Voici la 4e génération de Danelectro 1959 DC. La première, dont le nom commercial à l’époque était le model 3021 à deux micros, fut fabriqué aux États-Unis en 1959. Depuis, la production a été délocalisée en Asie. La seconde a été produite en Corée de 1998 à 2001 avec la Danelectro 59-DC Standard et accessoirement la 59-DC Pro. La troisième, de fabrication chinoise, date de 2007 et enfin le modèle reçu, présenté dans ce test, est elle aussi fabriquée dans l’empire du Milieu.
Il était une fois en Amérique
C’est aux États-Unis, en 1954, que naquit la marque Danelectro dans la petite ville balnéaire de Nepture dans le New Jersey. Avant de lancer sa propre gamme de produits, Danelectro fabriquait, en sous-traitance, des amplificateurs pour Epiphone. Pour beaucoup d’apprentis sorciers de la six cordes voulant caresser de leurs doigts les premiers instruments électriques, les Danelectros étaient faciles d’accès via des catalogues de vente par correspondance, peu coûteuses, en tout cas beaucoup moins cher que les grandes marques de l’époque comme Fender ou encore son éternel rival Gibson. Par exemple, en 1954, une Danelectro de base coutait 69 dollars contre 200 pour une Telecaster. Cela laisse songeur … Pour les musiciens, le choix fut vite fait pour la marque originaire de la côte est.
Revue et corrigée
La prise en main de l’instrument est très agréable. Comme l’original, la DC-59 est très légère. Le corps en Masonite (une sorte de contreplaqué) est collé sur un cadre en bois creux. Même non branchée, elle sonne, incroyable, mais vrai ! Les caractéristiques de sa lutherie peuvent faire penser à un instrument à la facture rudimentaire, mais justement, c’est la sobriété de ses matériaux de construction qui va lui donner des couleurs soniques si caractéristiques.
Même si le réglage de la guitare à la sortie de l’usine est désastreux, le manche confectionné en érable avec une touche rapportée en palissandre est très confortable. Le modèle qui nous a été confié mériterait cependant une petite goutte d’huile de citron afin d’unifier la couleur du bois de la touche. La jonction manche/corps est parfaite ce qui va donner davantage de sustain et de résonance à l’instrument. Le manche possède 22 frettes de type jumbo proprement insérées et la finition au dos est peinte avec la même peinture mate appliquée sur le reste du corps. Rien à dire sur les finitions ! La double échancrure permet un accès rapide, confortable et précis au registre aigu de l’instrument. La tête s’inspire de la forme de bouteille d’une célèbre marque de boisson contenue dans une boîte rouge. Si si, regardez bien d’ailleurs les modèles d’époque avec ces formes de tête s’appellent sur le marché de la collection « Coke bottle ». Il semble donc qu’elle était prédestinée à être jouée au bottleneck ! Comme quoi, il y a toujours des explications aux légendes … L’accastillage chromé sur la première réédition coréenne à la fin des années 90s est désormais an aluminium brossé sur ce nouveau modèle. Question de goût, on aime ou n’aime pas ! Ce dernier est moins visuel, mais non pas moins plus sobre et très distingué !
Les erreurs du passé corrigées Sur les premières ré-éditions, la bande vinyle appliquée sur le pourtour de l’instrument des éclisses ne tenait pas le choc et il n’était pas rare de la voir se décoller ou même se déplacer progressivement à force de frotter son avant-bras au même endroit. Cette fois, les concepteurs ont réussi à reproduire le côté granuleux original de la bande tout en veillant à son bon maintien sur les éclisses. |
Le sillet, très stable est en aluminium. Il est vissé et non collé dans le débordement de la touche. Les possibilités de réglage de l’instrument sont malheureusement très réduites. On peut régler la hauteur du chevalet, mais aussi … régler la hauteur du chevalet. Pas d’autre réglage de disponible, du coup l’intonation n’est pas parfaite, mais pour le prix, que demande le peuple !
La plaque de protection, unique, donne un côté très sympa à cette guitare. On remarquera la fâcheuse suppression de la « trappe de visite » au dos de l’instrument qui était bien pratique sur les anciennes ré-éditions afin de revisser l’écrou du jack de sortie ou encore de remédier à un éventuel problème de soudure qui lâche. Sur ce modèle, il faudra démonter toute la plaque de protection … avis aux bricoleurs en mal de sensations fortes, les soudures ne sont pas de toute beauté !
On regrettera aussi l’absence de housse comme sur les ré-éditions des années 90s livrées à l’époque en plus avec un miniampli de voyage … les temps sont durs !
Passons maintenant aux micros…
Rouge à lèvres
Afin de limiter les coûts de développement des Danelectros, les micros de tous les modèles de la marque sont identiques : un bobinage simple protégé dans un étui métallique qui donne ce son très twangy, exactement comme le chevalet d’une Telecaster agit telle une cage en fer donnant ce côté très sec. On remarquera sur ce modèle un son plus chaud que la première ré-édition qui tient vraisemblablement à davantage de tours de bobine de cuivre sur l’aimant du micro. Cela leur donne davantage d’amplitude, de chaleur et surtout de rondeur. Ce côté plus gras leur permet d’avoir un bien meilleur rendu en overdrive ou en crunch que les originales. Les micros sont réglables en hauteur grâce à deux vis au dos qui traversent toute la largeur du corps de l’instrument. Les cavités des micros et la plaque sont blindées (comme le rappelle l’inscription en haut du manche : totally shielded) donc pas de problème de buzz à la sortie.
Les positions 1) et 3) sont équivalentes en niveau de sortie. En revanche la position 2) est beaucoup plus intéressante avec la combinaison en série des deux micros manche et chevalet permettant d’avoir un son plus épais, mais aussi et surtout un plus gros niveau de sortie.
En position 1) les sons clairs brillent de leurs mille feux, ils sont très cristallins et éclatants, quoique parfois un petit peu piquant pour les tympans dans les notes aigües. Afin d’éviter ce petit désagrément, il faudra bien veiller à ajuster la tonalité afin d’éviter le côté très claquant qui peut vite virer au criard !
À mon goût, cette guitare vaut vraiment le détour pour la position 2) qui reste la plus performante et la plus équilibrée. On pourra ajuster le niveau et la tonalité de chaque micro indépendamment l’un de l’autre afin d’affiner avec justesse le mélange des deux.
Cerise sur le gâteau, la guitare est un véritable régal en sons crunch dans toutes les positions ! On retrouve ces sons qui font tout de suite penser à la Telecaster, mais avec un côté caverneux qui demeure assez impressionnant et qui n’a jamais été égalé dans l’histoire de la lutherie des guitares électriques. Petite précision, les micros ne tiennent pas la route pour du métal et tout ce qui demande un son hyper saturé.
Voici les sons réalisés avec un ampli The Valve 2|50–1 branché dans notre Two Notes Torpedo VB-101 lui même branché dans notre RME Audio FireFace 800.