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Test du Roland CB120XL Cube Bass - La chanson de Roland

Si Ikutaro Kakehashi a baptisé sa compagnie d’un nom bien de chez nous, ça n’était pas pour faire honneur à la fameuse chanson de geste. Dès sa création, la marque est destinée à l’exportation et le premier des soucis du fondateur à cet égard, fut de trouver un nom simple à prononcer et assez original pour sortir du lot. D’où le choix d’une marque commençant par R, une tendance rare dans ce business, qui allait permettre à ses produits de se démarquer de la concurrence lors des salons de musique internationaux.

On connaît bien l’en­tre­prise pour son rayon élec­tro­nique : les synthés, les boîtes à rythmes, les effets (sous son propre patro­nyme, mais aussi sous la marque BOSS desti­née à la distri­bu­tion d’ef­fets pour guitare), les batte­ries élec­tro­niques et autres proces­seurs MIDI. Mais je connais peu de bassistes qui peuvent se vanter de jouer sur un ampli ROLAND. Non pas que le matos n’ait pas les quali­tés requises, mais il faut bien avouer que la marque n’est pas un stan­dard en matière de groo­ve­rie. C’est donc une séquence décou­verte qui s’im­pose, avec ce banc qui concerne le Cube 120 XL, un Combo pour les bassistes, décliné après la sortie du modèle pour guitare.

C’était l’an­née…

Cette l’an­née là, treize mani­fes­tants sont abat­tus durant le Bloody Sunday Irlan­dais, c’est aussi l’an­née où seize hommes ont survécu à un séjour forcé dans la cordillère des Andes après le crash de leur avion, en adop­tant un régime alimen­taire peu ragoû­tant. En l’an 1972 sont nés Chris­tian Mac Bride, Mike Dirnt et Mark Hoppus, pour ne citer que les bassistes. Et au Japon, deux événe­ments majeurs marquent ces douze mois : À l’échelle natio­nale, Okinawa rede­vient enfin Japo­naise et à l’éche­lon musi­cal, la compa­gnie Roland est créée. Je m’éten­drais bien sur la partie biogra­phique et anec­do­tique, si chère à mon cœur, de l’en­tre­prise. Mais avec ses douze potards, ses neuf switchs et ses huit connec­teurs, ce petit cube me donne suffi­sam­ment à rédi­ger pour remplir deux articles.

Alors, ne perdons pas de temps et passons au petit tour du proprié­taire obli­ga­toire.

Un cube ? Pas tout à fait

Roland CB120XL Cube Bass

Moi on m’a toujours appris à l’école qu’un cube est un volume composé de faces carrées. Là ça n’est pas tout à fait le cas, puisque si l’on prend un mètre pour esti­mer les mesures de l’objet, on retrouve une longueur de 52 cm, une largeur de 46 cm et une profon­deur de 32 cm. Je sais, j’er­gote un peu, mais c’est aussi pour ça que l’on fait appel à moi.

Si l’Apé­ri­cube avait une face plus éten­due que les autres, on aurait crié à la publi­cité menson­gère depuis long­temps (préci­sé­ment depuis 1971). Enfin moi si je dis ça, c’est aussi pour meubler quelque peu cette énumé­ra­tion de mensu­ra­tions. Et pour y ajou­ter un chiffre, je parle­rai du poids, pas si lourd pour les 80 watts dispo­nibles, mais tout de même surpre­nant en compa­rai­son du faible gaba­rit, soit près de vingt kilos. À cet égard, je lance la première requête du consom­ma­teur lambda qui aurait certai­ne­ment appré­cié l’ajout de roulettes. Ça fera peut-être sourire les plus jeunes et les plus athlètes de nos lecteurs, mais à son âge chris­tique et avec tout ce qu’il a encouru, mon dos ne plai­sante déjà plus avec ces choses-là. Et puis le truc de la poignée unique, ce n’est pas un cadeau non plus, il aurait fallu voir les choses de manière plus ergo­no­mique.

Vous me direz, si l’am­pli ne bouge pas trop et qu’il reste dans un studio, cela reste un détail. Chose à laquelle je répon­drai que je préfère préve­nir que guérir, surtout quand il s’agit des lombaires (muscles ou vertèbres). Allez jouer trois sets avec une cinq cordes et un dos cassé et vous devien­drez aussi diffi­ciles que moi ! Les habi­tués de l’os­téo­pa­thie m’en­ten­dront certai­ne­ment sur ce point. Mais conti­nuons les amis, ne vous lais­sez pas distraire pas les digres­sions de votre servi­teur et parlons un peu des fini­tions. Là-dessus je n’ai rien à redire.

S’il n’est pas parti­cu­liè­re­ment joli, le CB120XL a le mérite de jouer les cartes de la sobriété et de la robus­tesse. Pas de moquette qui peluche, mais un simple Tolex noir, des bons renforts là où les chocs font géné­ra­le­ment mal (sur les arêtes) et une solide grille de protec­tion (en fait tout ce que j’ap­pré­cie en la matière). Pour finir, ce combo est équipé d’une enceinte de 12 pouces et d’une corne de twee­ter coaxial, deux évents en façade se chargent de faire circu­ler l’air dégagé par les vibra­tions du boomer. Le tout est estam­pillé “Made in China”. À ce sujet, saviez-vous qu’il a fallu attendre l’an­née de créa­tion de la marque Roland (1972) pour voir les rela­tions diplo­ma­tiques se réta­blir entre la Chine et le Japon ?

Rémi­nis­cence d’ado­les­cence

Roland CB120XL Cube Bass

Là 'y a du bouton, pire que l’acné de mes quinze ans ! D’abord les douze potards, qui concernent prin­ci­pa­le­ment la partie égali­sa­tion et les effets embarqués. Au premier étage, on a un égali­seur 4 bandes, soit quatre contrôles. À cela s’ajoutent les effets : respec­ti­ve­ment un chorus, un octa­ver, un delay, un sampleur et un module de réverbe. Les correc­tions appor­tées à ces modu­la­tions et à l’édi­teur de boucles sont assez succinctes, puisqu’on a trois potards (et deux switchs) pour gérer le tout. Je m’ex­plique : le premier sert de balance entre le chorus et l’oc­ta­ver, la moitié de sa course gère le ratio du chorus, l’autre moitié pousse le volume de l’oc­tave infé­rieure. Le second concerne l’étage delay et sampleur, jusqu’à midi on modi­fie la fréquence de l’écho et au-delà on active le sampleur, qui est agré­menté de deux inter­rup­teurs-témoins : un pour déclen­cher l’en­re­gis­tre­ment, la lecture et l’over­dub et le second pour régler le clic permet­tant de quan­ti­fier les prises. Reste un dernier contrôle à cet étage permet­tant de passer d’un type de réverbe à l’autre (Room ou Plate), un point de détail qui me paraît à peine acces­soire pour l’ins­tru­ment que nous pratiquons. Mais la liste ne s’ar­rête pas là les copains, il y a encore un second étage !

Donc juste en dessous, on trouve un potard qui sert de balance entre compres­sion et satu­ra­tion, un contour, un gros sélec­teur cranté à la fonc­tion double, qui permet de passer entre diffé­rents presets d’usine (huit en tout) ou de gérer l’ac­cor­deur inté­gré qui peut être cali­bré pour chacune des cordes. Je cherche encore l’in­té­rêt de la chose et surtout la présence de deux notes supplé­men­taires : le la bémol et le sol dit “à vide”. On peut aussi utili­ser le tuner de manière chro­ma­tique, en pres­sant plus d’une seconde son inter­rup­teur. Il manquera, à cet usage, un affi­chage de la note jouée en bonne et due forme, assez indis­pen­sable pour celui qui voudrait savoir sur quel degré de la gamme il s’ac­corde. On conti­nue avec les élémen­taires niveaux d’en­trée et volumes de sortie pour finir sur une option que je juge assez sympa­thique : une mémoire qui permet d’en­re­gis­trer ses réglages préfé­rés (solo). On presse l’in­ter­rup­teur pour acti­ver le canal, on laisse son doigt dessus deux secondes pour mettre en banque et on dispose même d’un volume rota­tif qui permet de balan­cer avec le canal stan­dard. Cela peut servir, surtout pour ceux qui cherchent le super gros son qu’ils avaient la veille, sans jamais réus­sir à se souve­nir de leur set-up. Autre béné­fice, un poil plus futile : on peut en passant par cette mémoire sampler une boucle avec du delay. L’en­trée Jack se trouve sur ce tableau de bord accom­pa­gnée de son habi­tuel switch actif/passif.

À l’ar­rière du combo, on dispose d’une sortie pour une enceinte supplé­men­taire en 8 ohms, d’un Line out symé­trique, d’une sortie casque, de trois inserts pour péda­liers de contrôle (avec tous les effets embarqués il fallait au moins cela) et d’une entrée auxi­liaire en format minijack. Il y a du monde au balcon, comme à la poupe !

Your girl is crying in the night

Roland CB120XL Cube Bass

Pour ce test, j’ai fait appel à notre bon vieux réper­toire français, en invoquant notre Cloclo natio­nal. Ne me deman­dez pas pourquoi : je ne savais pas quoi jouer (il n’est pas toujours évident de trou­ver l’ins­pi­ra­tion juste et m’en­re­gis­trer reste une épreuve doulou­reuse) la télé devait être allu­mée chez les voisins et du coup, ça sera Magno­lia fore­ver pour tout le monde. Je m’ex­cuse aussi par avance auprès du fan-club de Claude François pour la justesse de mon jeu, j’aime bien cette ligne de basse, mais ne la maîtrise pas des masses (pour ne rien chan­ger à mes habi­tudes, je l’ai apprise une heure avant d’en­re­gis­trer). J’uti­lise toujours un micro Beyer­dy­na­mic M88 pour la prise HP, une Preci­sion Bass Deluxe V comme instru­ment et une inter­face nova­tion. Je pense qu’à l’ave­nir, je vais essayer de repiquer les enceintes en passant par deux sources. Pour cette occa­sion et à la vue du nombre d’op­tions à enre­gis­trer, je me suis limité à des prises de son (vingt-trois en tout !) en prise directe, à l’ex­cep­tion des deux dernières qui passent par le micro. Pour ces ultimes prises, j’ai choisi d’en­re­gis­trer avec mes réglages préfé­rés que je décri­rai un peu plus bas. Commençons par le plus simple, l’éga­li­seur. Voici cinq extraits où j’ai joué du contour et des quatre bandes :

Dans le premier, tout est à plat, pour appré­cier le ramage élémen­taire du préam­pli et de ma basse. La réponse en fréquence n’est pas tout à fait linéaire, légè­re­ment teinté dans les médiums aigus. Cela ressemble, de loin, au son d’un Ampeg.

 

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Pour le second, j’ai simple­ment enfoncé le Shape (contour) pour creu­ser le son. Vous remarque­rez que la diffé­rence avec le premier extrait est assez mince. Cela étant certai­ne­ment dû à une prise de son en direct qui ne passe pas par la corne de twee­ter.

 

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Main­te­nant je pousse légè­re­ment les graves (4) et les bas-médium (3) ainsi que les aigus (2) et je baisse les haut médiums (-2).

 

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Ici le son est tout à fait creusé avec les graves en berne (6), tous les médiums coupés et les aigus à fond. On sent bien mieux la dyna­mique qu’avec le Shape.

 

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Et enfin un son bien rond, mais pas démuni du reste, les graves à 5, les bas médiums à 2, les hauts médiums à 0 et les aigus montés à 4. Celui-là me plaît bien, il sonne presque comme une vieille tête SVT.

 

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Main­te­nant un petit tour des effets, options incon­tour­nables pour un ampli venant des usines d’un gros fabri­cant de pédales. Je commence dans l’ordre de tritu­ra­tion, par une modu­la­tion que je dois avouer ne pas suppor­ter de manière géné­rale, vous lais­sant donc seuls juges quant à ses quali­tés intrin­sèques.

 

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Vous pren­drez bien un peu d’Oc­ta­ver ? En voici une tranche, qui à mon goût n’est pas si mal puisqu’il tient bien la note, même quand on joue en haut du manche.

 

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Vous vous sentez guita­riste contra­rié en vous levant le matin ? Vous avez la nostal­gie de ces années où vous étiez enfant de choeur ? Faites donc une cure de réver­bé­ra­tion. Atten­tion, n’en abusez pas trop ! Au risque de vous expo­ser à une révé­la­tion mystique.

8 Reverb room
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  • 8 Reverb room00:25
  • 9 Reverb Plate00:22

C’est moi où il y a de l’écho dans la pièce ? Là je m’in­ter­roge fran­che­ment sur l’im­por­tance du delay dans l’exis­tence d’un bassiste. Je lance donc un petit jeu sur le forum et vous demande de citer des lignes de basse où la chose se fait entendre. J’ouvre les festi­vi­tés avec un morceau de Porno for Pyros inti­tulé “Pets”.

 

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Ah le sampleur, un bel outil pour s’en­traî­ner au Lead ou ajou­ter à son groove une petite harmo­nie quand on joue en comité restreint. Un petit plus inté­res­sant, mais abso­lu­ment pas facile à mani­pu­ler sans l’aide du foots­witch option­nel. Ici j’ai posé d’abord une petite ligne de basse, que j’ai lais­sée tour­ner une fois avant de poser un thème, que je laisse à son tour se répé­ter avant d’over­du­ber des harmo­niques.

 

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Un bon compres­seur, il n’y a que cela de vrai. Dommage que la qualité ne soit pas toujours au rendez-vous sur les systèmes inté­grés. Là je trouve encore une fois (à l’image de ce que l’on trouve aussi chez les concur­rents) les réglages trop succincts et ne comprends pas le choix qui est imposé entre compres­sion et satu­ra­tion (mis à part le manque d’es­pace). Voici la même ligne avec des niveaux de compres­sion diffé­rents.

 

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Même trai­te­ment pour la satu­ra­tion, qui ici a tout d’une Fuzz assez baveuse.  Les teigneux amateurs de son qui gerbe appré­cie­ront. Ou pas.

 

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Vous n’êtes pas inspi­rés dans vos réglages ? Tour­ner les boutons tout ronds vous est fasti­dieux ? Vous avez une petite crise de fainéan­tise en matière d’in­gé­nie­rie sonore ?

Lais­sez-vous guider par l’ami ROLAND qui propose une série de Presets d’usine afin de vous faci­li­ter les choses. Au choix, huit grains diffé­rents pour ceux qui aiment les raccour­cis.

15 Flip Top
00:0000:12
  • 15 Flip Top00:12
  • 16 B Man00:12
  • 17 T.E00:12
  • 18 Bass 36000:12
  • 19 Session00:12
  • 20 Concert 81000:12
  • 21 Super Low00:12

Et enfin, comme convenu voici deux prises micro, pour étudier le grain du Boomer appuyé par son tout petit compa­gnon twee­ter. Pour la ligne jouée aux doigts, j’ai gardé les réglages du troi­sième extrait en utili­sant le contour. Pour la ligne slap­pée, j’uti­lise les réglages du quatrième, toujours en passant par le contour. À mon goût, le grain géné­ral n’est pas mal pour un petit combo sans forcé­ment faire des prouesses. J’avais un peu de mal à trou­ver mon compte au début de l’es­sai et puis en fouillant un peu, j’ai réussi à déni­cher au moins deux réglages conve­nables pour mes esgourdes, parfois exigeantes en matière d’am­pli­fi­ca­tion.

22 Prise HP
00:0000:48
  • 22 Prise HP00:48
  • 23 slap Prise Hp00:48

 

 

Une clien­tèle bien visée

En tant que testeur, il faut savoir faire la part des choses et ne pas forcé­ment esti­mer le maté­riel d’un point de vue person­nel de vieux roublard. Si je me mets dans la peau d’un jeune bassiste, avec une poignée d’eu­ros en poche, en quête d’un premier ampli de répé­ti­tion un poil passe-partout et pourquoi pas équipé de quelques effets, je me dirais que le choix du Roland Cube serait à consi­dé­rer. Pour un prix moyen de 519 €, c’est plutôt tentant.

Utilisé sans enceinte supplé­men­taire, le petit combo délivre une puis­sance suffi­sante pour s’amu­ser en groupe avec un batteur. Le grain est correct, pas vrai­ment pointu, mais conve­nable pour faire ses armes. Les effets sont pour moi tout à fait super­flus, mais toujours en rela­ti­vi­sant, je me dis que cela peut servir à certains néophytes pour se fami­lia­ri­ser avec le sujet. Et puis on ne peut pas forcé­ment repro­cher au fabri­cant de jouer dans sa cour, en multi­pliant les adjonc­tions élec­tro­niques, même si ça n’est pas toujours justi­fié de mon point de vue. Sachant, en plus, que la tendance se retrouve sur de nombreux combos d’étude chez la concur­rence. Il faut bien appâ­ter la jeune géné­ra­tion férue de nouvelles tech­no­lo­gies !

À noter, le cata­logue qui ne comprend que des combos propose deux petits modèles : un 20 watts et un second qui fonc­tionne sous accus, équipé de quatre HP de 4 pouces. Rendez-vous au prochain essai, toujours au rayon de l’am­pli­fi­ca­tion, mais dans une tendance tout à fait oppo­sable avec une marque riche en couleur…

  • Prix d’entrée de gamme, un poil plus cher, mais quand même accessible
  • Accordeur intégré
  • Sampleur sympathique
  • Petit format et puissance exploitable en groupe
  • Grain convenable
  • Finitions appréciables
  • Pas vraiment ergonomique (une seule poignée pour un poids conséquent)
  • Peut-être trop d’effets et pas assez de corrections sur ces derniers
  • Le côté un peu copié collé du modèle existant en guitare

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