Ah les vacances ! Rien que le mot sonne à vos oreilles comme un accord parfait. Entre glande majeure et tenue vestimentaire mineure.
Vous sentez déjà dans la place, vous avez même marqué son emplacement d’une croix rouge sur Google Earth : il s’agit d’un petit carré de sable, havre de paix austral situé à équidistance du bar et l’eau. Vive le progrès technique. Mais d’ailleurs, puisqu’on en parle, qu’allez-vous faire de votre gratte ?
Va-t-elle camper dans votre salon, condamnée au cloitre, au même rang que vos soucis ?
Où alors vous êtes plus du genre musicien baroudeur, ménestrel de front de mer, voire troubadour des montagnes. Si tel est le cas, amis guitaristes et bassistes, ce qui va suivre va vous intéresser.
De là-haut je vois mon studio !
Parce qu’un voyage en avion avec un instrument aussi encombrant qu’une guitare ou une basse se prépare à l’avance, j’ai passé quelques coups de fil pour vous et joint quatre compagnies aériennes pour savoir de quoi il en retourne. Peut-on emporter sa guitare en cabine ? Doit-on vraiment la mettre en soute ? Quelles sont les règles en vigueur ?
Cabin fever, question de longueur
Apprenez chers amis, qu’il n’y a pas une loi universelle, mais des réglementations spécifiques à chaque compagnie aérienne. Et bien qu’elles présentent un front relativement commun sur le traitement des bagages en cabine, il y a tout de même quelques spécificités à prendre en compte.
Une compagnie comme Air France par exemple, tolère un seul bagage à main, d’une longueur maximale de 110 cm, étui compris (bien pour les grattes, mais un peu court pour les basses). Chez Emirates, on accepte trois centimètres de plus (113 cm) et il est possible en première classe d’avoir un second bagage à main. Easy Jet se démarque un peu en proposant une prise en charge des guitares en cabines mesurant jusqu’à 120 cm, tandis que la British Airways reste sur des proportions tout à fait restrictives pour les guitaristes de tout diapason : la longueur maximale tolérée est égale à 56 cm. Cet été les enfants, ça sera ukulélé pour tout le monde !
Évidemment, il y a des traitements qui se feront au cas par cas si vous dépassez de quelques centimètres les limitations imposées : en fonction du remplissage de l’avion, un équipage acceptera éventuellement de prendre votre étui dans le compartiment prévu pour les uniformes, mais rien n’est garanti sur le papier. La plupart des services commerciaux m’ont conseillé de signaler la chose dès le dossier de réservation, sous réserve d’acceptation par le personnel navigant (à valider lors de l’enregistrement de vos bagages). Vous vous en doutiez probablement, aucune compagnie ne rechignera à vous vendre une place supplémentaire, si votre belle se doit d’être à vos côtés et que le format de son étui a les proportions pour le faire (ni trop grandes, ni trop petites, pour des raisons de sécurité). Il sera néanmoins impossible d’échanger la place de votre belle-mère contre celle de votre pelle en soute, je me suis déjà renseigné et on n’y accepte, pour l’instant, que les chiens et chats.
Alors une gratte en cabine mon commandant, c’est possible ?
En fonction de ses dimensions, de votre compagnie et des conditions de vol, la chose est possible. À vous de prendre vos dispositions et surtout de prévoir une solution d’urgence en cas de refus à l’enregistrement. Pour les basses au diapason classique, c’est nettement plus coton. J’ai mesuré tous mes instruments sans leurs housses et je n’ai rien en dessous de 117 cm ! Si on compte l’épaisseur d’une housse ou d’un étui, je peux directement oublier la faveur des compagnies. Que reste me reste-t-il alors ?
Going down soute ?
La chose me rappelle un peu un sketch et sa célèbre tirade : y’en a qui ont essayé.
Alors oui, c’est certain, mettre votre guitare en soute est une option prise en charge par toutes les compagnies aériennes. Il est même possible de ne pas avoir à régler de franchise pour bagage supplémentaire et de faire emballer votre étui, sous cellophane, dans certains aéroports internationaux. C’est d’ailleurs le cas de Roissy Charles de Gaulle où des machines sont prévues à cet effet à chaque terminal. Mais cela ne garantit en rien une arrivée sans casse !
Je ne veux pas taper sur les bagagistes et la qualité de leur travail, mais un accident, de l’avion au tapis, est si vite arrivé. Il serait donc dommage d’en faire les frais, musicalement parlant. Le rédacteur raisonnable que je suis vous déconseillera donc toute prise en charge d’un instrument (qu’il soit cher à vos yeux ou à votre portefeuille) en soute : il y en a qui ont véritablement essayé et on en parle encore dans la presse ou sur internet et ça n’est pas drôle du tout… Si vous avez une gratte de voyage prévue pour prendre des coups au fil de vos escapades, libre à vous de prendre cette option, en prévoyant tout de même un solide flight case. Mais attention : n’importe quel étui, tombant mal d’une soute arrière ou pris en sandwich entre un quai et un véhicule pesant plusieurs tonnes le vivra mal et son contenu avec.
Alors que faire ?
À ceux qui se déplacent pendant une longue période, je vous propose de vous renseigner auprès des entreprises de fret aérien qui sont spécialisées dans le transport de marchandises fragiles, ce qui n’est absolument pas le cas des vols pour passagers. Elles sont nombreuses et offrent des rotations assez fréquentes pour pouvoir correspondre à votre carnet de route. C’est pour moi la meilleure option pour un voyageur qui restera relativement longtemps sur place et qui souhaite transporter un instrument de valeur, ne passant pas comme bagage à main.
Pour les vacanciers à court terme, je vous conseille de laisser votre instrument de valeur chez vous si ses dimensions ne passent pas en cabine, profitez de ne pas avoir à acheter de flight case hors de prix pour vous venger sur une guitare de voyage. Il existe aussi des basses de voyage. Pour les bassistes qui n’ont pas forcément 400 € à dépenser la veille de leurs vacances, je peux vous conseiller cette astuce : achetez une basse d’occasion ou pour enfant, à tout petit budget et à petit diapason, si possible. Apprenez à régler une tige, démonter les cordes puis le manche de la basse et vous vous retrouverez avec deux morceaux ne dépassant pas 90 centimètres et facilement stockables dans une grosse valise ou un sac de voyage. N’oubliez pas de partir avec vos outils (tournevis et clé) et bien sûr les vis ! Un peu de remontage, quelques minutes de réglage et à l’arrivée et le tour est réglé. J’ai moi-même expérimenté par deux fois cette astuce et fait des heureux sur place, en revendant ces instruments avant de revenir.
Check-list avant décollage
- Renseignez-vous impérativement lors de votre réservation et signalez votre instrument dès la prise en charge de votre dossier, auprès du service commercial de votre compagnie.
- Pour la cabine, l’étui souple ou rigide doit avoir des bords arrondis (éviter l’étui rectangulaire), si l’étui ne passe pas dans le compartiment à bagage c’est au personnel de bord de décider de la solution à adopter.
- En soute, toute prise en charge d’instrument de valeur est à vos risques et périls, la mention fragile sur votre étui ne changera en rien cette donne.
- Faites assurer votre instrument de valeur, qu’il soit en cabine ou en soute (voir dossier précédent)
Merci aux aimables services commerciaux des compagnies citées pour avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions.