Chez Native, on est pas aussi supertitieux que les architectes américains. Après Komplete 12 et avant Komplete 14, c’est donc la 13e version de l’incontournable bundle qui nous arrive. Et il semblerait bien que le chiffre porte bonheur…
Comme chaque année, Native nous gratifie de la nouvelle édition de sa Komplete, un bundle décliné en 4 éditions dont la plus chère comprend l’intégrale des produits au catalogue de l’éditeur, soit 98 instruments, 26 effets et 73 expansions (des banques de sons et de presets utilisables Maschine et dans quelques synthés phare de l’éditeur). Le poids du boxeur sur la balance est du coup impressionnant, puisqu’on parle 1,15 To de données pour environ 115 000 sons : il faudra prévoir de la place sur votre disque dur. Et c’est d’ailleurs à l’installation de tout ce petit monde qu’on aura la première occasion de râler.
Et on fera ça en vidéo ou dans le texte qui suit, à votre convenance :
Installation
En effet, si comme à peu près tous les éditeurs d’envergure, Native a accouché d’un programme d’installation dédié il y a quelques années et si ce dernier fonctionne globalement, on ne pourra que regretter qu’il n’ait pas du tout évolué depuis son lancement et demeure ainsi bien trop rustique en regard de ce qui se fait ailleurs. Non seulement, on ne dispose pas de commande de désinstallation pour les instruments, mais on n’a toujours pas droit non plus à un moyen de tout installer d’un coup ou encore de sélectionner les produits en fonctions de leur type : impossible de filtrer les effets ou les banques Kontakt, les instrument Reaktor, les synthé indépendant ou les expansions. Il faudra se contenter d’un simple listing alphabétique, d’autant plus long qu’on y trouve toutes les banques d’éditeurs tiers Powered by Kontakt, et s’amuser à cliquer sur chaque bouton installer de chaque produit… Fort heureusement, une fois que la chose est faite, on n’a plus à y revenir mais à l’heure où les ordinateurs portables sont légions mais propose rarement des disques durs capable d’accueillir autant de données, le fait qu’installer et désinstaller soit si laborieux est dommage. Qu’importe le flacon toutefois pourvu qu’on ait l’ivresse, car l’important dans la Komplete, ce sont bien évidemment les produits qui la composent, à commencer par une vieille connaissance qu’on croyait presque morte et que les allemands viennent de ressusciter…
Rig your bell!
La version 5 du simulateur d’ampli de Native Instruments datant d’il y a 9 ans, c’est peu dire qu’on ne croyait plus à la moindre mise à jour de cette dernière, d’autant que Native semblait beaucoup plus intéressé par les musiques électroniques et le son à l’image au cours de la dernière décennie. Du coup, c’était un euphémisme de dire que Guitar Rig avait pris un méchant coup de vieux, pas tant sur le plan fonctionnel et ergonomique où il demeurait toujours aussi pertinent et puissant avec son système de rack modulaire, mais plutôt sur le plan des algos. Il faut dire qu’entre temps, que ce soit dans le monde matériel ou logiciel, il s’en est passé des choses et que les modélisations ont fait d’énormes progrès. Overloud, Positive Grid, IK Multimedia et d’autres éditeurs plus confidentiels s’en sont ainsi donné à coeur joie pour proposer des simulations d’amplis très supérieurs à celle que proposait Native Instruments, ainsi que des systèmes de clonage d’ampli, de simulation de baffle par réponse impulsionnelles. Dans ce contexte, voir arriver Guitar Rig 6 est une sacrée bonne nouvelle, surtout que Native a grandement fait évoluer le logiciel sur les plans cosmétiques comme fonctionnels.
C’est en effet dans une toute nouvelle interface que nous arrive notre vieil ami, une interface redimensionnable à souhait pour s’adapter à nos écrans : c’est déjà une bonne nouvelle. En vis-à-vis de cela, tous les graphismes du logiciel ont été refait, avec une sorte de compromis idéal trouvé entre le vectoriel et le photoréalisme. Dans le sillage des récents logiciels proposés par l’éditeur, on dispose ainsi d’interface claires et lisibles, avec des boutons de bonne taille et des textes bien contrastés : une vraie belle refonte donc, à ce point qu’on rêverait de voir Kontakt bénéficier du même traitement…
Ergonomiquement, on ne peut en revanche pas dire que Native ait révolutionné quoi que ce soit, Guitar Rig 6 reprenant les idées de Guitar Rig 5 à quelques changements près. Et ce changement, c’est d’abord dans les modules d’effets proposés qu’on le trouve puisque l’éditeur a intégré l’écrasant majorité des effets qui sont à son catalogue, qu’il s’agisse d’effets à modulation, des distorsions et autres bitcrusher, de compresseurs, d’EQ ou encore des réverbs. Bref, Guitar Rig 6 semble devenir plus ou moins l’énorme multieffet de Native Instruments, rassemblant à peu près tout ce qu’il faut pour traiter le signal, ce qui se traduit par quelques évolutions du côté du navigateur de presets. Proposant une recherche multicritère, ce dernier permet ainsi de sélectionner les rigs correspondant à une source précise : guitare et basse, bien sûr, mais aussi aussi Voix, Batterie, Bus, Effets spéciaux, séquences, synthé… Bref, Guitar Rig ne se cantonne clairement plus qu’à la guitare et c’est tant mieux, même si l’on déplorera qu’avec cette orientation plus généraliste, certains tags indispensables pour les guitaristes soient passé à la trappe (lead, hi-gain, crunch…) au profit de mot-clés plus vastes comme Distorted, Complex, etc.
Ce ne sera hélas pas le seul motif de grogne pour les gratteux. Rien qu’à cause de son nom, on attendait qu’il se passe des choses du côté de la guitare justement, et il s’en passe… quelques unes en attendant mieux. Si l’on rêvait en effet d’une complète refonte des modélisations du logiciel et si l’éditeur met en avant une nouvelle technologie pour ce faire, seuls deux amplis guitare et un ampli basse utilisent cette dernière. Les autres amplis ? Ils ont changé de look mais pas d’algorithmes… Masquant ce défaut probablement dû à un soft sorti trop tôt sous une démarche faussement communautaire, Native propose sur son site de sonder les utilisateurs sur le mode « dites-nous ce qu’on vous voulez qu’on modélise et on le fera ». Ce qu’on aurait voulu est pourtant très simple : toutes les modélisations qu’on trouve chez la concurrence et il n’y avait pas besoin d’un sondage pour le savoir. Au minimum, on voudrait disposer de tous les classiques signés Fender, Marshall, Vox, MesaBoogie, Peavey, ce qui aurait été le minimum pour étrenner cette nouvelle version… Au lieu de cela, il faudra donc se contenter des versions d’il y a 9 ans dont certaines piquent un peu les oreilles et des trois petits nouveaux qui sonnent très bien, avec une bonne réponse à la dynamique du jeu.
L’éditeur se rattrape toutefois en proposant de nouvelles simulations de baffles via des réponses à impulsion provenant de OwnHammer et 3 Sigma Audio : des références ! Pour utiliser ces dernières, on profitera des modules Match Cabinet et Control Room eux-aussi refondus, avec la possibilité au mieux de mixer huit simulations de baffle avec pour chacune la possibilité de définir le volume, la phase, mais aussi le micro utilisé pour la prise proposé dans trois positions par rapport à la gamelle (centre, extérieur et intermédiaire). C’est un peu court en regard de ce que propose le dernier Amplitube ou le Wall of Sound de Two Notes, car on ne peut pas notamment régler la distance du micro, ce que le paramètre Air permet de compenser.
Bref, ce Guitar Rig promet le meilleur mais force est d’admettre qu’on aurait aimé disposer d’un produit complet dès son lancement, ce qui n’empêche nullement de profiter de l’incroyable puissance du logiciel, lui qui permet de splitter le signal autant de fois que nécessaire et de faire des modulations autrement plus sophistiquées que ce qu’on trouve dans BIAS, TH3 ou encore Amplitube, bien basiques en comparaison. Bien sûr, on regrettera qu’aucune technologie de clonage d’ampli ne soit au programme, ni même de tweaking électronique façon BIAS ou ReValver, mais tout cela est rattrapé par le côté tout terrain du logiciel qui s’avère extrêmement pertinent bien au-delà de la guitare : une vraie tuerie que ce soit sur un synthé, une boucle de batterie ou une voix !
Je vous renvoie au test de Red Led pour regarder tout cela d’un peu plus près…
Et on l’utilisera évidemment avec tous les nouveaux instruments proposés par cette Komplete à commencer par les deux nouvelles guitares qui rejoignent le pack…
Solo sur les six cordes !
Ces dernières nous arrive ici en électrique comme en acoustique. Commençons avec Session Guitarist – Picked Acoustic; une Martin 00–21 de 73 enregistrées avec trois perspectives différentes et qui reprend les principes et l’ergonomie des autres Session Guitarist Acoustic, mais qui, comme son nom l’indique, délaisse le strumming pour le jeu au médiator et aux doigts. Deux instruments sont proposés, l’un orienté vers la rythmique avec un paquet d’arpèges prêts à l’emploi mais aussi des rythmiques pincées du plus bel effet, sachant que comme dans les précédent Session Guitarist, on dispose de nombreuses déclinaisons d’accords comme de la possibilité de modifier les voicing. On est par ce biais face à un instrument beaucoup plus riche et maléable que ne le sont la plupart des guitares similaires sur le marché et dont les boucles sont souvent très figées (Ujam Virtual Guitarist, Impact Soundworks Acoustic Revolution).
Mais la plus grosse nouveauté de ce Picked Accoustic tient dans le fait qu’une version « note à note » de la guitare est aussi présente, laquelle pourra vous servir pour écrire des solos comme d’autres arpèges encore. Et l’on reconnaît dans cette dernière la patte de drumasonic dans la mesure où, au-delà d’un sampling irréprochable, les développeurs sont parvenus à trouver un bon compromis entre exhaustivité et jouabilité : on dispose ainsi de quatres techniques de jeu principales (normal, étouffé, harmoniques et trémolo) jouées avec ou sans médiator et des principales articulations dépendant de l’usage de la pédale de sustain qui vous passera en mode monodique ou polyphonique : hammer et pull-off sont ainsi générés automatiquement et de façon suffisamment crédible pour réaliser des trilles réalistes, mais vous pouvez aussi générer des glissés très convaincants disponibles en vitesse lente ou rapide, ajouter du vibrato sur les notes tenues. Cerise sur le gâteau, on dispose aussi d’un mode rythmique dans cet instrument avec des patterns MIDI déclenchables d’une simple touche, et comme l’on peut alterner sans difficulté le passage du mode mélodique au mode rythmique, on dispose de quoi agrémenter les séquences de bases de transitions qui apporteront beaucoup de réalisme à la partie générée. De la sorte, programmer une partie de guitare qui tient la route ne réclame pas des heures de programmation : c’est vraiment du beau travail !
On en dira autant de Session Guitarist Electric Sunburst qui nous arrive dans sa version Deluxe. Quoi de différent avec la version normale ? De nouveaux patterns rythmiques bien sûr et notamment enfin des patterns funk ou blues de base, mais aussi un instrument jouable note à note comme dans Picked Acoustic, avec la même simplicité de programmation. On retrouve ainsi l’excellente gestion des glissandos.
Et bien évidemment, même si la section d’effets est tout ce qu’il y a de plus recommandable, on n’hésitera pas à récupérer le signal dry de la guitare pour rentrer dans le nouveau Guitar Rig 6 pour s’amuser un peu plus encore…
Allez, un petit mashup juste pour le fun :
Bref, ces deux guitares comblent enfin l’une des plus grosses lacunes de la Komplete jusqu’ici, à savoir l’absence de guitare jouée note à note. Et c’est encore au rayon des instruments à cordes solo qu’on va trouver de la nouveauté dans cette édition 2013, et peut-être même la nouveauté phare du bundle…
Native tient la corde…
Si au rayon ensemble de cordes, Native nous avait en effet récemment régalé en s’attachant les services d’Audiobro comme de eInstruments, si l’on disposait par ailleurs de solutions pour faire du prototypage rapide telle qu’Action Strings ou Emotional Strings, force est de constater qu’en dehors des quelques instruments proposés dans la banque généraliste de Kontakt, on ne disposait pas de cordes solo dignes de ce nom. Cette lacune est désormais comblé par le biais une fois de plus d’eInstruments qui, pour le coup, a mis les petits plats dans les grands. Quels sont les meilleurs violons au monde ? De l’avis de bien des musiciens, ce sont les fameux Stradivarius hors de prix, et c’est donc ces instruments que l’éditeur a choisi de sampler, sachant que nous parlons bien ici d’un quatuor et non de la famille de cordes au grand complet : point de contrebasse donc, mais bien les instruments qu’on retrouve dans un quatuor classique, soit un violoncelle, un alto et… deux violons aux personnalités différentes, tous fabriqués entre la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe, tous méticuleusement samplés avec plusieurs trois d’enregistrements, et tous proposés dans une interface relativement simple à appréhender.
C’est en effet la force d’eInstruments de savoir proposer un compromis idéal entre exhaustivité des techniques de jeu et simplicité de programmation, de sorte qu’on est loin de se trouver face au casse-tête MIDI des instruments Embertone, pourtant excellents en termes de rendu. La gestion des glissando est ainsi exemplaire dans la mesure où en mode Adaptive, le simple fait de placer une note contiguë à vélocité maximale déclenche l’articulation. Combiné à la gestion de l’expression à la molette, il n’est pas bien dur d’obtenir des phrasés réalistes sans trop de peine, d’autant qu’on dispose de 20 articulations classées en 6 types : Long (Sustain, Marcato et Detaché), Short (Sautillé Single, Spiccatissimo, Spiccato, Staccato et Pizzicato), Expressive (Tremolo, Trill, Ricochet et Sautillé), Dynamic (Crescendo, Diminuendo Short et Diminuendo Long), Special (Sul Pont, Sul Tasto, Harmonics et Col Legno)
et enfin Adaptive dont le mode virtuoso contient une combinaison d’articulations triggées par un paquet de scripts complexes… Précisons-le, on dispose pour la plupart de ces articulations d’un paramètres speed permettant d’ajuster le jeu au tempo du morceau. Quant à ce qui est de la qualité audio, il n’y a du coup pas grand chose à redire sur ce qui nous est proposé : cela sonne magnifiquement.
Mais le mieux pour découvrir nos quatre amis, c’est encore de lire le test de Roman qui lui a donné pas moins de 5 étoiles sur 5 tant il était enthousiaste !
Grâce à cela, la Komplete est encore plus Komplete, même si on pourra discuter ce choix du quatuor poussé par l’attrait des stradivarius, autant musical que marketing… Stradivarius n’ayant en effet jamais construit de contrebasse, on se retrouve avec cette idée de quatuor et un deuxième violon donc, certes différents et c’est très bien, mais qu’on aurait volontiers tronqué pour une contrebasse. Par ailleurs, dans l’esprit du quatuor, on se retrouve avec un parti-pris classique éloigné de la couleur « cinématique » proposée par Audiobro pour les ensembles. Gageons qu’il faudra bosser au mixage pour amener ce son brut dans le registre de l’orchestral pompier dont raffolent les blockbusters hollywoodiens, tout comme dans un registre plus pop… Mais ce sont là de bien maigres reproches en vis-à-vis du plaisir qu’on prend avec ces instruments ô combien réalistes.
Que les compositeurs de musique de film ne se désespèrent pas toutefois, car un grand nombre de nouveautés de la Komplete 13 leur sont dédiées, à commencer par Noir…
Noir, c’est noir
Sous ce nom se cache un piano de plus pour la Komplete qui n’en manquait pas mais qui dispose d’atouts certains pour se faire une place parmi ses petits camarades. Soulignons d’abord que Noir est un piano à queue réalisé en partenariat avec le musicien Nils Frahm, réputé pour mélanger sonorités classiques et électroniques dans son travail, et c’est de fait ce que l’on retrouve dans cet instrument enregistré avec et sans sourdine au mythique Funkhaus de Berlin par Galaxy Instruments.
Deux twists viennent en effet distinguer Noir des autres pianos présents dans la Komplete : le premier, c’est le fait qu’il ait entre autre été enregistré avec un micro PZM placé sous l’instrument, pour capter spécifiquement ses graves. De fait, on dispose dans l’interface d’un réglage Sub qui permet de gonfler le bas du spectre et de chopper ce son grave si prisé au cinéma. Il faudra faire gaffe à ne pas en abuser dans un mix chargé sous peine d’engorger complètement le bas du spectre, mais sur du piano solo, c’est parfait, d’autant qu’on dispose en outre de tous les réglages nécessaires pour ajuster le son de l’instrument par ailleurs (et notamment ses bruits mécaniques comme dans Una Corda) et d’une sympathique section d’effets.
Mais au-delà de ce détail intéressant, la vraie originalité de Noir tient dans le fait qu’il intègre un « moteur de particules » qui permet de générer des textures sonores à partir de ce que vous jouez à partir d’un jeu de contraintes que vous définissez. On va bien alors au-delà de ce que propose un « simple » piano préparé puisque vous pouvez en effet définir la façon dont ce générateur va fonctionner, à partir de quelles sources sonores tonales ou atonales, quel algorithme, et contraindre les notes générées à une gamme, définir leur densité. De cette façon, de simples accords génèrent ensuite une forme de nuage sonore qui nimbe votre jeu d’une ambiance plus ou moins rythmique : c’est vraiment très convaincant à l’usage et permet à Noir de se placer entre Una Corda et The Giant au rayon des pianos pas comme les autres de cette Komplete.
- NOIRsimple00:33
- NOIRsub00:33
- NOIRparticule100:33
- NOIRparticule200:33
- NOIRparticule300:33
- NOIRparticule400:33
Et ce n’est pas la seule arme de création massive qui enthousiasmera les compositeurs dans cette nouvelle Komplete, du nouveau se profilant à l’horizon de l’orchestral pur et dur.
Sous la partition
Avec Arkhis, Native nous propose en effet un instrument dédié à l’underscoring contemporain. Si vous ne savez pas ce qu’est l’underscoring, disons qu’il s’agit de cette musique qu’on trouve en fond des dialogues dans les films, qui vise plus à proposer une ambiance qu’à développer un thème réellement. Bref, un élément important de l’habillage musical moderne et qui nous vaut cet instrument développé par les spécialistes de la banque orchestrale pas comme les autres : Orchestra Tools.
Au programme, on dispose de 90 sources d’ambiance enregistrées au Teldex Scoring Stage de Berlin et combinables via 3 layers entre lesquels vous pouvez morpher : simple et efficace, sachant que la variété des sources est de mise, qu’on peut définir le pitch de chaque layer, qu’une petite section d’effets est présente (filtre, delay et réverb) tandis que le le tout peut-être animé par un LFO à des modulations simples. Bref rien de bien compliqué dans le principe mais comme Orchestra Tools a réalisés des enregistrements aussi variés qu’excellent sur le plan technique, Arkhis s’avère extrêmement jouissif à utiliser.
Il tape sur des bambous…
Dans son sillage, on pourra aussi mentionner l’apparition de Mallet Flux produit par Sonuscore et destiné à générer des parties de percussions tonales à mailloches. Enregistrés avec de multiples articulations (mailloches à têtes dures ou souple, sons longs ou courts, frottements, sons inversés), xylophone, vibraphone, marimba, glockenspiel et celesta se retrouvent ainsi dans un moteur doté de multiples séquenceurs à pas pour jouer tant sur les notes que la vélocité tandis qu’une petite section d’effets composé d’un EQ, d’un compresseur, d’une réverbe et d’un delay vient évidemment épicer tout cela en insert comme en envoi. Et pour s’assurer que tout cela n’est pas trop statique, sachez que vous pouvez morpher entre les différents instruments via la molette de modulation.
Évidemment, tous les instruments sont disponibles en solo avec différentes articulations dont des sons inversés du plus bel effet : miam. Bref, comme pour Akhis, c’est simple mais très efficace et complète idéalement les percussions de la Symphony Series elles-aussi réalisée par Sonuscore.
…et sur des plus gros bambous encore !
La Butch Vig Drums vient grossir l’arsenal de percussions et de batteries déjà très complet de la Komplete. Le propos ? Des batteries acoustiques ultra traîtées pour sonner énorme ou lo-fi ou les deux. Rien à dire sur le son : Butch Vig connait son affaire et en marge des 16 samples qui composent chacun des 21 kits, on a droit à une belle section d’effets et une collection de 16 patterns MIDI par kits joués par Butch lui-même. En termes d’interface, disons qu’on est proche d’un Groove Agent avec une approche très MPC pas forcément habituelle pour une batterie acoustique.
Ce partis-pris vient en fait masquer le fait qu’on est très loin de l’approche habituelle d’une batterie virtuelle en effet, puisque qu’on ne dispose pas de samples pour les différents niveaux de vélocités des frappes ni même de possibilité de régler le son des différents micros utilisés pour la prise. Disons donc qu’on est dans une logique hip hop appliquée à du rock, ce qui plaira à certains mais en décevra d’autres car ce n’est pas forcément ce qu’on aurait attendu du producteur de Dirty et Nevermind. En outre, plutôt qu’un nouveau produit, on aurait bien vu les idées de Butch Vig venir grossir les possibilités du vieux Drumlab dont le concept est très proche.
C’est toutefois là l’un des travers souvent observé chez l’éditeur que de souvent ressortir de nouveaux produits plutôt que de développer les anciens (Rammfire en son temps n’était rien d’autre qu’un mini Guitar Rig par exemple), et c’est bien dommage de voir que le marketing de la quantité, même s’il n’exclue pas nécessairement la qualité, demeure une des bases de l’évolution de la Komplete.
Dans ce contexte, on ne hurlera pas non plus au génie face aux Play Instruments qui, s’ils contiennent tous des sons très intéressants, n’en sont pas moins des boîtes à son qui ne sont pas passionnante techniquement parlant. En les utilisant, on a l’impression que Native pourrait nous pondre autant de ces romplers qu’il a pondu d’Expansions pour Maschine, là où l’on préfèrerait sans doute voir tout cela réuni dans une seule et même banque avec de réelles possibilités de traitement et d’édition comme dans Omnisphere…
Parmi ces nouveautés, on évoquera Lofi Glow qui, comme son nom l’indique, fait la part belle aux sons qui crachotent et aux bandes qui pleurent, mais aussi Modular Icons dédié aux bidouillages modulaires, et Cloud Supply qui fait dans les sons d’ambience intéressants mais bien durs à mixer car chargés de réverbe et de résonances. Soyons clairs, ces instruments proposent des sons tout à fait dignes d’intérêts qui trouveront très probablement leur emploi dans vos compos, mais on a encore une fois cette désagréable impression d’être face à une forme de remplissage du bundle, où des sound designers jettent leur travail dans une coque rudimentaire sans réel concept derrière pour grossir la liste des nouveautés. Vu que ces instruments sont vendus au prix unitaire de 49 euros, il n’y a certes rien de scandaleux dans tout cela, mais rien de très excitant non plus car Native nous a souvent habitué à beaucoup mieux.
Grains de voix…
Nettement plus intéressants sur le plan technique, Straylight et Phairlight sont deux instruments exploitant les possibilités granulaires de Kontakt, le premier pour générer des ambiances et des drones quand le second est dédié aux textures vocales. Les deux présentent exactement le même moteur permettant de jouer avec deux samples et d’envoyer le tout dans une section d’effets pilotable via des pads XY.
Là encore, on se demande bien pourquoi ne pas avoir proposé qu’un seul et unique instrument, ce qui aurait permis bien plus de richesse, mais on ne boudera pas son plaisir devant les résultats obtenus par Straylight et surtout Phairlight qui n’est ni plus ni moins que le premier instrument de l’éditeur basé sur des voix… à moins que ce ne soit le deuxième !
- STRAYlight00:24
- PHAIRlight00:24
Accompagnant Phairlight, Mysteria de Galaxy Instruments est lui aussi un instrument basé sur des voix, et plus précisément sur des choeurs enregistrés par Galaxy Instruments. Proche de Thrill dans son concept, Mysteria n’est toutefois pas un choeur virtuel comme on pouvait l’attendre mais bien plutôt un générateur d’ambiances vocales qui s’avèrera utile pour de l’habillage sonore mais qui sera plus difficilement exploitable pour faire de la musique vu qu’on se retrouve souvent avec des choses sinon atonale, du moins non transposées sur le clavier. 800 sources se combinent ainsi au sein d’un double moteur à synthèse granulaire complété d’une section d’effets, sachant que l’interaction entre tous ces petits mondes se pilote par des pads XY.
On ne crachera certainement pas sur cette addition mais force est d’admettre qu’il s’agit là d’un produit dont l’emploi sera plus ou moins anecdotique et qu’au rayon vocal, la redondance vocalogranulaire de Pharlight et Mysteria ne compense pas l’absence de vrais instruments virtuels dédiés à la voix comme on en trouve chez EastWest ou Soundiron notamment. Pour la Komplete 14 sans doute…
Reste enfin à évoquer la dernière nouveauté au rayon instrument de cette 13ème édition, à savoir Super8 : un synthé soustractif à modélisation analogique qui nous renvoie aux belles heures des années 70–80 et complètera idéalement un Monark ou la banque Retro Machines Mk2. Même s’il n’y a rien de très original là-dedans et que la bête ne vas pas faire de l’ombre à une V-Collection en matière de recréation de légendes, ça sonne bien fat, c’est facile à programmer : on prend !
C’est d’ailleurs lui qu’on entend en intro de la compo globale utilisée dans ORLP :
Enfin, notez que ce n’est pas complètement la dernière nouveauté, puisqu’on dispose en sus de la réverbe sound designesque Raüm sortie en freeware plus tôt dans l’année, et d’une palanquée de nouvelles expansions pour Maschine (au total, on en a 73 dans la Collector Edition). On n’en finit plus de voir le bout !
Qu’est ce qui manque ?
Le tour des nouveautés fait, il nous reste à présent à faire le point sur l’ensemble. Au rayon guitare comme cordes solo, il ne fait aucun doute que Native fait avec cette édition un bond de géant, et bien qu’elle ne soit pas tout à fait achevée, la mue de Guitar Rig est une vraie bonne nouvelle : on a hâte de le voir bardé de nouvelles émulations remplaçant les anciennes !
En marge des cela, tout ce qui nous est ici proposé s’avère dans l’ensemble convaincant même si certains produits s’avèreront suivant les besoins des utilisateurs plus anecdotiques que d’autres. On en revient du coup à se demander si les différents éditions de la Komplete ne devraient pas être pensées autrement qu’en fonction du nombre de produits inclus, mais par profil : on pourrait très bien imaginer une Komplete « Cinematique », une Komplete « Pop Music », une Komplete « Urban Music », etc. sachant que ceux qui sont intéressés par l’intégral des expansions ne sont pas forcément intéressés par les ensemble de cuivre orchestraux par exemple…
Force est de constater en tout cas que concernant les lacunes relevées dans notre test de la version 12, Native a fait d’immense progrès : on n’avait pas de guitares ni de cordes frottées solo ? On en a ! On n’avait pas d’instruments vocaux ? On en a presque ! On voulait une refonte de Guitar Rig ? Elle est là ! Qu’est ce qui ferait notre bonheur du coup ? De vrais chanteurs et choeurs virtuels bien sûr, comme on en trouve chez EastWest ou Soundiron par exemple, ainsi que la capacité du bundle à couvrir les 128 instruments de la norme GM, ce qu’il ne parvient toujours pas à faire malgré son Terraoctet de données. Et puis quoi d’autres ? Avouons que si les gens qui se sont occupés de la refonte de Guitar Rig pouvaient se pencher sur le cas de Kontakt, ça nous ferait du bien aux yeux…
Conclusion
Que dire de cette Komplete 13 ? Qu’elle est évidemment encore plus complète et qu’entre la belle refonte de Guitar Rig (à confirmer toutefois), le splendide quatuor à cordes, les super guitares, Arkhis, Mallet Flux, Straylight et Fairlight, il y a vraiment quantité de raisons de se laisser tenter par le bundle, sinon par la mise à jour… Quant à savoir ce qui manque à Komplete désormais, c’est simple : à part de mettre à jour certains produits vieillissants (Battery bien rudimentaire face à Geist notamment mais surtout Kontakt dont l’interface et l’ergonomie sont terriblement datées), il ne manque vraiment que des choeurs et chanteurs virtuels dignes de ce nom, l’éditeur s’étant pour l’heure contenté de nous proposer des instruments pour réaliser des effets ou des textures vocales. On ne cracherait pas non plus sur d’autres guitares électriques, sur une section cuivre un peu plus convaincante que le Session Horns Pro et on notera que tous les instruments de la norme GM ne sont toujours pas représentés dans la collection. Enfin, on pourrait rêver à un peu plus d’audace technologique de la part de l’éditeur : à l’heure où les Izotope et les Toontracks rivalisent d’inventivité pour nous proposer des fonctions simplifiant la vie des musiciens (Tap2Find, Audio2Midi, presets adaptifs, etc.), disons que les effets, traitements et instruments Native jouent une carte un peu trop classique, et qu’on aimerait que l’éditeur nous sorte des innovations comme Komplete Kontrol un peu plus souvent.
Mais il s’agit là de pinaillage en regard de tout ce que propose la Komplete pour un rapport qualité/quantité/prix toujours aussi agressif quelle que soit l’édition qui vous intéresse. Bref, Native rend une bonne copie : il serait malvenu de ne pas la saluer comme il se doit en attendant la cuvée 2021 !