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Test des AudioCubes de Percussa - Un gros cube, un petit cube...

7/10

C'est arrivé dans mon bureau comme le mégalithe de 2001 Odyssée de l'Espace. C'est un cube de 7,5 centimètres de long, blanc comme un bloc de paraffine, avec une paire de LED sur quatre de ses faces, deux prises Jack 6,35, un connecteur USB… et un bouton… que je presse… Fiat lux, comme dirait l'autre : le cube fait de la lumière!

C’est arrivé dans mon bureau comme le méga­lithe de 2001 Odys­sée de l’Es­pace. C’est un cube de 7,5 centi­mètres de long, blanc comme un bloc de paraf­fine, avec une paire de LED sur quatre de ses faces, deux prises Jack 6,35, un connec­teur USB… et un bouton… que je pres­se… Fiat lux, comme dirait l’autre : le cube fait de la lumière!

 

AudioCubes

Alors c’est quoi? Une lampe new age pour bobos babas? Ou le dernier cri tech­no­lo­gique en matière de lumi­no­thé­ra­pie? Que nenni, un petit auto­col­lant m’in­dique que je suis en présence d’un Audio­Cube 1.0, une bestiole conçue par Percussa pour révo­lu­tion­ner notre approche de la musique. Voyons ce qu’il en est.

Alimen­ta­tion…

Les Audio­Cubes se chargent via un câble USB en 3 heures pour une utili­sa­tion variant de 3 à 5 heures…

Les Audio­Cubes sont des cubes lumi­neux dont 4 faces émettent un rayon­ne­ment infra­rouge. Pour ce qui est de leur usage MIDI, on peut les utili­ser de deux manières : en mode 'Sensor’ ou en mode Sender/Recei­ver, qui implique deux cubes au mini­mum. On géné­rera ainsi deux types de messages MIDI : soit des Note-on (déclen­che­ment d’une note), soit des contrô­leurs conti­nus, utiles pour chan­ger un para­mètre MIDI progres­si­ve­ment.

En mode 'Sensor’, le cube inter­prè­tera les mouve­ments captés par l’une de ses faces : on pourra ainsi, rien qu’en faisant des gestes autour du cube, pilo­ter la fréquence de coupure et la réson­nance d’un filtre, ou encore jouer sur les points ADSR d’une enve­lop­pe…

AudioCubes

Le mode Sender/Recei­ver est tout aussi inté­res­sant puisqu’il se base sur l’in­ter­ac­tion des cubes entre eux. Comment ça marche? Sur chaque Audio­Cube, on dispose de 4 faces permet­tant d’en­voyer des signaux par infra­rouge à l’autre cube. 4 faces par cubes donc, soit 16 combi­nai­sons de faces avec seule­ment deux cubes, et autant d’ac­tions MIDI possibles, comme le déclen­che­ment de samples par exem­ple…

Loin de se conten­ter d’être un contrô­leur MIDI, l’Au­dio­Cube fait aussi office d’ins­tru­ment lo-fi. Compre­nez par là qu’il embarque un géné­ra­teur / proces­seur de signal crédité d’une réso­lu­tion audio de 32 kHz sur 9 bits… Le son dans ce cas passera par les mêmes relais infra­rouges que pour le MIDI ou via des câbles Jacks, chaque cube étant doté d’une entrée et d’une sortie au format 6,35.

Enfin, pample­mousse sur la pièce montée, les Audio­Cubes sont aussi des éclai­rages. Pour chaque cube, on dispose de trois couleurs (rouge, vert et bleu) dont l’in­ten­sité peut-être program­mée en MIDI depuis un séquen­ceur. Par combi­nai­son, on peut ainsi dispo­ser de n’im­porte quelle couleur. Gadget pour les uns qui ne s’in­té­ressent qu’à l’as­pect contrô­leur nova­teur, essen­tiel diront les autres qui voient toutes les pers­pec­tives offertes par les Audio­Cubes en matière de jeu de scène…

Voici donc pour la théo­rie. Passons à présent à la pratique.

Tu plug… mais tu play pas tout de suite

AudioCubes

Aussi simple que puisse paraître le concept de nous faire rejouer aux cubes, les joujoux de Percussa ne sont pas des animaux simples à domp­ter, ou du moins à confi­gu­rer. Pour les utili­ser comme contrô­leur avec un séquen­ceur, il faut en effet passer par un logi­ciel de mapping/cali­brage nommé MIDI Bridge et un pilote MIDI free­ware dont on se demande bien pourquoi il n’est pas inclus de manière trans­pa­rente dans le MIDI Bridge en ques­tion. En suivant pas à pas la doc rela­ti­ve­ment bien conçue, on parvient ainsi à déclen­cher des boucles dans Live en mode Sender/Recei­ver ou encore pilo­ter la fréquence de coupure d’un filtre en mode Sensor… Ca marche donc, même si il ne faudra pas être trop à cheval sur la préci­sion : en mode Sender/Recei­ver, si vous tour­nez un cube trop vite par rapport à l’autre, vous avez vite fait de louper une combi­nai­son : pour déclen­cher des boucles, ça ira, mais pour faire des percus avec des samples One Shot, on est loin du compte. Les mouve­ments de cubes doivent rester rela­ti­ve­ment lents pour s’as­su­rer de la bonne commu­ni­ca­tion des capteurs…

Quant au mode Sensor, il est plutôt sympa­thique car très intui­tif : on rapproche ou éloigne les mains des faces du cube pour agir sur des contrô­leurs conti­nus, avec encore là, le regret que le système ne soit pas plus précis. Quoi qu’il en soit, cet aspect des Audio­Cubes est assu­ré­ment ludique et pour peu qu’on l’af­fecte aux judi­cieux para­mètres d’un synthé par exemple, permet de nouer un tout autre rapport au son. Certains adore­ront…

AudioCubes

Puisqu’on parle de son, on évoquera la capa­cité des Audio­Cubes à en géné­rer, même si à mon avis, il s’agit là d’une facette beau­coup plus anec­do­tique du produit : l’idée de trans­for­mer les cubes en synthés modu­laires est très judi­cieuse et on salive à la pers­pec­tive de mélan­ger de l’au­dio via infra­rouge. Hélas, les géné­ra­teurs et proces­seurs sont de piètre qualité (et on ne retien­dra pas ici l’alibi du Lo-Fi) et de ce fait, on voit mal pourquoi on irait s’em­bê­ter à faire des crachouillis avec des Audio­Cubes quand on peut pilo­ter n’im­porte quel synthé virtuel avec. L’in­ter­face permet­tant de program­mer cet aspect des cubes est en outre parti­cu­liè­re­ment rustique : à la façon d’un logi­ciel de proto­ty­page, elle nous assène des données dont on n’a pas grand-chose à faire (comme la suite alpha­nu­mé­rique exagé­ré­ment longue qui sert d’iden­ti­fiant à chaque Audio­Cube, ou encore la fenêtre de Log de Max/MSP Runtime) tout en offrant peu de para­mètres d’édi­tion sur les effets réali­sables. Alors certes, n’im­porte quel déve­lop­peur Max/MSP pourra s’af­fran­chir de ces limites pour se miton­ner une inter­face aux petits oignons ou faire commu­niquer ses cubes de manière plus ou moins complexe avec n’im­porte quel logi­ciel ou instru­ment. Mais il n’en reste pas moins que, comme pour le Lemur de Jazz Mutant, il est assez para­doxal de se casser la tête pour réali­ser un contrô­leur aussi intui­tif d’un côté, si c’est pour le rendre dépen­dant d’une usine à gaz dès qu’on veut accé­der à son para­mé­trage fin…

Conclu­sion

Les Cubes ont la côte!

Inven­teur des Audio­Cubes, Bert Schiet­te­catte  rece­vra le prix Qwartz  Max Mathews de l’in­no­va­tion tech­no­lo­gique appliquée au domaine de la musique des mains de Enki Bilal (Président de cette 5° édition) le 3 avril prochain au Cirque d’Hi­ver à Paris.

L’idée des Audio­Cubes est excel­lente, mais leur réali­sa­tion perfec­tible, tant du point de vue maté­riel que logi­ciel. Evidem­ment, à 649 € le jeu de 4 cubes, les Audio­Cubes sont parmi les contrô­leurs futu­ristes les plus acces­sibles qui soient. Il n’em­pêche qu’on aurait aimé plus de réac­ti­vité et de préci­sion dans les senseurs d’un côté, cepen­dant qu’on aurait aussi souhaité des logi­ciels plus 'User Friend­ly’ pour utili­ser les cubes. Cela n’em­pêche pas les joujoux de Percussa d’être exploi­tables et de provoquer l’en­thou­siasme (CF enca­dré ci contre) mais ils sédui­ront sans doute plus les musi­ciens à la recherche d’un acces­soire de scène origi­nal que ceux qui dési­rent vrai­ment révo­lu­tion­ner leur rapport à la créa­tion musi­cale.

AudioCubes

On rentre du coup dans un fameux débat, qui consiste à savoir si les dernières inven­tions en matière d’er­go­no­mie musi­cale, ou d’er­go­no­mie tout court, font beau­coup avan­cer le schmil­blick, à l’ins­tar de la Wiimote qui, fina­le­ment, n’a rien apporté au game­de­sign des jeux vidéo en dépit de la fréné­sie qu’elle a provoquée dans les médias grand public… Tout comme le Tenori, la Reac­table ou la célèbre harpe laser de Jean-Michel Jarre, les Audio­Cubes sont ainsi fasci­nants dans leur concept et attrayants visuel­le­ment, mais on n’est jamais bien sûr de savoir si l’on est en face d’un objet de design à appli­ca­tion musi­cale ou d’un instru­ment esthé­tique. A vous de voir donc, et il ne fait aucun doute que les bidouilleurs de Max/MSP devraient s’in­té­res­ser de près au produit, tandis que les autres passe­ront leur chemin, cepen­dant que la mention 'Audio­Cube 1.0' sur chaque cube laisse présa­ger d’une suite qu’on aura forcé­ment à l’œil…

Notre avis : 7/10

  • Le concept!
  • Les différents modes d'utilisation
  • Doc bien conçue
  • Manque de précision des capteurs
  • Partie audio 'Lo-Fi' pas très intéressante
  • Logiciels peu intuitifs...
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