Dans le monde de l’amplification Guitare, on associe très souvent Randall au gros son Heavy / Trash et à la technologie tout transistor. C’est donc une double surprise que nous réserve Randall avec la série MTS : un ampli tout lampe et un registre sonore bien plus étendu qu’une grosse distorsion moderne à haut gain.
Dans le monde de l’amplification Guitare, on associe très souvent Randall au gros son Heavy / Trash et à la technologie tout transistor. C’est donc une double surprise que nous réserve Randall avec la série MTS : un ampli tout lampe et un registre sonore bien plus étendu qu’une grosse distorsion moderne à haut gain.
Le concept MTS (Modular Tube System)
Le concept MTS est la réponse des allumés du tube de la R&D Randall à l’avalanche des amplis à modélisation : en effet, l’ampli que nous testons cette semaine ne dispose que d’une section de puissance. La section de préamplification étant assurée par des modules interchangeables. Ces derniers, tout lampes et soigneusement élaborés par Randall, se veulent des émulations des plus grands amplis depuis l’invention de l’électricité : Marshall JTM plexi, Fender Bassman, Mesa Boogie rectifier et bien d’autres (15 à l’heure actuelle).
Ce concept repose avant tout sur un constat : Il y a finalement très peu de design de préamplification réellement différents et ils sont même très largement inspirés les uns des autres, y compris entre différentes marques ! Finalement, ce sont l’ajout à ces préamplis de sections de puissances (6L6 chez Fender et EL34 chez Marshall par exemple) et de HP différentes qui permettent à ces amplis de se distinguer.
Randall a donc réalisé un travail d’ingénierie en profondeur pour que toutes ces différences soient reproduites directement – et uniquement – par la section de préamplification, et qu’ainsi les signatures sonores des illustres amplis ainsi émulés soient crédibles.
Il est à signaler que le concept MTS a été développé sous l’égide de Bruce Egnater (Directeur de la R&D chez Randall), Guru de l’ampli à lampes US (ah ! le TOL 100 !) et ayant déjà à son actif le très fameux Rocktron Prophecy. Bruce Egnater fabrique d’ailleurs sous sa marque toute une gamme de modules compatibles MTS, avec le soin qu’on lui connait.
La gamme MTS est constituée de plusieurs produits : Combos, Têtes, Préampli en Rack, et c’est le petit junior de la bande que nous allons passer au crible aujourd’hui, le RM20B. Il nous est parvenu fort agréablement accompagné de 12 modules, ce qui nous permettra de vérifier si le concept tient sa principale promesse : peut on effectivement passer d’un son vintage clean à un son à haut gain moderne en 2 tours de vis ?
Caractéristiques
Petit poucet de la gamme MTS, le RM20B est un ampli qui semble plutôt conçu pour l’enregistrement en studio, bien que quelques astuces bien pensées permettent de l’embarquer sans problèmes pour une jam dans un club enfumé.
D’une puissance de 15 watts (ce qui est largement suffisant pour vous faire entendre de vos voisins – voire de tout l’immeuble), il ne peut accueillir qu’un seul module MTS. On sera donc obligé d’effectuer un changement de module à chaque fois que l’on souhaite changer radicalement de son.
Ce changement est toutefois très simple à réaliser : Ampli sur stand-by, Dévissage des 2 écrous, changement du module, resserrage des écrous : 30 secondes montre en main !
Afin de pallier à ces acrobaties mécaniques sur scène, où l’on se voit mal en train de changer de module juste pour un passage en lead, Randall à eu la bonne idée d’équiper le RM20B d’un boost à lampe. Celui-ci possède ses propres réglages de niveau de gain et de volume, et peut être enclenché depuis le footswitch. Selon les réglages, il agir comme un « clean boost » ou comme un overdrive musclé. Pratique pour driver un module spécialisé dans le son clair !
Côté section puissance, les lampes de puissance sont des EL84 Ruby et drivent un HP Celestion Greenback de 12 pouces. De fait, cette configuration ajoutée au Baffle fermé au 2/3 est orientée vers la polyvalence, en parfaite cohérence avec le concept MTS où l’ampli doit interagir correctement avec tous les modules, du plus vintage au plus moderne.
3 lampes 12AX7 viennent compléter l’ensemble dans le châssis du RM20B, la première étant dédiée à la phase, la deuxième au buffer de la boucle d’effet et la dernière au boost.
La façade de l’ampli est assez basique : Réglages du boost, emplacement pour le module, et 2 réglages 'Presence’ et 'Density’ qui sont une égalisation au niveau de l’amplification, respectivement pour le haut et le bas du spectre.
Les modules
Réalisés dans les usines Eden, fameuse marque d’amplis basse faisant partie du même groupe que Randall, tous les modules se basent sur un schéma utilisant 2 lampes de préamplification. Ils partagent la même façade et les mêmes contrôles : Gain, Réglages d’égalisation, Volume, complétés d’un switch 'Bright’ boostant, comme son nom l’indique, les fréquences aiguës.
La face arrière est par contre plutôt encombrée, le RM20B proposant plusieurs fonctionnalités bien pensées :
- La boucle d’effet, équipée d’un buffer à lampe
- Une sortie ligne, pratique pour réattaquer une autre section de puissance si besoin est
- Les points de contrôle et le potard de réglage du bias, ce qui vous permettra de changer vous-mêmes vos lampes de puissance, munis uniquement d’un voltmètre ! (Merci Randall !)
- Une sortie D.I. en XLR proposant une simulation de HP. Celle-ci fonctionne lorsque l’ampli est complètement actif (position Live) ou lorsqu’il est en position 'Silent’, ce qui a pour effet de désactiver le baffle.
- Une sortie HP externe, en 8 ou 16 Ohms
Bon, et ça sonne ? Grave !*
Disons-le tout de suite, côté polyvalence, le pari est gagné. Les différences sonores entre les différents modules sont vraiment bluffantes ! Le passage du clean Fenderien du module blackface, à un lead au grain ultra compressé du module UltraXL en 30 secondes est vraiment impressionnant.
On se prend à regretter très vite de ne pas avoir au moins 2 emplacements de modules afin de passer de l’un à l’autre d’un coup de santiag bien appuyé sur le footswitch ! Pour cela il faut passer au modèle RM50B.
Parmi tous les modules proposés, certains me semblent plus réussis que d’autres, mais c’est avant tout une histoire de gout personnel. Pour vous faire une idée, je vous invite à écouter les différents extraits sonores que nous avons réalisés des modules :
Mon Top 3 personnel étant constitués des modules Ultra XL, au gain énorme et au grain très moderne, du Blackface, clean impeccable au son rond et dynamique, et le Top Boost qui propose un overdrive très british.
Le Boost est une addition bienvenue et très efficace, même s’il à tendance à être très « salissant » si on monte le gain au dessus de 12 H !
Voici les prises réalisées avec une Stratocaster pour les sons clairs, une Les Paul pour les sons saturés, un micro RE 20 ou la sortie DI, avec et sans le boost enclenché :
- Module Black Face avec le RE 20, sans puis avec le boost enclenché
- Module Brahma avec le RE 20, sans puis avec le boost enclenché
- Module Brown avec le RE 20, sans puis avec le boost enclenché
- Module Clean avec le RE 20, sans puis avec le boost enclenché
- Module Modern avec le RE 20
- Module Rectified avec le RE 20
- Module Top Boost avec le RE 20, sans puis avec le boost enclenché
- Module Tweed avec la sortie DI, sans puis avec le boost enclenché
- Module Tweed avec le RE 20, sans puis avec le boost enclenché
- Module Ultra Lead 2 avec le RE 20
- Module Ultra Lead avec la sortie DI, sans puis avec le boost enclenché
- Module Ultra Lead avec le RE 20
- Module Ultra XL avec la sortie DI
- Module Ultra XL avec le RE 20
*NDLR : Sauf si vous jouez des notes aiguës
Conclusion
Alors est-ce un sans faute absolu ? Et bien non, il y a quand même quelques détails gênants :
Tous les modules ont une tendance à être plutôt très chargés en graves et assez peu en aigu. Rien qui ne puisse se rattraper à l’égalisation du module et les réglages de 'présence’ et de 'Density’ toutefois. L’activation du switch « bright » présent sur tous les modules m’a tout de même paru indispensable dans la plupart des cas.
Vraie mauvaise surprise, la sortie D.I. avec sortie HP est à la limite de l’utilisable. Très sourde, elle devra être drastiquement égalisée à l’enregistrement pour servir à quelque chose !
Autre point négatif, le RM20B est équipé d’un ventilateur plutôt bruyant, ce qui est dommage pour un ampli ayant tout de même de bonnes prédispositions pour l’enregistrement studio.
Dernier point, et non des moindres, le prix d’un ensemble MTS n’est pas à la portée de toutes les bourses. Aux 800€ que coûte le RM20B, il faut rajouter au moins un module à 270 € en moyenne. Sachant que tout l’intérêt du produit est de posséder plusieurs modules, la facture peut vite monter…
Ces points négatifs ne viennent pas vraiment perturber la forte impression que m’a faite cet ampli (ainsi qu’à toute la rédaction d’AudioFanzine, d’ailleurs). C’est un vrai tour de force d’ingénierie qu’a accompli là Randall, proposant une alternative valable entre la modélisation numérique et la collection d’amplis à lampes !