qui lui permet de ne pas voir sa resti­tu­tion défor­mée par cette dernière et par consé­quent de sonner partout pareil en toutes circons­tances. Conclu­sion : si une bonne paire d’en­ceinte dans une pièce trai­tée reste l’idéal en terme d’écoute, un bon casque vaut souvent mieux qu’une paire d’en­ceinte dans une pièce à l’acous­tique catas­tro­phique.

L’autre facteur tient à l’évo­lu­tion des usages. Comme nous l’évoquions plus haut, si le Teppaz et la chaîne hi-fi furent les prin­ci­paux systèmes d’écoute utili­sés dans les années 60 et 70, l’in­ven­tion du Walk­man par Sony et sa réper­cus­sion sur les 30 années qui ont suivi ont boule­versé la donne. Aujour­d’hui, 95 % des adoles­cents utilisent un casque pour écou­ter de la musique, ce qui est à consi­dé­rer sachant qu’ils sont parmi les plus gros consom­ma­teurs de musique. On ne mixe­rait donc que sur enceintes des choses qui sont prin­ci­pa­le­ment desti­nées à être écou­tées au casque ? Ce fut long­temps le cas, au risque parfois d’ar­ri­ver à des aber­ra­tions (voir enca­dré vi-contre).

A cela s’ajoute le fait que si les pros font ce qu’ils veulent dans leur coûteux studio, la plupart des home studistes font quant à eux ce qu’ils peuvent dans leur petit salon. Ce qu’ils peuvent pour ne pas déran­ger leur entou­rage (l’usage d’un casque résout simple­ment le problème des nuisances sonores), et ce qu’ils peuvent pour un budget limité. Vu qu’un excellent casque coûte à peu près le prix d’une médiocre paire d’en­ceintes, on comprend que le casque soit, pour beau­coup, passé de simple acces­soire à système d’écoute prin­ci­pal.

La chose est d’au­tant plus envi­sa­geable qu’il existe des moyens de simu­ler le rendu d’en­ceintes avec un casque. 

 

Simu­ler des enceintes avec un casque ?

On trouve un certain nombre de solu­tions maté­rielles ou logi­cielles qui, de manière plus ou moins sophis­tiquée, vont essayer de resti­tuer la complexité d’une diffu­sion sur enceintes en renvoyant une partie filtrée d’un canal vers l’autre, le tout étant même parfois mouillé d’une petite réverb pour simu­ler la pièce.

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Entre autres exemple, on citera le Phoni­tor de SPL (préam­pli­fi­ca­teur casque maté­riel à 1600 euros), ou encore les plug-ins Redline Moni­tor de 112 dB (59 $) et TB-Isone de Tone­boos­ters (dans le bundle  Track Essen­tials à 40 euros). Au rayon logi­ciel, c’est toute­fois Waves qui propose la solu­tion la plus avan­cée avec son NX qui gère par le biais d’un émet­teur ou de votre webcam les mouve­ments de votre tête.

Et ça marche ? Plutôt pas mal, oui, même si ça ne vous dispen­sera pas de contrô­ler votre mixage sur de vraies enceintes dès que possible. On n’a plus en tous cas, grâce à ce type de trai­te­ment, la sensa­tion d’une stéréo écar­te­lée, la scène audio se loca­li­sant plus clai­re­ment vers l’avant.

Reste que j’ai un peu mis la char­rue avant les boeufs en vous parlant de ces systèmes, car pour l’heure, vous n’avez toujours pas de casque ! Le moment est donc venu de défi­nir le casque idéal avant de voir si nous pouvons le trou­ver sur le marché.

Le casque idéal en studio

Que ce soit pour le suivi d’un enre­gis­tre­ment ou l’édi­tion, on a besoin d’un casque suscep­tible de nous faire entendre les plus menus détails. Si une fourmi tousse au pied de la chan­teuse, on doit pouvoir l’en­tendre pour utili­ser un détous­seur.

Pour le mixage comme le maste­ring, en plus de cette écoute détaillée, on cher­chera à trou­ver un casque qui couvre le plus large spectre possible, et puisse nous four­nir le rendu le plus homo­gène, fidèle et linéaire possible.

Pour pouvoir l’uti­li­ser comme retour son lors des prises, on cher­chera un modèle qui soit étanche, afin de ne pas avoir de repisse du casque dans le ou les micros.

Évidem­ment, notre casque devra être confor­table, utili­sable sur notre bala­deur comme en sortie de notre table ou de notre inter­face audio, et si possible joli et pas cher.

Or, s’il est facile de conten­ter les enfants exigeants en leur propo­sant une frian­dise alle­mande qui combine un grand verre de lait, du choco­lat et une surprise (Michel sait très bien de quoi je parle), j’ai le regret de vous annon­cer que le casque que nous venons de décrire n’existe pas, quoi qu’en disent les publi­ci­tés des construc­teurs.

Avant de vous détailler tout cela, commençons par exami­ner l’offre du marché en termes de casques.

Types de casque

L’en­semble des casques audio est à cheval sur plusieurs marchés. On distingue ainsi :

Le casque Hi-Fi

Audeze LCD2

Comme nous l’avons vu pour les enceintes, le mot Hi-Fi a été quelque peu galvaudé par le marke­ting, de sorte qu’on trouve sur ce marché à boire et à manger au nom d’une écoute d’agré­ment visant le grand public comme les mélo­manes les plus exigeants. Seul point commun de tous ces casques hi-fi : ils ont été conçus pour un usage séden­taire et pour offrir un port confor­table tandis que la plupart d’entre eux se concentrent sur le fait d’avoir un son agréable (ce qui est évidem­ment très subjec­tif et se traduit souvent de nos jours par une mise en avant outrée du bas du spectre). Notons toute­fois que la déma­té­ria­li­sa­tion de la musique et la dispa­ri­tion des chaînes hi-fi au profit des bala­deurs et smart­phones tend à confondre ce marché avec celui des casques nomades. Préci­sons enfin que, comme pour les enceintes, l’idéal de haute-fidé­lité survit sur le segment de la hi-fi haut de gamme qu’on désigne désor­mais sous le nom d’au­dio­phile.

Le problème, c’est que le segment audio­phile tend à se confondre avec celui du luxe (et même si le marke­ting essaie quoti­dien­ne­ment de nous le faire oublier, je rappelle que dans le diction­naire, le mot luxe n’a rien à voir avec la notion de qualité : ce qui défi­nit le luxe, c’est le fait de rendre trans­for­mer un produit super­flu en produit élitiste par son seul prix somp­tuaire ), et si l’on y trouve quan­tité d’ex­cel­lents casques, dont un certain nombre utili­sés par les pros de l’au­dio, on y trouve aussi quan­tité de produits dont les prix exor­bi­tants ne sont pas forcé­ment justi­fiés par un meilleur son, mais par la rareté des maté­riaux précieux utili­sés, un design soigné et un argu­men­taire pseudo-scien­ti­fique qui confine parfois à la super­sti­tion, la magie, et une « R&D » qui, curieu­se­ment, abou­tit rare­ment à un brevet tech­no­lo­gique réel, ou à un brevet éter­nel­le­ment en cours de dépot…

Méfiance donc.

Le casque nomade

atnomade

Cousin du casque hi-fi, le casque nomade vise une écoute d’agré­ment tout en offrant, a priori, une bonne porta­bi­lité avec des modèles de taille raison­nable, parfois pliables et un câble court voire pas de câble du tout via la tech­no­lo­gie Blue­tooth.

Comme en attestent certains énormes casques de ce genre depuis le phéno­mène Beats, ce n’est plus tant l’en­com­bre­ment qui défi­nit ce segment mais plutôt les équi­pe­ments privi­lé­giant la liberté de mouve­ment (le Blue­tooth remplace donc le câble), la gestion d’un envi­ron­ne­ment bruyant (proces­seur de réduc­tion de bruit) et l’usage avec un bala­deur (contrôle du volume et de la lecture depuis le casque) ou un smart­phone (micro minus­cule inté­gré pour télé­pho­ner). C’est donc un casque qui n’a a priori pas été pensé pour les besoins du studio, d’au­tant que le plan spec­tral, il cher­chera la plupart du temps à gros­sir le bas du spectre au détri­ment du reste. Parce que les gens aiment bien le bas : c’est un peu le gras et le sucre du son.

Le casque DJ

djheadphone

Conçu pour les besoins spéci­fique du DJ, ce type de casque doit permettre de pré-écou­ter le morceau à venir tout en enten­dant le morceau en cours de lecture, diffusé à fond sur une sono. Il doit donc offrir une bonne isola­tion et dispo­ser d’ar­ti­cu­la­tions permet­tant au DJ de n’écou­ter qu’une seule des deux oreillettes tandis que l’oreille libre reste sur le son de la salle.

Sur le plan spec­tral, la signa­ture sonore des casques DJ se conforme enfin aux genres musi­caux liés au DJing, mettant en avant basse et aigus au détri­ment du médium. Bref, il s’agit d’un outil qui n’a rien des très perti­nent dans le contexte d’un studio, sachant que le vrai nerf de la guerre quand on mixe, c’est juste­ment le médium.

Les autres casques

Du micro-casque pensé pour le broad­cast au casque à infra­rouge pour écou­ter la télé en passant par le casque de mesure utilisé par les ORL ou le casque pensé pour le jeu vidéo (avec le son 3D et tout et tout), il existe encore quan­tité de type de casques que nous ne passe­rons pas en revue ici, histoire de ne pas trop nous éloi­gner de notre sujet. A priori en effet, aucun de ces casques n’offre une réelle utilité en studio, encore qu’on trouve des micro-casques broad­cast conçus à partir d’un casque de studio comme le Beyer DT-790 qui n’est jamais qu’un DT-770 flanqué d’un micro.

Car oui, j’ai failli oublié le type de casque qui nous inté­resse le plus :

Le casque de studio

Vous vous en doutez, c’est a priori celui qui est construit pour nos besoins. Sans souci d’être nomade, le casque de studio est confor­table pour permettre de travailler longue­ment, géné­ra­le­ment étanche et propose une courbe de réponses en fréquen­ces… qui, contrai­re­ment à ce que l’on observe sur le marché des enceintes de studio, ne cherche pas systé­ma­tique­ment à être plane.

Comment ça « pas plane » ? Et la neutra­lité alors ? Pour vous expliquer le pourquoi du comment, un petit détour du côté des mesures s’im­pose.

Infor­ma­tions tech­niques

Bien évidem­ment, les casques peuvent comme les enceintes faire l’objet de diffé­rentes mesures rensei­gnant sur leurs perfor­mances et que les construc­teurs se font fort de four­nir pour vanter les quali­tés de leur produit. On nous commu­niquera ainsi le plus souvent la bande passante et le taux du distor­sion harmo­nique accom­pa­gnés de la sensi­bi­lité dont nous avons parlé précé­dem­ment (et que beau­coup assi­mi­le­ront à la fameuse « patate »).

Si ces données peuvent s’avé­rer inté­res­santes pour diffé­ren­cier des produits bas de gamme (pourvu qu’elles soient four­nies et pourvu qu’elles soient dignes de confiance), elles ne nous avancent toute­fois pas à grand chose dès qu’on monte en gamme vu que la bande passante y est souvent plus éten­due qu’il ne faut (jusqu’à 50 kHz !, sachant que la plage des ultra­sons qu’au­cun humain n’en­tend commence à 20 kHz) et que le THD est très faible.

En vis-à-vis de ces données, on s’in­té­res­sera plus volon­tiers à la courbe de réponse en fréquences du casque qui peut nous rensei­gner sur la person­na­lité sonore de ce dernier. Voyez ici celle du Beats Pro de Mons­ter, du Senn­hei­ser HD650 et de l’AKG K702.

  • BeatsPro
  • K702
  • HD650

 

Il n’est pas bien diffi­cile de voir les registres de prédi­lec­tion de ces trois casques bien diffé­rents, ces parti-pris pouvant paraître curieux si l’on compare ces courbes à celles des enceintes de moni­to­ring qui tentent toutes d’of­frir l’écoute la plus linéaire possible.

Casque linéaire ou casque « loupe »

La raison de tels contrastes tient dans le fait qu’on pour­rait distin­guer deux grandes écoles parmi les casques de studio. Ceux qui cherchent à être linéaires (comme le HD650 ici) et ceux qui cherchent à mettre en avant telle ou telle partie du spectre pour produire l’ef­fet loupe dont nous parlions plus haut (on obser­vera ici la bosse du K702 dans les aigus, et le mont Olympe du Beats dans les graves). Or, les deux approches sont très inté­res­santes et complé­men­taires : pour véri­fier un mix ou un master, un rendu linéaire est évidem­ment préfé­rable, mais quand il s’agira de travailler sur certains détails parti­cu­liers, de pouvoir scru­ter des tran­si­toires comme des queues de réverb, de veiller à ce qu’au­cun buzz ou para­site ne pollue une prise de son, un casque ‘lou­pe’ sur une partie précise du spectre sera bien pratique aussi.

Or parce que dans le domaine du studio, on a long­temps consi­déré l’au­di­tion au casque dans le seul contexte du tracking et de l’edi­ting (soit le suivi de l’en­re­gis­tre­ment et son édition), c’est sans conteste les casques dont la courbe de réponse n’est pas plane qui sont les plus nombreux parmi les réfé­rences du marché, avec une belle petite bosses dans les haut-médiums/aigus pour bien entendre tout ce qui se passe à ce niveau.

Ceci étant, il est tout à fait possible de rendre plus linéaire la courbe de réponse en fréquence de n’im­porte quel casque. Comme pour les enceintes, cela passe par une égali­sa­tion en amont.

Corri­ger son casque

sonarworks

Linea­ri­ser la courbe de réponse en fréquences de votre casque : tel est l’objec­tif des plug-ins Tone­boos­ters Morphit et Sonar­works, ce dernier présen­tant plusieurs avan­tages. Il est aussi utili­sable pour corri­ger des enceintes et il est possible d’en­voyer son casque pour dispo­ser d’une cali­bra­tion sur mesure et non d’une courbe de correc­tion géné­rique (la marque vend par ailleurs des bundles casques + plug-in + cali­bra­tion). La chose est d’au­tant plus inté­res­sante qu’il n’est pas rare d’ob­ser­ver des réponses en fréquences hété­ro­gènes entre le canal droit et le canal gauche d’un même casque, fut-il un modèle haut de gamme. Or, la tech­no­lo­gie de Sonar­works corrige sépa­ré­ment la réponse en fréquence de l’oreillette droite et de l’oreillette gauche.

Bref, un achat inté­res­sant qui, même s’il induit une latence pour être effi­cace, permet d’ac­croître la poly­va­lence d’un casque. D’un clic d’un seul, vous pouvez ainsi passer d’un rendu ‘lou­pe’ à un rendu plus linéaire.

Ces préci­sions appor­tée, attaquons main­te­nant la dernière ligne droite en exami­nant tous les critères vous permet­tant d’ar­rê­ter votre choix.

Choi­sir son casque de studio : les critères objec­tifs

On y arrive enfin ! Pas trop tôt, me direz-vous. Soit… Même si nous sommes encore loin d’avoir fini ! Pour commen­cer à bâtir votre short list, passons en revue tous les choix objec­tifs qui s’offrent à nous avant de rentrer ensuite dans les choses plus subjec­tives :

Ouvert ou fermé ?

Si vous comp­tez faire des enre­gis­tre­ments, alors il vous faut impé­ra­ti­ve­ment un casque fermé. Si tel n’est pas le cas et que vous cher­chez un casque pour l’édi­tion, le mixage ou le maste­ring, vous pouvez toute­fois opter pour un modèle ouvert dont le rendu sera souvent plus natu­rel et qui sera moins fati­guant à l’usage.

Élec­tro­dy­na­mique, ortho­dy­na­mique ou élec­tro­sta­tique ?

À ce sujet, je vous tien­drai le même discours que pour les enceintes : on s’en fout un peu a priori car si passion­nantes que soient ces tech­no­lo­giques pour qui envi­sage de construire un casque, aucune n’est syno­nyme de qualité réel­le­ment supé­rieure. La seule chose certaine, c’est que les casques dyna­miques sont les moins fragiles, les moins exigeants en termes de signal et les plus simples à rendre étanches. On n’est donc pas trop étonné de décou­vrir que la plupart des grandes réfé­rences de studio sont de ce type, d’au­tant qu’ils sont bien moins chers que leurs homo­logues, moins lourds ou moins encom­brants… À moins de craquer sur un Oppo ou un Audeze à propos desquels certains pros ne tarissent pas d’éloges, votre casque sera donc proba­ble­ment un modèle dyna­mique.

Quelle impé­dance ?

Toute la ques­tion est de savoir si vous comp­tez utili­ser votre casque dans le seul contexte de votre home studio ou si vous voulez aussi pouvoir l’uti­li­ser avec votre bala­deur, votre smart­phone ou votre tablette. Dans ce dernier cas, préfé­rez un modèle à basse impé­dance (une tren­taine d’Ohm). Sinon, préfé­rez un modèle à l’im­pé­dance plus haute, a priori syno­nyme de meilleure qualité audio.

Quel prix ?

Comme souvent avec le maté­riel audio ou les instru­ments de musique, le rapport qualité/prix évolue de manière loga­rith­mique, de sorte que si l’écart de qualité est très impor­tant sur les premières tranches de prix, il va en s’ame­nui­sant à mesure qu’on progresse vers le haut de gamme. Concrè­te­ment, on entend une énorme diffé­rence entre un casque à 50 euros et un autre à 100 alors qu’entre un casque à 500 et un casque à 1000, le gain n’a parfois rien de très évident en termes de qualité.

Préci­sons aussi que la plupart des grandes réfé­rences en matière de casques de studio, c’est à dire les casques réel­le­ment utili­sés au quoti­dien par les profes­sion­nels de l’au­dio se situent entre 120 et 250 euros.

Vaut-ce la peine d’in­ves­tir plus ? Seules vos oreilles vous le diront, même si le gain en termes de qualité n’est pas systé­ma­tique. Vaut-ce la peine d’in­ves­tir moins quitte à utili­ser un logi­ciel de correc­tion ? Seul votre porte­feuille vous le dira, sachant qu’il n’y a pas de miracles : ce n’est pas avec un simple EQ logi­ciel qu’un casque à 20 euros sonnera comme un autre à 200. Au-delà du confort ou de la robus­tesse, la qualité des trans­duc­teurs pèse sur la qualité du rendu qu’il convient de ne pas réduire au seul point de vue spec­tral. Le taux de distor­sion comme la réponse aux tran­si­toires du casque sont ainsi des aspects déter­mi­nants pour la qualité de resti­tu­tion audio. Et pour cela, un logi­ciel ne vous sera d’au­cune aide.

Songez enfin qu’un casque audio pro peut se garder plus de 10 ou 20 ans en fonc­tion du soin que vous en prenez, et qu’il se répare pour certains modèles. Cela vaut donc sans doute le coup d’in­ves­tir un peu, plutôt que de perdre de l’ar­gent avec un modèle peu onéreux qui vous lâchera à la première occa­sion et que vous rempla­ce­rez par un autre modèle qui vous lâchera à son tour. Faites moi confiance là-dessus : quand on n’a peu d’ar­gent, on n’a pas les moyens d’ache­ter du bas de gamme car cela revient beau­coup trop cher à l’ar­ri­vée. Mieux vaut donc mettre des sous dans le cochon rose pour s’équi­per avec un outil de qualité plutôt que de collec­tion­ner les m%@des à bas prix.

Pièces de rechange

oreillettes

Il n’y a rien de plus agaçant que de devoir rache­ter un casque qui fonc­tionne très bien parce qu’on a abîmé son câble ou que le revê­te­ment des écou­teurs part en lambeaux. Pour lutter contre cette obso­les­cence, sinon program­mée, du moins diffi­ci­le­ment évitable, on pourra jeter son dévolu sur un modèle dont certaines parties peuvent être chan­gées si elles sont usées : on parle notam­ment des cordons, des cous­si­nets, voire de HP. De la sorte, rien ne s’op­pose à ce que vous fassiez un usage bien plus durable de votre casque que s’il s’agis­sait d’un modèle tout moulé où la moindre alté­ra­tion est syno­nyme de mise à la poubelle. Notez à ce sujet que la plupart des modèles utili­sés en studio pro disposent de pièces de rechange, le cham­pion dans le domaine demeu­rant le HD25 de Senn­hei­ser dont toutes les parties (à part l’ar­ceau) sont dispo­nibles en pièces déta­chées…

Acces­soires

Le construc­teur peut égale­ment four­nir divers acces­soires avec le casque, qu’il s’agisse d’un adap­ta­teur miniJack>Jack ou de deux cordons sépa­rés (un pour le Jack, un pour le miniJack). A partir d’un certain prix, les construc­teurs four­nissent aussi une housse voire un étui de range­ment qui peut avoir son inté­rêt si vous comp­tez trim­bal­ler votre bébé. A mi-chemin entre l’ac­ces­soire de confort et la pièce de rechange, certains construc­teurs proposent deux jeux de cous­si­nets avec le casque : l’un en velours, l’autre en simili-cuir. Ce sont là autant de détails qu’il convient d’exa­mi­ner, même s’ils ne consti­tue­ront pas un critère de sélec­tion très impor­tant.

Choi­sir son casque de studio : les critères subjec­tifs

Au delà des critères que nous venons d’évoquer, le choix d’un casque est comme pour les enceintes éminem­ment subjec­tif, certains ne jurant que par tel modèle quand d’autres le détestent.

Confort et ergo­no­mie

Le port est évidem­ment le plus impor­tant car si vous devez rester plusieurs heures avec le casque sur les oreilles, autant s’as­su­rer que ce dernier ne se trans­forme pas en instru­ment de torture. On portera son atten­tion sur la façon dont les écou­teurs reposent ou englobent l’oreille, sur la contrainte exer­cée par l’ar­ceau mais aussi sur le poids du casque. Certains aiment les casques légers, d’autres les casques plus lourds, et entre les 235 g d’un AKG K702 et les 402 g d’un Beats Pro, il y a un monde qui fait que le casque se fait plus ou moins oublier à l’usage.

Suivant les maté­riaux employés, certaines casques s’avèrent en outre plus chauds que d’autres : un détail impor­tant si vous ne voulez pas vous rendre compte à vos dépens qu’ef­fec­ti­ve­ment, on peut aussi trans­pi­rer des oreilles.

C’est encore au titre du confort qu’on appré­ciera la longueur et le type du cordon utilisé : droit ou à spirale, long ou court, cela peut faire une diffé­rence dans le côté pratique du casque au quoti­dien. Quand c’est possible, on choi­sira aussi un modèle dont le cordon est déta­chable, ce qui peut éviter bien des drames lorsqu’on marche dessus et qu’on se retrouve ensuite avec un casque hémi­plé­gique…

Le plus impor­tant : le son

On n’ima­gine bien qu’en matière de son comme de confort, tous les goûts sont dans la nature et qu’en fonc­tion de la musique que l’on fait, on aura diffé­rentes attentes. Le registre le plus bas du spectre aura ainsi moins d’im­por­tance pour un méta­leux que pour un beat­ma­ker hip hop ou un musi­cien élec­tro­nique. Mais la subjec­ti­vité va bien plus loin que ça, de sorte que parler de casques tourne vite au dialogue de sourds.

En effet, nous avons tous des organes audi­tifs, des crânes et des oreilles diffé­rents sur le plan physio­lo­gique et en fonc­tion de notre âge comme des éven­tuels trau­ma­tismes que nous avons connus, nous avons tous des courbes d’au­di­tion diffé­rentes de sorte qu’au­cun de nous n’en­tend la même chose en chaus­sant un même casque.

Si l’on rajoute à cela les notions de culture qui sont variables d’un peuple à l’autre (voir enca­dré), de goûts chan­geant d’un indi­vidu à un autre, ainsi que le fait que nous ne soyons pas tous autant entraî­nés à l’exer­cice d’écou­ter, on comprend vite à quel point l’avis de quelqu’un sur un casque ne nous avan­cera pas trop dans la quête du modèle qui est le meilleur pour nous. Pour parler concrè­te­ment, disons qu’on ne perçoit sans doute pas le haut-médium exacerbé d’un Sony 7506 avec les oreilles d’un jeune homme de 18 ans ou celles d’un homme de 60. Et disons qu’un ingé­nieur du son et son jumeau biblio­thé­caire n’en­ten­dront pas la même chose en chaus­sant le même casque.

Qu’en conclure ? Que les bancs d’es­sai comme les avis d’uti­li­sa­teurs ou le conseil des amis sont inté­res­sants dans la mesure où ils permettent de fixer des repères, à plus forte raison quand ils proposent des compa­rai­sons auxquelles vous pouvez vous réfé­rer, mais que cela demeure toujours l’opi­nion d’un locu­teur unique dont il ne faudra jamais perdre de vue qui il est (son âge, ses compé­tences en la matière) ni d’où il vient.

À la fin, vous seriez donc seul avec vos deux oreilles pour faire votre choix ? En quelque sorte, oui, et vous ne serez fixés sur vos préfé­rences en la matière qu’en chaus­sant le casque qui vous inté­resse, et en le compa­rant avec d’autres modèles dont vous envi­sa­gez l’achat.

 

Écoute compa­ra­tive

Comme pour les enceintes et puisque le choix d’un casque est vrai­ment affaire de subjec­ti­vité, le mieux est de pouvoir tester plusieurs modèles en passant très vite de l’un à l’autre pour appré­cier les diffé­rences. N’ou­bliez pas en effet que la partie de la mémoire qui nous sert à la compa­rai­son audi­tive a au mieux 4 secondes de tampon. De fait, écou­ter deux casques à 10 minutes d’in­ter­valle n’a déjà plus aucun inté­rêt pour les compa­rer.

Home Studio PARIS

A défaut d’avoir un ami dispo­sant de tous les modèles vous inté­res­sant (et qui sera soit un pro, soit un geek mono­ma­niaque) et suscep­tible de vous accueillir pour réali­ser vos tests, le mieux sera de passer par un maga­sin qui vous propo­sera plusieurs modèles à l’écoute, en espé­rant que vous ayez la possi­bi­lité de cali­brer les volumes pour chaque compé­ti­teur (n’ou­bliez pas : ce qui sonne plus fort donne toujours l’im­pres­sion de sonner mieux) et d’uti­li­ser vos propres morceaux de réfé­rences, qu’il s’agisse de vos compos ou de chan­sons que vous connais­sez par coeur.

Comme pour les enceintes, pensez toujours à écou­ter de la voix parlée car c’est clai­re­ment le son qui nous est le plus fami­lier et sur lequel tel ou tel parti pris dans le rendu du spectre vous sautera toujours aux oreilles.

Ceci étant dit, histoire de vous donner quelques repères, l’heure est venue de vous recom­man­der quelques réfé­rences concrè­tes… à écou­ter avant d’ache­ter bien sûr ! 

Notre sélec­tion de casques pour le studio

Autant le marché des enceintes de moni­to­ring est rela­ti­ve­ment vaste, autant celui des casques de studio l’est beau­coup moins dès que l’on exclut les modèles qui n’uti­lisent le terme de 'Studio’ qu’à des fins marke­ting (comme le fait Beats par exemple) pour vendre des casques qui n’ont rien de perti­nent pour notre usage. De fait, les grands construc­teurs ne proposent chacun que quelques modèles de casque de studio, le gros de leur cata­logue se concen­trant sur les casques Hi-Fi ou nomades. On se rend en outre compte que de leur point de vue, le casque de studio ou audio pro est souvent syno­nyme de casque fermé. Il existe pour­tant bien des casques ouverts qu’on trouve dans les studios et qu’il faudra parfois aller cher­cher dans les pages hi-fi ou audio­phile des construc­teurs.

Pour l’usage qui nous occupe, on distin­guera 3 gammes de prix : l’en­trée de gamme se situe à moins de 100 euros, le milieu de gamme tourne autour des 150 euros et le haut de gamme rassemble ce qui se trouve au-delà de 200 euros. Qu’est ce qui diffé­rence les produits de ces diffé­rentes gammes en termes de qualité ? Le confort d’abord, certains modèles peu chers étant vrai­ment peu agréables à l’usage, la soli­dité et la « répa­ra­bi­lité » du casque ensuite, mais aussi le son évidem­ment. C’est assez flagrant entre l’en­trée de gamme et le milieu de gamme : on gagne énor­mé­ment de détail à l’écoute (dans les tran­si­toires comme dans la resti­tu­tion du spectre) tandis que le côté 'boxy’ que peuvent avoir les casques fermés peu chers dispa­rait.

N’ou­bliez pas non plus que pour propo­ser les prix parfois hallu­ci­nants qu’on trouve en entrée de gamme, les marques réduisent leur coûts de fabri­ca­tion sur deux variables essen­tielles : l’éthique de fabri­ca­tion (Tiers Monde mon amour) comme un abais­se­ment des exigences lors du contrôle qualité en usine. De fait, sur les casques les moins chers, il est fort probable que vous consta­tiez de grande diffé­rences d’un exem­plaire à l’autre d’un même modèle. En guise de repère, notez que la plupart des casques utili­sés par les profes­sion­nels en studio se situent dans le milieu de gamme. 

Ne vous éton­nez pas enfin, concer­nant cette sélec­tion, de ne pas trou­ver tel modèle de telle ou telle marque. Nous avons préféré nous concen­trer sur les casques que nous avons testés. De ce fait, ces sugges­tions seront couram­ment mises à jour lorsqu’un modèle testé nous paraî­tra méri­ter sa place parmi les réfé­rences rete­nues.

Entrée de gamme (autour de 100 euros et moins)

Soyons clair, sous la barre des 50 euros, nous n’avons encore jamais rien entendu de convain­cant, même dans la pers­pec­tive d’un débu­tant. Et s’il existe bien pire au même prix, voire plus cher, un Super­luxe HD681 vendu 20 euros offre par exemple le confort et le son… d’un casque à 20 euros ! Ce n’est qu’en appro­chant les 100 euros qu’on commence vrai­ment à accé­der à des choses plus défen­dables comme l’Audio-Tech­nica ATH-M40x que nous utili­sons au quoti­dien pour notre podcast, et quelques réfé­rences autre­fois vendues sensi­ble­ment plus cher comme l’AKG K271 MkII ou le Sony MDR 7506, ces derniers ne s’étant pas forcé­ment bien tirés de notre écoute compa­ra­tive lorsqu’ils étaient vendus autour des 150 euros. Mais à leur nouveau prix, inutile de dire qu’ils rede­viennent bien plus perti­nents.

AKG K271 MkII
(fermé)
Sony MDR7506
(fermé)
 Audio-Tech­nica
ATH-M40x
(fermé)
k240mk2
mdr7506
athm40x
110 € 98 € 98 €

 

Milieu de gamme (autour de 150–200 euros)

C’est clai­re­ment dans cette gamme que l’on commence à rencon­trer les grandes réfé­rences de l’au­dio pro, offrant souvent un excellent compro­mis pour le prix. Si vous ne cher­chez pas un casque de prise mais un outil pour le tracking et le mixage, il serait dur de ne pas vous recom­man­der chau­de­ment le K702, un modèle ouvert, qu’on retrouve aujour­d’hui sous la barre des 170 euros (voire moins !) et qui était encore vendu 300 euros il y a 5 ans de cela ! Mais pour peu que vous soyez à l’aise avec la person­na­lité sonore du casque que vous choi­siez, soyez sûr que vous le garde­rez long­temps en choi­sis­sant parmi ces réfé­rences. 

Beyer­Dy­na­mic DT770 Pro
(fermé)
Senn­hei­ser HD25–1 II / Plus
(fermé)
AKG K702
(
ouvert)
Audio-Tech­nica M50x
(fermé)
Beyer­Dy­na­mic
DT990 Pro
(ouvert)
 Casques audio : dt770

Casques audio : HP25

Casques audio : k702
Casques audio : athm50x
beyerdynamic dt990pro audio46 
150 € 200 € 150 € 150 € 150 €

Haut de gamme (200 euros et au-delà)

Nous ne vous donne­rons pas de consignes pour le très haut de gamme hi-fi consi­dé­rant que si vous être prêt à inves­tir plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’eu­ros dans un casque, c’est que vous savez ce que vous faites, et que vous ne le faites pas spécia­le­ment dans un but de produc­tion audio mais pour vous faire plai­sir (je ne crois pas connaître d’in­gé­nieur du son, si fortuné et célèbre soit-il, travaillant avec un Orpheus de Senn­hei­ser à 50 000 euros, un casque qui, soit dit en passant, n’a fait l’objet d’au­cun test compa­ra­tif sérieux et d’au­cune mesure indé­pen­dante en dépit des critiques dythy­ram­biques qu’on a pu lire ça et là à son sujet).

Consi­dé­rons toute­fois qu’entre 200 et 500 euros, on pénètre dans le haut de gamme du casque de studio, avec des modèles ouverts ou semi-fermés la plupart du temps (des casque ne conve­nant a priori pas pour la prise) et l’ap­pa­ri­tion de tech­no­lo­gies plus coûteuses (casque ortho­dy­na­miques et élec­tro­sta­tiques). Inves­tir plus de 200 euros dans un casque est-il raison­nable ? Oui, dans la mesure où l’on sent une progres­sion par rapport au milieu de gamme (encore qu’avec le nouveau prix du K702…) et que 200, 300 voire 500 euros ne sont pas forcé­ment des prix déli­rants pour des outils que vous garde­rez long­temps. Ce sont surtout des prix autre­ment plus honnêtes que les tarifs exhor­bi­tants pratiqués par Apple sur la gamme Beats qui valent au mieux la moitié de leur prix, sans doute moins. 

Senn­hei­ser HD650
(ouvert)
Beyer­Dy­na­mic DT880
(ouvert)
Audio-Tech­nica M70x
(fermé)
Oppo PM-3
(
fermé)
AKG K712 Pro
(ouvert)
 Casques audio : hd650
Casques audio : dt880pro
Casques audio : athm70x
 pm 3 01
akg k712 pro 182017
330 € 220 € 250 € 500 €  215 €

Casque ou casques ?

plusieurscasques

Nous en avions parlé lors de notre guide d’achat des enceintes : plus vous dispo­sez de systèmes d’écoute et plus vous serez en mesure d’as­su­rer la porta­bi­lité de votre mix. De ce point de vue, il n’y a rien d’idiot dans le fait de s’équi­per de plusieurs casques aux rendus ou aux carac­té­ris­tiques complé­men­taires. On peut ainsi s’équi­per d’un petit casque fermé pour les prises en complé­ment d’un gros ouvert pour le reste, ou encore d’un casque 'loupe’ et d’un casque au rendu plus linéaire.

Il ne s’agit pas pour moi de vous pous­ser vers la collec­tio­nite parfai­te­ment vaine, mais de souli­gner qu’en l’ab­sence d’un système d’écoute qui vous satis­fasse, multi­plier les points de vue est toujours une bonne chose pour abou­tir à la fin à une produc­tion de qualité. De ce point de vue, on peut parfai­te­ment s’équi­per d’un, deux ou trois casques, à plus forte raison quand on ne dispose pas, pour telle ou telle raison, d’une paire d’en­ceintes qui offre une écoute satis­fai­sante.

Un petit préam­pli casque pour la route ?

Comme vous l’avez compris plus gaut, en fonc­tion de son impé­dance comme de la tech­no­lo­gie qu’il emploie, un casque aura besoin d’un courant plus ou moins impor­tant pour fonc­tion­ner. Et c’est sur ce point précis qu’in­ter­vient un préam­pli qui va s’as­su­rer que le signal déli­vré par la chaîne audio soit conforme aux exigences des trans­duc­teurs.

Des préam­plis casque, il s’en cache donc un derrière chaque prise casque de vos équi­pe­ments audio, qu’il s’agisse de votre smart­phone, de votre télé ou de votre inter­face audio, de sorte qu’a priori, vous ne devriez même pas vous soucier de leur exis­tence. Sauf qu’on peut tout à fait ache­ter des préam­plis casques dédiés pour plusieurs raisons :

  • parce que la tech­no­lo­gie du casque que l’on utilise néces­site, outre une haute impé­dance, une alimen­ta­tion élec­trique, comme c’est le cas pour les casques élec­tro­sta­tiques
  • pour être à même de gérer plusieurs casques en même temps
  • pour gagner enfin en qualité audio, sachant que la sortie casque de nos équi­pe­ments n’est souvent pas la partie qui béné­fi­cie du plus d’at­ten­tion de la part des construc­teurs

Le bonheur est dans le préam­pli

Vous vous en doutez, même s’il s’avère capable de « driver » des casques à haute impé­dance, le préam­pli d’une inter­face audio d’en­trée de gamme n’est pas forcé­ment le plus quali­ta­tif qui soit. Et comme il ne fait aucun doute que la qualité de rendu d’un casque dépend en premier lieu de la qualité du signal qu’on lui soumet, plus la préam­pli­fi­ca­tion de ce dernier sera quali­ta­tive (en termes de rapport signal/bruit, de distor­sion, etc.), meilleur sera le résul­tat à la fin.

La recherche du meilleur son possible passe donc logique­ment par la recherche du meilleur préam­pli possible, même si je ne saurais que trop vous conseiller de rester cohé­rent et raison­nable dans votre inves­tis­se­ment. 

Conseil de non-achat provi­soire ?

À moins d’être dans le besoin d’of­frir plusieurs retours casques auquel cas un quadruple ou octuple préam­pli s’im­pose (et ce n’est pas forcé­ment très cher), à moins d’avoir investi dans un coûteux casque élec­tro­sta­tique qui néces­site une alimen­ta­tion, sachez où se trouve la prio­rité dans vos achats.

Commen­cez par vous équi­per d’un bon casque comme ceux listés dans les conseils de cet article et n’in­ves­tis­sez que dans un préam­pli dédié si vous ayez pu entendre qu’il appor­tait une amélio­ra­tion réelle. Et quand je parle de l’en­tendre, cela passe forcé­ment par une écoute compa­ra­tive que vous réali­se­rez avec deux bons casques iden­tiques bran­chés chacun sur les préam­plis à compa­rer, en vous assu­rant que le volume de l’un à l’autre soit le même. Je sais : c’est contrai­gnant, mais c’est réel­le­ment la seule façon raison­nable de dépen­ser son argent, à l’heure où les argu­ments publi­ci­taires tente­ront de convaincre votre cerveau repti­lien que votre survie dépend de l’achat d’un coûteux équi­pe­ment supplé­men­taire.

Une chose est sûre en tout cas : si d’un modèle de casque à un autre, vous enten­drez des diffé­rences flagrantes, pour peu que vous n’uti­li­siez pas une sortie casque vrai­ment médiocre à la base ou pas du tout apte à driver votre casque à haute impé­dance, le fait de chan­ger de préam­pli casque ne va pas révo­lu­tion­ner votre vie ni la person­na­lité sonore de votre casque. Comparé sur plusieurs casques (DT770 Pro, HD25, M50, K271 Mk2 & Ultra­sone Pro 550), le Grace Design m902 appor­tait plus de bas que le couple PreSo­nus HP-60/Avid Mbox Pro mais ne chan­geait pas complè­te­ment la donne non plus. Et peut-être était-ce dû au fait que le m902 embarque son propre conver­tis­seur NA… Bref, mon conseil est le suivant : consa­crez votre temps et votre argent à trou­ver le ou les bons casques, car ces derniers seront autre­ment plus déter­mi­nants pour la qualité de vos produc­tions que ne le sera un préam­pli dédié.

Casque et santé

Vous devez déjà le savoir : l’usage immo­déré du casque peut dégra­der votre appa­reil audi­tif. Il convient ainsi de ne pas écou­ter à trop fort niveau, ni sur des plages de temps trop longues sans lais­ser l’oreille se repo­ser, sans quoi vous vous expo­sez à des dommages irré­ver­sibles pour certains : acou­phènes, hyper­acou­sie, perte d’au­di­tion. S’il ne serait pas correct de dire que vos oreilles ont un capi­tal casque comme votre peau a un capi­tal soleil, il s’agit toute­fois d’être raison­na­ble… et prudent ! En effet, vu la proxi­mité du trans­duc­teur avec votre tympan, soyez vigi­lants en remet­tant toujours le volume d’écoute à zéro avant de chaus­ser le casque : si d’aven­ture la musique se mettait d’un seul coup à hurler à un volume que vous n’aviez pas prévu, si vous deviez vous prendre une bonne satu­ra­tion numé­rique, votre appa­reil audi­tif pour­rait être grave­ment altéré.

Casques audio : lara fabian

Vous en avez sans doute entendu parlé : Lara Fabian en a fait les frais et a bien failli voir sa carrière prendre préma­tu­ré­ment fin en 2013. Reve­nant sur les circons­tances de l’ac­ci­dent, Rob Mancuso, ingé son Live de la chan­teuse belge, explique « qu’alors qu’elle répé­tait pour une émis­sion de télé­vi­sion, un tech­ni­cien a acci­den­tel­le­ment envoyé un signal de 1kHz direc­te­ment dans ses in ears. Ce signal de 1kHz a été envoyé si fort et si rapi­de­ment que ça a été comme si un coup de feu lui avait été tiré à côté de chaque oreille. Le niveau de pres­sion sonore de ce signal a été assez fort pour lui faire perdre l’équi­libre et la faire tomber par terre. Imagi­nez entendre un bruit assez fort pour vous faire tomber ! Cet événe­ment a mani­fes­te­ment blessé son audi­tion et elle a dû être envoyée aux urgences ». » Le problème, c’est que la chan­teuse a conti­nué à exer­cer son métier, si bien que lors d’un concert à Dijon, elle est prise d’une brusque surdité. Elle raconte : « Pendant un solo de guitare, je me ­retourne vers l’in­gé­nieur du son et lui ­signale un problème tech­nique. Je n’en­tends plus ! Il me ­répond qu’il n’a touché à rien. J’en­lève mes oreillettes, l’am­biance sonore est brouillée autour de moi. Je me rends compte que le problème, c’est moi ». Le problème, s’est une « surdité subite » obli­geant l’ar­tiste à lais­ser son appa­reil audi­tif « se régé­né­rer dans le silence. »

Or, soyez-en sûr, si la chan­teuse a pu recou­vrer le sens de l’ouïe et reprendre son métier, son appa­reil audi­tif ne s’est certai­ne­ment pas régé­néré comme le ferait la queue d’un lézard qu’on aurait coupée. Ce qui est détruit est détruit et il y a fort à parier que l’au­dio­gramme de la chan­teuse porte les traces sévères de l’ac­ci­dent tandis qu’elle doit proba­ble­ment vivre avec de bons acou­phènes.

Bref, soyez prudent. Très prudent. Et sachez que certains casques incor­porent un limi­teur, à toutes fins utiles.

Conclu­sion

Avec cet article, nous en avons a priori fini avec le système d’écoute de votre Home Studio, ce qui consti­tue proba­ble­ment, comme nous l’avions expliqué dans les articles précé­dents, la partie la plus cruciale de ce dernier pour assu­rer la qualité de vos produc­tions.

Reste que, pour l’heure, avec vos enceintes et votre casque posés à même le sol de votre pièce à l’acous­tique soignée, vous pouvez au mieux vous targuer… d’avoir des enceintes et un casque posés à même le sol d’une pièce à l’acous­tique soignée !

Que manque-t-il pour en faire un home studio digne de ce nom ? Bien des choses, sans aucun doute, à commen­cer par ce qui va consti­tuer le coeur de votre équi­pe­ment audio : le dispo­si­tif d’en­re­gis­tre­ment.

Ce sera là le sujet de nos prochains articles qui, entre autres choses, abor­de­ront des ques­tions dont la trol­le­rie devraient en émous­tiller plus d’un : analo­gique ou numé­rique ? Mac ou PC ? Logi­ciel ou maté­riel ? Et qui qui c’est qu’il a le meilleur moteur audio du monde ? On devrait bien s’amu­ser. ;-)

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