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Test de Bitwig Connect 4/12 - Modular Connection

7/10

Tandis que les équipes de Bitwig travaillent d'arrache-pied sur leur STAN fétiche, la marque nous a fait une surprise pendant le dernier NAMM avec l'annonce de leur interface audio Connect 4/12 modulaire-friendly, et nous sommes très curieux de voir le concept de plus près.

Test de Bitwig Connect 4/12 : Modular Connection

Il y a quelques semaines, nous testions dans nos colonnes la version bêta 5.3 de Bitwig Studio, la fameuse STAN réali­sée par des anciens de Able­ton. Nous avions constaté à quel point les déve­lop­peurs ont amené leur créa­tion sur des terri­toires très diffé­rents de Live au fil des années, avec un focus remarquable sur la simpli­cité d’uti­li­sa­tion, l’in­té­gra­tion des modu­la­teurs, et sur l’usage de The Grid, envi­ron­ne­ment de créa­tions d’ef­fets, instru­ments et de géné­ra­tion de notes inté­gré direc­te­ment dans le logi­ciel. Alors que Bitwig Studio a pu avoir du mal à ses débuts à percer et à se débar­ras­ser de son image de Able­ton Live-like, aujour­d’hui les choses sont bien diffé­rentes et sa person­na­lité propre est deve­nue recon­nue, notam­ment auprès des aficio­na­dos de la bidouille sonore.

Aussi, lorsque nous avons entendu que Bitwig allait produire du hard­ware, inutile de vous dire que cela a attisé notre curio­sité, ainsi que notre stupé­fac­tion de voir débarquer une inter­face audio avec un gros poten­tio­mètre au milieu plutôt qu’un contrô­leur. Celle-ci semble de plus dispo­sée à inter­agir avec des synthé­ti­seurs modu­laires, ce qui n’est pas pour déplaire à votre servi­teur, qui a sombré dans les méandres de l’Eu­ro­rack après avoir côtoyé (coyoté ?) des modules de trop près au Synth­Fest France 2024, puis à l’édi­tion 2025 où les choses ne se sont pas du tout amélio­rées, avec le nouveau produit de Bitwig qui était présent. Nous allons donc étudier leur propo­si­tion, tout en vous montrant ce que ce nouveau chal­len­ger Connect 4/12 du monde des cartes sons peut appor­ter aux musi­ciens.

Débal­lage et premiéres impres­sions sur la Connect 4/12

Le nouveau produit de Bitwig est ainsi une inter­face audio de 20.5 × 16.3 × 5.2 cm et 1.45 kg, avec un châs­sis en métal noir et orange d’un assez bon effet, donnant une impres­sion de soli­dité et d’as­sise assez agréable. Elle se connecte via USB-C à votre ordi­na­teur, et elle est dispo­nible dès aujour­d’hui au tarif de 499 euros envi­ron. La Connect 4/12 est compa­tible avec Windows, macOS, Linux (comme Bitwig Studio !) et même iOS (iPad), s’au­toa­li­mente via le câble USB, et dispose de son propre driver ASIO sur Windows. Elle est livrée dans une jolie boîte en carton qui rappelle le packa­ging d’une autre marque mitoyenne, avec des instruc­tions impri­mées à l’in­té­rieur, un câble USB-C, un adap­ta­teur USB-C vers USB-A, deux adap­ta­teurs MIDI DIN vers mini jack, 4 « patchs » audio mono en mini jack, et un petit stock d’au­to­col­lants.

BitwigUnboxing-2En allant sur le site inter­net https://bitwig.com/get-connec­ted, on accède au bundle logi­ciel, à un manuel très complet avec des vidéos de prise en main, et à la possi­bi­lité d’en­re­gis­trer le numéro de série indiqué sous l’in­ter­face. Les équipes de Bitwig four­nissent aux utili­sa­teurs de la Connect 4/12 une version « essen­tielle » de Bitwig Studio 5, avec la possi­bi­lité de la renou­ve­ler au bout de 6 mois. On peut aussi rajou­ter dans le bundle l’ac­cès aux offres habi­tuelles Bitwig Circle, comme c’est le cas actuel­le­ment pour les déten­teurs de la STAN, telles que des produits chez Klev­grand, Sonic Academy ou Mini­mal Audio au moment du test. On aurait appré­cié toute­fois des tarifs promo­tion­nels pour les utili­sa­teurs de Bitwig Studio sur l’in­ter­face, ou pour avoir la version complète à la suite de l’achat de l’in­ter­face.

Connect 4/12 : détails sur la connec­tique et les possi­bi­li­tés

Connect 4/12 propose comme son nom l’in­dique 4 entrées et 12 sorties audio, en plus d’une entrée et d’une sortie MIDI mini jack, mais pas n’im­porte lesquelles ! À l’ar­rière de la machine, on observe les premières 6 sorties ligne jack 6,35 mm numé­ro­tées de 1 à 6, mono, mais TRS / symé­triques, une sortie stéréo 7–8 casque (malheu­reu­se­ment à l’ar­rière, elle aurait été plus pratique dispo­sée devant ou sur le côté). On y trouve égale­ment les connec­teurs USB-C et l’en­coche Kensing­ton, une entrée combo XLR et jack mono ligne 6.35mm TRS, et une autre entrée ligne jack mono TRS. Ces deux entrées peuvent être utili­sées au choix comme entrées lignes clas­sique ou instru­ment haute impé­dance, la première dispo­sant en plus de son préam­pli­fi­ca­teur pour les micro­phones, avec une alimen­ta­tion fantôme 48 V option­nelle. Des boutons ronds présents à côté de ces deux entrées permettent d’ailleurs de chan­ger direc­te­ment l’as­si­gna­tion de leurs fonc­tion­na­li­tés, qui se retrouvent visibles en façade avec des LEDs RGB assez pratiques, et qui affichent égale­ment la présence d’évé­ne­ments MIDI. 

Sur le devant, on remarque 3 boutons de trans­port rectan­gu­laires compa­tibles avec le proto­cole Mackie Control Univer­sal (play / stop / record et métro­nome / bouclage / écri­ture de l’au­to­ma­tion en restant appuyé sur un autre bouton), 6 boutons rectan­gu­laires plus petits, 3 boutons ronds, ainsi que des LEDs supplé­men­taires avec gradua­tion en dB pour affi­cher des volumes (en stéréo) sur les entrées et les sorties. Un énorme enco­deur infini (que l’on appel­lera le BK ou « Big Knob »), sensible au toucher, prend toute la place sur cette même façade, permet­tant de régler des volumes et d’autres choses amusantes dont on va parler plus bas, avec un feed­back visuel bonus sous la forme de 32 LEDs RGB dispo­sées tout autour. On peut sélec­tion­ner l’en­trée / sortie dont on veut régler le volume, et affi­cher les métriques simple­ment en appuyant sur le bouton asso­cié, que ce soit IN1, IN2, MAIN ou PHONES.

BitwigConnectiqueToujours sur la façade, la Connect 4/12 dispose de deux entrées supplé­men­taires en mini jack label­li­sées 3–4, ainsi que de quatre sorties mini jack 9–12, qui peuvent être utili­sées comme des entrées / sorties clas­siques, ou couplées courants conti­nus (DC-coupled) donc dispo­nibles pour envoyer / rece­voir de très basses fréquences, voire des valeurs de tensions constantes. Cette fonc­tion­na­lité, qui n’est pas présente sur toutes les inter­faces audio du marché, permet à votre STAN d’in­ter­agir avec des synthé­ti­seurs et groo­ve­boxes hard­ware compa­tibles, que ce soit pour synchro­ni­ser le signal d’hor­loge (donc le tempo et le départ de la lecture de façon plus précise qu’avec du MIDI), ou pour patcher des synthé­ti­seurs semi-modu­laires (comme les Moog Sound Studio) et modu­laires (format Euro­rack notam­ment).

Bitwig-Connect 2501 CV-integration-v2-LG-SDOn pourra, par exemple, utili­ser un séquen­ceur de Bitwig Studio (comme ceux que l’on peut créer dans The Grid ou le nouveau Step­wise) pour comman­der une voix de synthèse, en envoyant des signaux gate et CV / pitch, rajou­ter des modu­la­teurs de type LFO ou Sample & Hold dans un sens ou dans l’autre, envoyer de l’au­dio aussi pour sampler à la volée ou géné­rer une enve­loppe avec un suiveur… Et les entrées, qui sont poten­tiel­le­ment quatre en audio et deux maxi­mum en CV, permettent de récu­pé­rer jusqu’à quatre voix de synthé­ti­seurs pour pouvoir les mixer sépa­ré­ment (avec des effets en send, ou des simu­la­tions d’en­re­gis­treurs à bandes par exemple). On peut égale­ment imagi­ner pouvoir inter­agir avec The Grid ou n’im­porte quel module virtuel dans VCV Rack en envoyant la sortie d’un Make Noise Maths ou de n’im­porte lequel des modules hard­ware géné­ra­teurs de signaux CV tels que les fameux Orna­ment & Crimes avec le firm­ware Phazer­ville. Bref, l’in­ter­face audio permet d’étendre les possi­bi­li­tés de son setup hybride Bitwig Studio + hard­ware en matière de modu­la­tions, de séquençage, de mixage, de perfor­mance, et aussi d’ef­fets si on veut utili­ser unique­ment ses modules comme un four­nis­seur d’ef­fets hard­ware.

Fonc­tions avan­cées de la Connect 4/12 pour Bitwig Studio et au-delà 

Avant de pouvoir utili­ser le produit de manière opti­male, il est recom­mandé d’ins­tal­ler la dernière version de Bitwig Studio (la version 5.3.8 au moment du test), et le Bitwig Connect Control Panel, qui donne accès à un certain nombre d’in­for­ma­tions et à la procé­dure de mise à jour du firm­ware de la carte son (ici en version 1.82). L’ou­til est très clair, et nous permet de consta­ter la présence du direct moni­to­ring, d’op­tions sur les sorties prin­ci­pales (dont nous allons parler plus loin), de gains supplé­men­taires sur les deux entrées en façade, ainsi que d’un filtre anti-tensions conti­nues option­nel. L’in­ter­face permet d’ailleurs de monter jusqu’à 192 kHz en fréquence d’échan­tillon­nage avec 24 bits entiers pour un maxi­mum de préci­sion.

BitwigConnectControlPanel

Dans Bitwig Studio, on peut utili­ser l’in­ter­face en allant dans les préfé­rences audio et en sélec­tion­nant la Connect 4/12. On remarque alors la présence d’en­trées supplé­men­taires virtuelles 5 et 6 inti­tu­lées « Loop­back » qui corres­pondent à un moni­to­ring supplé­men­taire de la sortie stéréo. À l’usage dans la STAN, les modules de The Grid ou les devices de type hard­ware permettent de sélec­tion­ner les entrées et sorties nombreuses à l’envi, et disposent parfois de fonc­tion­na­li­tés supplé­men­taires spéci­fiques, dispo­nibles seule­ment pour le maté­riel maison et/ou pour la connec­tique de la façade, tels que les modes auto sur le couplage et le range dans The Grid avec CV Pitch In et CV Pitch Out. Ainsi, une parti­cu­la­rité inté­res­sante de cette connec­tique est qu’elle dispose de cali­brage auto­ma­tique pour comman­der ou rece­voir des signaux de type CV pitch avec un setup modu­laire, en tout cas pour la connec­tique de façade. Dans le cas géné­ral, il peut être néces­saire d’uti­li­ser des utili­taires spéci­fiques, comme la suite Silent Way de Expert Slee­pers, le NYSTHI Tuna­thor gratuit dans VCV Rack, ou des mesures manuelles, pour cali­brer correc­te­ment ces signaux.

BitwigStudioCVPitchInMais la partie la plus inté­res­sante est celle qui concerne l’usage du BK. En utili­sant les boutons en dessous et sur le côté, on accède aux volumes et à certaines commandes du Control Panel direc­te­ment sous les doigts. Mais surtout, on dispose de moyens d’in­ter­agir avec le défi­le­ment et le zoom hori­zon­taux dans l’in­ter­face de Bitwig via le bouton Scroll (selon qu’on bouge direc­te­ment le BK ou qu’on fasse un double tap dessus avant). Et si on appuie sur le bouton Bitwig, on peut éditer un para­mètre quel­conque de la STAN en passant la souris dessus pour le sélec­tion­ner (appelé aussi « Bitwig Mode »), ce qui est une expé­rience très plai­sante. Le para­mètre peut égale­ment être locké – au choix d’un double appui sur le dessus du bouton ou avec deux appuis sur le bouton Bitwig – à un para­mètre donné pour que vous puis­siez conti­nuer à utili­ser votre souris. Le côté inter­ac­tif de la chose est très perti­nent et améliore gran­de­ment le work­flow d’uti­li­sa­tion de la STAN, tout comme les 3 boutons de trans­port qui permettent aussi d’ac­ti­ver le métro­nome, l’en­re­gis­tre­ment de l’au­to­ma­tion, ou le bouclage de la lecture dans la fenêtre arran­ge­ment en enfonçant en même temps la touche Bitwig. Mais là aussi, on parle de fonc­tion­na­li­tés dédiées à Bitwig Studio, même si on peut imagi­ner que des choses deviennent possibles avec du scrip­ting dans d’autres STANs au vu de la nature ouverte des APIs de la marque.

BitwigStudioSettingsControlProfi­tons-en pour finir ce premier tour d’ho­ri­zon pour parta­ger avec vous des infor­ma­tions supplé­men­taires sur l’in­ter­face audio­nu­mé­rique, qui dispose de conver­tis­seurs analo­gique / numé­rique AKM. Comme je ne dispose pas de l’ap­pa­reil de mesure APx515 d’Au­­­dio Preci­­­sion de mes cama­rades, je ne pour­rai pas vous four­nir dans ce test de mesures de réponse en fréquence ou les infor­ma­tions THD, THD+N, dévia­­­tion des voies et IMD habi­tuelles, cela ne faisant pas sens à mes yeux de réali­ser des mesures avec du maté­riel de moins bonne qualité et un proto­cole diffé­rent, ce qui empê­che­rait de compa­rer les résul­tats avec ceux d’autres tests d’in­ter­faces audio chez Audio­Fan­zine. Toute­fois, le manuel précise quelques données sur les entrées 1 et 2, par exemple : 

  • Plage dyna­mique de 113 dB et 110 dB (A-weigh­ted) respec­ti­ve­ment sur les entrées MIC/LINE et INST
  • 0.001% et 0.003% de THD+N respec­ti­ve­ment sur les entrées MIC/LINE et INST
  • Dévia­tion de +/- 0.1 dB sur la plage de fréquences 20 à 20 000 Hz
  • Réserve de gain de 60 dB sur l’en­trée MIC et de 30 dB en ligne / instru­ment

De plus, j’ai réalisé les mesures de latence avec RTL Utility sur Windows 11, et j’ob­tiens les résul­tats suivants :

BitwigConnectLatencyLes valeurs en milli­se­condes ci-dessus semblent indiquer que l’in­ter­face audio se situe plutôt entre l’en­trée et la moyenne gamme ques­tion latence, avec des temps plus élevés en moyenne que sur la Focus­rite Scar­lett 18i20 Gen 4 par exemple, et surtout que ma véné­rable RME Baby­face qui s’en sort toujours très bien de ce côté-là (5.6 et 4.3 ms mini­mum). On a constaté égale­ment qu’il n’était pas possible sur la Connect 4/12 de descendre à 32 samples de taille de buffer en 96 kHz. Nous pouvons imagi­ner que, sur ce tarif, avec ce nombre d’en­trées et de sorties, il n’est pas vrai­ment perti­nent d’at­tendre de toute façon le même niveau de perfor­mances que sur des inter­faces plus chères et plus focus sur des fonc­tion­na­li­tés de base. Toute­fois, à l’usage, les entrées / sorties clas­siques avec le préam­pli­fi­ca­teur inté­gré nous ont semblé de bonne facture, en termes de colo­ra­tion, de dyna­mique et de niveau de bruit, par exemple, et très large­ment utili­sables pour ce que l’on peut deman­der à une carte son dans un home studio.

À noter égale­ment qu’une mise à jour récente de Bitwig Studio sur macOS simpli­fie l’usage de la Connect 4/12 en renfort d’une autre inter­face audio plus clas­sique, avec le partage des entrées / sortie et du routage faci­lité. Mais cela ne profite pas à la version Windows malheu­reu­se­ment, là où les choses à ce niveau sont toujours un peu compliquées même avec le véné­rable utili­taire ASIO4ALL. C’est pourquoi j’ai opté person­nel­le­ment pour une inter­face ADAT ES-10 dans mon setup modu­laire, ma RME Baby­face étant four­nie en connec­tique ADAT, contrai­re­ment à la Connect 4/12 d’ailleurs ce qui aurait été un plus appré­ciable. Notons d’ailleurs que la Connect 4/12 montre quelques signes de fami­lia­rité avec une autre inter­face audio dispo­sant de connec­tique DC-coupled, que l’on voyait souvent dans les vidéos promo­tion­nelles de Bitwig sur YouTube, à savoir la Native Instru­ments Komplete Audio 6 Mk2 USB, qui n’est plus dispo­nible à la vente à l’heure actuelle, avec des propo­si­tions alter­na­tives perti­nentes.

Utili­sa­tion de la Connect 4/12 en home studio et en confi­gu­ra­tion modu­laire

Parlons à présent d’un sujet qui nous a fait cogi­ter sur ce produit, l’in­té­rêt de ces six sorties audio clas­siques (en plus de 7/8 pour le casque et des 4 sorties façade). Pour un produit destiné à un secteur de niche un peu parti­cu­lier – home-studiste ou modu­la­riste avec des limi­ta­tions en matière de nombre d’en­trées – cela nous a semblé être un choix plutôt auda­cieux et éton­nant. Après avoir visionné des vidéos de présen­ta­tion du produit, et discuté avec des profes­sion­nels qui gravitent autour du projet, il semble­rait qu’une des orien­ta­tions de work­flow concerne l’usage de deux paires d’en­ceintes de studio. Il est en effet commun chez les ingés sons profes­sion­nels de mixer des titres sur plusieurs systèmes d’écoute. Ainsi, il est possible de bran­cher ses enceintes sur les sorties 1/2 et 3/4, puis de pouvoir passer d’une paire à l’autre en appuyant sur le bouton ALT ou via le Control Panel. De plus, il est possible de régler un offset de volume qui va de –12 à +12 dB entre la sortie 1/2 et la sortie 3/4 direc­te­ment en restant appuyé sur ALT et en tour­nant en même temps le BK, pour s’as­su­rer d’avoir un volume cohé­rent entre les deux. Enfin, le bouton MONO permet de s’as­su­rer de la qualité du mix dans un contexte mono, et le bouton DIM que l’on retrouve régu­liè­re­ment sur des systèmes de moni­to­ring complexes permet de swit­cher entre deux confi­gu­ra­tions avec des volumes diffé­rents, pour tester la qualité du mix avec beau­coup de déci­bels d’un côté et un volume plus raison­nable de l’autre. 

En tout cas, nous pouvons imagi­ner, comme vu précé­dem­ment, de multiples usages pour toute cette connec­tique, même si le produit semble clai­re­ment destiné côté construc­teur à inci­ter les gens à aller vers Bitwig Studio, et à inci­ter égale­ment les utili­sa­teurs de Bitwig Studio à préfé­rer cette inter­face plutôt qu’une autre. Le pari semble ambi­tieux, et intègre égale­ment la dimen­sion de la synthèse modu­laire, qui semble être un inté­rêt fort chez les personnes qui ont fran­chi le pas pour la STAN de The Grid. De ce point de vue là, on ne peut que regret­ter quelques inco­hé­rences, comme l’ab­sence du cali­brage auto­ma­tique sur les sorties de l’ar­rière ou tout court sur les autres STANs, le nombre faible d’en­trées par rapport au nombre de sorties, le nombre limité de connec­tiques qui peut être utilisé pour les signaux CV, et aussi il semble­rait une limi­ta­tion sur les tensions maxi­males en sortie, à –5 +5 V alors que le format Euro­rack peut utili­ser des valeurs qui peuvent aller jusqu’à –10 et +10 V en géné­ral. On appré­cie toute­fois que les entrées dédiées puissent encais­ser ces mêmes tensions, ce qui simpli­fie quand même pas mal le work­flow hybride ou ouvre pas mal de possi­bi­li­tés supplé­men­taires, notam­ment avec les fonc­tion­na­li­tés de trai­te­ment et de lissage de signaux CV incor­po­rés dans Bitwig Studio. 

Ainsi, il est possible avec de mélan­ger synthèse et FX in the box et modu­laire, ou d’uti­li­ser faci­le­ment du maté­riel hard­ware plus clas­sique, de mixer faci­le­ment 4 voies de modu­laire, de jouer avec 3 paires d’en­ceintes, de séquen­cer tout et n’im­porte quoi grâce à une STAN dédiée, contrô­ler une voix Euro­rack au clavier ou avec Step­wise, synchro­ni­ser l’en­semble avec un signal clock fourni par Bitwig, avoir l’en­ve­loppe en soft­ware et la synthèse en hard­ware ou l’in­verse, d’avoir le setup modu­laire qui séquence tout et n’im­porte quoi dans Bitwig Studio etc. The Grid peut encore déve­lop­per une certaine poly­va­lence et une capa­cité d’ex­plo­ra­tion grâce à ses modules qui inter­agissent avec le hard­ware de manière très acces­sible. 

Notre avis : 7/10

Pour une première incur­sion dans le milieu du hard­ware, l’in­ter­face audio Connect 4/12 nous a parti­cu­liè­re­ment séduit pour l’es­prit, et nous ne doutons pas un seul instant qu’elle saura convaincre les utili­sa­teurs actuels de Bitwig Studio et les modu­la­ristes, notam­ment comme carte son d’ap­point pour setups hybrides à base d’or­di­na­teurs portables, compte tenu du posi­tion­ne­ment du produit, mais pas que, avec ses spéci­fi­ca­tions humbles mais honnêtes et malgré un nombre d’en­trées déséqui­li­bré par rapport au nombre de sorties.

Il est évident que le nouveau produit de l’équipe est égale­ment un pari pour conti­nuer à faire rayon­ner le fruit de leur travail et déve­lop­per leur écosys­tème, qui nous donne très large­ment envie de voir l’offre s’étof­fer, avec plus d’en­trées et soyons fou du ADAT ou quelques amélio­ra­tions du work­flow qui pour­raient être l’objet de mises à jour supplé­men­taires, comme le zoom ou le dépla­ce­ment verti­cal en plus de l’ho­ri­zon­tal. Notons d’ailleurs que la confi­gu­ra­tion était très stable – d’au­tant plus pour un produit qui vient de sortir – et que l’in­ter­face sait vite se fait vite oublier à l’usage, tout étant placé au bon endroit, fonc­tion­nel et sans bugs rencon­trés pendant le test.

Alors le mélange des posi­tion­ne­ments nous a par moments un peu embrouillés, avec des fonc­tion­na­li­tés et carac­té­ris­tiques plutôt typées débu­tants, d’autres profes­sion­nels, parfois pour un usage « in the box », d’autres inté­gra­le­ment pensées modu­la­ristes, et les amélio­ra­tions de work­flow dédiées à Bitwig Studio et un peu aux autres séquen­ceurs. Mais pour nous, c’est défi­ni­ti­ve­ment l’in­ter­face audio Bitwig, qui fait tout ou presque d’une façon parti­cu­lière à la manière de la STAN asso­ciée, susci­tant poten­tiel­le­ment l’in­com­pré­hen­sion de certains, et pour le grand plai­sir des autres. Et on a hâte de voir la suite des aven­tures hard­ware de la boite, que ce soit une Connect 8/6 ou autre chose de rafrai­chis­sant !

PS. Merci à Stéphane Reichardt pour le prêt de l’in­ter­face et les infor­ma­tions, ainsi qu’à Pr. Soudure de la Feuille pour les conseils sur les mesures de perfor­mances d’in­ter­faces audio­nu­mé­riques.

  • Proposition intéressante et en marge
  • Connectique sympathique pour jouer avec ses modules Eurorack
  • La gestion de la calibration des entrées / sorties CV
  • Boutons de transport
  • Les interactions dans Bitwig Studio avec le potentiomètre physique en Bitwig Mode
  • Bien positionnée niveau tarif
  • Fonctionnelle sur Linux et iOS
  • Produit très stable et agréable à utiliser
  • Impression de solidité et de finitions réussies
  • L'application Control Panel pour gérer les paramètres et les routages
  • Les options de monitoring direct
  • La gestion de plusieurs sets d'enceintes de monitoring
  • Interface audio décente pour une utilisation classique

  • Intérêt plus limité sans Bitwig Studio
  • Il manque des entrées en CV et en audio
  • Seulement la connectique en façade qui est DC-coupled
  • Bundle logiciel fourni un peu léger
  • Sorties CV limitées à -5 / +5 V
  • Sortie casque à l'arrière
  • Pas de ADAT
  • Positionnement du produit un peu confus au premier abord
Pays de fabrication : Chine
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