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Guide des baffles, amplis et impédances

Une histoire d'ohms

Les branchements de baffles et d'amplis, les impédances, les combinaisons diverses et les câblages hasardeux étant un sujet récurrent dans les forums guitare et basse d’AudioFanzine, nous allons tenter d’éclaircir les choses pour le plus grand nombre.

Guide des baffles, amplis et impédances : Une histoire d'ohms

Préci­sons que nous essaie­rons de trai­ter ici les cas les plus courants, mais vous pour­rez toujours poster dans les forums vos ques­tions spéci­fiques.

Les deux notions que nous allons utili­ser ici sont l’im­pé­dance (expri­mée en Ohms, symbole Ω, prend une valeur allant de 2 à 8 voire 16 pour les cas les plus courants) et la puis­sance (expri­mée en Watts, symbole W, valeur allant de 1 à 1000 voire plus, il existe de rares amplis pour basse pouvant donner plus de 1200 Watts !). Un peu plus loin nous évoque­rons briè­ve­ment le rende­ment d’un baffle, exprimé (sur les fiches tech­niques des fabri­cants) en déci­bels (ou dB), et à ne pas confondre avec le volume sonore, exprimé dans la même unité, nous verrons pourquoi. 

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Nous allons donc nous concen­trer sur l’im­pé­dance et la puis­sance, à la fois celle d’un baffle et celle d’un ampli, et voir comment asso­cier les deux pour le meilleur, et en évitant le pire. En effet, la puis­sance four­nie par un ampli, qu’il soit à lampes ou à tran­sis­tors, est indiquée pour une impé­dance donnée. Ne pas respec­ter ces indi­ca­tions peut endom­ma­ger l’am­pli, de façon plus ou moins grave, et dans tous les cas domma­geable pour votre porte­feuille. Outre ce tuto­riel, vous devez d’abord et avant tout vous réfé­rer au manuel du fabri­cant de votre ampli pour connaitre les meilleurs bran­che­ments !

Dans la suite de nos expli­ca­tions, nous dési­gnons par le terme « ampli » l’am­pli­fi­ca­teur de puis­sance. Dans la majo­rité des cas, ce que l’on appelle « tête d’am­pli » comprend à la fois la partie préam­pli­fi­ca­tion (gain, égali­sa­tion, compres­sion, boucle d’ef­fet, à un ou deux canaux, etc.) et la partie ampli­fi­ca­tion de puis­sance (de laquelle dépend le bouton de volume, et la présence sur certains amplis à lampes). Quand nous parlons d’am­pli à lampes ou à tran­sis­tors, il s’agit donc bien de la partie puis­sance. S’il y a des lampes dans votre préam­pli, cela ne change rien au compor­te­ment de la partie puis­sance si elle est à tran­sis­tors. 

D’autre part, un combo n’est fina­le­ment qu’un ensemble tête (donc préam­pli + ampli de puis­sance) + baffle dans la même boîte. Mais élec­tro­nique­ment, chaque élément s’en­vi­sage sépa­ré­ment. Le baffle interne d’un combo a sa propre impé­dance, et élec­tro­nique­ment il se comporte exac­te­ment comme un baffle externe. Dans la suite des expli­ca­tions, tout est valable aussi bien pour une tête et un ou deux baffles tous en éléments sépa­rés, que pour un combo que l’on consi­dère comme une tête et un baffle, avec l’ajout éven­tuel d’un second baffle.

Nous nous adres­sons ici aux guita­ristes et bassistes, sous le point de vue du musi­cien. Les amplis pour sono fonc­tionnent selon les mêmes bases théo­riques, mais comportent des spéci­fi­ci­tés. Consul­tez le forum spécia­lisé pour vos ques­tions de sono, ici il n’en sera pas fait mention.

Toujours dans l’op­tique « les musi­ciens parlent aux musi­ciens », des raccour­cis ont été pris, qui semble­ront des inexac­ti­tudes à nos cama­rades élec­tro­ni­ciens. Rappe­lons qu’il s’agit ici de savoir comment bran­cher le maté­riel, et que s’il est toujours sympa de savoir comment il fonc­tionne d’un point de vue théo­rique, ce n’est pas indis­pen­sable d’en connaitre les arcanes !

Un peu de théo­rie simple : l’im­pé­dance c’est quoi donc ?

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L’im­pé­dance d’un baffle, c’est la « résis­tance élec­trique » qu’il oppose au passage du courant à une fréquence donnée. Elle est symbo­li­sée par la lettre Z. Plus cette impé­dance est élevée, plus le baffle s’op­pose au courant qu’on lui four­nit, et moins il peut déga­ger de puis­sance en sortie pour une puis­sance initiale déli­vrée. Un baffle d’im­pé­dance 8 ohms oppose une résis­tance deux fois plus forte au courant qu’un baffle de 4 ohms, et le baffle 4 ohms lais­sera passer plus de courant dans le circuit que le baffle 8 ohms. Plus l’im­pé­dance d’un baffle est petite, plus la charge augmen­tera sur l’am­pli qu’on lui asso­ciera, jusqu’à se rappro­cher du court-circuit.

L’im­pé­dance d’un ampli exprime la résis­tance que peut suppor­ter (ou que s’at­tend à rencon­trer) l’am­pli quand on lui branche un baffle. En effet le circuit élec­tro­nique est conçu pour fonc­tion­ner avec une impé­dance défi­nie, souvent par construc­tion très faible (envi­ron dix fois moindre que celle du baffle asso­cié), ce qui rend les étages de sortie parti­cu­liè­re­ment vulné­rables aux trop fortes charges. C’est pourquoi les construc­teurs expriment dans leurs notices l’im­pé­dance que peut suppor­ter l’am­pli. Si on lui oppose trop ou pas assez de résis­tance, on peut poten­tiel­le­ment (selon les cas, on le verra) risquer d’en­dom­ma­ger l’am­pli.

 

Série, paral­lè­le…

En élec­tro­nique, on distingue bran­che­ments en série et bran­che­ments en paral­lèle. Le bran­che­ment en série, c’est quand les compo­sants sont l’un à la suite de l’autre dans un circuit, comme les perles d’un collier (ou des pédales d’ef­fets à la suite les unes des autres). Le bran­che­ment en paral­lèle, c’est quand le circuit se divise en plusieurs branches, alimente divers éléments, puis se réunit à nouveau.

Dans le cas des baffles et des amplis, l’im­mense majo­rité des bran­che­ments se font en paral­lèle pour ce qui concerne la jonc­tion entre la tête et les baffles. Par exemple, la très grande majo­rité des fabri­cants de têtes d’am­plis pour basse ont des modèles pour­vus de 2 sorties, qui sont en paral­lèle l’une de l’autre. Le signal est commun au départ, se divise entre les deux prises, passe par un ou plusieurs baffles, puis revient (par le même câble bien sûr) à l’am­pli où il est réuni à nouveau (vers la masse/terre). De même, la très grande majo­rité des amplis pour guitare ont deux sorties en paral­lèle.

À l’in­té­rieur d’un baffle, il peut arri­ver que certains haut-parleurs soient en série (reliés l’un à l’autre direc­te­ment), d’autres en paral­lèle … mais si vous en êtes à démon­ter ou bran­cher des haut-parleurs dans un baffle, vous n’avez pas besoin de ce tuto­riel !

Sauf excep­tion rare (comme la néces­sité d’as­so­cier des baffles nombreux ou étranges) un bassiste ou un guita­riste n’a le plus souvent affaire qu’à des bran­che­ments en paral­lèle, direc­te­ment de la sortie de l’am­pli au baffle.

Certains baffles possèdent des sorties permet­tant direc­te­ment le couplage d’un baffle à un autre sans passer par l’am­pli. Même si ce type de câblage est tout à fait correct élec­trique­ment, pour des raisons de prati­cité, mieux vaut les éviter. Ne pas lais­ser de place au doute (« c’est quelle prise déjà pour relier mes deux baffles ? »), c’est élimi­ner des sources de problèmes. En outre, dans ce type de prises de sortie sur le baffle, certaines marques font un montage en paral­lèle, et d’autres en série. Bref, casse-tête. N’uti­li­sez ce type de bran­che­ments que si vous savez exac­te­ment ce que vous faites !

Câble jack, câble HP…

Un câble jack pour instru­ment est un câble de faible section, avec un seul conduc­teur isolé et autour de ce conduc­teur une tresse blin­dée. Un câble pour haut-parleur (ou câble HP) comporte deux conduc­teurs isolés et pas de blin­dage. Il existe un réel risque pour les amplis (en parti­cu­lier les amplis à lampes) à ne pas utili­ser le bon câble pour la bonne utili­sa­tion : pour bran­cher un baffle, il faut toujours utili­ser un câble HP. En cas de doute, s’abs­te­nir : le conduc­teur du câble instru­ment a une section trop faible, ce qui pour­rait entraî­ner une surchauffe et une destruc­tion de ce conduc­teur. Par consé­quent toute la puis­sance ne serait plus trans­mise et c’est donc le trans­for­ma­teur de sortie de l’am­pli qui en pren­drait plein la tête.

Baffles en paral­lèle et loi d’Ohm – la théo­rie

Lors du bran­che­ment en paral­lèle de deux baffles, l’im­pé­dance totale des deux n’est PAS addi­tion­née : deux baffles de 8 ohms ne font PAS 16 ohms, deux baffles de 4 ohms ne font PAS 8 ohms.

Le calcul d’im­pé­dance en paral­lèle utilise la loi d’Ohm pour le calcul des résis­tances en paral­lèle : 1 / R total = 1 / R1 + 1/ R2 + …

Nous avons donc (cas les plus fréquents dans la pratique) :

  • 2 baffles de 16 ohms en paral­lèle : impé­dance totale 8 ohms
  • 2 baffles de 8 ohms en paral­lèle: impé­dance totale 4 ohms
  • 2 baffles de 4 ohms en paral­lèle: impé­dance totale 2 ohms
  • 1 baffle de 16 ohms et 1 de 8 ohms en paral­lèle : impé­dance totale 5,33 ohms
  • 1 baffle de 4 ohms et 1 de 8 ohms en paral­lèle: impé­dance totale 2,66 ohms 

Et ainsi de suite … Deux baffles de 8 ohms en paral­lèle donnent 4 ohms, si l’on ajoute un troi­sième baffle en 4 ohms en paral­lèle l’en­semble descend à 2 ohms. 

De même, 4 baffles en 8 ohms tous en paral­lèle font 2 ohms au total …

Si vous êtes dans un autre cas, un calcul simple vous donnera la solu­tion.

Baffles en série – la théo­rie

Unique­ment pour être exhaus­tifs, nous pouvons noter ici que les impé­dances de baffles montés en série s’ad­di­tionnent. Deux baffles de 4 ohms en série ont une impé­dance globale de 8 ohms.

Mais une fois encore, dans l’im­mense majo­rité des cas, aucun bassiste ou guita­riste ne branche de baffles en série. Si vous êtes confron­tés à cette situa­tion, véri­fiez bien ce qui est en série et ce qui est en paral­lèle avant de tout allu­mer.

En pratique : bran­che­ment des baffles sur un ampli à lampes 

Note : Sous le terme d’am­pli est dési­gné l’am­pli de puis­sance. Les têtes hybrides pour basse avec préam­pli à lampe(s) et puis­sance à tran­sis­tor (cas fréquent) sont des amplis à tran­sis­tor du point de vue des baffles. De même pour les amplis pour guitare qui ont une ou plusieurs lampes dans le préam­pli, mais une puis­sance à tran­sis­tor. 

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Dans un ampli à lampes, la puis­sance four­nie est fixe. C’est dû aux contraintes du circuit élec­tro­nique. Ainsi, l’am­pli est affi­ché pour une puis­sance de 50, 100, 200 W … qui est fixe, et c’est l’im­pé­dance de sortie de l’am­pli que l’on doit faire varier en fonc­tion des baffles que l’on souhaite asso­cier à la tête. 

Ainsi sur la majo­rité des modèles, il y a un moyen de sélec­tion­ner l’im­pé­dance de sortie de l’am­pli : soit un switch à plusieurs posi­tions, soit plusieurs sorties pour adap­ter l’im­pé­dance de sortie de l’am­pli au type de baffle(s) que vous allez bran­cher. La règle est de bran­cher le ou les baffles sur un ampli réglé pour avoir une impé­dance égale ou plus faible que l’im­pé­dance totale des baffles.

L’im­mense majo­rité des amplis à lampes pour basse ont 2 sorties en paral­lèle et une impé­dance sélec­tion­nable (d’une manière ou d’une autre) entre 8, 4 ou 2 ohms, qui sont juste­ment les impé­dances les plus courantes quand on utilise un ou deux baffles pour basse. Il « suffit » de sélec­tion­ner sur l’am­pli l’im­pé­dance corres­pon­dant exac­te­ment à l’im­pé­dance globale du ou des baffle(s) que vous voulez bran­cher sur la tête, en fonc­tion de la règle ci-dessus.

Ainsi, si vous bran­chez un seul baffle en 8 ohms, sélec­tion­nez l’im­pé­dance 8 ohms, ou moins. Si vous bran­chez deux baffles de 8 ohms chacun, sélec­tion­nez l’im­pé­dance 4 ohms. Si vous bran­chez deux baffles de 16 ohms chacun, sélec­tion­nez l’im­pé­dance 8 ohms, etc., repor­tez-vous aux calculs précé­dents pour connaître l’im­pé­dance de vos baffles bran­chés seuls ou en asso­cia­tion.

Du coté des amplis guitare, l’im­mense majo­rité des amplis à lampes a, elle aussi, deux sorties en paral­lèle dont l’im­pé­dance est réglable indi­vi­duel­le­ment pour chacune des deux sorties, ou de manière globale, géné­ra­le­ment pour des valeurs de 4, 8 ou 16 ohms (valeurs les plus courantes pour des baffles guitare). 

Si le réglage est indi­vi­duel par sortie, régler l’am­pli pour que chaque sortie ait une impé­dance adap­tée, c’est-à-dire égale ou infé­rieure à celle du baffle qui est bran­ché dessus. Pour bran­cher deux baffles de 16 ohms, chaque sortie doit être sur 16 ohms ou moins. Pour bran­cher deux baffles de 8 ohms, chaque sortie doit être réglée sur 8 ohms ou moins. 

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Si le réglage est collec­tif pour les deux, régler la sortie globale en fonc­tion de l’im­pé­dance globale des deux baffles calcu­lée comme précé­dem­ment. Pour bran­cher deux baffles en 16 ohms chacun, régler l’am­pli sur 8 ohms (ou moins). Pour bran­cher deux baffles en 8 ohms chacun, régler l’am­pli sur 4 ohms (ou moins), etc. Vous commen­cez à suivre le prin­cipe ?

Le cas de l’am­pli à lampe est fina­le­ment le plus simple. Dès lors qu’on sait quelle est l’im­pé­dance totale du ou des baffles que l’on veut utili­ser, on règle l’am­pli en fonc­tion de cette impé­dance ou on utilise la (les) bonne(s) sortie(s) au dos de l’am­pli. La puis­sance annon­cée de l’am­pli reste la même dans tous les cas, un ampli de 100 W fait toujours 100 W. Bien sûr, les baffles choi­sis doivent tous pouvoir encais­ser cette puis­sance : dans cet exemple avec un ampli de 100 W, si l’on branche deux baffles sur l’am­pli, les deux baffles doivent pouvoir encais­ser 100 W ! Nous verrons plus loin ces ques­tions de puis­sance d’un baffle.

Atten­tion : sur un ampli à lampes, l’ab­sence de bran­che­ment d’un baffle est perçue comme une charge de valeur infi­nie. Autant dire que les circuits de l’am­pli de puis­sance n’aiment pas ça. Il ne faut JAMAIS utili­ser un ampli à lampes sans baffle bran­ché dessus !

En pratique : bran­che­ment des baffles sur un ampli à tran­sis­tors

Dans le cas d’un ampli à tran­sis­tors, le fonc­tion­ne­ment est diffé­rent : la puis­sance de sortie est variable et l’im­pé­dance de sortie de l’am­pli a une valeur fixe. La puis­sance d’un ampli à tran­sis­tors (50, 100, 200 W…) est expri­mée pour l’im­pé­dance mini­male tolé­rable.

En effet, comme vu plus haut, l’im­pé­dance exprime la résis­tance des baffles au passage du courant. Ainsi, lorsqu’un ampli est donné pour 300 W sous 4 ohms, cela signi­fie que si les baffles offrent une résis­tance de 4 ohms seule­ment, l’am­pli peut donner toute sa puis­sance (soit 300 W).

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En revanche, si les baffles opposent une résis­tance plus forte (au hasard, le double soit 8 ohms), l’am­pli à tran­sis­tor ne peut pas donner toute sa puis­sance, mais fonc­tionne tout de même. Plus exac­te­ment, toujours en vertu de la loi d’Ohm citée plus haut, comme la résis­tance oppo­sée par le baffle est multi­pliée par deux (8 ohms est le double de 4 ohms ! non ? si !) la puis­sance sera à peu près divi­sée par deux (soit dans ce cas, 150 W au lieu de 300 W). Si l’im­pé­dance totale des baffles que l’on branche montait à 16 ohms, soit 4 fois l’im­pé­dance plan­cher, alors la puis­sance déli­vrée par l’am­pli serait divi­sée par 4 (soit  300 / 4 = 75 W).

Enfin, si les baffles opposent une résis­tance trop faible (en-dessous de 4 ohms dans le cas de notre ampli cité plus haut, par exemple 2 ohms), l’am­pli risque des dommages. Ce type de montage est à pros­crire abso­lu­ment !

Chez les bassistes, les têtes à tran­sis­tor sont très répan­dues. Si nous prenons en exemple une tête pouvant four­nir 500 W sous une charge de 4 ohms, le bassiste a diffé­rentes options :

  • s’il branche un seul baffle d’im­pé­dance 8 ohms, l’am­pli enverra au baffle à peu près la moitié de sa puis­sance soit à peu près 250 W dans ce cas. Charge au bassiste de véri­fier que le baffle peut rece­voir cette puis­sance : la puis­sance admis­sible par le baffle doit être au mini­mum celle envoyée par l’am­pli (voir plus bas). Ici, l’am­pli envoit (quand il est à fond) 250 W dans le baffle. Le baffle utilisé doit donc faire au mini­mum 250 W.
  • s’il branche un seul baffle en 4 ohms, l’am­pli donnera toute sa puis­sance soit ici 500 W (même remarque sur la puis­sance du baffle, voir plus bas).
  • s’il branche deux baffles de 8 ohms chacun en paral­lèle, l’en­semble a une impé­dance totale de 4 ohms, l’am­pli donne à nouveau toute sa puis­sance de 500 W. Cette puis­sance se répar­tit entre les deux baffles de manière à peu près moitié-moitié (chacun des deux baffles reçoit la puis­sance qu’il laisse passer d’après son impé­dance) soit ici à peu près 250 W par baffle. La puis­sance admis­sible des baffles doit donc être prévue pour encais­ser cette puis­sance four­nie par l’am­pli : dans notre exemple, deux baffles de mini­mum 250 W chacun.
  • s’il branche un baffle en 4 ohms et un autre en 8 ohms, l’en­semble a une impé­dance globale de 2,66 ohms (bran­che­ment en paral­lèle). Problème en vue : cette impé­dance est infé­rieure au plan­cher supporté par l’am­pli. Ne pas utili­ser cette combi­nai­son.
  • s’il branche deux baffles de 4 ohms chacun en paral­lèle, l’en­semble a une impé­dance de 2 ohms. À nouveau, dange­reux pour la tête dont le plan­cher (impé­dance mini­male) est 4 ohms, ne pas bran­cher cette confi­gu­ra­tion !

Notre bassiste exemple a fina­le­ment décidé d’uti­li­ser un combo. Ce combo a une puis­sance de 300 W sous 4 ohms, et le baffle interne est sous 8 ohms :

  • s’il utilise le combo seul, la partie puis­sance de la tête (capable de four­nir 300W sous 4 ohms) rencontre une résis­tance de 8 ohms (celle du baffle interne), soit deux fois l’im­pé­dance plan­cher, et donne la moitié de sa puis­sance, soit 300 / 2 = 150 W.
  • s’il branche en plus de son combo un baffle en 8 ohms (en paral­lèle sur la prise exten­sion du combo), l’en­semble des deux baffles a main­te­nant une impé­dance globale de 4 ohms. L’am­pli de puis­sance peut four­nir la tota­lité de sa puis­sance (ici 300 W), répar­tie en 150 W pour chaque baffle.
  • s’il branche, en plus du baffle interne de 8 ohms, un baffle d’ex­ten­sion en 4 ohms, l’en­semble des deux a une impé­dance de… 2,66 ohms (vous aviez trouvé ? bravo !) et l’am­pli ne va pas aimer, du tout.
  • s’il branche son baffle d’ex­ten­sion en 4 ohms, mais qu’il débranche le baffle interne (ce qui est possible sur certains combos), l’am­pli a une charge totale de … 4 ohms, et tout va bien pour lui, et donc pour le bassiste.

Pour les guita­ristes, avouons-le, les subti­li­tés des amplis à tran­sis­tors présentent peu d’in­té­rêt. Il existe peu de têtes d’am­plis pour guitare à tran­sis­tor. La plupart des amplis pour guitare à tran­sis­tor sont des combos de faible à moyenne puis­sance, qui se comportent exac­te­ment comme mon exemple ci-dessus en remplaçant le mot « bassiste » par « guita­riste », et les valeurs d’im­pé­dance et de puis­sance par celles de son maté­riel.

Cas de la biam­pli­fi­ca­tion et de la stéréo (têtes à lampes ou tran­sis­tors unique­ment)

Certaines têtes d’am­pli proposent deux canaux, soit qu’il s’agisse de stéréo (canaux droite / gauche), soit qu’il s’agisse de biam­pli­fi­ca­tion (un canal pour les graves, un autre pour les aigus, en très résumé – ceci étant assez spéci­fique aux bassistes).

Dans ce cas, chacun des deux canaux possède son ampli de puis­sance distinct, avec sa puis­sance déli­vrée et son impé­dance qui lui sont spéci­fiques, et doit être consi­déré sépa­ré­ment, exac­te­ment selon les mêmes règles ci-dessus.

Puis­sance admis­sible d’un baffle et puis­sance reçue en réalité

Une fois déter­mi­née la puis­sance que l’am­pli envoie dans le baffle, reste à déter­mi­ner la puis­sance que le baffle peut suppor­ter de rece­voir !

C’est la deuxième valeur indiquée dans les carac­té­ris­tiques du baffle : « le baffle X a une puis­sance de 200 W sous 8 ohms » se traduit par « le baffle X a une impé­dance de 8 ohms et peut encais­ser une puis­sance maxi­male de 200 W », et non « le baffle X envoie 200 W ». Si votre confi­gu­ra­tion ampli + baffle fait que le baffle X reçoit 100 W, il ne pourra émettre que 100 W, au maxi­mum (c’est-à-dire quand le volume est à fond).

Tout l’art d’as­so­cier tête d’am­pli et baffle consiste donc à choi­sir les deux éléments pour que :

  1. l’am­pli puisse four­nir une puis­sance maxi­male sans dommage pour lui (choix des impé­dances et bran­che­ments)
  2. les baffles ne soient pas mis en danger en rece­vant une puis­sance plus grande que celle qu’ils peuvent suppor­ter (choix de la puis­sance des baffles en fonc­tion de la tête, ou l’in­verse)
  3. le son soit bon (ça, c’est subjec­tif).

Autres critères de choix des baffles : rende­ment et bande passante

Histoire de compliquer un peu la situa­tion, il existe deux autres para­mètres que l’on peut éven­tuel­le­ment prendre en compte dans le choix des baffles : le rende­ment, et la bande passante.

Un rende­ment est une valeur de compa­rai­son entre une entrée et une sortie. Ici, on compare une puis­sance en entrée (la puis­sance four­nie par l’am­pli au baffle) et une puis­sance en sortie (la puis­sance sonore réel­le­ment four­nie par le baffle). Car il y a une perte au passage, inévi­ta­ble­ment, comme dans tout circuit élec­tro­nique, puis lors de la conver­sion de la puis­sance élec­trique en puis­sance sonore. 

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Ce rende­ment doit donc s’ex­pri­mer en %. Or le fameux « rende­ment » que l’on voit sur les brochures publi­ci­taires est en déci­bels ! C’est tout simple­ment parce qu’il y a confu­sion entre rende­ment et sensi­bi­lité. C’est cette mesure, ici expri­mée en déci­bels (plus exac­te­ment, en déci­bels par watt, soit dB / W) qui exprime la puis­sance sonore émise pour 1 watt de puis­sance élec­trique fourni en entrée, le tout mesuré à 1 mètre du baffle. Cette valeur donne une infor­ma­tion précise du « rende­ment » qu’aura votre baffle en termes de resti­tu­tion de la puis­sance four­nie par votre ampli, donc de la renta­bi­li­sa­tion de la puis­sance consom­mée par ce dernier. En ce sens, sachez qu’une asso­cia­tion de baffle de sensi­bi­lité de 103dB avec un ampli de 100W déli­vrera autant de puis­sance sonore qu’une asso­cia­tion de baffle de 100dB avec un ampli de 200W. En gros, on peut dire que la puis­sance resti­tuée double tous les 3dB de sensi­bi­lité du baffle ! C’est pourquoi dans un système bien conçu, un ampli de puis­sance moyenne peut quand même en envoyer bien grave. Donc si vous cher­chez la « patate », évitez les baffles de sensi­bi­lité médiocre.

De même, les baffles comportent une bande passante, qui indique la gamme de fréquences qu’ils sont à même de repro­duire (du plus grave au plus aigu) avec, le plus souvent une courbe de fréquence qui va montrer la resti­tu­tion du baffle. Le baffle idéal mathé­ma­tique­ment repro­dui­rait toutes les fréquences exac­te­ment comme elles sont produites par votre ampli, mais dans la réalité, ce baffle idéal n’existe pas. En outre, cet idéal est plutôt un objec­tif de moni­teurs de studio, là où le musi­cien cherche souvent la « couleur » sonore d’un équi­pe­ment parti­cu­lier, qui est la résul­tante de la bande passante et du rende­ment (et de tout un tas d’autres choses aussi).

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Ainsi ces deux critères pour­tant essen­tiels sont surtout utili­sés en sono­ri­sa­tion. Aucun (ou en tout cas très peu) guita­riste ou bassiste ne cherche à monter un système « bien conçu » et la règle immen­sé­ment majo­ri­taire, pour obte­nir de la patate, est :

  1. en prio­rité je cherche la tête d’am­pli qui délivre la plus grande puis­sance possible avec un gros son parce que ça fait comme les pros
  2. je cherche les baffles qu’on peut mettre derrière sans trop de risque (d’où le sujet du présent dossier)
  3. le rende­ment est complè­te­ment ignoré et aucun bassiste ou guita­riste ne choi­sit son baffle comme ça, mis à part les gros geeks (j’ai des noms !).

Contre-exemple massif : dans mon cas person­nel, j’uti­lise volon­tai­re­ment des baffles (Ampeg en 15') qui n’ont pas loin du plus mauvais rende­ment possible sur le marché. En plus ils sont lourds et chers. Et leur bande passante est désas­treuse. Mais qu’est-ce que ça sonne !

Quant aux guita­ristes, le rende­ment ils s’en tapent : ils jouent avec le volume à fond ! (ce n’est pas qu’une cari­ca­ture, c’est bien souvent tout à fait volon­taire, pour faire satu­rer l’am­pli de puis­sance à lampes).

La course à l’ar­me­ment dans la puis­sance des amplis a donc toujours de beaux jours devant elle !

Conclu­sion

Après cette petite note subjec­tive, retour à l’objec­tif. Dans le choix d’une tête d’am­pli et des baffles à y asso­cier, ou d’un combo et de son éven­tuel baffle d’ex­ten­sion, l’at­ten­tion à porter à la puis­sance four­nie par l’am­pli, à l’im­pé­dance de l’am­pli, et aux puis­sances et impé­dances des baffles critiques pour la bonne santé du maté­riel. Par la suite, l’at­ten­tion aux bran­che­ments est égale­ment indis­pen­sable : un bran­che­ment hasar­deux peut endom­ma­ger vos baffles, votre ampli, ou les deux. Lisez donc bien les carac­té­ris­tiques du maté­riel que vous souhai­tez utili­ser, bran­chez les bons baffles sur le bon ampli avec le bon câble … Et envoyez les watts !


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