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Test de la Kala UBASS-SMHG-FS - Nabot technologie

8/10

Avant que le chien de ma voisine ne fut tout à fait nuisible et moche, c’était un chiot assez cabot, avec ses grands yeux et sa petite truffe noire.

Un jour, sa maîtresse s’est cassé la jambe en tombant de son scoo­ter et comme je suis un chic type, je me suis impro­visé prome­neur de chien pendant quelques jours. Et là, j’ai décou­vert un truc formi­dable : dans le cerveau des gens et tout parti­cu­liè­re­ment des femmes, tout ce qui est petit est mignon : même avec Brad Pitt au bout d’une laisse, on aurait moins de succès qu’avec un chiot. Alors je me suis dit : tiens, puisque tu n’as pas de cabot et que tu n’en veux pas, ça vaudrait le coup d’es­sayer avec une mini basse. Car après tout, elle reste la meilleure amie de l’homme que tu es. Et comme depuis quelque temps, on voit une compa­gnie qui grimpe sur ce créneau, voilà une belle oppor­tu­nité de tester ce que propose la marque Kala. Je vous propose donc le premier test d’un modèle élec­tro-acous­tique fret­less qui sera suivi par sa sœur en solid body fret­tée.

Basse-partout

Pour ce qui est de ses origines, la Ubass est le fruit de l’as­so­cia­tion de deux compa­gnies améri­caines : la compa­gnie Road Toad Music, qui en proposa le concept et la société Kala Brand Music Co qui se charge de sa produc­tion. Les deux marques œuvrent sur le même front, en se concen­trant sur le marché du ukulélé à des échelles diffé­rentes : Road Toad Music étant un atelier de luthe­rie (installé en Cali­for­nie), tandis que Kala produit en série, à l’in­ter­na­tio­nal (la société est cali­for­nienne, mais sa produc­tion est à la fois améri­caine et asia­tique). 

Contrai­re­ment à ce que l’on peut penser, le ukulélé n’est pas natif de l’ar­chi­pel d’Ha­waï : il ne descend pas du coco­tier, mais débarque bien d’un bateau en 1879. Cette année-là, trois émigrés de Madère mettent pied à terre sur les îles Sand­wich (l’Ha­waï actuel) pour culti­ver la canne à sucre. Ils ont emporté avec eux leurs chan­sons et leur instru­ment tradi­tion­nels qu’ils appellent cavaqui­nos (ou braguinha) : ce sont en fait de petites guitares portu­gaises, équi­pées de quatre cordes (accor­dées en RE-SOL-SI-RE). Les trois musi­ciens exilés sont aussi ébénistes de forma­tion et quand ils ne sont pas aux champs, ils passent le temps à repro­duire leur braguinha avec une essence de bois locale, le koa. La braguinha devien­dra ukulélé sur cet archi­pel, mais gardera son nom au Brésil où elle sera aussi adop­tée. Inté­gré à ce nouveau folk­lore, l’ins­tru­ment devien­dra vite un phéno­mène popu­laire. Il se vendra sur tous les conti­nents, pour quelques deniers, durant ses cent trente-cinq prin­temps. Aujour­d’hui, il connait un nouveau succès qui permet à une compa­gnie comme Kala de vendre plus de 300 000 unités, avec un chiffre d’af­faires de plus de quinze millions de dollars, rien que pour l’an­née dernière. La UBASS est une descen­dante directe du Ukulélé : son concep­teur Owen Jones Keoho­lau­ma­kani est un luthier d’ori­gine hawaïenne installé en Cali­for­nie. Il y fabrique arti­sa­na­le­ment des instru­ments tradi­tion­nels poly­né­siens vendus sous sa marque (Road Toad Music) et en 2002, il arrive avec un nouveau concept qui se résume à une basse acous­tique au format d’un ukulélé, montée avec des cordes en poly­uré­thane. L’ins­tru­ment est promet­teur, mais le luthier a besoin de moyens de produc­tion supplé­men­taires. Il rencontre Mike Upton, le fonda­teur de la société Kala en 2007. Ce dernier, qui est bassiste, est emballé par ce qu’il voit et entend. 

Cette asso­cia­tion, toujours d’ac­tua­lité, abou­tira aux instru­ments que je vais tester pour vous.

Lancé de mains

Kala UBASS-SMHG-FS

Sa housse est un poil plus grande que celle d’une raquette de tennis : ainsi, tout de nylon vêtue, cette basse a le mérite de se vendre dans un écrin parfai­te­ment prévu pour sa taille. Et suffi­sam­ment rembourré pour préve­nir des moindres inci­dents de la route, mais dans le fond, cela reste un soft­bag et il ne fera pas de miracles en cas d’im­pact lourd ou d’écra­se­ment. Cela me fait penser que si la Kala avait la bonne idée de propo­ser des étuis rigides adap­tés (façon violon), sa clien­tèle n’hé­si­te­rait pas à inves­tir dans cet acces­soire. Un beau geste tout de même, qui évitera à un paquet de monde d’écu­mer les maga­sins de musique avec un mètre à la main. 

Cette mini-basse a la forme d’une Dread­nought minia­ture : corps en acajou et table en épicéa pour ce modèle, qui se propose en sept décli­nai­sons au cata­logue de la marque. Celui-ci est de facture chinoise et pour le coup, après l’avoir retourné (assez faci­le­ment) dans tous les sens pour le flin­guer du regard sous toutes ses coutures, je peux affir­mer que le travail d’as­sem­blage et de fini­tion est bien effec­tué. Toutes les jonc­tions sont propres, les collages et assem­blages sont bien réali­sés, tout comme le binding qui accom­pagne les lignes de l’éclisse. L’usi­nage du cheva­let en palis­sandre est d’un bel aspect, la touche égale­ment, qui ne souffre pas de défauts de visu. Les méca­niques ont tout d’un kit Hipshot Ultra­lite, sauf l’es­tam­pillage. Je soulève ce point avec un léger le sourire machia­vé­lique, je déve­lop­pe­rai la chose dans le test suivant et laisse de ce fait un certain suspense opérer…

Kala UBASS-SMHG-FS

Le seul bémol que j’ai envie de vous jouer, concer­nant la réali­sa­tion de cette basse, décrira la teinte de l’ar­rière de la tête de manche, dont les deux tiers sont plus clairs que le reste de la pièce (voir photo). Ça ressemble presque à une vilaine trace de bron­zage et il semble que cette déli­mi­ta­tion suive le sand­wich de la tête de manche, qui comprend un filet supplé­men­taire, proba­ble­ment une couche d’épi­céa ou d’érable. J’ai véri­fié sur plusieurs modèles, sur le net et en maga­sin et ça n’est pas un cas isolé. Le manche est bien pourvu d’un truss rod, acces­sible par la rosace. Chose à la fois origi­nale et pratique, l’ar­rière du corps comprend une trappe aiman­tée, pour accé­der faci­le­ment aux connexions du jack (qui fait aussi attache-cour­roie) et à celles du cheva­let. L’idée est vrai­ment bien­ve­nue. Il est juste dommage que l’un des deux aimants qui équipent la plaque ait été mal collé sur ce modèle-ci, empê­chant cette dernière de bien s’ajus­ter sur le corps. Cela crée un petit décro­chage qui se sent vrai­ment sous les doigts. On dit merci quand même, en espé­rant que ce second et dernier défaut ne soit pas une série. 

La taille compte

La Ubass mesure 75 centi­mètres de long pour 26 de large. Son sillet affiche 4,6 centi­mètres de long et la largeur de la touche à la douzième case atteint les 5,6. J’ai aussi mesuré l’in­ter­valle entre les cordes et pour vous en donner un aperçu, je vous laisse ce petit tableau : 

Sillet

XIIe case

Cheva­let

8 mm

12 mm

18 mm

Kala UBASS-SMHG-FS

On obtient un instru­ment dont le diapa­son ne dépasse pas les 21 pouces, soit 53 centi­mètres et qui descen­dra aussi bas qu’une clas­sique quatre cordes. Pour ce qui est du poids, ma balance de cuisine affiche 1120 grammes, un chiffre qui reste propor­tion­nel à la taille plus que réduite de la UBASS.

Cette petite élec­tro-acous­tique est vendue avec un seul attache-cour­roie, prévoyant par déduc­tion que l’autre partie de votre sangle vien­dra s’at­ta­cher derrière le sillet, autour de la tête de manche. 

À voir s’il est possible d’uti­li­ser une sangle de guitare clas­sique (atta­chée par la rosace), ce qui m’ap­pa­rait comme le moyen le plus pratique de jouer de la UBASS debout, pour qui n’au­rait pas les propor­tions d’un cow-boy nain. 

Préam­pli assorti

Kala UBASS-SMHG-FS

Cette basse est équi­pée d’un kit Shadow SHNFX EQ-T, conçu spécia­le­ment pour les ukulé­lés. Il comprend un préam­pli qui fait accor­deur (et cela n’est vrai­ment pas un luxe, voir plus bas…), propo­sant un volume et une tona­lité. Le capteur, baptisé Nano­flex par la marque, a la parti­cu­la­rité de prendre en compte l’en­semble des vibra­tions de l’ins­tru­ment et pas seule­ment celles du cheva­let. 

Démons­tra­tion sonore à l’ap­pui, vous pouvez y entendre une série de coups donnés sur la UBASS bran­chée avec le gain du préam­pli à fond : cinq coups sur la table d’har­mo­nie par endroits diffé­rents, puis quatre sur l’éclisse, trois sur le cheva­let, deux sur son sillet. Je finis par toucher un peu les cordes pour que vous puis­siez entendre l’ef­fet produit et termine ce formi­dable témoi­gnage audi­tif en parlant devant le cheva­let. Pour le détail, les prises ne se font qu’avec la sortie préamp pour ce test. Ce dernier est alimenté par deux piles de 3 V, format assez inha­bi­tuel, mais rendu bien commode par ses propor­tions. 

00:0000:00

Si la volonté, fort louable, de la compa­gnie Shadow à conce­voir un tel micro vise à sortir le piezo de ses retran­che­ments, en se servant des vibra­tions de tout l’ins­tru­ment pour appor­ter une dimen­sion plus « acous­tique » de son ampli­fi­ca­tion, l’uti­li­sa­teur devra adap­ter son jeu une fois bran­ché.

Car tout s’en­tend dès que l’on pousse le gain de cette basse : votre bras sur l’éclisse, le moindre frot­te­ment sur les cordes (les vibra­tos sont du coup moins aisés) ou un choc sur la table, même léger. 

Chewiiiiiiiing

C’est bien la sensa­tion du poly­uré­thane, quand on s’en sert pour faire des cordes. On en use aussi pour faire toute sorte de maté­riaux : de la mousse pour l’iso­la­tion, des durites, du revê­te­ment pour les gants de jardin et même, pour les prothèses mammaires. C’est pratique et ça rime avec élas­tique, du coup on peut tendre ses cordes sur un petit diapa­son, suffi­sam­ment pour qu’elles envoient du bas sans plier le manche. Mais sous les doigts, comment vous dire… Il faut s’y faire ! Les diamètres sont sensi­ble­ment les mêmes, mais c’est souple et mou, comme du caou­tchouc !

Kala UBASS-SMHG-FS

Le premier ennemi qui guet­tera votre main gauche reste le bending, souvent intem­pes­tif, provoqué par la nature très souple de la corde : vous jouez la note et sans vous en rendre compte, par excès de pres­sion du doigt (il suffit d’ap­puyer norma­le­ment pour en faire trop), vous êtes faux. 

Second phéno­mène désa­gréable dû à cette matière : elle a tendance à accro­cher sous les doigts de la main gauche, tant et si bien qu’elle peut se torsa­der si on appuie trop fort, pour repar­tir comme un ressort. Et le dernier, parce que j’en ai un peu bavé et que je me venge en insis­tant bien : on passe son temps à rouler des méca­niques sur la UBASS ! Et au sens propre, puisque les cordes élas­to­mères demandent à être accor­dées régu­liè­re­ment. Et quand j’écris ça, ma plume reste modéré ! En fait, depuis que j’ai ces deux basses à la maison, je passe mon temps à les accor­der et comme il faut dix tours de méca­nique au lieu d’un pour arri­ver à la bonne tension, cette céré­mo­nie réglée en heures cano­niales finit par deve­nir réel­le­ment labo­rieuse. Tant que l’on joue, cela va encore, mais une fois que l’ins­tru­ment est posé pour quelques dizaines de minutes, il faut se résoudre à l’ac­cor­der de nouveau. Il y a tout de même un dénoue­ment posi­tif à noter : il y a une semaine j’avais au moins un ton à embo­bi­ner et depuis peu, l’ins­tru­ment ne descend que d’un demi-ton. Il est donc possible que ces cordes puissent se détendre et se stabi­li­ser. Consta­tant cela, il est vrai­ment appré­ciable de pouvoir profi­ter d’un accor­deur inté­gré, qui n’a vrai­ment rien d’un luxe !

Ya Kala faire sonner !

Kala UBASS-SMHG-FS

Le titre est vendeur, mais ce qui va suivre l’est moins ! Et la faute est, je pense, au piètre ukulé­liste que je suis. J’ai beau jouer fret­less depuis plus de dix ans, j’ai bien eu du mal à rester juste sur un tel manche et il fut aussi dur d’évi­ter certains para­sites causés par ma main gauche ou mon bras droit.

Vous risquez, par exemple, d’en­tendre comme le clapo­tis d’une vague ou un son de fric­tion : pas la peine de véri­fier vos connexions ou d’ac­cu­ser votre casque, ça vient bien de mes prises ! Pour ma défense, je n’ai que deux semaines de pratique et pour me conso­ler, on pourra dire que ces extraits vous présentent aussi les choses à éviter : vibra­tos trop amples, pres­sion exces­sive de la corde sur la touche et surtout les frot­te­ments sur le poly­uré­thane. Je vous soumets trois pistes, prises avec la UBASS bran­chée direc­te­ment dans mon UR22. pour chacun des extraits, j’ai ajouté une version avec un compres­seur. Je n’ai pas l’ha­bi­tude de le faire, mais comme j’ai constaté qu’il y avait une diffé­rence de volume entre les cordes (le LA et le RE sonnent légè­re­ment moins fort que le MI et le SOL), je tenais à vous faire entendre la diffé­rence une fois que le signal est compensé. 

1 Tone 2 No comp
00:0001:18
  • 1 Tone 2 No comp 01:18
  • 2 Tone 2 + compres­sion 01:18
  • 3 Tone 4 No comp 00:36
  • 4 Tone 4 + compres­sion 00:36
  • 5 Tone 8 No comp 01:03
  • 6 Tone 8 + compres­sion 01:03

Paren­thèse acous­tique

Non content de ne pouvoir vous faire jouir d’un enre­gis­tre­ment acous­tique, faute de micro correct pour le faire, je peux vous racon­ter mon expé­rience person­nelle lors d’un bœuf impro­visé chez un ancien voisin, qui est vrai­ment tombé de scoo­ter et se retrouve en conva­les­cence avec son banjo et sa Martin pendant un mois. Je dédi­cace d’ailleurs cet article à son genou droit !

Kala UBASS-SMHG-FS

Parce qu’une UBASS peut s’em­por­ter n’im­porte où, pour jouer avec qui on veut et dès que l’on peut. C’est ce que je me disais en tout cas en partant de chez moi avec ma petite housse dans le dos : je vous épargne le chapitre du gars un poil décon­te­nancé, qui est bassiste depuis vingt ans et qui se retrouve complè­te­ment paumé devant un tel instru­ment (je l’avais reçue depuis peu et il faut vrai­ment s’y faire). Je tiens juste à affir­mer qu’il est possible de jouer avec un guita­riste (mon ami est équipé d’une Martin 000–15 en acajou), si ce dernier n’est pas trop énervé et que votre cerveau peut combler certains manques. Car les fréquences les plus basses et notam­ment la corde de MI, peuvent avoir des carences en volume. Avec un guita­riste modéré dans son jeu, la possi­bi­lité de l’ac­com­pa­gner non bran­ché est donc envi­sa­geable, sans forcé­ment être tout à fait confor­table.

Adopte une naine ?

Parfai­te­ment atta­chante pour les grands enfants que nous sommes, la UBASS est un instru­ment vrai­ment sympa à avoir sous la main : avec des propor­tions et un poids qui la rendent toujours dispo­nible et facile à bala­der (avec ou sans lais­se…). Pas forcé­ment facile à maîtri­ser et encore moins pour quelqu’un qui aurait ses habi­tudes, elle consti­tuera un achat pratique pour qui veut s’y habi­tuer et s’amu­ser avec. Pour ma part, j’au­rai du mal à en faire un usage plus sérieux : sur scène comme en studio, je serai toujours plus enclin à me servir de mes stan­dards à grand diapa­son. 

Mais je sais que cette mini-basse en a déjà convaincu plus d’un. À voir si l’ac­ces­soire est à la hauteur du prix. Il frôle tout même les 480 € (un modèle tout acajou s’offre à 390 €), un budget qui reste au-dessus de ce que propose Höfner ou Greg Bennet en petit diapa­son, mais qui corres­pond à la concur­rence acous­tique, notam­ment chez Ortega avec la série Lizard. Je vous dis à très bien­tôt, ne ratez pas le test suivant qui vous contera fleu­rette sur l’autre UBASS, toute aussi naine, mais tout à fait pleine et parée de quelques frettes sur le manche. 

  • Kala UBASS-SMHG-FS
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Notre avis : 8/10

  • Elle est trop mignooooone ! (c’est ma fiancée qui le dit)
  • Bien conçue et bien finie
  • Vendue avec la housse
  • ça change et cela fait du bien, musicalement
  • Je n’aime pas jouer sur du caoutchouc
  • N’existe pas en gaucher
  • pénible et laborieuse à accorder
  • Le prix qui n’est pas proportionnel à la taille

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