Présente sur le marché depuis 2002, la société allemande LD Systems s’est fait une petite réputation ces dernières années, grâce à ses systèmes en colonnes. Le modèle testé ici est le plus compact de la série MAUI. C’est le quatrième du nom, qui rejoint les MAUI 11, 28 et 44. C’est le plus léger et le moins cher.
Intégrant l’amplification et un mélangeur de 4 canaux pour les entrées, le MAUI 5 est présenté comme un système pouvant servir à la fois de façade et de retour, placé derrière les musiciens. L’ensemble — comme tous ces systèmes en colonne — résiste assez bien au larsen, sauf que ce confort d’utilisation s’accompagne d’une sensation facilement flatteuse et manquant de naturel. Le traitement du signal n’est pas mal conçu, mais rend le système plus ou moins adapté à l’utilisation que l’on veut en faire. Un deuxième exemplaire sera évidemment indispensable pour la stéréo, et vite nécessaire pour des groupes de plus de deux ou trois musiciens. Il est fait pour les petits espaces, et rendra fortement service quand le temps d’installation est court.
Sa plastique
Se plaçant dans un paysage déjà fourni, le MAUI 5 n’innove pas foncièrement. Il est constitué de quatre éléments : un caisson de basse avec les connectiques et les boutons, deux extensions verticales sans haut-parleurs (mais grillagées), et le dernier tube, qui, lui, contient les haut-parleurs pour le haut du spectre. Le caisson de grave abrite un boomer de 20,3 cm (8’’) monté en bass reflex. Pour la partie médiums/aigus, on trouve quatre haut-parleurs de 7,6 cm (3’’), alignés verticalement, de manière à ouvrir la directivité horizontale (120° affichés) et limiter la verticale (20°). Malheureusement, je n’ai pas trouvé de diagramme polaire.
Comparé à son grand frère le MAUI 11, les haut-parleurs sont deux fois moins nombreux et le poids est diminué de plus de la moitié (23,7 kg contre 11,3 kg). La hauteur totale est à peu près la même, proche de 2 m, au bon endroit pour que les aigus fassent leur chemin au-dessus des têtes d’un public debout. En fonction du bruit du public, du niveau sonore voulu et de ce que l’on diffuse, le système peut suffire jusqu’à une cinquantaine de personnes, peut-être plus pour une conférence où les personnes sont assises et calmes, sûrement moins si on espère jouer de la musique énervée à des agités.
En plastique
Les enceintes du MAUI 5 sont toutes les deux (caisson de basse et médiums/aigus) en plastique ABS. Des économies ont été réalisées dans le choix du matériau, on ne trouve plus d’aluminium et encore moins de contreplaqué. La colonne, avec ses deux extensions, installées sur le caisson, conserve un léger jeu. L’embase dans laquelle elle s’enfiche n’est pas très profonde et le plastique neuf couine quand on touche à la colonne. C’est dommage, ça renforce la sensation d’avoir un produit « entrée de gamme ».
Le plus étonnant fut de constater l’impossibilité de se passer d’au moins un des deux tubes-rallonges. On doit monter au minimum une extension ; l’embase dans le caisson de basse ne permet pas le branchement direct de l’enceinte médiums/aigus. Des ergots sur celle-ci empêchent la manœuvre, alors que dans les vidéos promotionnelles, la possibilité de se passer des extensions est mentionnée. Ce ne sont pas des détrompeurs. Peut-être sont-ils là juste pour réduire le jeu des pièces entre elles, mais alors pourquoi n’en avoir pas mis sur toutes les pièces ? Je n’ai pas demandé à LD Systems. Quoi qu’il en soit, la modularité s’en trouve réduite et dans certaines situations, le fait d’avoir un système ultra compact est appréciable (s’il est déjà surélevé par rapport au public par exemple).
La partie mélangeur
Plusieurs possibilités sont offertes pour connecter vos sources. Derrière le caisson, on trouve deux prises combinant XLR femelle et Jack 6,35 mm, pour un signal symétrique stéréo de niveau ligne (une sommation est faite). Sur le dessus, on voit une autre prise combo pour brancher un micro. Elle n’a pas d’alim fantôme et passe d’office par un coupe-bas à 100 Hz.
Au-dessus encore, il y a un jack 6,35 mm, haute-impédance pour brancher une guitare ou une basse électrique et un mini-jack destiné à un signal stéréo asymétrique. Les deux partagent le même potard de volume et on peut les utiliser en même temps. Enfin, par les temps qui courent, une liaison Bluetooth s’imposait pour rester à la page ; ce n’est pas comme si le coût du hardware nécessaire alourdissait vraiment la facture.
Pour contrôler les niveaux d’entrées, quatre potentiomètres rotatifs occupent le haut du panneau supérieur du caisson de basse. Ils correspondent aux quatre canaux que l’on peut mélanger, dont un — je me répète — contrôle à la fois l’entrée instrument haute impédance et l’entrée sur jack 3,5 mm. On peut regretter l’absence de sorties au niveau ligne, qui auraient permis de repiquer le signal pour un autre système, ou éventuellement d’enregistrer ce qui sort du mélangeur.
Les volumes de sorties
Le réglage du volume des haut-parleurs offre trois paramètres. Il est indispensable de pousser le volume principal (« Main Level ») pour commencer à entendre quelque chose. On peut ensuite augmenter le niveau du caisson de basse avec le « Sub Level », c’est-à-dire les fréquences jusqu’à 300 Hz environ, avec un gros pic vers 75 Hz qui chute très rapidement en dessous de 60 Hz. On sent le côté flatteur/artificiel (au choix) du bass reflex. On peut aussi récupérer/exagérer (selon les conditions) les aigus avec le « Hi-Boost », au-dessus de 4 kHz à peu près.
L’ampli pour les basses et celui des aigus affichent la même valeur de puissance, deux fois 100 W de puissance efficace, 400 W en crête. Le niveau de pression acoustique maximum annoncé est de 120 dB SPL (crête). Deux diodes vertes nous indiquent si le système est allumé et s’il reçoit du signal, deux diodes rouges s’il limite le signal et si la protection (coupure préventive) s’est activée. Nous sommes en présence d’un système de 2 voies avec un filtrage actif numérique. C’est une des fonctions, entre autres, de l’algorithme de traitement du signal, baptisé LECC pour Limiteur, Égaliseur, Compresseur et Crossover.
Le traitement numérique
Le traitement LECC est présent dans tous les MAUI. Loin d’être neutre, il est là pour donner facilement (peu de réglages à faire) l’impression que ça sonne bien, quel que soit le niveau. L’impression d’avoir un son « poli », sans aspérités, est là en permanence. La compression et l’égalisation font perdre en naturel ce qu’on gagne en simplicité de mixage et en résistance au larsen. À chacun de juger : les besoins, les goûts et les budgets diffèrent d’une personne à l’autre.
Le signal est converti en numérique (48 kHz/24 bits) pour un traitement qui va au-delà du simple crossover (dont la fréquence de coupure doit se situer autour de 300 Hz). Les infos ne sont pas nombreuses sur les processus en cours, à part les initiales de l’algorithme propriétaire utilisé, LECC. On peut deviner, sans trop se mouiller, que le limiteur multibande protège les amplis et les haut-parleurs contre des niveaux trop élevés, que l’égaliseur corrige la réponse en fréquences, et que le compresseur contribue pas mal à la couleur de l’ensemble. Il facilite la sensation d’avoir un rendu propre dès qu’on branche quelque chose dans le système, mais fait sûrement obstacle au relief du mix dès qu’on doit mélanger beaucoup de sources différentes.
Impressions d’écoute
En branchant un SM 58 dans l’entrée micro, c’est très simple de faire sonner sa voix de manière propre. Avec un réglage rapide du Hi-Boost, on obtient rapidement un son tout à fait correct. En rajoutant une guitare acoustique, le système reste toujours équilibré, le son est clair et suffisamment précis. On sent quand même une brillance étonnante et un creux dans les bas médiums, et même si le caisson de basse entraîne avec lui une grosse bosse dans les basses, on peut facilement trouver un réglage qui sonne équilibré.
L’écoute d’enregistrements commerciaux, avec un réglage des volumes pour une réponse en fréquences la plus plate possible visuellement, met en évidence quelques défauts. L’extrême bas du spectre est absent, on sent un manque avec toutes les musiques gourmandes en sub. Autre style, avec AC/DC (Back In Black), les guitares manquent de coffre et le mix sonne trop agressif. Avec la voix assez rauque de Madeleine Peyroux (Careless Love), la chaleur et le côté intimiste du mix en prennent un petit coup. Ça marche mieux sur du Cat Power (Free).
De manière générale, on sent le boost peu naturel des grosses caisses vers 70/80 Hz et l’absence de vraies basses fréquences. Dans la bande entre 100 et 400 Hz, l’impression est plutôt celle d’une atténuation, ou plutôt d’une difficulté à avoir une présence naturelle, sauf à augmenter le volume du caisson et donc, le côté artificiel du bass reflex. L’ensemble du son semble assez clair, avec des aigus dont l’agressivité est contenue, mais la brillance exagérée.
Des tests
En plein air, avec un Apex 220 et le logiciel Room EQ Wizard (dont il faut saluer la qualité et la gratuité), voici, en illustration, les données que j’ai pu relever :
Le signal de référence était calibré pour atteindre les 90 dB(A) à l’endroit du micro (presque 3 m de distance et 1,65 m de hauteur) et correspondrait graphiquement à une ligne droite à 90 dB. La bande entre 300 Hz et 1 kHz apparaît bien chaotique. On voit bien la bosse vers 80 Hz et celle au-dessus de 10 kHz, qui sont là pour donner une impression de confort auditif.
Le MAUI 5 en test extérieur
En comparaison A/B avec un Bose L1 Compact, on retrouve des caractéristiques communes. Le son est gonflé vers les 70/80 Hz et la brillance semble artificielle. Le Bose L1 l’emporte dans l’équilibre général, sa précision dans les bas médiums et les aigus est meilleure. Les finitions sont plus convaincantes aussi chez Bose, mais le prix est largement supérieur. Il aurait sûrement été plus judicieux de comparer le MAUI 11 ou 28, mais en termes de poids, c’est le MAUI 5 qui est le plus proche du L1 compact. À noter, les housses sont en option côté MAUI.
Conclusion
En conclusion, le MAUI 5 est un système ultra léger et hyper facile à mettre en œuvre. Aux alentours de 500 € (ajouter 50 € pour les housses), le rapport qualité/prix est intéressant, mais on pourra lui reprocher son manque de naturel. Particulièrement adapté pour une personne seule, le système est très bien pour la voix humaine ou des petites formations dont la couleur musicale est plutôt acoustique. Ce sera plus difficile de faire sonner un mix bien fourni, sa vocation n’est pas celle-ci.