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Un bébé qui a du coffre
8/10
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Les amoureux des pedalboards et des effets numériques évolués comme le Kemper ou la gamme Fractal sont souvent en recherche d’un ampli qui colore le moins possible les sons qu’ils ont durement concoctés, après avoir payé le prix d’heures de travail et d’écoute.

Test de l'ampli de puissance pour guitare Orange Pedal Baby 100 : Un bébé qui a du coffre

IMG_20210222_144129Au même titre que d’autres réfé­rences comme le Seymour Duncan Power Stage ou le Hotone Loud­ster Portable Power Amp, l’Orange Pedal Baby 100 n’a donc qu’une raison d’être : faire sonner vos effets. Se présen­tant au format tête d’am­pli contrai­re­ment à la majo­rité de ses concur­rents, il pèse 3,2 kg. Ce poids ne lui permet pas de s’in­sé­rer dans une housse de guitare dans la tradi­tion­nelle poche réser­vée aux parti­tions, mais n’en reste pas moins très faci­le­ment trans­por­table grâce à ses dimen­sions réduites et sa fabri­ca­tion tota­le­ment faite de tran­sis­tors. L’autre diffé­rence majeure par rapport aux autres réfé­rences sus-citées est qu’il fonc­tionne en classe A/B pour déli­vrer 100 watts en 8 ohms et 70 watts en 16 ohms au lieu d’une classe D pour les amplis de puis­sance en solid­state. Musi­ca­le­ment, cela est censé le rappro­cher forte­ment du son carac­té­ris­tique des sections de puis­sance à lampes. D’un tarif se situant aux alen­tours des 350 euros, le Pedal Baby propose un volume géné­ral ainsi qu’une égali­sa­tion deux bandes qu’il serait perti­nent d’uti­li­ser en fonc­tion de l’en­ceinte qui sera bran­chée. En effet, les deux réglages de basses et d’ai­gus peuvent être quali­fiés de « depth » et « presence », non pas pour modi­fier clai­re­ment l’EQ native de votre signal qui elle sera construite depuis vos effets eux-mêmes, mais plutôt pour gros­sir le son d’un 2×12 un peu maigre ou au contraire rendre un cabi­net 4×12 loadé en Celes­tion V30 un peu moins criard dans les aigus. Un contrôle bien­venu dont nous juge­rons de l’ef­fi­ca­cité dans ce test.

IMG_20210222_144257Point de boucle d’ef­fets, tout se déroule en input direct sur le devant de l’ap­pa­reil. Une large portion de la face arrière est ajou­rée, permet­tant au dissi­pa­teur passif de faire son office de refroi­dis­se­ment de la bête, celle-ci chauf­fant beau­coup à cause du volume géné­ral. Car oui, l’Orange Pedal Baby est fort, très fort. Un petit panneau trans­pa­rent en plexi­glas situé sur la gauche loca­lise notre exem­plaire en Europe avec une tension de 220 à 240 volts.

L’ap­pa­reil est livré avec un câble d’ali­men­ta­tion mais sans câble HP, un peu dommage. Son look est clas­sique pour la marque Orange avec une façade et des logos aux couleurs habi­tuelles et les armoi­ries séri­gra­phiées sur le dessus du solide boîtier métal­lique. Une grosse LED orange indique de la mise en service et met beau­coup de temps à s’éteindre une fois l’ap­pa­reil hors service. Un coup d’œil sous la jupe du boîtier nous dévoile une fabri­ca­tion chinoise, un choix assez logique compte tenu du place­ment tari­faire.

Cry baby, cry !

clean­de­base
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  • nuxjcm­re­turn00:50
  • nuxpe­dal­baby00:50
  • passa­geen­lead00:57
  • testEQ01:02
  • varia­tions­vo­lume01:05

 

Condi­tions de test :

  • Guitare Char­vel So Cal équi­pée en micros SP Custom Sangui­naires
  • Péda­lier Nux Cerbe­rus
  • Orange Pedal Baby 100 bran­ché dans un Torpedo Captor X en 8 ohms
  • Compa­rai­son avec la section puis­sance d’un Marshall JCM800 2203 100 watts avec le Nux Cerbe­rus bran­ché direc­te­ment dans le return de l’am­pli

IMG_20210222_144311Dans un premier temps, nous allons décou­vrir le Pedal Baby en son tota­le­ment clair, sans aucun effet avec la guitare bran­chée en direct. Nous consta­tons que le son est assez flat­teur, plutôt droit, mais avec une réponse agréable et une très légère compres­sion. Rien que cette obser­va­tion nous montre que la classe A/B, même en tran­sis­tors, peut vrai­ment sonner de façon très proche d’une section à lampes. Le son est neutre sans être froid, on sent bien que l’ou­ver­ture sera tota­le­ment lais­sée aux pédales qui consti­tue­ront les préam­plis qui donne­ront la vraie tona­lité au son. Les posi­tions inter­mé­diaires des micros sont bien respec­tées, les nuances de jeu bien présentes, le son n’est en défi­ni­tive pas écrasé ni arti­fi­ciel. Le passage en micro manche est presque jazzy, assez surpre­nant, mais tota­le­ment crédible pour peu que l’on baisse le potard de tona­lité de sa guitare (pour ceux qui en ont enco­re… hum hum.)

IMG_20210222_144214En enclen­chant le Nux Cerbe­rus avec la section « dist » unique­ment, la sensa­tion est d’abord âpre. Il ne faut pas oublier que le Pedal Baby est un ampli de puis­sance, pas un ampli tradi­tion­nel ! Vous ne retrou­ve­rez donc pas le son que vous obtien­driez si vous bran­chiez le même maté­riel en façade de votre ampli habi­tuel. Pour avoir une compa­rai­son raison­nable et réaliste, essayons à tour de rôle le Pedal Baby et la section puis­sance de mon Marshall JCM800 2203. Pour ce faire, je laisse l’exact même réglage sur le Nux sans le modi­fier et je branche l’out­put de ce très bon petit péda­lier dans le return de la boucle d’ef­fets à lampes. La compa­rai­son n’est pas spec­ta­cu­lai­re­ment au désa­van­tage du Pedal Baby, ce dernier s’en sortant même avec les honneurs, il en faut du coffre pour tenir la distance face à un ampli magique dont la section puis­sance de 100 watts en EL34 est répu­tée depuis des décen­nies. Certes il réside des diffé­rences tonales, mais situées plus du côté du twea­king d’éga­li­sa­tion depuis les effets eux-mêmes que des diffé­rences quali­ta­tives. Le Pedal Baby sonne aussi gros que le Marshall et je signale au passage que l’éga­li­sa­tion depth et presence est restée à midi ! Très très belle perfor­mance, tenir la dragée haute à un JCM800, vous vous rendez compte ? La classe A/B justi­fie tota­le­ment ce compor­te­ment en se rappro­chant beau­coup d’une section 100 watts en EL34. On retrouve donc ici l’obé­dience britan­nique d’Orange avec ce petit côté fuzzy propre à la marque. Sans tomber dans le drama facile, plusieurs âmes chagrines ont signalé l’ab­sence de boucle d’ef­fets du Pedal Baby. C’est qu’ils n’ont à nouveau pas compris le but : vous entrez dans le Pedal Baby comme si vous étiez dans le return de la boucle !

IMG_20210222_144203Testons main­te­nant cette fameuse EQ en lais­sant nos doigts se bala­der au hasard. Le potard de depth dégonfle forte­ment la réso­nance dans les basses quand il est à zéro, sans rendre le son ridi­cule. Au maxi­mum il peut faire passer un 2×12 pour un 4×12 sans souci. Atten­tion, si vous pous­sez trop vos basses, le bassiste risque de vous faire la tête ! Le potard de presence est parfait, même obser­va­tion pour les mini­mum et maxi­mum. En clair, ces deux réglages sculptent le son sans le déna­tu­rer. Le dernier poten­tio­mètre à tester étant le volume, il ne faut pas vous éton­ner si le son sature dans l’exemple audio, j’ai tenté de vous faire entendre le volume sonore jusqu’à 50 % ainsi qu’à très bas volume. Même à un niveau minus­cule, le son reste très homo­gène ce qui est logique puisque c’est un des avan­tages de la tech­no­lo­gie à tran­sis­tors. Le Pedal Baby pourra donc être utilisé sans crainte à un volume de télé­vi­sion, le son restera flat­teur. Aucun besoin d’at­té­nua­teur, le rendu est très progres­sif et un filet de son est possible contrai­re­ment aux amplis à lampes dont il faut régler le volume à la pince à épiler pour éviter de grands sauts qui en géné­ral mettent nos oreilles à rude épreuve.

Essayons main­te­nant de passer en lead avec un boost de volume réglé sur un deuxième preset du Cerbe­rus. Le son ryth­mique reste basique avec la section « dist », et le son lead est plus fort avec un delay. Le Pedal Baby encaisse parfai­te­ment les chan­ge­ments de volume et l’in­put de l’ap­pa­reil est très dyna­mique tant on peut lui envoyer diffé­rents volumes de signaux. Une très grande neutra­lité, mais pas au prix de la dyna­mique géné­rale ! Pour équi­li­brer vos volumes, faites comme d’ha­bi­tude : compa­rez le volume de votre disto prin­ci­pale par rapport au volume dry du Pedal Baby.

Pratique, répètes, concerts…

IMG_20210222_144427C’est qu’il est tout terrain notre Orange Pedal Baby 100, assez puis­sant pour jouer sur n’im­porte quelle taille de scène, assez souple pour s’adap­ter à n’im­porte quelle enceinte, assez subtil pour être joué à la maison à un volume micro­sco­pique, assez léger et petit pour être trim­ballé partout sans crainte de casser une lampe et assez abor­dable pour être à la portée de la majo­rité des budgets. Il convient par contre de rappe­ler l’usage auquel cet objet est destiné, à savoir l’am­pli­fi­ca­tion neutre de vos effets ! Ne vous atten­dez pas à avoir un résul­tat flat­teur dès le bran­che­ment car tout va dépendre de la qualité et de l’éga­li­sa­tion de votre son entrant. Il peut être judi­cieux d’in­ves­tir dans une égali­sa­tion au format pédale qui trai­tera le son entier de votre pedal­board juste avant d’at­taquer cet ampli de puis­sance. Un appa­reil qui s’adresse donc à une certaine caté­go­rie de guita­ristes (et même bassistes !), mais qui fait très bien son office.

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8/10
Points forts
  • Un son neutre, mais pas aseptisé
  • Très puissant
  • Un fonctionnement en classe A/B qui simule bien une section de puissance à lampes
  • Pratique et plug'n’play
  • EQ deux bandes subtile et efficace en fonction de l’enceinte
Points faibles
  • Votre son dépendra directement de vos effets. C’est un ampli de puissance, pas un ampli guitare traditionnel !
  • Des sons à refaire totalement si vous aviez l’habitude de brancher vos pédales dans l’input de votre ampli
  • EQ au format pédale quasi indispensable, certaines pédales de saturation ne disposant que d’un maigre « tone » pour sculpter le son

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