Editorial du 5 avril 2014 : commentaires

J'adore vos éditos et les lis avec plaisir tous les samedis. Mais là, quand même, un 5 avril, pas un mot sur les 20 ans de la disparition de Kurt Cobain, ça la fout mal pour un site de musique… Et puis célébrer votre "éditoversaire" à la place, ça fait carrément narcissique. Je ne veux pas faire le casse-pied de service, mais je pense pouvoir affirmer sans exagérer que Kurt a fait plus pour la musique que vous ! Même si encore une fois, je vous apprécie sincèrement. Allez, sans rancune !

Allons, allons ! On devient aigri avec les années ? Tu dis ne plus avoir de télé depuis 7 ans et un peu plus loin tu nous parles de l'argumentaire de TF1, M6 etc...? Comment fais-tu pour l'entendre cet argumentaire ?
Ou alors, tu en as eu connaissance par un autre canal ? Waoouuuh ! La radio ? la presse écrite ? Plus que branché, Los Teignos ! Ou encore, le fameux 6ème sens ?
Moi, j'aime bien Pagny, Nolwenn Leroy, Jean Ferrat, PinkFloyd, Satriani, Lukather et autres Molly Hatchet.
Quand ça ne me plait pas, je zappe. Ce n'est pas pour autant que je dis que c'est mauvais.
Snobisme ?

Allons, allons ! On devient aigri avec les années ? Tu dis ne plus avoir de télé depuis 7 ans et un peu plus loin tu nous parles de l'argumentaire de TF1, M6 etc...? Comment fais-tu pour l'entendre cet argumentaire ?
Ou alors, tu en as eu connaissance par un autre canal ? Waoouuuh ! La radio ? la presse écrite ? Plus que branché, Los Teignos ! Ou encore, le fameux 6ème sens ?
Moi, j'aime bien Pagny, Nolwenn Leroy, Jean Ferrat, PinkFloyd, Satriani, Lukather et autres Molly Hatchet.
Quand ça ne me plait pas, je zappe. Ce n'est pas pour autant que je dis que c'est mauvais.
Snobisme ?

Florent Pagny et Nolwenn Leroy sont assurément des interprètes qui ont bien plus d'expérience et d'atout vocaux que je n'en aurais probablement jamais, je respecte ça et mon propos n'est pas celui d'un censeur. Mon propos, c'est celui d'un gars qui n'a plus de télé depuis 7 ans pour échapper, entre autres, à ce genre de produits (quand tu parles d'être mal conseillé, on touche au fond du problème. Ce que j'appelle un artiste ne reçoit aucun conseil de personne : il n'y avait personne au-dessus de l'épaule de Baudelaire ou de Flaubert quand ils révolutionnèrent la littérature en 1857. A la rigueur, si un artiste pouvait être conseillé, ce serait par un autre artiste. S'il prend ses conseils d'un DA de maison de disques, alors disons-le comme je le pense : il n'a rien à voir avec un artiste, il est un produit artistique, la notion de Direction Artistique étant complètement stupide d'un point de vue de l'histoire de l'Art) et qui se les prend malgré tout en pleine face dès qu'il fait un pas dans la rue. Un peu comme si on t'obligeait à manger un Big Mac chaque fois que tu t'assieds à table. Alors quand on claironne que c'est grâce à cela que l'industrie du disque va mieux, j'avoue que ça me fait sourire parce que je ne suis pas sûr que ce soit cela 'aller mieux'. Et ce droit au silence me semble d'autant plus important que cette pollution discographique génère un bruit qui masque les oeuvres de quantités d'artistes autrement plus intéressants à mon sens.

Mon point de vue est partial et je le signe : ce n'est pas une vérité que je cherche à imposer, mais ma simple opinion et que je laisse à chacun ici le droit de critiquer. Et il ne s'agit pas de râler pour être bien français, il s'agit juste d'être intolérant, parce qu'en matière d'histoire de l'art, c'est l'intolérance qui est un moteur depuis l'aube de l'humanité : chaque génération d'artiste s'inscrit toujours en rupture moderne avec les anciens. La tolérance, en matière d'art, c'est justement un glissement pernicieux des valeurs démocratiques utilisé par les industries pour dire qu'au fond, on a le droit de tout vendre tant qu'il y a des gens pour acheter, et qu'on s'arrange par ailleurs pour les persuader qu'ils doivent l'acheter, qu'ils en ont besoin. C'est l'argumentaire de TF1, NRJ ou M6, de tout ce qu'il y a de plus cynique au monde et dont j'aimerais préserver l'enfant que j'élève. La première fois que j'ai entendu le nouveau Daft Punk, je n'ai pas aimé. La deuxième fois non plus. La troisième fois, j'étais énervé de l'entendre. Et aujourd'hui que je l'ai écouté une centaine de fois parce qu'on m'y a contraint comme on contrait le héros d'Orange Mécanique a voir des images qu'il ne veut pas voir, j'aime le titre. Mon goût a-t-il évolué? C'est peu probable. Ai-je été manipulé? C'est parfaitement probable. Et j'ai beau en être conscient, ça marche. Parce que la société qui m'entoure s'adresse en permanence à mon cerveau reptilien pour induire mes comportements de consommateur, et parce que l'art n'a plus d'autre fonction sociale aujourd'hui que d'être un bien de consommation. Rappelons que nous en sommes aujourd'hui à utiliser des IRM cérébraux pour réaliser des pubs et du design de produits plus efficaces. Du coup, et même si le syndrome de Stockholm me les rend sympathiques, je peux siffler une chanson de Daft Punk, Florent Pagny ou Nolwenn, je peux y prendre du plaisir, même. Ca ne m'empêchera pas de penser que le système dont ils sont les produits est mal intentionné à mon égard et à l'égard de mes semblables.

Y a t'il des gens intelligents chez TF1 ? Probablement. Florent Pagny n'a-t-il pas nombre de qualités ? Sans le moindre doute. Trouve-t-on des vitamines dans un menu Maxi Best of? Bien sûr. Ca n'en fait pas pour autant des gens ou des choses qui sont bénéfiques pour le genre humain. Mais encore une fois, je ne suis pas pour la censure : je suis juste pour qu'on respecte mon droit au silence, et qu'on applique le droit à la même part d'expression pour tous. Une radio comme NRJ programme jusqu'à 12 fois le même titre par jour. C'est leur droit me diras-tu au nom de la tolérance. Oui, c'est leur droit d'utiliser de méthodes de conditionnement pour faire de la propagande industrielle. Comprends donc que je ne dis pas non à l'homme ou la femme que sont Florent Pagny et Nolwenn Leroy, je dis non au système dont ils participent. De leur plein gré. Sciemment. En sachant parfaitement ce qu'ils font. En allant faire de la 'promo' chez Arthur ou Drucker. Parce qu'il s'agit non pas de porter une parole artistique, mais d'être rentable, d'avoir un retour sur investissement, et de collecter les deniers qu'on enverra en Patagonie pour éviter de payer l'ISF en France. Evitons-donc de parler de tolérance à propos de cet homme qui a poussé le cynisme jusqu'à enregistrer une chanson sur ses difficultés fiscales et parle de liberté de penser quand il ne semble même pas en mesure d'écrire les textes qu'il chante...

je ne doute pas qu’un jour l’industrie du disque se rende compte qu’elle peut nous vendre du silence

Et bien moi , amateur et pratiquant de jazz traditionnel et acoustique je pense qu'il vaut mieux écouter la voix de Florent Pagny que n'importe lequel des synthés