La Delta 10/10 représente le haut de gamme chez la firme M-Audio (anciennement Midiman) avec 8 entrées et 8 sorties analogiques au format Jack 6'35 et une entrée / sortie numérique stéréo S/PDIF.
La Delta 10/10 représente le haut de gamme chez la firme M-Audio (anciennement Midiman) avec 8 entrées et 8 sorties analogiques au format Jack 6'35 et une entrée / sortie numérique stéréo S/PDIF.
A l’heure où l’on parle de plus en plus des cartes audionumériques en USB et FireWire, il serait dommage d’oublier les cartes audio au format PCI dont le format reste un standard pour encore longtemps dans le cas du musicien possédant un ordinateur « de bureau ».
L’ordinateur utilisé pour effectuer le test est un PC :
- Processeur Intel PIV 1,6Ghz.
- Disque dur IDE de 60 Go tournant à 7200 tours par minute.
- 512 Mo de mémoire vive.
Le système d’exploitation utilisé pour le test est Windows 2000. L’interface MIDI est une Motu Xpress XT (8 entrées / 8 sorties). Nous avons volontairement panaché les logiciels hôtes utilisés pour le test afin de tirer plusieurs situations types : Magix Samplitude 7.12 et Emagic Logic Platinum 5.5 pour PC.
Installation
Première utilisation… Pas du tout. La 10/10 est bel et bien alimentée… L’astuce trouvée par les développeurs de M-audio est la suivante : ce n’est qu’au démarrage de l’ordinateur que l’alimentation rentre en action et met la carte sous tension. Ce choix n’est pas des plus pratiques – il aurait été préférable d’intégrer un switch de commutation sur le rack même, qui permette (rêvons un peu !) de travailler avec un ordinateur éteint, en tant que station de pré-mixage indépendante. |
Après l’ouverture de la boîte, nous avons pu trouver un mode d’emploi en anglais (hélas ! Heureusement, une version française est disponible sur le site de M-Audio France***), le rack Delta, la carte PCI Delta 10/10, un câble D-Sub 25 broches, le bloc d’alimention 9V, le CD d’installation avec des pilotes pour tous les OS PC (à savoir Windows 98, Millenium, NT, Win 2000 et XP) ainsi que pour Mac OS 9 et Mac OS X.
Après un rapide démontage du PC de test, une certaine tension commence à s’installer… Cette appréhension est bien connue des PC-istes, toujours obligés de mettre la main à la pâte pour installer de nouveaux périphériques. L’installation de la carte proprement dite, c’est à dire insertion et connexion « to host » de la carte au rack en aluminium brossé, sans oublier l’installation du pilote de la 10/10 a pris en tout et pour tout environ dix minutes. Aucun problème d’installation, donc ! M-audio a tout prévu pour que l’installation se fasse sans souci.
Parlons rapidement de la connectique de la Delta 10/10 qui, comme son nom l’indique, met à la disposition de l’utilisateur 10 entrées et 10 sorties. Les 8 In / 8 Out sont au format jack 6.35, ce qui est le format le plus intéressant pour un musicien ou un groupe voulant s’enregistrer en situation « live ». Les deux autres In/Out sont en S-Pdif, soit une entrée et une sortie stéréo. Total: 10 In et 10 Out, le compte est bon.
Une prise [def]Wordclock[/def] est en outre fournie en standard, ce qui est extrêmement intéressant pour des utilisateurs travaillant avec des appareils numériques. La Delta 10/10 pourra ainsi synchroniser toute la chaîne numérique en calant tous les périphériques nécessitant un Wordclock (cas où elle travaille en maître) ou bien en se synchronisant sur le Wordclock (cas où elle est esclave).
Performances
Au niveau acquisition numérique, les tests effectués sur la Delta l’ont poussée dans ses ultimes retranchements, comme nous en avons l’habitude, d’une part, pour tester sa stabilité, d’autre part, pour juger de la bonne tenue de ses convertisseurs et pour éprouver sa latence. Un DTD natif et un séquenceur audio/MIDI ont été utilisés pour faire de la musique avec la Delta 10/10, en l’occurrence Samplitude 7.12 de Magix et Logic Platinum 5.5 PC d’Emagic. Quelques instruments virtuels ont été enregistrés pour tester la latence dont l’ES2, le gros synthétiseur virtuel d’Emagic, et le FM7 de Native Instruments.
Ce qui est formidable avec la Delta 10/10, c’est la facilité avec laquelle on peut router des signaux audio venant de toutes les directions. La bonne tenue des pilotes ASIO 2.0 de la Delta nous ont permis d’atteindre des valeurs de latence de 11 ms à la fréquence d’échantillonnage 16Bits/44,1 kHz et jusqu’à 4 ms (millisecondes) de latence en 24 Bit/96 kHz. Résultat : nous avons pu rentrer des pistes d’ES2 en 24/96 dans Logic en direct et re-router directement les signaux des 14 ES2 cumulés dans Logic 5.5 PC à la volée ! En allant un peu plus loin dans le test musical, nous avons réglé le « DMA Buffer Size » (taille du buffer) de la Delta 1010 sur 256 échantillons (Fig1). A ce niveau de latence, les 2 ms sont atteintes sans souci (à ce niveau, autant dire que la latence est simplement inexistante !).
La Delta 10/10 s’est révélée particulièrement efficace avec Samplitude. L’architecture interne de Samplitude s’est totalement intégrée avec le système de routing interne de la Delta 10/10. Pour effectuer des tests d’acquisition audio d’un instrument électrique, j’ai joué une ligne de basse sur une Fender jazz Bass vintage. Ici, ce sont surtout les convertisseurs internes de la Delta 10/10 qui devaient encaisser le son d’une grosse Jazz Bass bien grasse. Résultat : pas de traîtrise, avec en sus, un bonus dans le sens où la Delta possède un commutateur +4dBu/-10db. Cela fait donc 8 commutateurs fournis en standard sur le rack de la carte.
Enregistrement multipiste & Qualité sonore
Vient le moment de l’enregistrement multipiste, le plus intéressant sur ce genre de carte. Dans cet exercice de style, la Delta 10/10 de M-audio se devait de retranscrire fidèlement les musiciens présents à ce moment précis. Le » groupe " du moment était constitué de :
- Votre serviteur à la basse.
- Un guitariste.
- Une BAR Roland TR 808 patchée en sorties multiples.
Ce qui nous fait un total de huit pistes, soit un petit projet.Après quelques programmations de pattern façon Sexual Healing, nous avons mis notre morceau de « Soul » dans Samplitude 7.0 en passant par la Delta 10/10. Pour pousser le test encore plus loin, nous avons changé à nouveau les niveaux de sorties variables pour les remettre à l’étalonnage standard, soit 0 dBfs. Petit souci, le fameux moteur audio de Samplitude 7.0 étant neutre par nature (c’est la première qualité que l’on demande à un bon moteur audio), la dynamique subit une chute, ce qui pourrait sembler logique lorsqu’on passe de + 4 dB à 0 dB.
En fait, les convertisseurs reflètent une compression naturelle des préamplis. Attention ! Ceux-ci ne trahissent pas les divers signaux audio, mais la Delta 10/10 « manque de pèche », de conviction même. En fait, il ne manque qu’un 3 dB de dynamique supplémentaire en interne pour que la Delta 10/10 frise le sans faute à ce stade du test. Bon, un petit coup de tournevis virtuel dans les convertisseurs ou, mieux, un compresseur « vintage » en entrée de la carte, et nous pourrons oublier ce point.
Malgré tout, ce léger manque de dynamique n’a pas entamé notre entrain, d’autant que la distorsion est absente et que le rapport Signal/bruit ne vient pas entacher notre test avec un souffle inopportun. Après un test d’enregistrement à bas niveau, le rapport signal/bruit s’est avéré très satisfaisant et en accord avec les caractéristiques du constructeur.
Session multiclient & synchronisation numérique
Les drivers de la Delta 10/10 sont multiclients. Nous avons donc été libres de transmettre de l’audio de Logic 5.5 à Samplitude 7.0, en passant par de l’editing. Dernière phase du test : nous nous sommes servi des entrées sorties SPDIF de la Delta 10/10 pour rentrer un morceau issu d’un DAT Tascam professionnel dans Samplitude. Après un passage obligé dans le panneau de routing de la Delta 10/10 (Fig3), l’importation s’est déroulée sans souci, l’horloge de la carte se synchronisant sur celle du DAT.
NB : La 10/10 gère le surround grâce à la fonction « Bass Management » intégrée au panneau de contrôle. N’ayant pas à ma disposition de système Surround adéquat (hélas), c’est la seule fonction de la Delta qui n’a pas été utilisée.
Conclusion
La Delta 10/10 est une carte audionumérique qui mériterait d’être davantage reconnue. C’est un produit résolument destiné aux musiciens semi-professionnels et professionnels évoluant en situation de groupe, exigeants par nature, et acceptant de faire un petit investissement.
Les project studios et les studios professionnels voulant faire de l’acquisition multipiste sur PC ou Mac sont également susceptibles d’inclure la Delta 10/10 dans leur achat futur. Les 2 ms de latence en 24/96 ne peuvent être atteints normalement qu’avec des cartes situées dans une gamme « pro » telles les grosses RME, Event et MOTU. La Delta 10/10 peut donc être définie comme une carte cherchant à trouver son positionnement semi-professionnel. Son rapport qualité/prix est pour le moins excellent (982 €, prix public conseillé).
Vu la stabilité de la Delta 10/10 et le peu de problèmes constatés à mon niveau après ce long test (6 mois d’utilisation intensive, tout de même !), les utilisateurs hésitants par nature (on les comprend !) cherchant la perle rare entre les diverses cartes audionumériques de ce niveau, devraient se pencher sérieusement sur la Delta 10/10. Cette carte mérite donc vraiment que l’on fasse un petit détour et que l’on aille l’écouter pour pouvoir juger de son haut pouvoir de séduction en aluminium brossé…
[+] Qualité sonore
[+] Stabilité des drivers
[+] Faible latence
[+] Positionnement pro pour un prix restant raisonnable
[+] Le cumul possible de quatre cartes pour 40 entrées / sorties
[+] Le panneau de contrôle
[-] Alimentation externe obligatoire par adaptateur
[-] Nécessité d’un préampli pour certains prises acoustiques niveau micro pour « avoir la pêche »
[-] Mode d’emploi papier en anglais
Tous droits réservés à André Ciboule, auteur de cet article.