Tout d'abord, sachez que ce test est le début d'une longue série de tests de cartes son, aussi est-il très probable que cet article évolue dans le futur. Comme nous allons tester les autres modèles de cartes son RME Audio, il est possible que des éléments de comparaison s'ajoutent dans cet article (vous serez prévenus dans les news du site, de toutes manières).
La série DIGI96/8
RME Audio possède plusieurs gammes de cartes son, chacune comprenant plusieurs modèles. Ici, nous avons testé la Digi96/8 PST, mais cet article est également valable pour les modèles Digi96/8, Digi96 PRO et Digi 96/8 PAD qui sont très similaires. Voici la différence entre ces cartes, qui se situe au niveau de la connectique :
Digi96/8 | Digi96/8 PRO | Digi96/8 PST | Digi96/8 PAD | |
E/S S/PDIF | ● | ● | ● | ● |
E/S AES/EBU | ● | ● | ||
E/S ADAT | ● | ● | ● | ● |
Sortie analogique | ● | ● | ● | |
Entrée analogique | ● | ● |
Contenu de la boîte
A l’ouverture de la boîte, on est plutôt surpris par l’absence de manuel. A moins que cette double page que l’on trouve dans la boîte soit censée en faire office ? En lisant le guide rapide de ces deux pages (en anglais et allemand, mais pas en français), on comprend qu’il « suffit d’aller sur le CDROM fourni pour accéder au petit manuel de 20 pages et de l’imprimer soit même ». Restriction de budget ? On a l’impression d’être négligé par le constructeur. Après recherche sur le CD, seconde mauvaise surprise : on aurait pu se dire que, question de coût, le manuel se trouvait certes seulement sur le CD, mais en plusieurs langues (en français, par exemple !). Absolument pas, vous aurez droit à un manuel uniquement en PDF, et en anglais ou en allemand. Espérons que dans un proche avenir, RME Audio se décidera à traduire son manuel.
Le reste de la boîte est assez léger : RME Audio fournit un CD comprenant drivers et logiciels, une fibre optique ADAT ainsi que le câble interne pour relier le lecteur de CD à la carte son.
Installation des drivers
L’installation se fait simplement sous Windows 98. Félicitons au passage RME Audio pour le développement de drivers pour la plupart des plates-formes. Au niveau des systèmes d’exploitation, on trouve les drivers pour Windows 95/98/NT/2000, pour MacOS et pour Linux. Au niveau de la compatibilité des drivers avec des applications spécifiques, on trouve les drivers ASIO 2.0, GSIF (Gigasampler), et les classiques MME et DirectSound gérés en multiclients. Un bon point. Les derniers drivers se trouvent très facilement sur leur site, et je m’empresse de télécharger ceux pour Windows 2000 (Les tests étant effectués à la fois sous Windows 98 et sous 2000).
Certains pourront regretter que l’offre logicielle soit aussi minimaliste : le CD ne contient que des démos ou freewares, mis à part l’outil de diagnostique DigiCheck. Vu le prix de ces cartes, nombreux sont ceux qui auraient aimé une licence d’un logiciel « officiel » (multipiste, séquenceur…).
La carte en elle-même
D’un très joli bleu, les cartes son RME Audio sont bien équipées en connectique numérique. Ainsi, on trouve sur toute la catégorie DIGI96/8 des connecteurs SPDIF (modèles standard et PST), doublés de connecteurs professionnels AES / EBU pour les modèles Pro et PAD. Tous les modèles possèdent des E/S ADAT optiques. L’ensemble de la carte son tourne en 96 KHz / 24 bit (ADAT, S/PDIF, E/S analogiques).
Au niveau des E/S analogiques, on y trouve une connectique robuste de deux jacks 6"35 stéréo, soit une entrée et une sortie analogiques stéréos dont la sensibilité est configurable (+4 dBu / –10 dBV). Grâce à la faible impédance de sortie (75 Ohm), on peut indifféremment brancher un casque ou bien un câble relié à une table de mixage. Il eût été judicieux d’indiquer à côté des prises leur fonction, afin de faciliter leur branchement.
Le test
Le jeu de sons dans Sound Forge ne pose aucun problème, en analogique comme en numérique via les connecteurs ADAT optiques ou S/PDIF. La configuration du test comporte un PC et une table de mixage numérique Ramsa DA7 avec entrées et sorties ADAT. En numérique, l’horloge interne de la carte son se cale parfaitement sur celle de la table de mixage.
L’enregistrement dans Cubase en multipistes via les entrées ADAT fonctionne bien (le test consiste à enregistrer 4 pistes stéréos d’instruments différents joués en MIDI et enregistrés en audio). Tout se fait en transparence, si l’on oublie les quelques clics « normaux » lorsque l’on passe de Cubase à un autre logiciel ou bien lorsque l’on change un paramètre dans le panneau de configuration (latence…).
L’enregistrement via l’entrée stéréo est également concluant, avec un rapport signal bruit mesuré inférieur à –90 dB.
Latence
Sur le papier, la série DIGI96/8 est plutôt performante (voir tableau ci-dessous) :
Choix de base
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Latence effective
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(latence / résolution)
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44,1 KHz
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48 KHz
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88,2 KHz
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96 KHz
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46 ms / 16 bit
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46 ms
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43 ms
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23 ms
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21 ms
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23 ms / 32 bit
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23 ms
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21 ms
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12 ms
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10 ms
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11 ms / 16 bit
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12 ms
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11 ms
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6 ms
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5 ms
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6 ms / 16 bit
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6 ms
|
5 ms
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3 ms
|
3 ms
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En pratique, on arrive à d’excellents résultats sous Windows 98, pour peu que le PC ait une puissance raisonnable (pour le test : PIII933, 512 Mo Ram, ASUS CUSL-2, DD UWSCSI 3 IBM Ultrastar 18 Go). En effet, sous 98, il a été possible de descendre à la latence minimale proposée par la carte son (en 44,1 KHz, soit 6 ms). Notons cependant que les utilisateurs de Windows 2000 possédant une PC modeste auront des latences plus longues du fait que cet OS prend plus de ressources (dixit le manuel), et qu’il leur faudra choisir la première ligne (46 ms / 16 bits) du tableau précédent pour éviter des « drop outs » (craquements audio), à moins d’avoir un PC multiprocesseurs (ce qui est plutôt rare chez les musiciens, mais pas inexistant).
Automatisation et synchronisation
Un bon point à noter pour ceux qui utilisent surtout les entrées numériques : le panneau de configuration de la RME Audio permet une multitude d’automatisations : la synchronisation de la fréquence d’échantillonnage sur l’entrée numérique, ainsi que le choix automatique de l’entrée selon le signal fourni en entrée.
De la même façon, ce que l’on entend à la sortie peut être automatiquement choisi par la carte, rejouant l’entrée en direct (latence de 0 ms) ou bien ce que joue le séquenceur.
Routing
Il est possible de faire du direct monitoring (ex : les 8 canaux en entrée ADAT sont rejoués directement sur les 8 canaux en sortie), ou bien de router une entrée ADAT vers le S/PDIF et réciproquement, à partir de la nouvelle version, dite « blue PCB » pour la couleur bleue des circuits de la carte.
Sous Windows 2000, le mode automatique est à double tranchant : si vous utilisez seulement 2 canaux, la carte son commute automatiquement sur les entrées S/PDIF. Si vous utilisez plus de 2 entrées, elle commute sur les entrées ADAT, même si Cubase affiche les entrées comme s’il s’agissait d’entrées ADAT. Un peu déroutant quand on ne connaît pas encore, mais pas gênant une fois que l’astuce est comprise.
Extensions
Il est possible de cumuler plusieurs cartes son RME audio, de les synchroniser numériquement et ainsi étendre considérablement le nombre d’entrées / sorties numériques.
D’autre part, un module Wordclock (ci contre) permettra aux utilisateurs de multiples matériels numériques de tous les synchroniser. Très utile également en cas d’utilisation de plusieurs cartes son pour les synchroniser ensemble.
Fiche technique et bilan
Fréquences d’échantillonnage: | 32 KHz, 44.1 KHz, 48 KHz, 64 KHz, 88.2 KHz, 96 KHz |
Enhanced Full Duplex: | Jeu et enregistrement à des fréquences d’échantillonnage différentes en même temps |
« Mixed Mode » : | Enregistrement sur les ADAT et de jeu sur le S/PDIF et réciproquement |
Autosync : | Synchronisation automatique des entrées numériques sur le signal |
Bitlock PLL : | Synchronisation sur la fréquence, même si celle-ci varie en permanence (varipitch) |
TMS (Track Marker Support) : | Transfert des start-ID des DAT et CD audio |
Zero Latency Monitoring : | En cas de transfert direct (sans traitement) des entrées sur les sorties, la latence est nulle |
Autoselect : | Mode automatique pour détecter quelle entrée est active et ouvrir celle-ci pour l’enregistrement |
IRQ : | Les RME gèrent le partage des IRQ (utilisé par Windows 2000) |
Drivers : | – Optimisé pour Pentium - Win95/98/2000/Me, MacOS, Linux - Windows 95/98 : MME, multi-DirectSound, ASIO2, GSIF. Les drivers DS/MME/ASIO et GSIF fonctionnent en multiclients - Windows 2000 : MME Multiclients, ASIO 2.0 |
Transferts PCI: | Jusqu’à 130 Mo/s |
Réponse sur les entrées numériques : | < 1 ns |
Impédance : | + 4 dBu/- 10 dBV configurable |
Convertisseurs A/N : | 24 bit / 96 KHz, Signal / bruit mesuré dans le test : –90,3 dB |
Convertisseurs N/A : | 24 bit / 96 KHz |
Impédance de la sortie analogiqe : | 75 Ohms : branchement possible d’une entrée ligne ou bien d’un casque |
Speaker Protection : | Minimisation des craquements à l’allumage de l’ordinateur pour éviter d’abîmer les haut parleurs |
Routing : | Sortie analogique routable sur les ADAT |
E/S numériques : | – Optiques (ADAT) 8 canaux - S/PDIF - interne (CDROM…) |
Logiciels fournis: | – DigiCheck : outil d’analyse et de test de la carte son - Logiciels en démonstration et freewares |
Extensions : | – Wordclock sur carte fille - Possibilité de chaîner jusqu’à 4 cartes son RME Audio |
Divers : | – Tous les paramètres sont modifiables en temps réels (routing, synchro…) - Les circuits d’enregistrement et de playback sont totalement indépendants |