Quasi exhaustive, la Komplete ne manquait pas de belles références en matière de basses virtuelles, notamment grâce à son partenariat avec Scarbee. Cela n’empêche pas l’éditeur de nous proposer une nouvelles série de basses virtuelles nommée Session Bassist et dont Prime Bass est la première représentante.
Le nom de la série ne laisse aucun doute sur son origine : après les Session Guitarist déclinés en acoustique comme électrique, Drumasonc s’attaque donc à la basse en reprenant les ingrédients qui ont fait le succès des guitares, que ce soit du point de vue des fonctionnalités comme de l’ergonomie. On se retrouve ainsi avec un instrument qui propose à la fois des grooves prêts à l’emploi et un sampling note à note, le tout reposant sur le sampling d’une Fender Precision Bass des années 80. De quoi envoyer les vieilles Scarbee à la retraite ? C’est ce qu’il s’agit de vérifier sachant que si ces dernières ont en effet vieilli en regard de ce qui est sorti sur le marché depuis, elles n’en restent pas moins très pertinentes vu leur âge…
Prime time
Occupant plus de 8 Go sur le disque dur, Prime Bass offre une approche très différente de ce qu’a pu proposer Scarbee avec la Pre-Bass (3 Go) et la Pre-Bass Amped (12 Go). Pas question ici de proposer l’échantillonnage de la basse au travers de différents vrais amplis comme avec la Pre-Bass Amped : on s’en tient à la DI qui sera ensuite amplifiée virtuellement via la section d’effets du logiciel.
Contrairement à Scarbee, Drumasonic complète en revanche la captation de l’instrument via deux micros dont ni le modèle ni le positionnement ne sont documentés… À l’usage, disons que ces derniers permettent de monter les bruits de doigts et de frets, un peu comme si on avait braqué un couple de statiques sur le manche. Cela ramène un côté bruitiste que certains adoreront car il donne l’impression d’avoir la bassiste en face de soi, mais cela n’intéressera pas ceux qui cherchent juste une basse propre et se satisferont de la sortie DI uniquement. Gageons en tout cas qu’en marge de la section d’effets du logiciel, il est facile de se bricoler son petit mix à soi entre ces trois sources, d’autant qu’on peut distordre la DI, mais aussi définir le niveau de bruit, l’accordage plus ou moins juste et l’étouffement…
Au delà de ça, on notera l’énorme avantage par rapport à Scarbee de disposer dans le même instrument d’une basse jouée au doigt et au médiator (Scarbee n’avait samplé que le jeu au doigt sur le Pre-Bass), le slap étant lui aussi de la partie…
Mais la différence va bien au-delà de ce détail car si Scarbee se contentait de nous proposer une basse virtuelle, c’est un bien un bassiste que nous propose Drumasonic. Et un bassiste qui groove !
Entre dans l’arène, bassiste !
Il y a en effet deux grandes façons d’utiliser Prime Bass : soit dans sa version Melody comme une basse samplée, soit comme un bassiste virtuel dans sa version de base. Vous attendent en effet dans cette dernière plus de 350 patterns et phrases prêts à l’emploi, en sachant que vous disposez de possibilités pour personnaliser ces dernières.
La première bonne surprise de tous ces grooves proprement classés par genre comme par signatures rythmiques, c’est qu’on se retrouve avec de quoi aborder quantité de styles musicaux, du rock au funk en passant par le métal, la pop, la soul ou le reggae, et que ça sonne bien comme vous pouvez l’entendre :
- FUNKslap00:19
- PRIMEsoul00:41
- PUNKsolo00:42
- PUNKrock00:48
Et Prime Bass est d’autant plus polyvalent qu’il est très simple de se bâtir une ligne de basse rien qu’à soi, un passant d’un groove à l’autre en cours de pattern et en jouant sur la transposition comme sur les différents paramètres : Impact (pour attaquer plus ou moins les cordes, contrôler à la molette de pitch), les attendus humanisation et swing, mais aussi Feel qui permet de définir si le bassiste marque plus au moins sur le temps ou le contre-temps. Précisons que comme pour les guitares, les grooves peuvent être transposés via l’octave dédiée sur le clavier avec plus ou moins de lattitude suivant les cas. On s’en sort toutefois toujours harmoniquement avec la possibilité de commuter n’importe quel groove en « One-note only »… On dispose même, et c’est nouveau, de la possibilité d’exporter le groove en MIDI via un simple Drag & Drop vers une piste du séquenceur pour l’éditer ! Enfin, ça c’est sur le papier car dans les faits, c’est un peu plus complexe que cela…
MIDI ou presque…
En effet, pour ce qui concerne les grooves déjà présents, il est à noter que ces derniers ne sont pas comme dans le EZbass de Toontrack de « vrais » clips MIDI. L’export d’un groove donne lieu en effet à une suite de notes MIDI à la vélocité minimum qui ne servent qu’à interagir avec la transposition des slices du groove de base : de fait, impossible de changer vraiment de fond en comble un groove proposé par le logiciel, et notamment sur ce qui concerne le placement temporel des notes… Par ailleurs, on a souvent plusieurs notes dans une même slice, de sorte qu’on se rend vite compte que même du point de vue tonal, l’édition a ses limites…
Cette semie-déception est toutefois compensée par la version Melody de l’instrument qui comme sur les guitares de Session Guitarist, permet de jouir d’un véritable instrument samplé note à note… Sur ce point, on retrouve le sérieux comme les limites du travail de Drumasonic.
En vis-à-vis du jeu au doigt ou au médiator, quatre articulations sont proposées (cordes à vide, cordes étouffées, harmoniques et slap) cependant que des scripts et des samples additionnels permettent de gérer les hammer/pull-off, les ghost notes et les glissés note à note.
- roundrobin00:16
- velocite00:20
- hammerpulloff00:17
- slide00:13
Si le round robin semble tourner autour du x4 à vue de nez d’oreille, il va sans dire que ce n’est qu’en humanisant un peu la séquence et en introduisant des micros variations dans le placement comme dans la vélocité qu’on obtient quelque chose de plus réaliste (deuxième moitié de l’exemple audio). Cela est d’autant plus vrai qu’en terme de dynamique, on a une vraie progression de l’instrument au travers des vélocités.
Les hammer/pull-off sont pour leur part suffisamment bien foutus pour réaliser des trilles crédibles pour peu que l’on reste dans la limite de trois demi-tons (pas de possibilité de faire un hammer à la quinte par exemple), ce qui n’est pas le cas des glissés qui ne connaissent pas de limite tonale. On regrettera toutefois que la vitesse de ces derniers ne soit pas paramétrable, ce qui en fait des effets spéciaux plus que des articulations réellement exploitables ; Scarbee n’avait pas commis cet oubli, permettant même de définir sur quelle corde doit être jouée telle ou telle note, parce que oui, un ré un vide, un ré fretté à la cinquième case du La ou à la dizième case du Mi ne sonnent pas pareil.
Quoi qu’il en soit, on se retrouve avec un instrument tout à fait pertinent pour bâtir des pistes de basse crédibles et le faire vite, même s’il ne permet pas toutes les possibilités des basses virtuelles de référence sur le marché et n’offre pas la richesse fonctionnelle d’un EZbass sur le plan du sequencing. Ce n’est pas forcément un reproche car cela évite à la création de Drumasonic de tomber dans le travers de l’usine à gaz mais voilà, c’est à noter : Prime Bass n’est pas la basse parfaite qu’on espérait en termes de reproduction d’un instrument. En cela, elle rejoint les guitares de Session Guitarist sur un excellent compromis entre simplicité et réalisme.
Conclusion
Même si elle n’est pas la basse ultime qu’on attendait en raison d’un parti pris pour la simplicité (pas de gestion du tempo sur les glissandi, pas de hammer/pull-off au-delà de trois demi-tons), Prime Bass jouit d’un bilan très positif car elle permet de réaliser d’excellentes partie de basse relativement facilement : vendu sous la barre des 100 euros, l’instrument s’avère relativement polyvalent, simple à utiliser et surtout, il sonne bien même si l’on sent une identité assez rock et funk dans l’ensemble et qu’on n’est pas là pour faire des walking bass jazzy… Gageons que Drumasonic complètera la palette en s’attaquant à la Jazz Bass voire à la Music Man et, on l’espère, à la contrebasse.