Le marché des enceintes de monitoring de proximité est depuis longtemps l’apanage de quelques marques clés, comme Genelec ou Dynaudio et il est très difficile pour un challenger de se faire une place, tant ces systèmes sont connus et maitrisés par les ingé-sons. Mais c’est sans compter sur JBL qui revient dans le monde du monitoring de studio grâce aux ‘petites’ dernières de la série LSR, les 4300.
Le marché des enceintes de monitoring de proximité est depuis longtemps l’apanage de quelques marques clés, comme Genelec ou Dynaudio et il est très difficile pour un challenger de se faire une place, tant ces systèmes sont connus et maitrisés par les ingé-sons. Mais c’est sans compter sur JBL qui revient dans le monde du monitoring de studio grâce aux ‘petites’ dernières de la série LSR, les 4300.
En effet, ca n’est pas seulement grâce à leurs performances audio que JBL compte faire rentrer ses LSR dans les studios, mais aussi avec un nombre conséquent d’innovations technologiques. Au cœur des ces innovations, un système DSP performant, la mise en réseau et le contrôle total des moniteurs via un logiciel et une connexion USB, et surtout l’adaptation automatisée des enceintes à la pièce de mixage est la plus marquante.
C’est un fait : les espaces de mix sont maintenant de plus en plus réduits, et n’ont pas forcément une acoustique optimale. Le problème le plus courant rencontré en mix dans des espaces non traités est une onde stationnaire (appelée ‘mode’) située généralement dans les basses fréquences. Cette perturbation est le résultat d’une mise en résonnance entre le son direct et le son réfléchi des enceintes.
C’est ce problème que se propose de traiter JBL grâce au système RMC (Room Mode Correction) la série LSR 4300. En effet, chaque enceinte intègre un système DSP qui, grâce au micro de mesure livré, va permettre d’identifier la fréquence dominante gênante et de modifier la réponse du système d’écoute grâce à un système de filtres. Et tout ceci automatiquement ! C’est une promesse alléchante, et nous reviendrons plus précisément sur l’efficacité et le détail de mise en place du système.
Ce sont les LSR4328P que nous testons donc aujourd’hui, en configuration stéréo. Ce sont des enceintes actives 2 voies, le woofer de 8 pouces en néodyme étant amplifié par 150 watts et le tweeter composite 1 pouce par 70 Watts. Leur réponse en fréquence affichée par JBL est de +/- 1 à 1,5db de 50hz à 20Khz.
Déclinaison et amélioration des LSR 6400, la gamme LSR 4300 compte à ce jour 3 modèles : Les LSR4326P (HP de 6 pouces) les LSR4328P (HP de 8 pouces) et le caisson de basses LSR4312SP (450 watts, HP de 12 pouces).
Encore des innovations !
Les innovations ne s’arrêtent pas là. En effet, plusieurs autres technologies issues des LSR 6300 ont été adaptées à la série 4300 :
Tout d’abord, la forme elliptique du tweeter assure une bonne qualité de restitution hors axe des fréquences aiguës (Sytème Linear Spatial Reference). Autrement dit, ces enceintes doivent permette une meilleure clarté des aigus à la position de mix, non seulement avec le son venant en direct tweeters, mais aussi grâce à des réflexions plus précises.
Le woofer profite lui aussi de la R&D de JBL. Le système ‘differencial drive’ basé sur l’utilisation de 3 bobines par driver (dont 2 positionnés en hors phase à 180°) permet d’avoir un son optimal même à faible volume. Encore une fois idéal pour ceux qui mixent dans de petits espaces. De plus, les aimants sont blindés de manière à ne pas subir d’interférences venant par exemple d’écrans CRT.
Déballage et mise en place
Comme on pouvait s’y attendre pour des enceintes de cette gamme, la finition est impeccable, et les poignées intégrées à la caisse permettent de les installer sans risquer de se démettre le dos (elles sont lourdes !). Ce qui impressionne surtout, c’est le nombre de connexions et de contrôles proposés par les LSR, jugez plutôt :
Tout d’abord, les entrées, analogiques d’abord, sous forme de XLR ou de JACK TRS, commutables en +4 ou –10dB, mais aussi numériques, S/PDif et AES/EBU. À cela s’ajoutent tous les connecteurs nécessaires au fonctionnement de la partie DSP des enceintes : reliées via une liaison RJ45, elles sont ainsi mises en réseau (système Harman HiQnet). Un pavé de switches permet d’identifier la position de chaque enceinte au sein du système (Gauche, Droite, Centre, Arrière droit, Arrière gauche, Sub – Les LSR sont donc parfaitement capables de travail en surround). Un connecteur mini-jack permet enfin de connecter le micro de mesure livré avec les enceintes. Enfin, un connecteur USB vous permettra de connecter le système LSR sur votre PC ou votre Mac, et ainsi d’utiliser le logiciel ‘LSR Control Center’, sur lequel là encore nous reviendrons…
En face avant on trouve très judicieusement le bouton de mise en service (merci JBL de ne pas nous obliger à des contorsions plus ou moins esthétiques afin d’atteindre un interrupteur situé derrière chaque enceinte) ! L’accompagnent les boutons permettant la sélection des entrées à utiliser, l’activation / désactivation du système RMC, l’activation et la désactivation de l’égalisation, les contrôles des basses et hautes fréquences de cette égalisation (+/- 2dB), un mute, un solo et un bouton permettant de rappeler les presets d’usine ou ceux créés via le logiciel LSR Control Center.
À ce stade, il est utile de préciser que lorsque les enceintes sont en réseau, ces contrôles sont synchronisés et répercutés sur chaque enceinte : par exemple, lorsqu’on monte le volume sur l’une, c’est le volume de tout le système qui monte. Enfin, un très pratique indicateur de 31 diodes indique le niveau de sortie en dBFS. Cerise sur le gâteau, tous ces contrôles sont repris sur une télécommande (fournie) !
Control Center et système RMC
Chose encore inhabituelle avec un système de monitoring, c’est sur l’ordinateur que se passe la première étape de mise en place, avec l’installation du logiciel ‘LSR Control Center’. Celui-ci permet un contrôle et un paramétrage total du système depuis son ordinateur.
Une fois le logiciel installé, et les enceintes mises en réseau et connectées en USB sur l’ordinateur, le ‘Control Center’ détecte les enceintes et leur positionnement (Droite et Gauche dans mon cas) et les place dans un espace de mixage virtuel. Afin d’être la copie virtuelle de votre espace de mixage réel, chaque enceinte peut être positionnée précisément par rapport au ‘Hot Spot’ de monitoring. Armé d’un mètre ruban ou assimilé, j’ai donc mesuré la distance de chaque enceinte par rapport à ma position de mixage, et je l’ai ensuite reportée dans cet espace virtuel pour qu’il soit le meilleur reflet possible de ma configuration réelle.
Une fois cette étape passée, on a ensuite la possibilité de gérer depuis le Control Center tous les paramètres du système : volume, égalisation, système RMC, sélection des entrées, mute et solo. Avantage d’un logiciel, chacun de ces jeux de paramètres peut être sauvegardé sous la forme de presets.
Installées sur mon bureau, dans une pièce assez grande, mais non traitée, la première écoute à un certain volume fait effectivement apparaitre un bas plutôt brouillé par les fréquences stationnaires. Celles-ci sont dues notamment à la présence d’une fenêtre et d’un pan de mur très rapproché à droite. C’est donc l’environnement idéal pour tester in situ le système RMC. Pour ce faire, la démarche est assez simple. On branche le micro de mesure sur l’enceinte gauche, on l’installe à la position de mixage, la capsule vers le haut et on lance la procédure de calibrage depuis le logiciel. Ensuite tout est automatique, les enceintes émettent un signal de calibration, et le système RMC calcule la fréquence des ondes stationnaires et corrige la réponse en fréquence des moniteurs via le système de filtres.
Une écoute comparative notamment sur du trip hop (Massive Attack – Protection), riche en fréquences basses, en activant / désactivant la correction RMC est sans appel : la correction est ultra efficace : les stationnaires sont très nettement diminuées et ne compliquent plus l’écoute, même dans un environnement aussi peu prévu pour le mix que peut l’être mon bureau ! Un léger traitement à l’égalisation (-0,5dB dans les graves) fut seulement nécessaire pour avoir un son qui me convienne parfaitement.
À l’écoute
Une fois le système calibré, il est temps de se plonger dans une séance d’écoute intensive avec plusieurs CD’s de référence dans des styles différents: classique, jazz, rock, pop et électro.
Après une écoute relativement longue, on s’aperçoit que ces enceintes sont agréables et surtout peu fatigantes. Le dôme en soie du tweeter produit des aigus présents et doux à la fois et les enceintes sonnent de manière naturelle. Aucun artefact ne vient perturber une image stéréo large et détaillée. Même si ces enceintes sont agréables à l’écoute, cela ne les empêche pas d’être analytiques : on détermine sans problèmes l’emplacement de chaque instrument dans l’espace stéréo et aucun gros défaut de rendu du spectre n’est perceptible. Les basses sont bien tenues et précises, et même un peu trop présentes à mon goût comme je l’ai déjà indiqué. Une rapide égalisation via le Control Center permet d’ajuster parfaitement leur rendu sonore.
Miles Davis – Miles Smiles – Circle
Ce qui frappe avant tout à l’écoute, c’est la grande largeur de l’image stéréo. Le son est détaillé, précis, limite chirurgicale, mais tout de même agréable. Sur la trompette de Miles, on entend parfaitement le souffle et le bruit des pistons, et on a l’impression d’être à côté de la ride. Le bas n’est pas en reste, avec une contrebasse très nette.
Pink Floyd – The Wall – Run Like hell
Ici encore, beaucoup de détails. Les overdubs des voix sont très distincts, et on perçoit parfaitement la séparation grosse caisse / basse (pourtant sur le même temps sur ce morceau). L’image stéréo est parfaite, le positionnement des délais dans l’espace est très clair.
Korn – Korn – Blind
Attention, attaque massive de compresseurs ! Les LSR se tirent très bien de l’exercice, notamment au niveau du kick / sub ultra détaillé et distinct. La voix est très ‘dans ta face’ et les sibilantes ressortent naturellement. Tous les instruments sont bien positionnés dans le mix.
Joss Stone – Introducing – Girl They Won’t Believe It
Très bien produit par l’excellent Raphael Saadiq, cet album à mi-chemin entre Soul et R&B, sonne particulièrement bien. Sur les LSR, les placements sont limpides et la basse très bien contenue soutient le timbre très soyeux de Joss Stone, qui ressort parfaitement.
Massive attack – Mezzanine – Angel
Morceau avec textures assez complexes, chaque élément est distinct. Encore une fois, la basse pourtant très ronde et sans réelle attaque de ce morceau se délite facilement sur des enceintes moyennes. La magnifique voix d’Horace Andy est parfaitement restituée, ainsi que la réverbe ‘spatiale’ de la caisse claire lors de la montée, pourtant très en retrait dans le mix.
Conclusion
Ces enceintes ont de multiples avantages. Leurs très bonnes performances audio accompagnées du système RMC permettent d’en tirer le meilleur rapidement et dans virtuellement n’importe quelles conditions de mixage. Gros avantage, les mixes obtenus sont cohérents quelque soit l’endroit où ils sont faits.
De plus, à l’usage, on s’aperçoit que l’ergonomie de ces enceintes est un véritable atout dans le travail quotidien du son : la possibilité de contrôler l’intégralité des paramètres du système par 3 moyens différents – le Control Center, la télécommande et l’enceinte elle-même) donne un confort plus qu’appréciable et donc on a bien du mal à se passer ensuite !
Certes, le prix d’un système LSR est conséquent, mais il est remarquablement bien placé par rapport à la concurrence directe, et propose en plus un package complet puisque le logiciel et le micro de mesure sont fournis.