Les amoureux des pedalboards et des effets numériques évolués comme le Kemper ou la gamme Fractal sont souvent en recherche d’un ampli qui colore le moins possible les sons qu’ils ont durement concoctés, après avoir payé le prix d’heures de travail et d’écoute.
Au même titre que d’autres références comme le Seymour Duncan Power Stage ou le Hotone Loudster Portable Power Amp, l’Orange Pedal Baby 100 n’a donc qu’une raison d’être : faire sonner vos effets. Se présentant au format tête d’ampli contrairement à la majorité de ses concurrents, il pèse 3,2 kg. Ce poids ne lui permet pas de s’insérer dans une housse de guitare dans la traditionnelle poche réservée aux partitions, mais n’en reste pas moins très facilement transportable grâce à ses dimensions réduites et sa fabrication totalement faite de transistors. L’autre différence majeure par rapport aux autres références sus-citées est qu’il fonctionne en classe A/B pour délivrer 100 watts en 8 ohms et 70 watts en 16 ohms au lieu d’une classe D pour les amplis de puissance en solidstate. Musicalement, cela est censé le rapprocher fortement du son caractéristique des sections de puissance à lampes. D’un tarif se situant aux alentours des 350 euros, le Pedal Baby propose un volume général ainsi qu’une égalisation deux bandes qu’il serait pertinent d’utiliser en fonction de l’enceinte qui sera branchée. En effet, les deux réglages de basses et d’aigus peuvent être qualifiés de « depth » et « presence », non pas pour modifier clairement l’EQ native de votre signal qui elle sera construite depuis vos effets eux-mêmes, mais plutôt pour grossir le son d’un 2×12 un peu maigre ou au contraire rendre un cabinet 4×12 loadé en Celestion V30 un peu moins criard dans les aigus. Un contrôle bienvenu dont nous jugerons de l’efficacité dans ce test.
Point de boucle d’effets, tout se déroule en input direct sur le devant de l’appareil. Une large portion de la face arrière est ajourée, permettant au dissipateur passif de faire son office de refroidissement de la bête, celle-ci chauffant beaucoup à cause du volume général. Car oui, l’Orange Pedal Baby est fort, très fort. Un petit panneau transparent en plexiglas situé sur la gauche localise notre exemplaire en Europe avec une tension de 220 à 240 volts.
L’appareil est livré avec un câble d’alimentation mais sans câble HP, un peu dommage. Son look est classique pour la marque Orange avec une façade et des logos aux couleurs habituelles et les armoiries sérigraphiées sur le dessus du solide boîtier métallique. Une grosse LED orange indique de la mise en service et met beaucoup de temps à s’éteindre une fois l’appareil hors service. Un coup d’œil sous la jupe du boîtier nous dévoile une fabrication chinoise, un choix assez logique compte tenu du placement tarifaire.
Cry baby, cry !
- cleandebase01:12
- nuxjcmreturn00:50
- nuxpedalbaby00:50
- passageenlead00:57
- testEQ01:02
- variationsvolume01:05
Conditions de test :
- Guitare Charvel So Cal équipée en micros SP Custom Sanguinaires
- Pédalier Nux Cerberus
- Orange Pedal Baby 100 branché dans un Torpedo Captor X en 8 ohms
- Comparaison avec la section puissance d’un Marshall JCM800 2203 100 watts avec le Nux Cerberus branché directement dans le return de l’ampli
Dans un premier temps, nous allons découvrir le Pedal Baby en son totalement clair, sans aucun effet avec la guitare branchée en direct. Nous constatons que le son est assez flatteur, plutôt droit, mais avec une réponse agréable et une très légère compression. Rien que cette observation nous montre que la classe A/B, même en transistors, peut vraiment sonner de façon très proche d’une section à lampes. Le son est neutre sans être froid, on sent bien que l’ouverture sera totalement laissée aux pédales qui constitueront les préamplis qui donneront la vraie tonalité au son. Les positions intermédiaires des micros sont bien respectées, les nuances de jeu bien présentes, le son n’est en définitive pas écrasé ni artificiel. Le passage en micro manche est presque jazzy, assez surprenant, mais totalement crédible pour peu que l’on baisse le potard de tonalité de sa guitare (pour ceux qui en ont encore… hum hum.)
En enclenchant le Nux Cerberus avec la section « dist » uniquement, la sensation est d’abord âpre. Il ne faut pas oublier que le Pedal Baby est un ampli de puissance, pas un ampli traditionnel ! Vous ne retrouverez donc pas le son que vous obtiendriez si vous branchiez le même matériel en façade de votre ampli habituel. Pour avoir une comparaison raisonnable et réaliste, essayons à tour de rôle le Pedal Baby et la section puissance de mon Marshall JCM800 2203. Pour ce faire, je laisse l’exact même réglage sur le Nux sans le modifier et je branche l’output de ce très bon petit pédalier dans le return de la boucle d’effets à lampes. La comparaison n’est pas spectaculairement au désavantage du Pedal Baby, ce dernier s’en sortant même avec les honneurs, il en faut du coffre pour tenir la distance face à un ampli magique dont la section puissance de 100 watts en EL34 est réputée depuis des décennies. Certes il réside des différences tonales, mais situées plus du côté du tweaking d’égalisation depuis les effets eux-mêmes que des différences qualitatives. Le Pedal Baby sonne aussi gros que le Marshall et je signale au passage que l’égalisation depth et presence est restée à midi ! Très très belle performance, tenir la dragée haute à un JCM800, vous vous rendez compte ? La classe A/B justifie totalement ce comportement en se rapprochant beaucoup d’une section 100 watts en EL34. On retrouve donc ici l’obédience britannique d’Orange avec ce petit côté fuzzy propre à la marque. Sans tomber dans le drama facile, plusieurs âmes chagrines ont signalé l’absence de boucle d’effets du Pedal Baby. C’est qu’ils n’ont à nouveau pas compris le but : vous entrez dans le Pedal Baby comme si vous étiez dans le return de la boucle !
Testons maintenant cette fameuse EQ en laissant nos doigts se balader au hasard. Le potard de depth dégonfle fortement la résonance dans les basses quand il est à zéro, sans rendre le son ridicule. Au maximum il peut faire passer un 2×12 pour un 4×12 sans souci. Attention, si vous poussez trop vos basses, le bassiste risque de vous faire la tête ! Le potard de presence est parfait, même observation pour les minimum et maximum. En clair, ces deux réglages sculptent le son sans le dénaturer. Le dernier potentiomètre à tester étant le volume, il ne faut pas vous étonner si le son sature dans l’exemple audio, j’ai tenté de vous faire entendre le volume sonore jusqu’à 50 % ainsi qu’à très bas volume. Même à un niveau minuscule, le son reste très homogène ce qui est logique puisque c’est un des avantages de la technologie à transistors. Le Pedal Baby pourra donc être utilisé sans crainte à un volume de télévision, le son restera flatteur. Aucun besoin d’atténuateur, le rendu est très progressif et un filet de son est possible contrairement aux amplis à lampes dont il faut régler le volume à la pince à épiler pour éviter de grands sauts qui en général mettent nos oreilles à rude épreuve.
Essayons maintenant de passer en lead avec un boost de volume réglé sur un deuxième preset du Cerberus. Le son rythmique reste basique avec la section « dist », et le son lead est plus fort avec un delay. Le Pedal Baby encaisse parfaitement les changements de volume et l’input de l’appareil est très dynamique tant on peut lui envoyer différents volumes de signaux. Une très grande neutralité, mais pas au prix de la dynamique générale ! Pour équilibrer vos volumes, faites comme d’habitude : comparez le volume de votre disto principale par rapport au volume dry du Pedal Baby.
Pratique, répètes, concerts…
C’est qu’il est tout terrain notre Orange Pedal Baby 100, assez puissant pour jouer sur n’importe quelle taille de scène, assez souple pour s’adapter à n’importe quelle enceinte, assez subtil pour être joué à la maison à un volume microscopique, assez léger et petit pour être trimballé partout sans crainte de casser une lampe et assez abordable pour être à la portée de la majorité des budgets. Il convient par contre de rappeler l’usage auquel cet objet est destiné, à savoir l’amplification neutre de vos effets ! Ne vous attendez pas à avoir un résultat flatteur dès le branchement car tout va dépendre de la qualité et de l’égalisation de votre son entrant. Il peut être judicieux d’investir dans une égalisation au format pédale qui traitera le son entier de votre pedalboard juste avant d’attaquer cet ampli de puissance. Un appareil qui s’adresse donc à une certaine catégorie de guitaristes (et même bassistes !), mais qui fait très bien son office.