Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
15 réactions

Test de la Big Al de MusicMan - Big Al met le paquet

Ne s’endormant pas sur ses lauriers, la compagnie californienne prend un nouveau pari avec cette étrange 4 cordes baptisée BIG AL. En plus d’un changement de formes, qui s’éloignent définitivement des classiques Sterling et Stingray, Music Man mise aujourd’hui sur un changement radical de fond. En quoi cela résulte précisément ? C’est ce que nous allons voir…

Et bien pour faire simple, la BIG AL propose une petite révo­lu­tion en soi : une élec­tro­nique active /passive ! Et pas des plus basiques, car équi­pée d’une véri­table tona­lité passive. La chose restant encore trop rare sur le marché, on est intri­gué de voir un tel système s’em­barquer sur un instru­ment de cette marque. Il est vrai que la Bongo, à son époque (2003), avait fait sensa­tion par son design et plus discrè­te­ment par son égali­sa­tion 4 bandes. Mais rien ne lais­sait présa­ger la sortie d’une basse équi­pée essen­tiel­le­ment en simples bobi­nages et s’of­frant aux tradi­tion­nelles joies du passif. Détaillons quelque peu le phéno­mène.

 

Un nouveau design pas vrai­ment récent

 

 

MusicMan Big Al
J’en vois déjà se poser un petit paquet de ques­tions, tout en obser­vant les contours de cette basse : Pourquoi ces formes taillées à la serpe ? À quoi peuvent bien servir tous ces contrôles ? Mais qui diable est BIG AL ?

 

 

Voici les réponses livrées pour vous dans le désordre. L’ori­gine du nom de cette quatre cordes vient de la guitare élec­trique dont elle s’ins­pire : la signa­ture Albert Lee (NDLR : et non pas Jean-Malie Big Al). Qui comme vous le savez n’est pas bassiste mais bien un guita­riste de coun­try et de Blues. Est-ce parce que ce musi­cien était tombé amou­reux des formes angu­leuses d’un proto­type dessiné en 1987 puis commer­cia­lisé sous son nom dès 1993, que la marque accouche aujour­d’hui d’une version basse, bapti­sée affec­tueu­se­ment d’un dimi­nu­tif du prénom de l’ar­tiste ? C’est diffi­cile à dire, mais on est au moins sûrs d’une chose : l’as­pect géné­ral de l’ins­tru­ment reprend les traits de son aînée à six cordes. Et c’est un choix périlleux que fait la marque. Car  si ces formes ne passent pas inaperçues, ça n’est pas pour fédé­rer l’avis de tous.

 

Je résu­me­rais assez faci­le­ment les subjec­tives quali­tés esthé­tiques de la BIG AL en géné­ra­li­sant les avis que j’ai glanés ici et là : D’une tendance assez bipo­laire, on adore ou on déteste cette basse dès qu’on l’aperçoit. Je laisse le soin aux lecteurs de se faire un avis sur la ques­tion, trou­vant ce mélange d’ar­ron­dis et d’angles acérés un peu exces­sif à mon goût, avec son côté glam milieu des années 80.

 

Mais lais­sons de côté ce juge­ment intime, pour abor­der les spéci­fi­ci­tés tech­niques et bien objec­tives de cette inso­lite 4 cordes.

 

Du tout au tout, avec un petit air de famil­le…

 

 

MusicMan Big Al
Le manche est le même que celui qui équipe la Ster­ling. Avec, sur cette version, un dos et une touche en érable. Ses largeurs feront le bonheur des petites pognes : seule­ment 38 mm au sillet (plus fin qu’une Jazz Bass) et 63,5 mm à la dernière frette. C’est donc un manche qui offre un diffé­ren­tiel impor­tant entre sa première et sa vingt-deuxième et dernière frette.

 

Comme son dos reste à la fois épais et rond sous le pouce, on se retrouve avec une finesse permet­tant une expres­sion facile des doigts, sans perdre de la matière. Ce qui conforte un jeu puis­sant. En complé­ment, le radius de la touche est plat (11 pouces). Il est commun à celui de la bongo et de la Ster­ling. Pour ceux qui ne sont pas fami­liers de la marque, je préci­se­rai qu’il est sensi­ble­ment plus plat que sur une Préci­sion Bass (10 pouces). Pas forcé­ment habi­tué à ce type de manche, j’ai vite appris à l’ap­pré­cier. Toute forme de jeu y étant acces­sible et la réponse de l’érable propo­sant à la fois préci­sion et percus­sion.

 

Si ce manche n’a rien de vrai­ment origi­nal au sein du cata­logue de la marque, il n’en va pas de même du bois qui fonde le corps de la bête : un acajou d’Afrique. Une essence d’or­di­naire rare chez Music Man qui lui préfère de manière géné­rale les bois plus denses ou dyna­miques comme le frêne euro­péen, l’Aulne ou le tilleul. D’une signa­ture sonore moins tran­chée dans les aigus, l’acajou ouvre la voie vers des fréquences graves étof­fées et une jolie traduc­tion des bas médiums. De quoi adou­cir certains angles là où la marque affir­mait jusqu’alors son carac­tère (avec sa nette tendance pour les sons creu­sés dans leur courbe, entre les aigus et les graves). La jonc­tion entre le corps et le manche se fait via cinq vis ; le talon du manche voit l’ac­cès du bas de sa touche faci­lité par un contour travaillé de son point d’at­tache.

 

 

MusicMan Big Al
Le poids géné­ral de l’ins­tru­ment est, de quelques dizaines de grammes, plus léger qu’une Stin­gray, soit 4,20 kilos. Côté accas­tillage, rien que du clas­sique : des méca­niques Schal­ler qui équipent le manche, au gros cheva­let stan­dard de la marque. Le réglage du Truss-Rod se fait aussi simple­ment que sur toutes les autres basses Music Man.

 

 

À la première prise en main, on appré­cie de suite les vertus d’un manche ergo­no­mique. La forme pronon­cée du corps permet tout de même un jeu équi­li­bré, sans risquer de voir le bout du manche piquer du nez, une fois que l’on est sanglé à la basse. Jouer assis est tout aussi confor­table.

 

Cepen­dant, il reste un détail qui me chif­fonne : malgré une fini­tion géné­rale irré­pro­chable, je sens les frettes dépas­ser légè­re­ment le bord de la touche et mordre quelque peu le bout de mes doigts sous la corde de Sol, à partir de la douzième case. Cela implique deux choses : soit le bois de la touche a bougé plus que prévu en se resser­rant, soit les frettes ont été mal limées.

Dans les deux cas et pour le prix d’un tel instru­ment (plus de 2500 €), je trouve cela un poil contra­riant pour l’ache­teur poten­tiel. Même si la sensa­tion est légère et que ce défaut n’a rien d’ir­ré­mé­diable (un aller-retour de lime à frettes suffira à le faire oublier).

 

Finis­sons le descrip­tif physique et acous­tique de l’ins­tru­ment par un point posi­tif : la taille du sillet (qui n’a rien d’un détail). Les cordes sont soli­de­ment ancrées à leur port d’at­tache, peu de chance de les faire sortir de leur loge. J’ap­pré­cie aussi la taille de cette pièce dont l’ajus­te­ment semble parfait. Reste à voir si ce juge­ment reste posi­tif après maintes utili­sa­tions de l’ins­tru­ment et ses multiples accor­dages corol­laires.

 

Au-dessus de l’usine à gaz

 

 

MusicMan Big Al
Non content de monter exclu­si­ve­ment (et pour la première fois) du simple bobi­nage sur une basse de la marque (jusque-là le simple bobi­nage venait toujours complé­ter dans les graves un pavé double), les concep­teurs ont poussé encore plus loin l’ori­gi­na­lité jusqu’à équi­per son élec­tro­nique d’un système passif.

 

 

Comme je l’ai annoncé un peu plus haut, on dispose même d’une authen­tique tona­lité passive et donc d’un réglage tradi­tion­nel exhaus­tif, sans préam­pli. Là où la plupart des marques se contentent d’une simple issue de secours à la mort d’une pile, par l’al­ter­na­tive d’un mode passif propo­sant unique­ment volume et balance ; Music Man s’adresse main­te­nant aux véri­tables amateurs de sons stan­dards et des correc­tions qui vont avec.

 

Trois micros simples sont donc dispo­sés sur la table d’har­mo­nie, en posi­tion aiguë, médiane et grave. Trois des quatre switchs permettent de commu­ter ses micros (pas de balance rota­tive), tandis que le dernier permet d’ac­ti­ver le préam­pli et l’éga­li­seur quatre bandes (4 Potards concen­triques contrô­lant respec­ti­ve­ment les graves, bas médiums, hauts médiums et les aigus).

 

 

MusicMan Big Al
Il est donc possible d’ac­ti­ver indé­pen­dam­ment chacun des micros, de les appai­rer en paral­lèle (trois combi­nai­sons possibles), d’uti­li­ser les trois simul­ta­né­ment toujours en paral­lèle (en enfonçant les trois switchs) et enfin, de monter en série le micro aigu et celui du milieu (en n’en­fonçant aucun des trois switchs).

 

 

Pas évident de décrire le fonc­tion­ne­ment d’une telle usine à gaz : rien qu’en utili­sant exclu­si­ve­ment les quatre switchs mis à dispo­si­tion, il est possible d’ob­te­nir jusqu’à seize combi­nai­sons diffé­rentes ! Un bon schéma valant parfois une armée de mots, je vous laisse un lien bien­veillant pour votre enten­de­ment.

 

Il est impor­tant de noter que l’ali­men­ta­tion se fait en 18 volts et que l’ac­cès aux piles est des plus simples (pas de tour­ne­vis). Un loge­ment ergo­no­mique des batte­ries qui se fait parfois au détri­ment de sa durée de vie : ce genre de boîtier est bien pratique, jusqu’au jour maudit où on le bousille en chan­geant les accus (les amateurs de chat­ter­ton savent de quoi je veux parler). Les contrôles sont d’une qualité tangible, il suffit de tour­ner un potard ou d’ap­puyer sur un des push-push pour ressen­tir physique­ment ses quali­tés intrin­sèques.

 

Avant de bran­cher cet instru­ment, je reviens vite fait sur les micros embarqués : bien que d’un format simple, il s’agit bien de bobi­nages humbu­cker montés autour d’ai­mants en céra­mique. Le détail est impor­tant puisqu’il permet­tra de s’épar­gner les divers para­sites et autres nuisances, propres aux micros simples stan­dards.

 

Cette paren­thèse étant close, passons aux choses sérieuses en faisant trem­bler moult murs.

 

Singu­lière mais dans le son, pas si diffé­ren­te…

 

 

MusicMan Big Al
Béné­fi­ciant de plus de temps que d’or­di­naire afin de réali­ser ce banc d’es­sai, j’ai pu bran­cher la Big Al un peu partout. Sur mon Line 6 ména­ger de 80 watts (tranqui­lou chez moi), sur ma tête Acous­tic image et mon enceinte Epifani (lors d’une répé­ti­tion hebdo­ma­daire) et enfin à la rédac­tion sur un système Rebel Head de TC Elec­tro­nic (le maté­riel que nous avons utilisé pour enre­gis­trer les extraits sonores qui suivent).

 

 

Autant dire que sur ce coup-là, mon avis a bien pris le temps de mûrir avant d’être couché sur le papier. Je vais donc me concen­trer sur toutes les confi­gu­ra­tions qui s’offrent à moi, afin de souli­gner les plus perti­nentes d’entre elles.

 

Tout d’abord le son passif, ma curio­sité majeure pour cette marque. Comment sonne une Music Man sans son préam­pli ? Le légen­daire Léo n’a pas conçu la première Stin­gray en 76, soit quatorze ans après la Jazz Bass, pour rien. C’était le préam­pli de l’époque qui faisait alors diffé­rence avec la concur­rence. Un succès distin­gué par un dyna­misme sonore qui charma toute une géné­ra­tion Funky de slap­peurs invé­té­rés.

 

Comment va se défendre ce nouveau modèle qui exploite une solu­tion élémen­taire, pour­tant jamais propo­sée sur son cata­logue depuis main­te­nant 30 ans ? En soi pas si mal, puisque le tout fonc­tionne plutôt bien, sans pour­tant casser la baraque. Les trois micros proposent des tendances bien distinctes malgré des compo­santes iden­tiques. J’aime bien le grain du micro médian, car il complète assez bien les deux extrêmes tout en propo­sant à lui seul, un son assez origi­nal. De manière indé­pen­dante et un peu déce­vante, je dirai que le micro aigu seul n’offre pas les bas médiums moel­leux d’un clas­sique micro Jazz Bass, il a un carac­tère un peu plus brillant et fluet avec une défi­ni­tion quelque peu caver­neuse.

 

 

MusicMan Big Al
Le micro grave utilisé seul est aussi légè­re­ment creux dans sa défi­ni­tion, ça manque de rondeur primaire et il y a l’em­preinte distincte de haut médium dans son spectre.

 

Même utilisé en paral­lèle avec le micro médian, il n’at­teint pas l’ef­fi­ca­cité d’un bon vieux micro préci­sion. La confi­gu­ra­tion que je préfère en passif reste donc l’as­so­cia­tion du micro aigu et du micro médian en série (tous les switchs off) : le son devient alors plus étoffé et moins étriqué du fait du montage en ligne et permet un jeu sympa aux doigts, qui passe à peu près partout.

 

L’ef­fet de la tona­lité passive est aussi bien plus évident sous cette confi­gu­ra­tion. Quand on passe en Actif, le préam­pli et son égali­seur remplissent et défi­nissent le son à souhait. Les quatre bandes fonc­tionnent avec brio et les possi­bi­li­tés qui s’offrent au posses­seur d’une BIG AL semblent parti­cu­liè­re­ment larges. Même si elle offre un look assez rétro et Rock, cette basse une fois acti­vée se prêtera à tous les styles de jeu (doigts, média­tor ou slap) et fera oublier les petites carences du son en mode passif.

 

On pourra peut-être lui repro­cher une dyna­mique un petit peu raide et un léger manque de souplesse. Consi­dé­rant les plots de 9,5 mm qui équipent tous ses micros, bien recon­nus pour ne pas faire dans la dentelle. Je serai par ailleurs extrê­me­ment curieux d’en­tendre la belle équi­pée de plots stan­dards.

 

Mais c’est avant tout une MUSIC MAN, on ne donc peut lui repro­cher son excès de vita­lité! Il est donc néces­saire de rela­ti­vi­ser. L’as­so­cia­tion du micro aigu au micro médian est encore plus appré­ciable en actif (aussi bien en slap qu’aux doigts) et en cutant et boos­tant où il faut, on obtient vite un gros son bien lourd.

actif manche
00:0000:32
  • actif manche00:32
  • actif trois micro en paral­lel01:01
  • actif cheva­let et milieu en serie 200:32
  • passif serie cheva­let et milieu00:34
  • passif micro milieu00:30
  • passif serie cheva­let et milieu slap00:34
  • passif micro manche 200:31
  • passif cheva­let00:31
  • passif les trois micros en paral­lele00:28
  • actif cheva­let et milieu en serie01:04
  • actif cheva­let EQ avec pic medium et grave00:39
  • passif serie cheva­let et milieu aigus00:26
  • actif slap cab 2×12 beta 5200:28
  • actif grave et aigus a fond cheva­let et milieu00:46

 

Conclu­sion

 

 

MusicMan Big Al


Vendue 2779 € (prix public conseillé) dans son bel étui ther­mo­formé, le tarif de la BIG AL ne faci­li­tera pas son succès, puisqu’elle reste 20% plus chère qu’une Stin­gray. À la vue des inno­va­tions qu’elle propose, l’écart de prix paraît justi­fié. Mais sa forme, comme son concept imposent un certain défi, au regard d’une clien­tèle fidé­li­sée par les grands clas­siques de la marque. Trente ans de lignes et de signa­tures sonores adop­tées par plusieurs géné­ra­tions de bassistes ne cède­ront pas la place faci­le­ment. Vous l’au­rez donc compris, la BIG AL s’adresse sans aucun doute à une certaine élite. Gageons cepen­dant que l’élec­tro­nique active/passive, intro­duite ici, a un avenir certain chez ce fabri­cant de légende.

 

 

 

  • Le manche franchement facile à jouer, sous toutes ses coutures
  • L’ergonomie générale de l’instrument, assis comme debout
  • Le changement, parce qu’il ne nous fait pas peur
  • Le sillet
  • L’actif /passif avec sa tonalité passive
  • L’égalisation en 4 bandes
  • La variété des sons obtenus en actif
  • Le Design, pour ceux qui aiment
  • Le design, pour ceux qui n’aiment pas
  • Les frettes qui sortent légèrement de la touche (quel dommage)
  • Le peu de caractère du son en passif

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre