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Coup critique sur la simulation de 909
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D16 Group nous a récemment proposé de nouvelles itérations de certains des plug-ins phares de son catalogue, dont Drumazon 2 que nous allons regarder aujourd'hui, qui est la mise à jour de sa simulation de la célèbre et incontournable Roland TR-909, brillant toujours autant en 2024 !

D16 Group Drumazon 2 : Coup critique sur la simulation de 909

Tester pour Audio­Fan­zine un plug-in dédié à la synthèse de sons de boite à rythmes (BAR) élec­tro­nique est un exer­cice inté­res­sant. Depuis les débuts de la M.A.O., on observe sans équi­voque qu’il est sorti beau­coup de synthé­ti­seurs logi­ciels dans tous les registres. Mais que dire des plug-ins, instru­ments et banques de samples dédiés à la ryth­mique ! Ainsi, un musi­cien qui veut produire aujour­d’hui un morceau de musique (plus ou moins) élec­tro­nique va avoir à sa dispo­si­tion une offre plétho­rique pour la géné­ra­tion de kick & snare drums (grosse caisse et caisse claire), claps, char­leys, cymbales, toms et percus­sions, sans parler de tout ce qu’il est possible de faire en mixage, sound design et arran­ge­ment supplé­men­taires à partir de cette matière première. 

Comme pour les synthé­ti­seurs, des déve­lop­peurs et musi­ciens consi­dèrent qu’il n’y a jamais assez d’ému­la­tions de machines mythiques, ou d’ou­tils d’ori­gine pure­ment numé­rique pour la percus­sion au sens large. Mais surtout les besoins se sont complexi­fiés au fil des années avec l’usage qui en est fait. Des néces­si­tés sont appa­rues comme celle de clas­ser toute cette masse de données, notam­ment pour les collec­tion­neurs du sample et du sampling, d’ai­der les créa­teurs à tomber plus faci­le­ment sur les sons de drums qui vont être perti­nents dans leurs produc­tions (XLN Audio XO, chez Wave Alchemy), avec certaines banques de sons incor­po­rant des échan­tillons bruts ou extrê­me­ment trai­tés avec des astuces de sound design pour coller à des esthé­tiques données. On trouve aussi de plus en plus de plug-ins dédiés à un seul élément des BARs, prin­ci­pa­le­ment pour les kicks (Sonic Academy Kick 2, D16 Group Punch­Box, Native Instru­ments TRK-01 etc.), mais aussi pour les snares (Beat­Sur­fing 7Dead­lyS­nares par exemple), les percus­sions ou le registre aigu. Et bien sûr des synthé­ti­seurs géné­ra­listes pouvant être très à l’aise sur la produc­tion de sons pour la ryth­mique, d’au­tant qu’il n’est pas rare de trou­ver dans leurs présets des sections entières dédiées au BARs. On ne parle pas seule­ment d’ins­tru­ments « virtual analog », car par exemple la synthèse FM a toujours eu le vent en poupe dans ce registre, comme on pourra le consta­ter dans l’uti­li­sa­tion de la Digi­tone d’Elek­tron, du Opera­tor de Able­ton Live, d’un Axon 3 de Audio Damage ou dans le récent Fors Opal au format M4L. Et bien sûr on a pu voir des propo­si­tions variées sur la partie séquen­ceur…

D16-Drumazon2-MainAlors quand la société D16 Group a sorti le neuf septembre 2023 la version 2 de son émula­tion de 909, connue pour avoir simulé une grosse partie du cata­logue de BARs + 303 de Roland, leur gamme d’ef­fets et leur excellent synthé­ti­seur Lush 2, et bien une première réac­tion normale compte tenu des besoins et de l’offre exis­tante est de se deman­der si cela est bien sérieux en 2024. Mais c’est sans comp­ter sur le savoir-faire des Polo­nais, et surtout sur l’usage qui est encore fait aujour­d’hui des sons d’une des plus célèbres BARs de l’his­toire, comme la TR-606 dont l’ému­la­tion de D16 Group a été égale­ment mise à jour à l’heure où vous lisez ces lignes !

Brook­lyn 909

Avant de parler du plug-in Druma­zon 2, il me semble perti­nent de glis­ser quelques mots sur la machine d’ori­gine, à savoir la fameuse Roland TR-909 « Rhythm Compo­ser », sortie et fabriquée exclu­si­ve­ment en 1983 et écou­lée à envi­ron 10 000 exem­plaires. Elle faisait suite à la Roland TR-808 (1980–1982) et à la TR-606 (1981–1984), qui n’étaient pas les premières boites à rythme de la marque d’ailleurs, la série TR pour « Tran­sis­tor Rhythm » succé­dant à la CR-78 notam­ment, et autres joyeu­se­tés de l’an­cienne marque Ace Elec­tro­nics du fonda­teur de Roland Ikutaro Kake­ha­shi.

La TR-808 avait été conçue comme un synthé­ti­seur analo­gique de sons de batte­rie, qui ne cher­chait pas spéci­fique­ment à ressem­bler à une batte­rie acous­tique, mais donnait suffi­sam­ment de possi­bi­li­tés sonores pour être mode­lée de la manière qui convient aux musi­ciens. Elle sortit plus ou moins au même moment que la LM-1 de Roger Linn, qui était à un prix bien plus élevé en raison de l’usage de samples, la tech­no­lo­gie asso­ciée étant extrê­me­ment chère à l’époque, ce qui la plaçait sur un registre beau­coup plus « réaliste » que synthé­tique. La Linn­Drum qui a suivi dans le même esprit, ainsi que des commen­taires sur la 808, ont poussé les ingé­nieurs de Roland à revoir leur design, et arri­vèrent pour la TR-909 avec de nouveaux circuits analo­giques plus complexes et l’usage de samples réels lus par une section numé­rique pour les char­leys (fermé/ouvert) et les cymbales (crash/ride), enre­gis­trés, édités puis compres­sés sur 6 bits/18 kHz. Le kick de la 909 dispose par exemple d’un son plus sec et d’un géné­ra­teur de clic supplé­men­taire par rapport au design de celui de la 808, (beau­coup) plus porté sur les subs (et le vol plané de haut-parleurs de sono­ri­sa­tion par voie de consé­quence).

La TR-909 propose ainsi ses 11 sons, dont 7 pure­ment analo­giques (kick/snare/clap/rimshot/toms x 3), avec une entrée et une sortie MIDI (nouveauté par rapport à la 808 et tout court à l’époque !), une sensi­bi­lité à la vélo­cité, des sorties audio sépa­rées pour chaque section, deux sorties master en audio, et de la connec­tique supplé­men­taire dédiée à la synchro­ni­sa­tion, dont une sortie trig­ger qui génère un son à partir du circuit du Rimshot. Chaque son dispose de ses contrôles de timbre, de decay et de volume, et la machine dispose d’un séquen­ceur basé sur celui de la TR-808, avec des contrôles comme le shuffle (swing), le flam (plusieurs coups à la suite), les accents, le nombre de pas, la possi­bi­lité d’en­re­gis­trer et de chai­ner jusqu’à 96 patterns, à un tempo donné ou synchro­nisé avec d’autres machi­nes… Toutes ces choses, ainsi que la décote fulgu­rante du prix de la machine sur le marché de l’oc­ca­sion, en ont fait un produit qui fut un pur échec commer­cial pour Roland, qui n’a pas du tout atteint le marché ciblé, et un instru­ment de musique de choix pour un certain nombre de personnes avec le succès qu’on lui connait, pour en faire un usage qui semblait à sa sortie comme détourné, en partant de Chicago et Detroit en passant par la French Touch, et qui ne s’est d’ailleurs jamais limité aux musiques pure­ment élec­tro­niques.

Et c’est ainsi qu’on en trouve aujour­d’hui à 7000 euros, qu’elle a été samplée des milliers de fois avec plus ou moins de trai­te­ments pour réali­ser des banques de sons ou direc­te­ment de la musique, et qu’on en trouve à peu près partout sur de la produc­tion élec­tro­nique plus ou moins actuelle, notam­ment qu’en termes de sono­ri­tés ça fonc­tionne encore pas mal, et pas simple­ment pour ses sons de char­leys instan­ta­né­ment recon­nais­sables même par des profanes ! Des collègues ont fait une analo­gie entre les 808 + 909 et la Stra­to­cas­ter pour le côté incon­tour­nable et iconique dans son domaine. Person­nel­le­ment pour rester dans le monde de la guitare je compa­re­rais ça plutôt au haut-parleur Celes­tion V30. En effet, c’est un grand clas­sique que l’on peut entendre sur tous les albums de guitares satu­rées, au point qu’on soit deve­nus habi­tués à sa signa­ture sonore, qui fonc­tionnent toujours sans faire d’ef­forts, et dont on s’en éloigne à l’oc­ca­sion pour sonner origi­nal mais sur lequel on finit toujours par reve­nir…

Mettre le feu sur la piste de danse

Cette présen­ta­tion faite de la TR-909, parlons à présent du plug-in Druma­zon 2 ! Il est proposé au tarif de 119 euros, et simule donc la fameuse BAR de Roland, avec tous ses para­mètres de synthèse d’ori­gine acces­sibles (volumes, Tune, relâ­che­ments), plus quelques-uns supplé­men­taires dont on aurait tort de se priver quand les aficio­na­dos du hard­ware les ajoutent via des mods (par exemple le Tune sur les char­leys ou le Pitch + Tune Depth sur le Kick comme sur le fameux Bass Mod, plan­ning, etc.). Le logi­ciel four­nit égale­ment un séquen­ceur consé­quent en possi­bi­li­tés et en taille sur l’in­ter­face (heureu­se­ment redi­men­sion­nable avec même la possi­bi­lité de rendre invi­sible cette section), qui reprend les carac­té­ris­tiques clés de celui de la 909, mais dispo­sées d’une manière plus moderne avec diffé­rents modes d’in­ter­ac­tion via l’ex­té­rieur (lance­ment de clips à la souris, déclen­che­ment d’un pattern via une note MIDI, et jeu de chaque instru­ment sans le séquen­ceur), avec sous sans synchro­ni­sa­tion avec la barre de trans­port du STAN. Et Druma­zon 2 dispose d’une section d’ef­fets consé­quente dont nous allons parler plus loin.

Ainsi, les ajouts présents dans la version 2.05 sont multiples et justi­fient large­ment une mise à jour à 29 euros pour les utili­sa­teurs de la version 1, à savoir une grosse amélio­ra­tion de la partie séquen­ceur qui était très rudi­men­taire précé­dem­ment, la section d’ef­fets consé­quente addi­tion­nelle, et même une refonte du moteur de synthèse, le déve­lop­peur Sebas­tian Bachlinski nous ayant précisé avoir retra­vaillé le moteur de géné­ra­tion des cymbales ou du bruit pour coller au maxi­mum aux circuits d’ori­gine. D’autres amélio­ra­tions et fonc­tion­na­li­tés supplé­men­taires dans le séquen­ceur sont d’ailleurs prévues entre deux grosses mises à jour du cata­logue de la firme polo­naise (qui a sorti récem­ment à un rythme soutenu de nouvelles versions de leurs simu­la­tions de TR-808 et de TB-303 par exemple).

D16-Drumazon2-ScenePresetsAvant de parler des trai­te­ments supplé­men­taires en eux-mêmes, notons que tout ce beau monde peut être exploré à loisir en utili­sant un système complexe de présets. Le plug-in dispose en effet d’un navi­ga­teur de présets avec tags assez agréable à utili­ser qui concerne la tota­lité de l’ins­tru­ment (qui s’ap­pelle scène), mais aussi les patterns du séquen­ceur, le drum kit avec tous les effets et para­mètres de synthèse, et surtout la section d’ef­fet master ou chaque module de synthèse sépa­ré­ment ! On peut imagi­ner ainsi char­ger une scène dans un style donné, puis se bala­der dans une liste de patterns, puis sélec­tion­ner un autre kit, et faire défi­ler des présets juste pour le kick ou juste pour le snare drum, avant d’es­sayer diffé­rentes sections complètes d’ef­fets en master, tout cela sans tour­ner le moindre poten­tio­mètre virtuel !

Des tran­sis­tors en vogue

La section d’ef­fets s’ap­plique ainsi dans le plug-in en diffé­rents lieux. Dans l’in­ter­face graphique, qui est divi­sée en 3 sections distinctes (synthèse, bus FX, séquen­ceur), la section du haut permet d’ac­cé­der aux para­mètres de synthèse des éléments de la BAR, aux effets du master bus qui s’ap­plique sur le mix stéréo des synthé­ti­seurs, à des options sur le mapping MIDI, à une section de synthèse supplé­men­taire qui modé­lise la sortie trig­ger de la TR-909 en triple avec des options de routage, et une section d’ef­fets par module de synthèse. On dispose ainsi en master d’un limi­teur et d’un compres­seur multi­bande, avec un look ahead option­nel présent à peu près partout sur chaque compres­seur, et dont l’ac­ti­va­tion augmente sensi­ble­ment la latence globale du plug-in. Par section, les effets dispo­nibles sont des réglages d’éga­li­sa­tion et un compres­seur spéci­fique, ainsi que des fonc­tion­na­li­tés de routage vers 2 bus d’ef­fets acces­sibles dans la section du milieu. Chaque effet peut être activé ou désac­tivé via une LED, ce qui permet de contrô­ler la charge CPU de Druma­zon 2, qui est très raison­nable en fonc­tion­ne­ment normal, et aussi de faire bais­ser la latence si néces­saire.

D16-Drumazon2-MasterCes bus d’ef­fets sont consti­tués de 5 slots consé­cu­tifs chacun, dans lesquels on dispose encore d’ef­fets supplé­men­taires que l’on peut agen­cer dans l’ordre souhaité : distor­sion, bitcru­sher, 2 EQs supplé­men­taires, chorus, filtre modulé par LFO ou enve­loppe, délai, réver­bé­ra­tion et encore deux compres­seurs. Ces effets viennent en partie du réper­toire d’al­go­rithmes assez four­nis de D16 Group et possèdent quelques spéci­fi­ci­tés inté­res­santes en matière de son ou de contrôles dispo­nibles. Les envois de signaux dans ces sends se font par section de synthèse en choi­sis­sant un des deux bus et aussi l’em­pla­ce­ment dans le bus. En effet, il est tout à fait possible de posi­tion­ner l’en­voi à n’im­porte quel endroit de la chaine d’ef­fets, sachant qu’un signal arri­vant en entrée du slot 1 passera systé­ma­tique­ment par les 5 slots du bus avant d’être renvoyé en master. Un bouton permet même de faire appa­raître une poignée de para­mètres cachés supplé­men­taires, dont par exemple un choix de signal side­chain pour les compres­seurs !

D16-Drumazon2-MoreFX

En parlant de routage, le plug-in dispose de 32 sorties mono ou 16 sorties stéréo, qui peuvent être assi­gnées à diffé­rents éléments du plug-in dans une fenêtre d’op­tion dédiée, avec la possi­bi­lité de char­ger ou de sauve­gar­der dans un fichier ses choix. Cette option sera évidem­ment perti­nente pour custo­mi­ser le mixage des éléments de la BAR avec ses propres plug-ins, ou pour envoyer un kick dans un le side­chain d’un compres­seur exté­rieur. Profi­tons-en égale­ment pour préci­ser que l’in­ter­face graphique est assez char­gée en infor­ma­tions et para­mètres, mais étant redi­men­sion­nable et rela­ti­ve­ment claire cela ne pose pas de problèmes à l’uti­li­sa­tion après les étapes de fami­lia­ri­sa­tion et de lecture du manuel (en anglais seule­ment pour le moment, d’autres plug-ins de la marque ont leur docu­men­ta­tion en français). Druma­zon 2 donne parfois l’im­pres­sion d’être une groo­ve­box, avec une prise en main parti­cu­lière, mais logique à l’usage.

D16-Drumazon2-Routing

Enfin, le séquen­ceur présent dans le plug-in ne propose rien de très origi­nal, mais il est assez effi­cace sous les doigts. Il permet de placer des notes en un clic, avec ou sans l’ac­cent de la TR-909, sur une grille avec les pas en colonnes et les synthé­ti­seurs en ligne, avec une ligne supplé­men­taire pour mettre des accents globaux. On peut en un clic régler le nombre de pas à lire, un para­mètre de swing global, rajou­ter des flams ou des répé­ti­tions sur des subdi­vi­sions de pas, et égale­ment muter ou mettre en solo chaque son. Un bouton donne accès à une vue drag & drop à desti­na­tion du STAN ou d’une autre instance du plug-in, et une section sur la droite permet de passer d’un pattern à l’autre parmi 48, et de synchro­ni­ser la lecture ou non avec le STAN. À ce stade on est sur du très tradi­tion­nel, et on aurait aimé pouvoir dispo­ser de longueur de pas diffé­rente par ligne, mais surtout de proba­bi­li­tés et de modu­la­tion de para­mètres par pas. Heureu­se­ment, il semble­rait que certains ajouts dans le séquen­ceur sont déjà prévus pour le futur.

Un nouveau pilier de BAR ?

Une fois un cap de compré­hen­sion du concept et de l’agen­ce­ment des fonc­tion­na­li­tés passé, se servir du plug-in est un plai­sir, il semble sonner comme ce que l’on attend d’une Roland TR-909, et même plus encore grâce à la section d’ef­fets, qui dispose d’ailleurs en options de diffé­rents réglages d’over­sam­pling pour les compres­seurs et distor­sions. Reste à nous inter­ro­ger au sujet du réalisme de la simu­la­tion. Or, comme nous avons la chance d’avoir en France quelques fans de la Roland TR-909, nous avons pu trou­ver un exem­plaire de la machine origi­nale au Synth­Fest France 2024 (merci à Alexis Faucom­prez ainsi qu’à l’équipe de l’évé­ne­ment !). Et Aceboo ainsi que TreshTV que je remer­cie égale­ment n’ont pas pu s’em­pê­cher de sampler quelques sons plus ou moins bruts sur la machine, ce qui va nous permettre de faire un petit compa­ra­tif. Lors de la prise de son, il ont utilisé un Zoom H5 avec diffé­rents réglages de préam­pli­fi­ca­teur et de volumes sur la machine, ce qui a pu influen­cer sur le rendu des sons de nature 100 % analo­gique. Nous allons les compa­rer avec ce qu’on obtient dans Druma­zon 2, en essayant de faire corres­pondre au maxi­mum les réglages, avec à chaque fois le rendu des samples, puis celui du plug-in en test.

Acedrums
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Les diffé­rences entre Druma­zon 2 et les sons enre­gis­trés sur la TR-909 restent minimes concer­nant les sections char­leys et cymbales (là où il y a des samples), mais elles sont malheu­reu­se­ment plus impor­tantes sur les sections analo­giques, malgré les para­mètres supplé­men­taires acces­sibles dans le plug-in pour affi­ner les choses. Diffi­cile de dire quelle est leur origine précise dans chaque cas, mais plusieurs choses nous viennent à l’es­prit : le préam­pli­fi­ca­teur et le gate du Zoom H5 (pour moi on entend clai­re­ment de la préam­pli­fi­ca­tion en plus sur le kick en parti­cu­lier, et des coupures plus brutales parfois), l’uti­li­sa­tion de modèles de circuits analo­giques idéa­li­sés plutôt que conforme à la réalité, des diffé­rences qui peuvent exis­ter même entre plusieurs machines réelles, les défauts de mon proto­cole pour faire coller l’un à l’autre évidem­ment, les consé­quences de chan­ge­ments de compo­sants ou du nettoyage de vieilles machines pour les main­te­nir en état 40 ans après leur mise en service sur le pitch et les modu­la­tions, l’im­pact de l’ac­cent + vélo­cité sur la signa­ture sonore qui impo­se­rait de chan­ger de sample pour chaque vélo­ci­té… Parfois, un élément problé­ma­tique peut être aussi le mapping du para­mètre. Ainsi, j’au­rais aimé aussi pouvoir avoir plus de course de decay sur le clap par exemple pour coller à l’exemple. Pour aller plus loin, j’ai décidé de faire un autre compa­ra­tif dédié aux kicks, avec à chaque fois une alter­nance entre le rendu des samples puis avec une simu­la­tion, d’abord Druma­zon 2, puis le Audio­Rea­lism ADM1 qui dispose d’un moteur de simu­la­tion de TR-909, et enfin la simu­la­tion « offi­cielle » du Roland Cloud en version logi­cielle utili­sant leur tech­no­lo­gie proprié­taire ACB.

Acedrums 2
00:0000:32

Déjà le plug-in de Audio­Rea­lism nous semble très en deçà des deux autres, accu­sant son âge, alors que leur simu­la­tion de TB-303 qui a été retra­vaillée beau­coup plus long­temps et récem­ment est à mes yeux celle qui sonne le mieux de sa caté­go­rie. Celui de Roland ne possède pas les para­mètres de celui de D16 Group pour jouer sur le pitch et le tune depth, alors qu’ils ont un impact drama­tique, mais il propose une modé­li­sa­tion de la section ampli­fi­ca­tion, qui fait défaut sur Druma­zon 2 d’après les dires du déve­lop­peur, qui impacte sur un réglage supplé­men­taire de gain, mais aussi sur celui du volume clas­sique, qui change pas mal le rendu sonore ici ! Ainsi, en jouant avec en plus de l’ac­cent et des para­mètres en commun, il me semble que la modé­li­sa­tion de Roland se rapproche un peu plus de la cible, entre autres raisons, car le modèle du circuit serait plus complexe. Cela n’en­lève pas les quali­tés du plug-in de D16 Group, et n’at­teste pas non plus d’un problème grave d’au­then­ti­cité (on est quand même assez poin­tilleux ici et le proto­cole de test n’est pas d’une rigueur abso­lue), mais à nos yeux il reste une marge de progres­sion exis­tante dans le rendu du plug-in sur la partie réalis­me… Pour le reste, si le but n’est pas de coller vrai­ment à 100 % à une (notre d’ailleurs) TR-909, les para­mètres de synthèse permettent de faire aussi d’autres choses, sans oublier les effets.

D16-Drumazon2-StripsCar la présence des effets dans le plug-in n’est pas du tout un hasard. Il est extrê­me­ment rare que les sons issus de la TR-909 que l’on peut entendre sur des morceaux éminents n’aient pas été trai­tés de manière dras­tique d’une manière ou d’une autre avec des trai­te­ments qui agissent sur la signa­ture sonore, notam­ment le couple bass/snare drum avec des compres­seurs et des distor­sions, tandis que les parties char­leys et cymbales se conten­te­ront de filtrage plus basique. C’est ainsi qu’une simple boucle de batte­rie peut sonner de manière variée en agis­sant sur autre chose que les para­mètres de synthèse purs et durs.

Diffé­rents Drum­kits
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Sans aller jusqu’à pouvoir repro­duire le son d’autres drum machines, tester les diffé­rents présets de drum kits nous montre rapi­de­ment que le plug-in est à l’aise dans un certain nombre de registres, avec des sons immé­dia­te­ment recon­nais­sables tandis que d’autres pour­ront être un peu plus passe-partout, avec la possi­bi­lité de modi­fier le rendu de la synthèse qui permet d’af­fi­ner le résul­tat en fonc­tion du contexte. Un peu d’au­to­ma­tion dans le STAN pour­rait même s’avé­rer inté­res­sant, chose qu’on aurait évidem­ment préféré pouvoir faire direc­te­ment dans le plug-in. Le séquen­ceur permet aussi certaines folies pour sortir du cadre du Kick « Four to the Floor ». On s’éton­nera même de vouloir abso­lu­ment jouer avec les sorties trig­ger pour en faire quelque chose d’in­té­res­sant et qui sonne « analo­gique ». Nous avons hâte de voir quelles seront les prochaines fonc­tion­na­li­tés ajou­tées au plug-in, j’ai pris person­nel­le­ment beau­coup de plai­sir à enre­gis­trer des démos audio avec. Je m’en servi­rai très proba­ble­ment dans un certain nombre de futurs projets, que ce soit pour jouer à fond sur le terrain du cliché, me prendre pour Jeff Mills, Tech­no­tro­nic, DJ Jazzy Jeff, ou pour sonner moderne en musique élec­tro­nique !

Pump Up The Nine
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  • Pump Up The Nine01:28
  • La soupe aux 909s01:25

Conclu­sion

Druma­zon 2 est donc une simu­la­tion de TR-909 tout à fait convain­cante, qui n’aura aucun mal à s’in­té­grer dans l’en­vi­ron­ne­ment de créa­tion d’un produc­teur de musique élec­tro­nique aguerri, ou d’un passionné de la machine origi­nale. Malgré la qualité et la quan­tité de banques de samples enre­gis­trées aujour­d’hui sur la machine d’ori­gine, et plus ou moins trai­tées en aval, avoir accès à une simu­la­tion para­mé­trique de 909 est une approche alter­na­tive qui apporte énor­mé­ment d’avan­tages. Les résul­tats obte­nus sur la simu­la­tion de D16 Group lui permettent de sonner TR-909 avec une usabi­lité aux petits oignons, même si à nos yeux et d’après nos oreilles il manque encore un petit quelque chose pour permettre de se débar­ras­ser des samples (bruts). 

De plus, Druma­zon 2 repro­duit des parti­cu­la­ri­tés du séquen­ceur de la 909 qui ont eu autant d’im­por­tance sur l’usage qui était fait de la BAR de Roland que le son de chaque module séparé, en ajou­tant quelques amélio­ra­tions ergo­no­miques perti­nentes clas­siques dans les plug-ins, comme le drag and drop, la gestion des scènes ou les présets avec tags, avec quelques manque­ments ci et là comme les proba­bi­li­tés, ou la modu­la­tion de para­mètres de synthèse. On observe égale­ment des ajouts uniques au plug-in par rapport à la concur­rence, qui font sens dans une simu­la­tion de TR-909, comme des para­mètres addi­tion­nels et la section d’ef­fets complète, avec sa dose de présets qui permet de jouer instan­ta­né­ment avec tous ces para­mètres. Celle-ci permet au plug-in de se posi­tion­ner égale­ment face aux banques de samples trai­tées et d’étendre le champ des possibles sonores, et justi­fie d’ailleurs à elle toute seule la propo­si­tion des Polo­nais par rapport à ses concur­rents actuels, notam­ment l’ému­la­tion offi­cielle du Roland Cloud, qui a pour son compte prin­ci­pa­le­ment une compa­ti­bi­lité avec leurs machines hard­ware récentes, et proba­ble­ment une modé­li­sa­tion plus avan­cée des circuits d’ori­gine, ce qui permet­tait dans notre compa­ra­tif de se rappro­cher un peu plus de la cible sans y arri­ver non plus tota­le­ment d’ailleurs, pour des raisons qui sont aussi issues du proto­cole et que nous avons décrites plus haut.

En tout cas si je devais émettre une vraie critique sur le concept présenté ici, c’est que celui-ci se situe fina­le­ment sur une niche parti­cu­lière, et qu’il n’éclipse pas l’in­té­rêt de solu­tions logi­cielles concur­rentes plus poly­va­lentes et surtout plus acces­sibles, qui présentent quelques inno­va­tions sur les séquen­ceurs, ou diffé­rents aspects explo­ra­toires et péda­go­giques. Toute­fois, après quelques heures à lire le manuel et à comprendre le mode de fonc­tion­ne­ment du plug-in, il devient diffi­cile de s’en passer et peut deve­nir le choix préfé­ren­tiel lorsqu’il s’agit d’uti­li­ser des sons typiques de la TR-909 avec quelques possi­bi­li­tés de sound design supplé­men­taires par rapport aux samples, ou de jouer sur des terri­toires censés être plus ou moins atti­trés avec son registre. Et n’ou­bliez pas, la chan­teuse du morceau de Pump up the Jam n’est bien sûr pas celle que l’on voit danser dans le clip !

8/10
Intêret de la mise à jour :
Fabrication (?) : Pologne
Points forts
  • Le son de la TR-909 dans un synthétiseur multi-sorties avec tous les paramètres de synthèse accessibles
  • Le contenu niveau présets, kits, et patterns
  • L'interface redimensionnable
  • L'ajout conséquent d'options de routage et d'effets issus du catalogue de D16 Group
  • Les améliorations du moteur de synthèse par rapport à la version 1
  • Les paramètres de synthèse supplémentaires
  • Le rendu réaliste des sections charleys et cymbales
  • Léger niveau CPU
  • Peut aller très au-delà de ce que permet la 909
Points faibles
  • S'adresse à un public averti ou fan de la TR-909
  • Agencement des effets pas toujours clair
  • Documentation en anglais seulement
  • Pas de probabilités ou de modulation des paramètres de synthèse sur le séquenceur
  • Modélisation des sections 100% analogiques qui peut encore être améliorée
Auteur·rice de l’article Wolfen

Développeur freelance pour de nombreuses sociétés dans le domaine de l'industrie musicale, créateur de la marque Musical Entropy, et musicien gauchiste qui achète plus de matos qu'il n'en joue


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