Editorial du 16 avril 2016 : commentaires
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Los Teignos

Live after death : non, ce n’est pas le titre d’un disque d’Iron Maiden mais le concept d’un prochain spectacle qui permettra d’aller voir Dalida, Claude François, Mike Brandt et Sacha Distel « sur scène ». Soyez sans crainte, aucune exhumation ne sera au programme vu qu’il s’agira d’aller applaudir des avatars 3D de ces chers disparus qui chanteront au sein d’une fausse émission de télé.
(je vous laisse digérer la nouvelle)
(encore un peu ?)
(encore un peu !)
Jusqu’où va le vice de l’homme ? Comme s’il n’était pas déjà bien assez démoralisant de payer une redevance pour voir de vrais chanteurs de variété dans de véritables émissions de télé, on nous propose désormais de payer pour voir de faux chanteurs dans une fausse émission. Et si je puis me permettre, pas les meilleurs en outre. Parce qu’à la rigueur, voir Brassens, Brel, Ferré et Barabara ainsi mis en scène, ça pourrait être intéressant. Même chose pour Miles Davis, Jimi Hendrix, Beethoven et La Calas… Mais nous sortir ces quatre cavaliers de l’apocalypse, tout en strass et pantalon patte d’eph, c’est pas loin d’annoncer Armagedon.
Et on avait beau savoir que pour l’industrie, un bon artiste est un artiste mort parce qu’il prend beaucoup moins cher que le moindre de ses collègues vivants sans jamais faire de caprice, on s’inquiète quand même de ce que promet ce genre de technologie sur le long terme. Le jour où le patron du bar où vous jouez vous dira qu’il a réservé Jim Morrison pour la soirée, ça va être dur de trouver la parade et vous n’êtes donc pas prêt d’ouvrir un livret A au Panama.
On attend en outre avec impatience le moment où l’industrie de la pornographie s’emparera de ce genre de technologie parce qu’une scène entre Marie-Antoinette, Danton et Robespierre, ça pourrait réveiller la libido de plus d’un historien. Je sais, vous auriez préféré Marilyn Monroe, Boggart et Lauren Bacall mais leur dignité n’est pas encore tombée dans le domaine public, il faudra donc être patient.
Il vous reste en tout cas quelques mois avant d’être en concurrence frontale avec les morts. Profitez donc bien de ce répit en vous mettant à la guitare avec le petit ampli Vox VTX20, le test du vieux Roland Jupiter-8 (oui, oui, non aussi on fait dans la résurrection) et celui du plug-in NX Virtual Mix de Waves, permettant d’avoir un rendu 3D réaliste au casque à l’heure du mixage.
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos
From Ze AudioTeam
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

MaiMai

Mais, Los Teignos, opposer Dalida et La Calas, c'était pour faire un effet, non ?
Mais, si Los Teignos te dit que La Callas, ça prend deux zailes...!!

moi, j'ai pas d'blé mais j'ai du son...

Olivier5


Habituellement j’apprécie beaucoup l’écriture et l’esprit qui se dégage de votre Edito hebdomadaire.
Celui-là, « Live after Death" me laisse perplexe…

Il démontre, une fois de plus, la méconnaissance de Claude François, l’enchanteur de la chanson française durant deux décennies et jamais remplacé depuis…
Le comparer aux trois autres artistes avec le plus grand respect qu’on leur doit tant leur carrière est exemplaire me paraît inopportun.
Le réduire à des strass et à des pantalons "pattes d’éph » est franchement navrant et décevant.
Bien sûr si vous ne connaissez que ce que l’on veut bien vous servir, vous n’avez jamais rien entendu d’autre que le Lundi au soleil, Chanson populaire et autre Alexandrie Alexandra.
Claude François était avant tout un musicien, un fantastique rythmicien, un danseur, une « bête de scène, un producteur à qui tout réussissait tant il avait la passion de son métier.
Ce qui fait bien défaut de nos jours aux "pseudos-chanteurs" de la scène actuelle...
Les chansons qu’ils nous a laissées nous ont et continuent encore de nous accompagner, pour parler de nos vies et de ce que tout un chacun vit un jour.
Sa diction, son phrasé, ses harmonies vocales, transcendés par des arrangements toujours sublimes démontrent ce qu’est, ou ce que « devrait » être un chanteur digne de ce nom.
Il a touché à tous les styles, de la country à la soul music (motown) en passant par le reggae, réussissant plus ou moins bien sûr.
Ses chorégraphies et sa façon d’évoluer sont restées uniques à ce jour me semble t-il, et son charisme a touché des générations et continue encore, notamment suite au long- métrage lui ayant été consacré.
Je ne sais pas d’ailleurs si vous avez vu ce film... sans doute le plus bel hommage.
Quoiqu’il en soit, ce chanteur a marqué les esprits durablement et a été un précurseur et un phénomène de société en son temps.
Johnny arrivera t-il à faire aussi bien…?
Ceci dit, je suis entièrement d’accord avec vous sur le côté pathétique d’un tel spectacle à la technologie 3D, réunissant une fois de plus le côté mercantile et "racoleur" destiné à un public servile.
Sinon, soyez pardonné car la méconnaissance d’un artiste reste humaine.
Et puis, dans chaque détracteur sommeille un fan qui s’ignore…

Bonne fin de Week end

[ Dernière édition du message le 17/04/2016 à 16:05:38 ]

Will Zégal

Il souffre de deux trucs : le premier, c'est d'avoir été le chouchou d'une télé ringarde portée par des animateurs ringards qui ringardisaient tout ce qui y passait. La remarque a été faite pour Balavoine dans un documentaire récent à sa mémoire et c'est vrai que les contextes de diffusion de l'époque étaient pas franchement valorisants pour l'image de l'artiste.
Il souffre d'une seconde tare impardonnable en France : avoir été (et rester) populaire. Et ce qui est populaire, c'est forcément vulgaire.
Bonjour
peut-être un peu hors sujet comme on disait en classe, mais j'aimerais vous faire connaitre ce que je viens d'envoyer à la SACEM :
[...]en naviguant sur le web, je vois trop souvent a coté des noms de chansons, l'interprète de la chanson
nommé comme si il était l'auteur compositeur de la chanson .
Cela crée une confusion et pénalise les vrais auteurs , efface leur existence de la mémoire collective.
[...]
Voila qu'en pensez-vous ?
Que c'est hors sujet ici. Mais pour te répondre, je m'en fous complètement. Pour le cinéma, on parle souvent du "dernier film de... [nom de l'acteur vedette]" au lieu du réalisateur. Quand on parle du réalisateur, on ne cite généralement pas le scénariste. Tout ça, c'est pas bien grave, parce que les gens que ça intéresse, ils connaissent ou trouvent facilement la bonne info.
En général, pour une chanson, on parle de son "créateur". Et celui-ci est celui qui l'a interprété pour la première fois (ce qu'on appelle bien "créer" une chanson). Le créateur n'est pas forcément l'auteur ou le compositeur. Piaf a écrit ou composé fort peu de ses chansons et pourtant, toutes étaient "des chansons de Piaf".
C'est ça dans l'art : il y a des gens dans la lumière et d'autres dans l'ombre. Si ceux qui sont dans l'ombre le vivent mal, je dirais que c'est leur problème. J'en connais aussi qui le vivent très bien.

The Lost Lô

Je crois bien que rien n'y ferait
Notre amour est mort à jamais
Je souffrirais trop si tu revenais…
Rendez-nous Mike Brant !


patrick_g75

Citation :Mais, Los Teignos, opposer Dalida et La Calas, c'était pour faire un effet, non ?
Mais, si Los Teignos te dit que La Callas, ça prend deux zailes...!!,

Trahi par l'écriture dite intuitive !
Misère...
"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/

patrick_g75

Bonjour
Habituellement j’apprécie beaucoup l’écriture et l’esprit qui se dégage de votre Edito hebdomadaire.
Celui-là, « Live after Death" me laisse perplexe…
Il démontre, une fois de plus, la méconnaissance de Claude François, l’enchanteur de la chanson française durant deux décennies et jamais remplacé depuis…
Le comparer aux trois autres artistes avec le plus grand respect qu’on leur doit tant leur carrière est exemplaire me paraît inopportun.
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Claude François était avant tout un musicien, un fantastique rythmicien, un danseur, une « bête de scène, un producteur à qui tout réussissait tant il avait la passion de son métier.
Ce qui fait bien défaut de nos jours aux "pseudos-chanteurs" de la scène actuelle...
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Johnny arrivera t-il à faire aussi bien…?
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Olivier,
Je ne viens pas ici prendre la défense de Los Teignos, qui est largement assez armé pour se défendre tout seul.
Sans doute, d'ailleurs, la façon dont il a opposé des "bons" et des "mauvais", pour les besoins de sa démonstration, n'était-elle pas tout à fait bien venue ?
Pour le principe de la chose, que ce soit Dalida... ou bien Maria Callas (avec ses deux ailes d'ange du Bel Canto) qui soit transformée en docile simulacre de gélatine... ça ne change strictement rien au fond de l'affaire.
Alors, il n'y a pas plus de raisons, ici, de dresser le souvenir de n'importe quel disparu, contre l'actualité de tel vivant - quelque soit l'estime que l'on porte au premier ou son mépris pour le second.
Ce n'est pas du tout la question !
"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/
[ Dernière édition du message le 17/04/2016 à 17:24:07 ]

bernardbres


Anonyme


Anonyme


Los Teignos

Comme le souligne Will, et même si j'en ai profité pour me moquer gentiment de nos vieilles gloires françaises, ce qui est surtout incroyable dans cette histoire, c'est le fait que les morts soient mis en concurrence avec les vivants, surtout à l'heure où un grand nombre d'artistes de qualité peinent à se produire ou se faire entendre.
Olivier5 > Mon intention n'était pas de te choquer le moins de monde, mais en tant que fils de babyboomers élevé aux yéyés, j'ai toujours pensé que cette génération était une mauvaise blague qui avait duré beaucoup trop longtemps, dans l'ombre du rock'n'roll américain et de la pop anglaise qu'ils singeaient maladroitement, comme des petites filles marchent dans les chaussures de leur mère trop grandes pour elles. J'en sauverai bien sûr quelques uns du lot (Eddy Mitchell notamment qui, contrairement à la plupart de ses petits camarades, a toujours su faire preuve d'autodérision et s'est orienté par la suite vers des choses nettement plus personnelles) mais globalement, les yéyés ont été pour moi une catastrophe.
Champion toutes catégories du genre, Claude François m'a en particulier toujours été antipathique tant par son oeuvre que par ses propos et ses différentes entreprises (et pour ne rien arranger, je n'aime ni sa voix ni sa façon de chanter) : outre ses exécrables reprises de standards américains (pas plus que celles de Sylvie ou Johnny, mais pas moins non plus), je n'aime pas la conception qu'il avait de son métier, l'importance qu'il accordait à son image, le fait qu'il utilise les médias et sa famille pour cette dernière, le fait qu'il se produisait avec des danseuses comme de simples objets sexuels comme faire valoir, et globalement son côté businessman/showman à l'américaine qui est pour moi à l'opposé de ce qu'un artiste intègre doit être. Je veux bien lui reconnaître d'avoir importé dans notre petite France une certaine vision du show à l'américaine, une forme de modernité, mais c'est une modernité que je n'aime pas. J'aime les gens qui écrivent leurs paroles, leur musique, qui viennent la jouer et qui ne se mettent pas en scène plus que nécessaire, en prenant la pose pour les magazines, et qui ne pensent pas en terme de plan médiatique et d'image en amont de leur fonction artistique. Claude François, c'est l'homme qui a anticipé le Music Business en France en répliquant des modèles américains, comme Jacques Pradel a autrefois anticipé la téléréalité : et je ne parviens pas à l'admirer pour avoir été le premier à donner dans ce genre de conduite.
Du coup, quitte à en sauver un parmi les 4, j'aurais plutôt opté pour Sacha Distel dont j'ai toujours admiré l'écriture musicale. On m'objectera à raison que Claude François a co-signé beaucoup de choses, dont le fameux Comme d'habitude. Oui, oui. Mais signer et co-signer ne sont pas tout à fait la même chose : il est très dur de savoir, en effet, ce que nous devons vraiment à Claude François. Parce que changer un mot dans une phrase ou une note, ça peut justifier toutes les co-écritures du monde, à plus forte raison quand il s'agit de récupérer des royalties. C'est un petit jeu courant dans le monde de l'industrie musicale...
Bref, je n'ai jamais aimé Claude François. Et je suis à peu près sûr que je ne l'aimerai jamais, même si je comprends qu'il a été important pour plein de gens, qu'il a accompagné leur adolescence, leur vie et que lorsqu'on est sensible aux côté show à l'américaine façon Las Vegas, on puisse trouver ça épatant. Je n'ai toutefois pas vu le biopic, parce qu'en général, les biopics sont conçus comme des éloges déguisés et que vu que le gars ne m'intéresse pas, je ne suis pas au taquet. J'essayerai de le voir toutefois.
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 18/04/2016 à 15:47:51 ]
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