3200 samples sur 2.3 Go, c'est ce que nous offre la nouvelle mouture économique du célébrissime Drumkit From Hell, multi nominé par l'industrie musicale et adopté par nombre de home-studistes pour son réalisme diabolique !
3200 samples sur 2.3 Go, c’est ce que nous offre la nouvelle mouture économique du célébrissime Drumkit From Hell, multi nominé par l’industrie musicale et adopté par nombre de home-studistes pour son réalisme diabolique !
Longtemps demeuré une référence incontournable en matière de samples de batterie Métal, la collection Drumkit From Hell a indéniablement perdu de sa superbe lors de la sortie du BFD de FXpansion. Les gens de Toonrack se devaient donc de réagir et c’est ce qu’ils ont fait, de fort belle manière, en sortant l’expandeur virtuel dfhSUPERIOR.
Doté de caractéristiques pour le moins impressionnantes, ce dernier embarque près de 40 Go de données pour plus de 85.000 samples, le tout enregistré à partir de 6 grosses caisses, d’une vingtaine de caisses claires, de 5 toms, de 8 charleys, de dizaines de cymbales configurées dans différentes positions, et de nombreuses percussions. Le batteur idéal dont rêve chaque belle-mère, en somme, mais peut-être pas le batteur dont rêvent tous les Home Studistes…
Vendu aux environs des 300 €, dfhSUPERIOR n’est en effet pas à la portée de toutes les bourses. En outre, sa relative exhaustivité le rend un tantinet complexe pour les débutants cependant que son côté « mastodonte du groove » réclame une config plutôt musclée… Entre DFH, la « petite » banque de samples de première génération, et l’énorme expandeur dfhSUPERIOR, il y avait donc de quoi faire un produit intermédiaire. Or, c’est justement de ce produit dont il question, ce produit qui, ô surprise, s’appelle…
…Drumkit From Hell 2 ! (DFH 2 pour les intimes)
Proposé autour de 120 € dans la collection économique ProSamples, DFH 2 reprend ainsi une « petite » partie des sons proposés par l’édition SUPERIOR avec seulement (si l’on peut s’exprimer ainsi !) 2.3 Go de formes d’onde. Si, par conséquent, on dispose de moins de choix dans les instruments et de moins de déclinaisons d’échantillons, il convient toutefois de souligner que Toontrack ne s’est pas contenté de livrer en vrac une version Light de sa banque de sons.
Là où DFH 1 n’était qu’un CD de samples, DFH 2 est bien un expandeur virtuel basé sur le moteur de Kompakt, le sampler virtuel de Native Instruments connu pour son ergonomie, sa simplicité d’emploi et sa stabilité. De quoi y regarder d’un peu plus près…
Installation
L’atterrissage de notre anche déchu craché tout droit par les flammes de l’enfer se passe en douceur, il faut bien l’avouer. Une procédure d’installation classique, avec une succession de fenêtres permet de choisir sur le disque dur l’emplacement du programme et de la banque de son (comme souvent désormais, ils peuvent être différents), et le choix du dossier VST plug-in, si l’on en a plusieurs. Jusque là tout va bien. Reste l’inéluctable procédure d’enregistrement qui permet d’utiliser le logiciel librement pendant plus de 5 jours.
Alors bien sûr, on sait quels sont les problèmes de piratage auxquels sont confrontés les éditeurs et l’on ne peut leur en vouloir de tenter de se protéger le mieux possible, mais franchement, même si la procédure par le biais d’Internet est au point chez Native (ce qui n’est pas toujours le cas malheureusement) et que l’on n’est pas obligé de s’y reprendre à 10 fois avant d’en venir à bout, c’est tout de même vraiment le parcours du combattant… Surtout si l’on travaille sur un ordinateur dédié à la musique non connecté, pour des raisons d’optimisation et de sécurité !
Il faut en effet envoyer un code d’identification machine, puis recevoir un numéro d’autorisation que l’on doit se retaper en retour… Bref, cela prend quand même la tête, là où un petit dongle USB serait si simple (mais bien sûr plus cher !). D’autant qu’il faut recommencer à chaque fois que l’on réinstalle son OS. Ceux qui ont une dizaine de logiciels nécessitant la même démarche savent de quel genre de cauchemar il s’agit ! Enfin bon… On achète bien des Cds audio impossibles à lire à cause des protections, alors on ne va pas se plaindre pour si peu…
Le pire, c’est que ce n’est pas fini ! Il faut encore télécharger le petit utilitaire DFD qui permet à Kompakt d’utiliser le streaming à partir du disque dur, presque indispensable lorsque l’on travaille avec des banques de sons aussi volumineuses ! Vous n’allez pas me dire qu’il n’aurait pas pu être inclus dans le programme d’origine, non ?
Enfin nous voilà prêts, au bout de quelques heures (oui là, je charrie un peu) à enfin découvrir avec émerveillement notre nouveau trésor débordant de formes d’ondes subtiles et variées… Allons-y !
Le batteur…
Enregistrés sur une batterie Sonor (et non pas Sonar, comme c’est écrit sur les « features » de la boîte commercialisée, ou sur le site Soundsonline de Eastwest, et donc repris tel quel par des centaines d’autres !), les samples de DFH2 ont été joués par Thomas Haake, le batteur du groupe métal suédois Meshuggah, qui frappe habituellement sur un kit Designer à fûts fins (peu épais) en érable. C’est ce kit qui a servi lors des séances de studio pour les prises de son de DFH.
Connu pour sa technique, également « from hell », et son incroyable toucher qui sert à merveille un jeu basé essentiellement sur la polyrythmie et le contrôle des dynamiques, Thomas est, vous l’avez deviné, l’homme de la situation pour une production de ce genre. Il réunit en effet les principales qualités nécessaires à la réalisation d’une bonne banque de sons : frappe saignante pour pousser les fûts dans leurs derniers retranchements, mais aussi finesse et discernement, pour rendre précisément toute l’échelle des vélocités, indispensable à un multi-sampling réaliste et efficace.
Or si la première qualité se trouve plutôt facilement chez les batteurs, la seconde est beaucoup plus rare, et la réunion des 2, assez exceptionnelle ! Attention, n’allez pas m’accuser de racisme primaire envers la gente drumisatrice, ce qui serait totalement maso de ma part, en faisant moi-même partie ! Non, il s’agit simplement de pragmatisme non belliqueux, sachant à quel point la maîtrise des nuances sur les instruments de percussion demande de longues années d’étude de la technique des poignets. Tout ça pour vous dire que question son, Thomas a fait un boulot d’enfer (décidément…), extrayant d’une main d’acier dans un gant de velours toute la substantifique moelle de sa batterie, et tirant pleinement partie de la grande qualité phonique des séries Sonor Delite (Non, pas d’actions chez cette vénérable société allemande !).
Il faut aussi reconnaître que son toucher est particulièrement mis en valeur par un travail de production impeccable aussi bien au niveau de la prise de son que de l’édition, qui nous offre des samples d’une présence et d’une projection incroyable.
La batterie !
On se retrouve aux commandes de 2.4 Go de 0 et de 1 (qu’il faudra bien loger dans un petit coin de votre disque dur malgré la crise du logement), totalisant tous ensemble une collection de plus de 3200 échantillons.
Au programme : une grosse caisse de 22'', 3 caisse claires (1 Sonor Signature en bronze, 1 Pearl Free Floating en bronze et une seconde en bouleau, les 3 en 14'' de diamètre), 3 toms suspendus (10'', 12'', 14''), et 2 floor toms (16'' et 18'').
Côté cymbales, parmi une collection de Sabian, de Zildjian et d’Istanbul, on a 3 chinoises (19'' et 2 × 20''), 4 crashes (2 × 18'', 19'' et 20''), 2 splashes (10'' et 12''), 3 rides (20'' et 2 × 22''), et une combinaison FX baptisée « Spock », qui est constituée de l’amalgame d’une crash de 16'' et d’une chinoise de 20''. Enfin, n’oublions pas le bonus du berger, une bonne vieille cloche de derrière les fagots, fort utile pour se retrouver dans les pâturages du groove.
Un set de rêve donc, magnifiquement enregistré et présenté ici sans aucun traitement sonore, nous laissant toute latitude pour nous en occuper sérieusement ensuite, avec force de réverbes, delays et autres filtres fournis par le Kompakt, ou choisis parmi les petits préférés de nos dossier plug-ins.
Précisons toutefois que l’on nous offre royalement, pour chaque kit, des prises d’ambiance et des overheads (c’est eux qui se chargent principalement des cymbales), pour pouvoir apporter un côté plus ou moins live au son de la batterie, mais toujours dans la plus pure tradition de l’enregistrement acoustique. Ce sont d’ailleurs ces prises qui donnent toute la dimension à cette banque de son, lui conférant le cachet original de l’ingénieur du son, de la cabine, du placement des micros d’ambiance et, bien entendu, du toucher du batteur, assez difficiles à restituer avec un simple micro de proximité sur chaque fût ou cymbale.
Du détail, du détail !
Au fur et à mesure que l’on découvre les différents patches, on s’aperçoit que tout a été pensé dans les plus petits détails. Ainsi, les caisses claires offrent non seulement toutes les nuances dynamiques nécessaires à une bonne programmation, mais les différentes façons de jouer sont aussi disponibles, souvent accessible sur une même note grâce à la vélocité.
On trouve ainsi les rimshots, le cercle de la caisse joué avec la baguette à plat (l’incontournable son du reggae), les buzzrolls, les coups très métalliques joués sur la peau près du bord, les flas… Rien n’a été omis !
La grosse caisse peut quant à elle être jouée avec une batte en feutre ou une batte en bois, pour une attaque plus pointue. On apprécie également la légère résonance du timbre de la caisse claire qui, comble de la précision, sonne plus fort sur les toms medium et la grosse caisse, en raison de leur proximité avec la peau de celle-ci, que sur les floor toms.
Cependant, on peut choisir de désactiver le timbre, chaque instrument comportant une version sans aucune résonance : tout devient alors clair comme de l’eau de roche. Un must.
Un peu d’architecture
Dès la première apparition à l’écran, l’interface de Kompakt est séduisante par sa clarté. Les différents paramètres sont regroupés sur plusieurs étages en fonctions logiques et en 5 minutes, on s’y retrouve déjà.
Tout d’abord, les instruments sont classés par « multis ». Chaque multi contient 8 slots qui permettent de charger différents instruments (la grosse caisse, la caisse claire, les toms…) et donc de personnaliser son set. On commence ainsi par choisir parmi l’un des kits que nous propose l’éditeur : DFH2, Hard, Metal ou No Wire. Pour chaque kits, on peut choisir parmi 4 options : All, No Ambiance, Dry et Quick load.
« All » nous propose la totale, tous les instruments « repissant » par les overheads et les micros d’ambiance, tandis que la grosse caisse, la caisse claire et les toms « repissent » en plus dans le micro placé en dessous de la caisse claire. Le mode « No Ambiance », comme son nom l’indique, vire les micros d’ambiance, et « Dry » ne conserve que la « repisse » par le micro sous la caisse. Enfin, le mode « Quick Load », qui n’a rien à voir avec la choucroute, mais permet de parcourir les kits plus rapidement, est le même que « All », mais ne charge qu’une partie des échantillons sur chaque note, oubliant certaines dynamiques.
Inutile de dire que l’on a déjà toute une palette de possibilités permettant d’adapter précisément le son du kit aux impératifs de sa musique.
Personnaliser son kit
On peut cependant encore affiner tout cela en choisissant pour chaque slot une partie du kit différente. Ainsi, on pourra donc parfaitement partir d’un kit DFH2, qui propose la caisse claire Pearl en cuivre et choisir de la remplacer par la Sonor, ou la Pearl en bouleau. Signalons ici que la caisse claire étant enregistrée avec 2 micros (l’un côté frappe, et l’autre, côté timbre) on pourra tenter des combinaisons s’avérant parfois assez intéressantes en mélangeant les caisses. Là encore, une grande souplesse très bien organisée.
Le paramétrage peut s’étendre aussi aux pistes d’ambiance et d’overhead qui sont également interchangeables. Sur ce point d’ailleurs, l’un des seuls, il faut s’y prendre à 2 fois pour bien comprendre le système proposé par DFH2. En effet, les ambiances ont été enregistrées à partir d’un kit bien précis. Il faut donc choisir la piste correspondant à la configuration que l’on s’est choisie.
Pour se repérer, chaque fût possède un numéro particulier. Ainsi, la caisse claire Sonor porte le numéro 4, la grosse caisse en feutre, le 1, et ainsi de suite. Les ambiances fournissent donc une suite de chiffres permettant de retrouver le bon kit : astucieux ! Notons ici que les échantillons d’ambiance étant très volumineux, on peut facilement dépasser 1 Go de forme d’onde avec un kit complet.
On comprend donc l’importance de l’utilisation du Direct from Disk, qui, heureusement, fonctionne d’une façon parfaitement fluide, malgré ce que j’ai pu lire sur certains forums, ne créant sur ma configuration aucun clic numérique.
L’édition dans Kompakt
Si nous n’avons jusqu’ici absolument pas manipulé le son original des samples, Kompakt nous livre pourtant une trousse à outil complète et facile à utiliser pour se lancer dans d’interminables mais passionnantes aventures soniques. Notons ici que l’édition peut se faire indépendamment pour chacun des 8 slots, (permettant ainsi de ne pas utiliser les mêmes réglages pour, par exemple, la caisse claire et les toms), ou pour tous à la fois, si l’on veut aller plus vite.
Tout d’abord, côté mix, chaque slot peut être muté, et écouté en solo. On peut ensuite en régler le volume, le panoramique, et le tuning, cette dernière fonction étant complétée par une édition supplémentaire permettant le micro-tuning, avec slide, et fournissant de nombreux presets, comme le tempérament juste, ou mineur, ou thailandais… Pas très utile pour les drums, penserez-vous, mais bon, Kompakt n’a pas été créé uniquement pour la batterie, et puis qui sait ? Nous avons aussi un filtre, avec coupure et résonance, qui peut être contrôlé par la vélocité, la position sur le clavier, un LFO et une enveloppe.
Puis vient une fenêtre dédiée aux effets, tous programmables, qui propose une réverbe (avec réglage de : taille, contrôle des aigus et volume, plus 19 presets), un chorus (profondeur, vitesse, volume, plus 3 presets) un delay, (feed back, vitesse, volume, plus 15 presets). Enfin, un filtre supplémentaire (graphique) Master propose 4 modes : passe-haut, passe-bas, notch et EQ à 3 bandes.
Côté modulations, nous avons sous la main 3 enveloppes AHDSR, une pour le volume, une pour le filtre et une troisième pouvant être affectée librement au contrôle du pan, de l’accordage ou des LFOs. Ceux-ci sont au nombre de 4 et dédiés au volume, au pan, à l’accordage et au filtre. Enfin, tout au bas de l’écran, trône le clavier qui indique le mapping exact de chaque slot et permet de déclencher les notes avec la souris.
La clé du groove ?
Au fur et à mesure que l’on utilise DFH2, on est conquis par sa facilité d’utilisation autant que par la qualité sonore de ses patches. Les fûts ont l’air d’être cachés par les moniteurs et délivrent tous une qualité acoustique exceptionnelle. Les pinailleurs de la souris y trouveront à coup sûr tous les éléments nécessaires pour construire les patterns les plus sophistiqués.
Bien sûr, la couleur générale de la banque est plutôt Rock, voire Métal, et l’on ne trouvera pas de balais ni de ride à clous ! Mais la sophistication du multi-sampling, permettant un travail en finesse, combinée à l’édition comprenant filtres, effets, enveloppe et LFO’s, élargiront les capacités de cette nouvelle version à pratiquement tous les styles de musique.