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Editorial du 4 février 2017 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 4 février 2017 : commentaires

Après avoir ressuscité Claude François, Dalida, Mike Brant et Sacha Distel, l’holographie s’apprête à dédoubler… Jean-Luc Mélenchon ! Demain, le politicien participera en effet à un meeting qui aura simultanément lieu à Lyon et à Paris, histoire de toucher deux fois plus de monde d’une part, et de se donner une image high-tech de l’autre, histoire aussi de remettre le pilote de drone à sa place et de montrer que Mélenchon, c’est l’avenir, le vrai, celui de la Princess Leia fourguant les plan de l'Étoile Noire à Obi-Wan Kenobi. Pas peu fier de lui, le bonhomme explique qu’"en voyant l’hologramme… vous ferez partie de ces gens qui ont quelque chose ensuite à raconter toute leur vie. Comme nos anciens qui ont pu nous dire: ‘Moi j’étais à la première séance de cinéma'"

Rien que ça ? Il s’agira tout de même de voir si la taille des chevilles du candidat est respectée sur son hologramme, car on souhaite que les Français aient mieux à raconter toute leur vie, et même à la pause café du lundi matin, que d’avoir été témoin d’un trucage inventé en 1948… Et quoi qu’on puisse penser de l’homme ou de ses idées, on s’étonnera de surcroit du manque cruel de discernement dont il fait preuve à cette occasion. Car si le peuple qu’il entend gouverner sait depuis longtemps qu’il y a un monde entre les paroles d’un politicien et ses actes, entre la loi qu’il entend faire appliquer et les règles auxquelles il se plie, il semble qu’on veuille maintenant lui signifier que l'homme lui-même n’est qu’une illusion, un tour de passe-passe. C’est un fait : aussi vrai que le dessin d’une pipe n’est pas une pipe, l’image d’un Jean-Luc ne sera jamais un Jean-Luc. Or, si l’homme qu’on voit est un faux, comment penser que le discours est un vrai ?

Le candidat défend pourtant son projet : « Évidemment qu'il y a un aspect de communication. Je serai présent à deux endroits. C'est une démonstration de ce que l'esprit, l'imagination, la technique peuvent apporter à la parole politique ». Gageons que la parole politique a plus besoin de vérité que d’imagination, de faits que de technique, sans quoi on pourrait bien être surpris du nombre de bulletins holographiques qui seront trouvés dans les urnes au soir du comptage.

Du coup, on en serait presque nostalgique des premiers balbutiements de la politique spectacle où Giscard jouait de l’accordéon et Bill Clinton du saxophone. C’était déjà là une rhétorique de camelots, un tour de chiens savants qui voulaient nous faire danser sur un air de flûte, mais au moins avait-on droit au rapport humble de l’homme qui extirpe les moins mauvaises notes possible de son instrument pour meubler le silence embarrassé. Bref, à choisir, on espère sincèrement que nos présidentiables vont se mettre à la musique : jouer la bonne note au bon moment est un exercice qui rend humble.

Pour ce faire, il pourront ressortir un vieux Rhodes Chroma, ou une guitare rentrant dans les nouvelles pédales Low Cost de TC Electronic, le tout monitoré avec un Monicon L de Palmer sur des enceintes MAUI 5 de LD Systems. Il n’est évidemment pas certain qu’ils en tirent de la belle musique, mais au moins pendant ce temps-là, il arrêteront de faire de la politique en 140 signes sur Twitter. Ce sera déjà ça de pris.

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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Ta remarque sur les journalistes me fait penser à un truc. On a coutume de dire que "80 % des journalistes sont de gauche", histoire de justifier que les journaux auraient à 80% un positionnement à gauche, maltraiteraient la droite et seraient doux à la gauche, etc. (je dis 80% plus ou moins au pif, de mémoire).

Sauf que lorsque j'avais fait un recherche sur la question une fois, il n'existait pas de source à cette information que pourtant tout le monde répète à l'envie. En effet, il est bien difficile de qualifier un journaliste, beaucoup d'entre eux n'ayant pas de carte de presse et beaucoup de personnes en ayant une n'étant pas journalistes.

Un jour, j'ai trouvé un truc qui faisait référence à une vague étude. C'était très mal sourcé et je n'ai pas trouvé l'étude en question.

Quoi qu'il en soit, il ne serait pas illogique qu'une grande partie des journalistes soient effectivement de gauche. La plupart sont en effet des précaires (pigistes jetables), beaucoup ne sont plus que des (re)copieurs de dépêches d'agences, sous payés, interchangeables, etc. Bref, des tâcherons. De tâcherons soumis à la double pression :
- d'une rentabilité qui, le plus souvent, dicte en plus de traiter la plupart des trucs par dessus la jambe "non, tu ne peux pas aller enquêter à Saint-Locdu-le-vieux, on n'a pas le budget. Tu n'as qu'à reprendre les éléments de la dépêche AFP et de l'article de tel journal et ça fera l'affaire"
- de l'urgence médiatique nécessitant d'être dans les premiers à parler d'un évènement qui sera peut-être obsolète le lendemain : "non, tu ne peux pas aller enquêter à Saint-Locdu-le-vieux, on n'a pas le temps. Il me faut ton article à 17h00 pour le bouclage sinon on ne le passe pas [et tu n'es donc pas payé]"

Sauf que ce ne sont pas ces journalistes-là qui dictent la parole de la presse, mais la dizaine d'éditorialistes qu'on voit partout (les Christophe Barbier and Co) et les rédacteurs en chef des journaux (qui, parfois, sont les mêmes).

Ce sont eux qui font l'opinion véhiculée par la presse et décident du ton et du contenu des articles, quoi qu'en pensent les journalistes chargés de les écrire.

Au passage, la plupart des quelques personnes qui, à mes yeux, sauvent l'honneur du journalisme en France par leur rigueur et leur travail de fond publient l'essentiel de leurs trucs (si ce n'est la totalité) non plus dans des journaux, mais dans des livres (Pierre Péan, Florence Aubenas, même si elle continue à écrire dans Libé). Bizarre ?

Croire qu'une profession à majorité "de gauche" (et quelle gauche ?) donnerait le ton de la presse, c'est comme si on croyait que Peugeot ou Mittal sont des entreprises de gauche parce qu'une majorité de leurs ouvriers le sont probablement. lol.
212
Citation de Will :
c'est un peu facile de toujours moquer les politiques (même s'ils nous tellement de quoi) et de ne pas aller y voir de près ou mouiller la chemise.
x
Hors sujet :
absolument. en tant que citoyens si on est non satisfaits il faut monter au créneau. je rajouterai que les gens qui se plaignent sans cesse, lancent des "tous pourris" à qui mieux mieux et ... ne s'engagent pas à un titre ou un autre (associatif politique etc) m'ennuient voire me désespèrent/. j'en ai dans ma famille désormais et ce sont juste des cons. ils achètent un canard, hurlent tout le temps et... ne font rien.
x
Hors sujet :
mais comme ils hurlent au loup en boucle ils se sentent/croient engagés. ca coute pas cher comme engagement
:fache:

L'action citoyenne commence au quotidien
x
Hors sujet :
, par le respect de l'autre, l'entraide le coup de main etc, pas besoin d'être de gauche ou de droite, juste civilisé et citoyen. et déjà la le tri se fait entre le mec sympa qui aide alors qu'il vient juste livrer une pizza ou les courses mais qui est triste de ce qu'il voit, et celui qui prétendument très humaniste en a rien à foutre que la mémé du coin soit seule sans famille délaissée. Honneur aux premiers honte aux seconds.

[ Dernière édition du message le 09/02/2017 à 19:41:18 ]

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Arf ! je vois qu'il manque un mot dans ma parenthèse.
"Même s'ils nous donnent tellement de quoi"
Nos lecteurs auront rectifié d'eux-même. :bravo:
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En parlant de Pierre Péan j'ai regardé trois docus sur Arte très intéressants:

https://www.arte.tv/guide/fr/057866-001-A/mafia-et-republique-1-3
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216
Merci pour les liens, je me suis couché à pas d'heure!

Sur le traitement médiatique, un site que je consultais régulièrement, des chiffres de mesures, des infos sur les liens entre les intervenants et groupes d'affaires.
www.acrimed.org
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Citation de Will :
:bravo:

Et puisqu'on parle de journalistes :
https://www.arte.tv/guide/fr/072807-000-A/tous-les-gouvernements-mentent
:bravo:
Être lucide et critique sont l'expression d'une démocratie moderne
mais il faut savoir se garder du syndrome "tous pourris" qui favorise le populisme (Et en termes de malhonnêteté, remplacer le "pas génial" par le "pire du pire" ne me parait pas être une bonne affaire) :|

[ Dernière édition du message le 11/02/2017 à 07:42:58 ]

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ZiKa > On m'aura beaucoup reproché ici de ne pas parler du fond de la politique de Mélenchon, de ne m'en tenir qu'à la forme de ce meeting, mais à la fin, c'est justement pour cela qu'au moment où je l'écris, je ne pense pas faire de politique partisane en écrivant mon texte. Officiellement, les idées de Mélenchon comme celles de Macron ou de Fillon, je n'en pense rien ou plutôt, ce que j'en pense je le garde pour moi.

A chaque fois qu'on a eu des périodes électorales, je n'ai d'ailleurs quasiment jamais commenté aucun projet d'aucun candidat, ce qui ne m'a jamais empêché de commenter l'actu, qu'elle implique ou non des politiques. Le périmètre de cet édito, c'est en effet la Res Publica, au sens large, soit tout ce qui traverse notre monde pour à la fin imbiber l'artiste qui est, a priori, mon lectorat avec cette newsletter. Du coup, beaucoup de gens ont l'impression que dès que je cite un nom de politicien, je fais de la politique, alors que de la politique je n'en fais jamais au sens partisan (je ne crois pas avoir jamais défendu ou descendu un parti) et que j'en fais toujours : j'essaye d'appliquer un regard citoyen sur le monde qui m'entoure. C'est mon regard, donc il est forcément teinté de mes idées, de ma vision du monde, et en cela, je ne peux nier qu'il relève d'une forme de propos politique... A partir du moment où l'on verse dans de l'opinion, on "fait" de la politique.

Ce qui est drôle avec cet édito particulier, c'est qu'il ne s'intéresse pas à la politique proprement dite, mais plutôt à la communication des politiques et en l'occurence de JLM. Un certain nombre d'internautes auront reproché au saltimbanque que je suis de parler politique quand je reproche moi à un homme politique d'utiliser des méthodes de saltimbanque et de faire du spectacle : je me souviens de Coluche à qui l'on reprochait de parler de politique et qui disait qu'il arrêterait de parler de politique quand les hommes politiques arrêteraient de nous faire rire. C'est la même chose ici.

Citation :
Pour réagir au dernier post 203, je trouve que tu fais preuve d’une certaine mauvaise foi assumée :
« J’essaye de regarder le début... »
Je ne suis pas spécialement littéraire, mais en pédagogie par exemple, demander à des élèves d’essayer c’est partir du principe qu’ils n’y arriveront pas. Et si on veut pinailler, regarder ce n’est pas écouter, je ne vais pas « regarder » un concert. Si y’a un show, pourquoi pas, mais sans le fond je m’en tape.
En l’occurrence tu te contentes de zapper sur la présentation, et le contenu ? Tu ne peux à la fois dire qu’il n’y en a pas, et quand il y en a, refuser d’écouter ! C’est pas du macron avec des incantations creuses et des effets de manches stériles. Mélenchon c’est du concret, du factuel, du raisonnement, ça ne peut se résumer à un slogan et un logo. Après sur le fond, toute personne dotée de conscience peut discuter, argumenter, être d’accord ou pas d’accord. Mais sans écoute et réflexion, la démocratie est morte. Et il ne reste qu’un sinistre simulacre, là je suis d’accord.


Justement, je ne veux surtout pas en venir au débat de fond sur les idées, car ce qui m'intéresse précisément ici, c'est le fond qui se cache dans la partie com' et qui relève justement du spectacle, et donc de l'art. En littérature, ce qui importe, ce n'est pas ce qui est dit, mais comment on le dit car le sens est autant là-dedans que dans le sujet. En peinture, ce qui importe, ce n'est pas ce qu'on peint mais comment on le peint. Et c'est ça la grande différence entre la politique et l'art. Et c'est ça le grand danger de transformer un discours en spectacle.

Je me contente de zapper sur la présentation car c'est justement cela qui était le sujet de l'édito. Je n'ai jamais dit qu'il n'y avait pas de contenu, d'idées mais juste que ces idées n'ont rien à faire entre deux tranches de spectacle. Et que ces deux tranches desservent le contenu, quel qu'il soit, qu'elles le pervertissent

Citation :
Et puis France Insoumise ce n’est pas Mélenchon, il n’est pas seul. Comme tu l’as finement fait remarqué, les présentateurs ne sont pas des pro qui viennent d’une agence de com’, ce sont des gens comme toi et moi, qui se retrouvent devant une salle de 6000 personnes avec des écrans géants, des journalistes, une oreillette qui les tient au courant de ce qui se passe à Lyon pour synchroniser les événements. Et ils étaient mauvais c’est certain !! (En plus si tu vas au bout, ils "chantent" atrocement mal:((( )Mais on veut des requins de la com’ grassement payés ? Ca remet en cause le contenu de discours qui a suivi ? C’est honnête de retranscrire les mots sans le ton et le rire ?


Je ne trouve pas ces gens moins professionnels qu'un Nikos Aliagas et c'est moins leur aptitude à être des bons Monsieur Loyal que je remets en question que leur volonté de se lancer là-dedans. Il y avait une chose à dire avant le début du meeting pour annoncer son début et qui se résume à "Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous sommes en direct avec Jean-Luc Mélenchon. Le meeting va commencer.". Et il n'y a pas à applaudir, il n'y a pas à haranguer, il n'y a pas à selfiser car il faut justement bannir toute forme de spectacle du discours politique pour conserver son intégrité.

Je ne dis pas ça en cherchant à atteindre une sorte d'idéal du discours, je dis ça parce que précisément, comme je le soulignais initialement, on assiste à une crise de confiance du peuple vers la classe politique : une confiance abîmée par les promesses non tenues, par des trahisons, par des délits même, évidemment, mais aussi par le contraste qui existe entre la réalité de ce qu'est la classe politique, ce qu'elle fait, et l'image qu'elle se donne, ce qu'elle dit en temps de campagne. Et plus les années passent, plus cette obsession de l'image prend de la place, plus le spectacle devient énorme, plus la mise en scène prime. En gros, pour retrouver la confiance et l'adhésion du peuple, le mot d'ordre n'est pas d'être plus honnête ou vertueux, mais de faire plus de com'.

Dans ce contexte actuel, un homme politique qui fait du spectacle, quel qu'il soit et quelles que soient ses idées, dessert ainsi sa cause et détruit un peu plus le lien de confiance entre la classe politique et le peuple. Mon sentiment personnel en découvrant cette histoire de meeting, c'est : "Tiens, Mélenchon mise là-dessus lui aussi ?". Surprise et déception de ma part : désormais, sans préjuger de ses idées, sa candidature ressemble à peu plus à celle de tous les autres contre lesquels il prétend s'élever. Pour quelqu'un qui pense instaurer une VIe République, disons que les méthodes sont bien ancrées dans la Ve, et qu'il se place même en champion des méthodes actuelles. Dès le départ, tout cela, tout ce decorum, ça ne sent pas la révolution tant attendue, ça sent la même chose qu'ailleurs en mieux ou en pire, c'est selon.

Citation :
Mais on veut des requins de la com’ grassement payés ?


Non. Dans un discours de Jean-Luc Mélenchon. Je veux juste Jean-Luc Mélenchon. C'est tout. Personne d'autre que lui, sa parole. Pas de chauffeur de salle, pas d'hologramme, pas de powerpaint, pas de de karaoké. Et même, me concernant, pas de spectateurs.

Citation :
Ca remet en cause le contenu de discours qui a suivi ?


Oui. C'est d'ailleurs précisément pour cela que tout ceci est fait. Pour rendre le discours encore plus efficace, sans quoi on ne le ferait pas.

Citation :
C’est honnête de retranscrire les mots sans le ton et le rire ? C’est comme une blague de Coluche écrite sur un tract FN, déloyal.


Pas honnête vis-à-vis d'un spectacle alors que ça devrait l'être pour un discours politique qui doit pouvoir se réduire aux mots véhicule du seul contenu important : l'idée. Ce que je souligne, c'est qu'un mot de Coluche n'a rien à faire sur un tract du FN, tout comme un trucage audiovisuel n'a rien à faire dans un événement politique.

Citation :
Ok ça c’est une attaque, mais ton mépris pour les gens qui font l’effort de s’impliquer même un tout petit peu (je n’ai jamais milité, je suis loin de Will Zégal par exemple) c’est pas très subtil non plus. Je n’ai aucune raison de croire que tu n’es pas capable de mieux. Si je voulais être méchant je dirais : « essaye de réfléchir »… mais je trouve ça pourri. Laisse plutôt le truc retomber et réfléchis tranquillement, un peu d’écoute quand même, de la part d’un musicien, on a des dispositions. ;)


Si je peux avoir une forme de mépris, ce n'est pas pour les gens en tant que tel, mais bien pour l'activité militantiste et la mécanique de partis qui me semblent le plus souvent extrêmement éloignée de l'action politique dont elles se réclament pourtant. Au lycée déjà, je trouvais que les mecs des jeunesses communistes ou RPR faisaient semblant, qu'ils jouaient à la politique comme on joue au docteur ou au papa et à la maman et qu'à la fin, avec la panoplie et la gestuelle qui va avec. Le seul truc qui comptait (et c'est ce qui m'a toujours gêné dans la mécanique de parti), c'est de rallier le plus de monde possible derrière une idole. Non pour le triomphe des idées, mais pour gagner le jeu, pour que le champion gagne. J'ai retrouvé ça à la fac aussi avec les ridicules assemblées générales qui se tenaient pour décider du point de départ d'une manif, et de la couleur de la peinture sur des banderoles. Des idées ? Non. De la com, de l'événementiel ? Oui.

Et puis plus tard dans ma vie d'adulte : chaque fois que je me suis trouvé au sein de militants, je sentais cette même motivation de faire triompher son camp, non pas les idées, mais son camp. Et c'est très différent. Je me souviens d'un reportage sur un meeting politique de Bruno Maigret et d'une militante qui soulignait la beauté du candidat (!), je me souviens de la campagne pour la mairie de l'oncle de mon ancienne petite amie, et d'une voisine qui était prête à voter pour lui parce qu'elle le connaissait bien, qu'il était venu une fois chez elle prendre un café. Cette seul distinction en aurait faite la plus zélée des femmes de droite... ou de gauche. Balzac n'aurait pas écrit plus beau personnage. Je me souviens de la défaite de cet homme et de son discours à son équipe : la déception n'avait rien de politique, c'était une déception d'équipe de football qui a perdu son match du dimanche.

Je me souviens encore de colleurs d'affiches décollant les affiches du camp d'en face pour recoller les leurs, comme un jeu Capture The Flag ridicule, comme s'il y avait quoi que ce soit de l'engagement politique dans le collage d'affiche. Je me souviens de manifs avec des visages hilares et des chansons joyeuses pour dire qu'on est contre la guerre du Golfe. Je me souviens des gens ravis d'avoir pu serrer la main de monsieur untel, ou lui avoir parlé et c'est bien pour cela que les politiciens font des bains de foule, tâtent le cul des vaches et goutent des produits du terroir ou font mine de prendre le métro comme tout le monde. Spectacle, toujours pour des gens ivres de spectacle : je crois bien que c'est pour cela, malgré le côté passionnant que revêtent les questions politiques, que je n'ai jamais eu l'envie d'avoir la moindre carte d'un parti.

Voilà, je suis peut-être débile et bas de plafond, et tu peux me trouver méprisant, mais pour moi, la politique n'a rien à voir avec le collage d'affiches et le fait de huer le candidat d'en face dès que son nom est prononcé dans un meeting, ça n'a rien à voir non plus avec la distribution de tracts le dimanche matin sur le marché comme des témoins de Jehova distribuant la tour de Garde (à chaque fois que je vois un militant me distribuer des tracts dont les poubelles avoisinantes dégorgent, j'ai envie de lui demander quels sont les engagements de son candidat sur la déforestation...). Et surtout, ça n'a rien à voir avec une mise en scène audiovisuelle.

Tu me demanderas ce que j'attendrais d'un homme politique aujourd'hui ? De la sobriété et du travail, servi par un discours sans aucun artifice. Pas de coup de com', pas de bon mot, pas de bravo, juste des idées. Mélenchon, seul et face caméra, expliquant son programme, ça me va. Ca me va aussi de le voir face à des contradicteurs. Ce truc de l'hologramme et des chauffeurs de salle béats d'admiration face à leur étalon, qu'ils soient pros ou pas pros, ça me fait juste dire qu'il utilise les mêmes recettes que les autres. Pourquoi alors serait-il différent ? Parce que ses idées sont différentes ? Elles sont sans doute aussi louables que tout un tas de programmes pour lesquels j'ai voté depuis 25 ans. Je n'en doute pas. Et peut-être même que je voterai à mon tour pour ses idées géniales : mais si je le fais, ce sera malgré ce meeting théâtral, malgré les tracts du dimanche matin, malgré les bon mots. Parce que tout cela m'éloigne personnellement de la politique et je fais le pari que je ne suis pas le seul.

Citation :
Ensuite, c'est essentiellement dans le milieu associatif que j'ai agit.


La seule action politique est là au fond.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 11/02/2017 à 20:42:00 ]

219
Non. On ne peut pas dire ça. Dans mon bled, l'ancienne municipalité a créé une piscine qui profite à tous les gamins de la commune et des voisines. Ils ont développé les maisons de quartier, monté des camps de vacances et des colos financièrement accessibles à tous et fait le repas de cantine à 1 € pour les mômes de parents sans thune.

La nouvelle municipalité a re-collé les tarifs de cantine au quotient familial CAF, ce qui est bien moins intéressant pour les parents les plus modestes et a conduits certaines familles à carrément renoncer à ce qui était le seul repas complet et équilibré de la journée.

Elle qui a hurlé que la piscine allait ruiner la ville est en train d'investir le même budget dans... une salle et un centre de formation pour le club de tennis de table. Cela n'apportera rien à la ville ni à ses habitants. Mais c'est un retour d'ascenseur pour un président de club ami qui a fortement soutenu le candidat.

Non, il n'y a pas que dans les associations qu'on fait de la politique.

Nous sommes face à l'urgence climatique et à la nécessité de prendre un virage énergétique avec un parc nucléaire vieillissant (et un approvisionnement en uranium qui sera de plus en plus coûteux et problématique). Sur le terrain, dans les associations et chez les particuliers, et dans beaucoup d'entreprises, il y a énormément de gens qui sont engagés dans la transition énergétique. Sauf que selon les personnes que l'on élira dans les prochains mois, ces gens là auront les mains libres, voire un soutien des pouvoirs publics pour la mettre en oeuvre ou des bâtons dans les roues. Rien que sur un point aussi essentiel, la position du personnel politique est importante.

Dans quelques jours, le parlement européen votera pour ou contre le CETA. En fonction de son vote, on aura ou pas les tribunaux arbitraux qui permettront aux multinationales de se taper encore plus des décisions du peuple ou pas.

Autre exemple en spoiler parce que je (re)commence à être long.
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite


Aujourd'hui, la France va t-elle continuer à laisser en grande partie passer la révolution industrielle numérique ou y prendre une part importante, notamment dans les IA pour lesquels nous avons les chercheurs, mathématiciens et développeurs de talent nécessaires ?

Dans ce grand pays libéral que sont les Etats-Unis, la Silicon Valley n'est pas tombée du ciel : c'est le fruit d'un gros programme gouvernemental.
A voir si la France sera capable de créer ainsi des pôles industriels dans les domaines de demain (IA, voitures à faible consommation, voitures autoguidées, transition énergétique, nouvelle agriculture). Dans ces grands domaines, il faut un forte impulsion des états pour créer et développer ces pôles. Là encore, on est dans la décision politique.

La France dispose d'un énorme domaine maritime (un des premiers au monde, je crois) et ne s'est jamais que marginalement intéressée aux ressources de la mer. Là aussi une décision politique forte peut nous permettre un développement d'une filière qui peut s'avérer d'une incroyable richesse, bien au delà de la simple pèche (énergie, alimentation, substances médicinales...)

Citation :
c'est le fond qui se cache dans la partie com' et qui relève justement du spectacle, et donc de l'art.

Assimiler systématiquement le spectacle à l'art... pas sur d'être d'accord. :-D
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@LosTeignos
D'abord merci de prendre la peine de répondre, je ne suis pas d'accord avec toi sur pas mal de choses, mais je te rejoins sur un point je crois: je n'aime pas la foule quand elle prend vie "autonome". Les mouvements de foule, l'effet mouton, indéniable, les acclamations et les huées ça me met super mal à l'aise. (Peut-être que le Brassens qu'écoutait mes parents y est pour quelque chose)

Quand j'étais petit et que je faisais beaucoup de compet (pour moi ce n'était qu'un jeu), j'avais des invitations pour aller voir des matchs nationaux, c'était l'occasion de voir des joueurs de haut niveau. Et l'ambiance spectateur j'ai spontanément trouvé ça pourri! Et encore c'était même pas du foot! L'hystérie générale, le fanatisme de base, je suis d'accord qu'on le retrouve partout, et pour ma part, quand je vais à une manif, c'est pas pour m'éclater. Et l'unique meeting auquel je me suis rendu (en me faisant violence), avait sa part de moutons, acclamateurs et "hueurs". Une fois le meeting commencé je ne crois pas que ces gens aient été encouragés. Contrairement à la caricature Macron (les autres je regarde plus, mais là c'est de la curiosité anthropologique!), basé uniquement sur l'ivresse de la foule, Mélenchon a tenu un discourt rationel, raisonné, argumenté, logique, factuel. Ce ne sont pas des gages de "Vérité" mais une base de communication sur laquelle on peut argumenter et être d'accord ou pas avec toutes les nuances entre les deux.

Et c'est là où je trouve que tu es de mauvaise foi. Je te cite pour le démarrage:
Citation :
Or, si l’homme qu’on voit est un faux, comment penser que le discours est un vrai ?

Tu disqualifies tout discours sur une impression. Soit. Si, comme certains, il n'y a pas d'autre forme de com', ok. Mais quel autre candidat parle seul face caméra pour développer ses idées, présenter son programme, expliquer ses choix? Qui a lancé une chaine youtube avec une revue de la semaine? Qui a un programme écrit et détaillé, publié et disponible? Qui débat ardemment ( et on lui reproche assez)?

La dernière fois j'ai voté Eva Joly, parce que je trouvais qu'elle incarnait une certaine droiture et probité. Je suis allé sur les sites EELV et machin2017...rien, abyssal! Ils se préoccupent plus des alliances avec le PS (qui va nous faire croire que cette fois ci, c'est pour de vrai, promis juré, les mêmes vont faire le contraire) pour savoir comment récupérer des sièges... Elle est passée où l'écologie. Alors si on s'en fout de l'écologie c'est pas gênant, mais Bayrou ou Macron ou pourquoi pas LePen si le fond n'a pas d'importance! (Bon je reconnais ma mauvaise foi là ;) ) Et je ne parle pas des militants là mais de l'appareil.

Je comprends et je partage une partie de ton analyse sur les dérives du "militantisme", mais ce sont des comportements humains que l'on retrouvent dans tous les regroupement humains. Sport, art, et ils font parti de notre "éducation". La politique n'est pas un sanctuaire accessibles aux seuls purs, c'est au moins aussi pire qu'ailleurs :???:. Et il y a pleins de militants tranquilles et sincères, la ringardisation automatique de la politique n'est pas désintéressée. Si l'on accepte la proposition fondamentale d'organisation de la société qu'est la démocratie, gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, on part du principe que la contribution du peuple permet de construire les projets et le vivre ensemble. C'est loin d'être gagné, mais l'alternative c'est quoi? Il y a eu les aristocraties, on a les oligarchies. Eux ils sont déjà prêts à décider pour nous, leurs hommes de mains sont dans la place. Leurs medias nous désignent les candidats convenables. Je suis ok pour jouer local, la petite commune qui s'arrache pour avoir un école, si y'a pas de prof dedans? Le paysan qui envers et contre tous se met au bio il fait quoi si ses voisins sont aux OGM? Comment on gère localement une politique énergétique. Les 2 vont ensembles, sinon on se retrouve avec des toilettes sèches (truc écolo) pour les intérimaires qui bossent dans les centrales atomiques. Et où s'arrête le militantisme chiant, ils sont pas relous à vouloir interdire les pesticides dans les jardins et espaces public? Et est-ce que ça suffit?

ok tu dis:
Citation :
Justement, je ne veux surtout pas en venir au débat de fond sur les idées, car ce qui m'intéresse précisément ici, c'est le fond qui se cache dans la partie com' et qui relève justement du spectacle, et donc de l'art.

Alors d'abord ta remarque du début a été longuement démontée, en quoi un hologramme est-il plus faux (ou plus vrai) qu'un film, une bande son, une photo, un discours d'avocat ou un jeu d'acteur de théâtre? Ou un écrit?

Si on se place sur le terrain de l'art alors mon analyse diffère aussi un peu de la tienne (du moins si j'ai compris).
exemple: Prince en concert, la forme c'est le show, la mise en scène, la technicité des musiciens, chanteurs, danseurs, éclairagistes... Mais s'ils avaient fait du David Guetta, aïe. (On prend des super zicos pour faire du Indochine? :mdr: ) Le fond, c'est qu'est ce qu'on fait de cette technique. Il arrive que des virtuoses de technique soient chiants à mourir. Il arrive que des formes très dépouillées soient magnifiques, la simplicité n'est pas la facilité. Et il arrive aussi, (c'est peut-être le propre des "génies") que des virtuoses mettent leur art au service du fond et pas de leurs ego. Finalement Prince c'est un peu casse gueule comme exemple :lol: Mais la réalité n'est pas si manichéenne! (ceci dit la dose de mégalomanie de Prince lui donne une dimension poétique, la même chez un politique... au secours:fache: )
Bien que lecteur (j'ai pas de télé, ça aide à se nettoyer la tête:??:) je ne serais pas très à l'aise pour argumenter littérature. Pour la blague, j'ai fait 2 1ère, l'une où j'ai adoré étudier Voltaire Montesquieu Diderot... un bouillonnement d'idée. Et l'autre où l'on a étudié "la rencontre amoureuse chez machin truc" et des heures de blabla sur le clic clac de la pendules qui évoque les battements du coeur de Mme... C'est caricatural mais ça en dit quand même un peu sur mon état d'esprit (plus que sur la littérature c'est sûr:lol:). J'ai plus 15 ans mais je garde une certaine défiance vis à vis du discours sur la forme (même si ça peut être passionnant je me doute bien). J'adore Murakami par exemple et la forme à une grande importance chez lui, mais pour moi il joue dans la catégorie génie.

Bref si on ne doit pas parler du fond, ne parlons pas politique, je persiste. Parler musique en ne parlant que des fringues et des stratégies média, ça n'a d'autre sens que de transformer l'objet de la discussion en produit à vendre, disque, yahourt, missile, dictateur. Il faut pas s'en plaindre après.

Que le parti pris d'AF soit de ne pas parler de politique (ou de tricot, de bagnoles, de cuisine..), ok. Mais c'est pas inintéressant. On a vite fait de ringardiser toute discussion politique, "prise de tête", "pas fun", et on s'étonne après d'avoir laissé tout le chant (je voulais dire le champ:aime:) de la parole à des politicards. Nous on se tait, et la "bonne parole" vient d'en haut. Moi j'ose encore espérer qu'on a tous des capacités à contribuer aux choix qui vont dessiner notre avenir et qu'on n'est pas obligé de s'en remettre aux marchand de yahourt (fixette!) et d'armes.

En tout cas merci pour cet échange hors piste, je sais pas si c'est plus ou moins virtuel, mais le fait d'écrire ça oblige un minimum à penser ce qu'on dit et ça permet un échange qu'une conversation en vrai de vrai n'aurait peut-être pas permis. Autour d'un verre, on aurait peut-être plus postillonné:lol:
C'est un peu nuit debout sur AF!:mdr: