Chose promise, chose due : avant de nous décider sur le dispositif d'enregistrement qui sera le coeur de notre home studio, mieux vaut savoir ce qu'il en est de cette terrible question qui ne manque jamais d'échauffer les esprits.
Le sujet n’est d’ailleurs pas chaud, il est brûlant si l’on en croit les houleux débats qu’il n’a jamais cessé de soulever sur Audiofanzine comme au-delà à tout propos : de l’enregistrement aux synthés en passant par les amplis guitare, il y a toujours quelqu’un pour dire que l’analo sonne mieux que le numérique, un autre pour penser l’inverse du contraire opposé et un troupeau de badauds qui vont alimenter la discussion de vrais arguments en sarcasmes jusqu’à atteindre le point Godwin où tout le monde se traite de nazi et repart en claquant la porte virtuelle du forum de discussion.
Essayons donc de garder notre sang froid et, en nous en tenant au sujet qui nous occupe : l’enregistrement, sachant que nous aurons probablement à revenir sur le sujet Analogique vs Numérique au moment de parler d’effets et de traitements ou encore d’instruments.
Analogique vs Numérique : les bases
Examinons donc posément la façon dont les choses se passent sur un banal cas d’école : l’enregistrement d’une voix avec un micro, en utilisant un enregistreur analogique (un magnétophone à bandes) et un enregistreur numérique.
Le chanteur, en faisant vibrer ses cordes vocales, crée des ondes sonores. Ces dernières vont frapper la membrane du microphone qui va transformer ces vibrations en signal électrique (pour cette raison, on dit de lui qu’il est un transducteur). Ce signal électrique est très faible et il va donc devoir être amplifié avant d’être enregistré. C’est une fois cette amplification réalisée par un préamplicateur micro que, selon qu’on enregistre en analogique ou en numérique, les choses vont différer :
- Lors d’un enregistrement analogique, sur le magnétophone à bande donc, le signal électrique va être utilisé pour faire varier un champ magnétique dont les oscillations vont être inscrites sur la bande recouverte d’oxyde magnétique. Dès lors que le signal sera ainsi enregistré, une tête de lecture pourra lire le contenu enregistré et le retransformer en courant électrique qui sera à nouveau amplifié et conduit vers le dispositif d’écoute (enceintes ou casque) qui, en bon transducteur, utilisera le courant pour faire vibrer les membranes des HP et produire de la sorte des ondes acoustiques.
- Et lors d’un enregistrement numérique ? C’est à peu de chose près la même chose, si ce n’est qu’avant d’être écrit sur le support (disons un disque dur, cette fois), le signal est numérisé, c’est à dire transformé en 0 et en 1 par un convertisseur. On parle alors de conversion AN (Analogique > Numérique) ou encore AD chez les anglophones (Analog > Digital). Et lorsqu’on voudra lire ce qui est enregistré ? Vous vous en doutez, il va falloir reconvertir les données numériques en signal analogique via un convertisseur NA (Numérique > Analogique) appelé DA par les anglophones (Digital > Analog). Le signal électrique ainsi restauré sera ensuite acheminé vers le dispositif d’écoute, comme précédemment.
Vous le voyez : toute la différence tient dans cette fameuse conversion en numérique qu’il va nous falloir détailler un peu plus.
Comment fonctionne une conversion numérique ?
Que fait un convertisseur AN ? Il va échantillonner le signal électrique, c’est à dire le découper en des milliers de tranches par seconde, et affecter une valeur d’amplitude à chacune de ces tranches.
Le nombre de tranches que le convertisseur découpe dans une seconde est appelé la fréquence d’échantillonnage, et on la mesure en Hertz. Un Hertz correspond à une tranche pour une seconde. 10 Hertz à dix tranches pour une seconde. 10 kHz (kiloHertz) à 10 000 tranches par seconde, sachant que la norme d’échantillonnage retenue pour le CD audio est de 44,1 kHz, soit 44 100 tranches par secondes, mais qu’il n’est pas rare que les pros enregistrent en 96 kHz, et que pour certaines applications scientifiques ou industrielles, on recourt même à une fréquence d’échantillonnage de 192 kHz voire 384 kHz.
Comme nous l’avons dit, chaque tranche se voit affecter une valeur qui correspond à l’amplitude de l’onde sonore à cet instant. La précision de cette valeur dépend du nombre de bits utilisés par l’ordinateur pour l’encoder. Avec 1 bit, l’ordinateur ne peut stocker que deux valeurs : soit 0 (silence), soit 1 (amplitude maximum). En combinant 8 bits (ce qu’on appelle un octet), on peut obtenir 256 valeurs différentes (2puissance8) et en combinant 16 bits, on peut obtenir 65536 valeurs différentes, ce qui est la résolution retenue pour la norme du CD audio. Mais on peut évidemment aller vers des résolutions supérieures : nombre de professionnels de l’audio travaillent en 24 bits qui permettent 16 777 216 valeurs différentes.
C’est bien beau tous ces chiffres, mais dans les faits, à quoi cela correspond-il ? Disons que la fréquence d’échantillonnage (Sampling rate en anglais) permet de définir la bande passante du signal enregistré (soit la différence en Hertz entre la fréquence du son le plus grave et la fréquence du son le plus aigu) et que la résolution (bit rate en anglais) permet de définir sa dynamique (soit la différence en dB entre le son le plus faible et le son le plus fort).
Notez qu’à cause du lecteur audio de notre site qui ne gère que le MP3, tous les extraits suivants ont été convertis dans ce format en 512 kbps, ce qui n’est pas gênant pour notre démonstration qui vise à vous faire grossièrement entendre l’influence de la fréquence d’échantillonnage et celle de la résolution sur un enregistrement.
Pour notre démonstration, nous partirons d’un enregistrement de CD (au format 44,1 kHz / 16 bits donc) :
Sans toucher à la résolution de l’enregistrement, nous allons dégrader son échantillonnage en le passant successivement à 22 kHz, puis à 8 kHz, puis à 4 kHz. Observez notamment comme les aigus disparaissent à mesure qu’on dégrade la fréquence d’échantillonnage
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Revenons à présent à 44,1 kHz et baissons la résolution de l’échantillonnage à 8, 4 puis 1 bits, sachant que cette fois, la différence la plus notable tient dans le niveau de bruit qui monte :
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Vous l’aurez compris avec ces exemples : plus on augmente la fréquence et la résolution d’échantillonnage et meilleure sera la qualité de l’enregistrement. Le problème, c’est que plus on augmente ces deux facteurs et plus les données sont volumineuses pour une seconde de son. Or, si n’importe qui entend le saut quantitatif opéré par le passage du 8 au 16 bit ou du 22 kHz au 44,1 kHz, l’oreille humaine ne perçoit plus d’amélioration de qualité passé un certain stade, à plus forte raison sur un système d’écoute lambda.
Dans l’écrasante majorité des cas, et même si les instruments de musique génèrent des fréquences de plusieurs centaines de kHz, on se contente donc d’aller jusqu’à 96 kHz en 24 bits (appelé plus couramment 24/96), sachant qu’à part pour des applications particulières, il n’y a pas d’intérêt à augmenter la définition d’échantillonnage pour l’audition humaine…
Parlons-en d’ailleurs de cette dernière : on considère de manière très optimiste que l’oreille humaine peut entendre jusqu’à 20 kHz, sachant que qu’à cette fréquence se situent des sons suraigus… que seuls les enfants peuvent entendre ! Si en effet notre cerveau peut apprendre à mieux discerner les sons, améliorant notre capacité d’écoute, il doit en effet le faire avec un appareil auditif qui ne cesse de se dégrader avec l’âge, même en l’absence de tout traumatisme. Sur le plan de la bande passante, l’audition d’un homme de 20 ans est ainsi déjà moins bonne que celle d’un enfant de 10 ans. Et inutile de vous dire que cette dégradation des capacités auditives avec l’âge, qu’on appelle presbyacousie, est exponentielle, comme le montre la courbe ci-contre qui, hélas, ne se concentre comme tous les audiogrammes que sur la zone de la parole.
Oui, du point de vue des oreilles comme des yeux, ce n’est pas beau de vieillir, et il y a tout à parier que cette courbe moyenne de perte d’audition devrait être plus raide encore dans les prochaines années vu que l’usage du casque, la pollution sonore et les niveaux débiles pratiqués dans nombre de concerts risquent de précipiter l’homme vers une surdité de plus en plus précoce.
Revenons toutefois à nos illusoires 20 kHz. En admettant que l’homme entende jusque là, pourquoi, me direz-vous, avoir fixé la bande passante du CD à 44,1 kHz ? À cause de la découverte faite par l’ingénieur électronicien Harry Nyquist et qui fut publiée par le fascinant Claude Shannon. Que nous dit le théorème de Nyquist-Shannon ? Que « La représentation discrète d’un signal exige des échantillons régulièrement espacés à une fréquence d’échantillonnage supérieure au double de la fréquence maximale présente dans ce signal. »
La chose est très facile à comprendre lorsqu’on regarde ce qui se produit pour une onde dont la fréquence est de 200 Hz :
La longueur d’onde étant de 200 Hz, si on échantillonne à cette même valeur, on ne pourra pas rendre compte des changements d’amplitude (sur le schéma du haut, seul les pics supérieur de la courbe sont relévés par le convertisseur). À 400 Hz en revanche, soit le double de la fréquence à échantillonner, on dispose des données relative à l’amplitude. Voilà : ça semble simple comme ça mais encore fallait-il le formuler. Merci Messieurs Nyquist et Shannon.
Pour représenter fidèlement une onde de 20 kHz, il faut donc échantillonner à 40 kHz et comme pour éviter certains artefacts (le crénelage, appelé aliasing par les anglais), le convertisseur doit effectuer un filtrage du signal, il fallait une réserve de bande passante à affecter à ce dernier. Du coup, on peut comprendre les 44 kHz, mais d’où vient alors ce chiffre bizarre de 44,1 ? Simplement du fait que lorsque Sony et Philips ont collaboré pour définir les spécifications de base du CD audio (plus connues sous le nom de Red Book parce que le livre les contenant était… rouge !), ils ont veillé à ce que la bande passante de ce dernier soit compatible avec les formats vidéo PAL (acronyme de Phase Alternating Line) et NTSC (acronyme du National Television System Committee). Et 44,1 kHz est une valeur qui correspond à ces deux standards.
Le grand malentendu de la conversion AN/NA (3615 code ANNA)
Notez que je me suis bien gardé d’utiliser un schéma pour vous expliquer dans le détail comment s’opérait la conversion analogique > numérique. Pourquoi ? Parce que le shéma qu’on a utilisé pendant des années pour expliquer cela a été source de bien des malentendus et de mauvais procès à l’égard du numérique. Ce shéma, le voici :
Où l’on comprend aisément comment se produit la conversion : la belle forme d’onde analogique bien lisse est ainsi découpée en tranches auxquelles on fait correspondre des valeurs, obtenant une sorte d’escalier qui suit tant bien que mal la courbe.
Or, de ce bon support de vulgarisation mal compris par certains est née l’idée que les appareils numériques étaient incapables de restituer des signaux aux belles courbes bien lisses, que ce qui sortaient d’un CD, c’était du son « en escalier ». C’est pourtant gravement méconnaître la physique et le fonctionnement des convertisseurs que de penser la chose ainsi. De fait, si les données sont effectivement stockées sous formes de « tranches » après conversion AN, nous rapprochant de l’idée de l’escalier, lorsque la conversion NA a lieu, les données numériques servent à bâtir un signal analogique qui a les mêmes qualités que n’importe quel signal électrique, avec des jolies courbes bien lisses sur notre oscilloscope. Le signal reconstitué n’est pas le même que le signal original, vu qu’il y a eu conversion, mais il n’est pas moins analogique pour autant. Et à la définition dans laquelle on travaille en audionumérique aujourd’hui, avec la qualité des convertisseurs modernes, inutile de dire que ces changements sont indécelables pour la physiologie humaine.
Espérant que votre anglais sera suffisant pour comprendre la démonstration (et que la chemise du démonstrateur ne vous fera pas trop peur), je vous renvoie à cette excellente vidéo sur le sujet :
Bref, oubliez cette histoire d’escalier. Et s’il vous restait encore des doutes sur le sujet, essayez de transposer le problème dans l’image : voyez vous vraiment la différence entre une image issue d’un appareil photo numérique et la même image prise par un appareil photo argentique ? Entre un film filmé en numérique (tous les films le sont aujourd’hui ou presque) et un film à la bonne vieille pelloche ?
Certes, me direz-vous, mais convertir le son, et le reconvertir encore, ce n’est pas l’idéal en termes de fidélité, non ? Certes, vous répondrai-je car, en théorie, moins on fait subir de traitement à un signal, et moins on a de chances de le dégrader. On tiendrait là la preuve de la supériorité de l’enregistrement analogique ? Pas si vite ! Car en face des défauts d’une conversion, il convient à présent de parler des défauts du support et de la façon dont ceux-ci pèsent sur l’enregistrement analogique ou numérique.
Analogique vs Numérique du point de vue de la conservation du signal
En faisant l’économie d’une conversion, l’enregistrement analogique devrait a priori constitier la méthode la plus fidèle qui soit. Mais c’est sans compter avec le problème du support et du lien physique qu’il entretient avec son contenu, notre précieux signal. Sur ce point précis, analogique et numérique ne fonctionnent pas du tout de la même manière.
Sortons un instant du contexte de l’enregistrement pour examiner celui de la diffusion télé. Autrefois, lorsque les chaînes de télé émettaient leur programmes au format analogique, on pouvait capter plus ou moins bien une chaîne : suivant la qualité de l’antenne et du poste mais aussi suivant la situation géographique ou la météo, l’image pouvait être plus ou moins nette, dédoublée ou bien neigeuse et le son pouvait être plus ou moins parasité. Aujourd’hui que la télé émet en numérique, nous ne connaissons plus ces états de mauvaises réception : soit on capte la chaîne et l’image comme le son sont parfaits, soit on ne la capte pas et rien ne s’affiche ou ne s’entend sur le téléviseur.
C’est exactement la même chose avec l’enregistrement audio : si vous rayez profondément un CD audio, il va être tout bonnement illisible. Alors que si vous pratiquez la même entaille sur un vinyle, vous ferez certes sauter votre saphir, occasionnant un « poc » à chaque fois qu’il passe sur la rayure voire un saut qui le fasse revenir en arrière, mais la majorité du contenu du disque restera lisible. Même chose pour une cassette contenant un enregistrement analogique : si cette dernière a pris le chaud sur la plage arrière d’une voiture en plein soleil, le son sera évidemment dégradé, mais vous pourrez toujours entendre quelque chose. Alors que sur une cassette contenant des données numériques comme une DAT, vous pouvez être sûr que vous ne pourrez plus rien lire.
Bref, avec le numérique, on est dans le tout ou rien : soit le son est « parfait » (au sens où il est comme à l’origine), soit il n’y a pas de son du tout. Pour l’analogique au contraire, la dégradation du support n’implique pas nécessairement l’annihilation du signal. Une preuve de la supériorité de ce dernier ? Pas vraiment, car le grand défaut de l’enregistrement analogique, c’est justement le fait qu’il se détériore à mesure que son support se dégrade.
Imaginons que vous achetez un disque vinyle. Vous avez beau être soigneux, à chaque fois que vous l’écouterez sur votre superbe platine, le disque se détériorera un peu plus et le signal qu’il contient sera un peu moins fidèle à ce qu’il était lors de la première écoute. Le support s’use et, avec lui, le signal. Avec un CD en revanche, ce n’est pas du tout la même affaire : tant que le support n’a pas une usure qui compromette son fonctionnement, vous pouvez être sûr que le son qui en sortira sera exactement le même que celui du premier jour. Pourquoi ? Parce qu’un zéro ne peut pas être autre chose qu’un zéro, un un autre chose qu’un un (hein ?). Soit le bit est parfaitement lisible et parfaitement lu, soit il ne l’est plus et alors aucun son ne sort.
Évidemment, un CD ou un disque dur ne sont pas forcément plus résistants dans le temps qu’un vinyle ou une bande (les disques durs, hors SSD, sont utilisent d’ailleurs des plateaux magnétiques), mais tant que le signal numérique demeure lisible et les contrôles de redondance cyclique sont là pour s’en assurer (voir encadré ci-contre), alors il est parfaitement conforme à la première conversion AN qui a été réalisée, et peut donc être utilisé pour réaliser une copie parfaite de cette dernière, un clone, sur un support plus récent, que l’on pourra lui-même cloner encore dès qu’il montrera des signes d’usure. C’est là la grande force du numérique : ce que vous avez enregistré il y a 10 ans sonnera exactement pareil si vous avez pris le soin de le conserver sur un support lisible. Essayez, à côté de cela, de relire une cassette audio que vous avez enregistrée il y a 10 ans : vous risquez d’avoir bien des mauvaises surprises. Soulignons-le par ailleurs : une bande magnétique n’est pas clonable en ce sens où la copie d’une bande ne sonnera jamais exactement pareille que l’original. Et évidemment, à mesure qu’on multiplie les duplications, en faisant des copies de copies de copies, on dégrade toujours plus le signal…
Sans parler de ce problème de duplication, on m’objectera à raison qu’on peut tout à fait améliorer la conservation des bandes comme des vinyles en veillant à leur conditions de stockage dans une pièce évitant toute variation de température ou d’humidité et tout micro-organisme dangereux. Oui, on peut de la sorte améliorer les choses. Mais même de cette façon là, on ne pourra pas lutter contre sa dégradation naturelle qui entrainera une dégradation de l’enregistrement. Les chaînes de télé se mordent encore les doigts d’avoir utilisé des bandes de piètres qualité dans les années 80 pour l’enregistrement vidéo, de sorte que des milliers d’heures du patrimoine audiovisuel français doivent encore faire l’objet d’une restauration… passant par une numérisation en bonne et due forme…
Mais au-delà de ces histoires de conservation dans le temps, les propriétés même des supports pèsent sur notre questionnement entre l’analogique et le numérique. Et c’est sur ce point précis que va se jouer tout l’affect contenu dans notre sujet.
Analogique vs Numérique du point de vue de la qualité et de l’esthétique audio
Ce que le signal numérique a de pratique, c’est que le son qu’il produit ne dépend absolument pas de la nature du support de stockage. Que ce soit sur CD, sur disque dur, sur bande magnétique DAT, sur une clé USB, grave sur du silicium ou même imprimée sur une feuille de papier, la même séquence de zéros et de uns donnera toujours le même son à l’arrivée.
L’enregistrement analogique est quant à lui lié aux caractéristiques de son support : un même album ne propose ainsi pas tout à fait le même son suivant qu’on l’écoute sur disque vinyle, sur cassette ou sur grosse bande magnétique. Pourquoi ? Parce que tous ces supports ont des caractéristiques physiques différentes, qu’ils ne présentent pas la même bande passante par exemple (différence en kHz entre le son le plus grave et le son le plus aigu que l’on puisse enregistrer), n’ont la même capacité à restituer la dynamique (différence en dB entre le son le plus faible et le son le plus fort), le même rapport signal/bruit ou encore la même séparation des canaux stéréo. Certains posent même des problèmes de rémanence. (voir encadré)
Alors ? Quel est le meilleur élève ? En termes de haute fidélité, de qualité audio pure et dure, disons le tout net : le vinyle comme la bande sont très loin d’offrir le moindre avantage par rapport à l’audionumérique si ce n’est sur le cas précis de la bande passante qui, en théorie, ne connait pas de limites en analogique quand elle demeure tributaire du nombre de données enregistrées en numérique (je dis en théorie car dans les fait, les défauts physique d’un support comme le vinyle posent de gros problèmes en termes de bande passante : cette dernière se réduit en effet à mesure qu’on progresse vers le centre du disque, chose qu’est chargée de compenser la fameuse courbe d’égalisation RIAA et on observe de grosse variations en termes de bande passantes suivant la qualité de pressage et de mastering réalisée sur les vinyles). Vues les limites de l’audition humaine dont nous parlions plus haut, cet avantage ne présente toutefois pas grand intérêt (si vous trouvez un audiophile de plus de 8 ans capable d’entendre à 20 kHz, persuadez-le de faire don de ses oreilles à la science), tandis que tous les autres points devraient nous faire fuir les enregistrements analogiques.
Alors quoi, Jack White et Lenny Kravitz seraient des imbéciles ? Évidemment non. Il se trouve juste… qu’ils aiment précisément les défauts des anciennes technologies, comme on peut aimer les Cadillacs ou les 2CV bien que ces voitures soient parfaitement dépassées du point de vue du confort, des performances ou de la consommation. Dès lors, c’est sur une question de goût et de culture que tout cela se joue. La haute fidélité est en effet une chose, mais l’art en est une autre et les 1001 défauts du vinyle ou de la bande ont vite fait de devenir des atouts de ce point de vue.
C’est ainsi que lorsqu’on enregistre sur bande, à plus forte raison si l’on tape un peu dans le rouge (c’est à dire en envoyant un niveau élevé qui va provoquer une saturation sur l’enregistrement), on se rend compte que cette dernière modifie le signal tant que le plan spectral que dynamique : les graves sont légèrement glonflés, les aigus adoucis et à la faveur d’une compression naturelle de la dynamique, on observe une jolie saturation sur les pics de volume. On dit alors que la bande « colore » la son qui nous semble plus « chaud » et c’est cette pâte sonore que vont rechercher ceux qui travaillent encore avec des vieux magnétophones (et que de nombreux logiciels essayent de reproduire numériquement), Jack et Lenny en tête.
Côté vinyle, c’est encore plus flagrant car on s’aperçoit que les nombreux bruits inhérents à cette technologie participent du charme qu’elle dégage et on trouve d’ailleurs des logiciels pour ajouter des craquement à un signal numérique, tout comme on trouve des logiciels pour reproduire le pleurage des bandes. Car c’est un fait, les limites mêmes des technologies du passé ont un pouvoir évocateur très fort qui participe grandement de l’oeuvre d’art : Le son de Django Reinhardt, c’est ainsi autant celui de sa guitare que celui des micros à charbons et du stylet qui gravait ses oeuvres dans l’acétate de cellulose. Le son est « pourri » d’un point de vue scientifique, certes, mais c’est aussi cela qui nous transporte immédiatement dans les années 30/40 dès qu’on écoute le fabuleux guitariste. Du coup, il n’est pas pourri du tout, finalement.
Et c’est sans même parler des à-côtés de ces technologies : le charme des pochettes de 30cm, la nostalgie des bons vieux juke box, tout ce qui nous renvoie aux glorieuses années 50, 60 et 70, ces décennies résolument optismistes que les moins de vingt ans auraient rêvé de connaître et qu’ils vivent par procuration au travers d’une forme de gentil passéisme…
Bref, s’il fallait une réponse claire en termes de haute fidélité (c’est à dire l’aptitude de la technologie à reproduire et conserver le signal enregistré), elle n’est pas bien compliquée : pour ce qui est de l’enregistrement, la technologie audionumérique (et je ne parle pas que du CD) enterre littérament l’audio analogique. Mais s’il s’agit de savoir ce qui sonne le mieux, c’est une autre affaire qui ne se discute pas : vous êtes plutôt vanille ou chocolat, café allongé ou ristretto ? Si vous préférez le son d’un album sur vinyle ou sur bande, vous pensez comme Jack White et Lenny Kravitz et vous avez autant raison que ceux qui préfèrent le numérique. Il s’agit juste de ne pas utiliser l’alibi de la haute fidélité pour assumer ce goût esthétique, de dire qu’il y a dans la bande ou dans le vinyle une définition qui blablabla… et une précision qui blablabla… Encore une fois, il serait vraiment vain de vouloir discuter des mérites du VHS face au 8K pour autre chose que le charme parfaitement défendable du Vintage.
Alors quoi ? Tout ne serait qu’une question de goût ? Et votre beau-frère qui a investi des dizaines de milliers d’euros dans son équipement audiophile serait à côté de la plaque lorsqu’il vous explique l’infinie supériorité du grand vinyle sur le détestable CD ? Oui et non car s’il aura bien du mal à prouver ses dires d’un point de vue technique et scientifique, bien des écoutes comparatives d’album pourraient lui donner raison…
Pourquoi certains albums sonnent mieux en vinyle qu’en CD
Disons le clairement : les débuts du CD et sa rencontre avec le grand public ont été quelques peu laborieux, quantité de mélomanes soulignant alors les défauts du support sur le plan de la musicalité par rapport au bon vieux vinyle. Certains dénoncent alors de froideur du son, son manque de finesse voire son agressivité. Bien sûr, les convertisseurs et filtres utilisés à l’époque n’étaient pas aussi performants qu’ils ne le sont de nos jours, et bien sûr, les techniciens du son n’étaient pas encore tous très familiers de l’audionumérique. Mais au-delà de ces aspects et du conservatisme auquel se heurte toute nouvelle technologie (ou toute nouvelle itération car on a toujours tendance à préférer ce qu’on s’est habitué à entendre), la faute en revient surtout aux maisons de disques qui ont bien souvent bâclé la numérisation de leur catalogue en faisant l’économie d’un vrai nouveau mastering adapté au support numérique : songez qu’on trouvait même alors dans le commerce des CD enregistrés au cul de l’électrophone, avec tout ce que cela implique de craquements et d’égalisation RIAA ! Et lorsqu’après avoir vendu à prix d’or ces mauvais transferts (sans que rien ne justifie un surcoût, le CD était vendu bien plus cher que le vinyle), il fut question d’enfin remasteriser les albums pour pousser le consommateurs à les racheter encore, soulignons qu’il fut surtout question d’augmenter le volume global des morceaux en compressant le signal à son maximum parce que, par le biais d’un effet psychoacoustique observé dès les années 50, ce qui sonne plus fort nous semble toujours sonner mieux et se vend par conséquent mieux.
La Loudness War, comme on a coutume de l’appeler, aboutit ainsi à un fameux paradoxe : alors que la dynamique de l’audionumérique en 44/16 est largement supérieure à celle du vinyle ou de la bande magnétique, les rééditions numériques proposent souvent une dynamique moins grande que sur les supports analogiques (et donc moins de nuances dans la musique) et présentent même de la distorsion dans certains cas qui ont fait scandale (Death Magnetic de Metallica ou encore Californication des Red Hot Chili Peppers). À l’heure actuelle, quantité de chefs d’œuvres n’ont d’ailleurs toujours pas fait l’objet d’une édition numérique digne de ce nom, d’où la mauvaise réputation du CD chez certains mélomanes qui incriminent le format et plus globalement l’audionumérique au lieu d’incriminer les maisons de disques, vrais coupables dans cette affaire. Suprême ironie de la chose : comme il n’y pas de raison de ne pas prendre le consommateur pour un imbécile jusqu’au bout, on réédite aujourd’hui des vinyles en partant parfois, faute de bandes masters, du CD…
Bref, autant il est vain de défendre la supériorité du vinyle sur le CD d’un point de vue technologique, autant on trouve dans les faits bien des albums qui sonnent moins bien en CD qu’en vinyle parce que le transfert a été bâclé. Pour le reste, on en revient aux goûts et aux couleurs concernant la coloration que peut apporter un support et ses « défauts ». Chab, ingénieur ayant réalisé le mastering vinyle de l’album Random Access Memories de Daft Punk, explique que par rapport au master numérique, il s’est contenté de couper dans le grave et l’aigu pour s’adapter aux limites du vinyle, ce qui n’a pas empêché nombre d’auditeurs de préférer le son sur ce format, non parce qu’ils sont forcément passéistes ou idiots, mais parce que le travail réalisé par l’ingénieur et les particularités du vinyle ont accouché d’une pâte sonore qui leur plait plus que celle du CD (au point que certains étaient persuadé qu’un travail avait été fait sur la dynamique du master, ce qui n’est pas le cas). On en revient alors aux termes cités plus haut et à ce qu’ils cachent en réalité : la chaleur n’est autre que la « jolie » saturation naturelle apportée par le support, tandis que l’agressivité supposée de l’audionumérique tient dans le fait que contrairement à nombre de pressages vinyles où les aigus culminaient à 15–16 KHz, les version CD des albums montaient jusqu’à 20 KHz. Et oui, à l’oreille, les aigus, c’est agressif…
Soyons pragmatique : soyons numérique ?
Vous l’aurez compris : il ne m’appartient certainement pas de discuter du goût des uns et des autres en matière d’esthétique sonore, mais comme nous le soulignions plus haut, le choix entre enregistreur analogique ou enregistreur numérique pour votre home studio n’est pas qu’une question de goût, il est aussi une question de budget et de commodité. Pourquoi renoncer à la solution analogique ? Tout simplement parce que les gros magnétophones à bandes multipistes qu’on a utilisé en studio pendant des décennies ne sont plus fabriqués depuis longtemps et que le seul moyen d’en acquérir un serait de l’acheter d’occasion. Si la chose demeure bien évidemment envisageable, il faut en outre avoir à l’esprit les nombreuses contraintes que ce choix implique et qui ne sont pas forcément gérables dans le contexte d’un home studio.
Citons en quatre que nous avons pour certains déjà évoqué :
- Le coût de maintenance du magnétophone
Un magnétophone multipiste réclame un entretien régulier, voire des réparations qui peuvent être d’autant plus compliquées lorsque les pièces détachées ne sont plus fabriquées. Et à moins d’être bricoleur, songez que cet entretien comme ces réparations devront être faites par un spécialiste dont le coût n’est probablement pas dans le budget d’un home studiste.
- Le coût de la bande
Si un bon disque dur interne de 3 To ne coûte guère plus qu’une centaine d’euros et vous permettra de stocker pas mal de données numériques (à titre d’exemple, avec une résolution d’enregistrement CD de 44,1 kHz / 16 bits, vous pourrez stocker plus de 9000 projets contenant chacun 6 pistes mono d’une durée de 4 mn), l’équivalent en bandes magnétiques aura vite faite de vous coûter beaucoup plus cher si vous souhaitez conserver vos oeuvres… Et même dans le cas contraire, ne comptez pas trop sur l’aspect réinscriptible de la bande magnétique : contrairement à un support numérique exemplaire sur ce point, une bande magnétique va garder, comme nous l’avons vu, des traces des enregistrements passés à mesure qu’elle vieillit, ce qui se traduire par une sorte de rémanence.
- Le stockage des bandes
Encore une fois, si l’on compare la taille d’un disque dur à son équivalent en bandes, on comprend vite qu’il va falloir prévoir un espace non négligeable pour ranger ces dernières, un espace qui se devra en outre d’être le plus idéal possible en termes de température comme d’humidité.
- La simplicité d’utilisation
Inutile de dire qu’on ne peut pas faire de clic droit sur une bande pour savoir ce qu’elle contient : travailler avec des bandes, cela implique donc de documenter précisément tout leur contenu à la seconde près (voire la milliseconde) pour retrouver facilement telle piste ou tel projet facilement par la suite. Par ailleurs, il ne suffit pas de cliquer sur une icône pour revenir au début d’une bande : il faut la rembobiner et si le temps requis par la chose ne gênera que les impatients, les contraintes que le support pose au montage sont toutes autres : le bon vieux couper/coller que l’on fait en deux raccourcis-claviers dans un traitement de texte reprendra ici son sens littéral vu qu’il s’agira de couper la portion de bande à déplacer au cutter pour la recoller à un autre endroit. Des gestes à apprendre et à répéter avant de bien les maîtriser et de réaliser des montages parfaits.
Tout ça pour quoi au fait ? Pour avoir le fameux son de la bande, sachant que de toutes façons, lorsque viendra le moment de diffuser vos oeuvres, il faudra de toutes façons les numériser parce que tous les médias audiovisuels sont passés au numérique et qu’au-delà des radios et des télés, c’est aujourd’hui sur Spotify, Youtube, iTunes ou Amazon que se joue le succès d’une chanson ? Allons bon, faites vos comptes et estimez votre budget : vous vous rendrez vite compte que oui, Lenny Kravitz et Jack White peuvent se permettre ce genre d’excentricités, mais pas vous.
Et si vous teniez vraiment à l’enregistrement analogique malgré tout, je ne saurais que trop vous conseiller alors d’abandonner l’idée de faire cela vous-même et de vous rendre dans un studio dont c’est la spécialité, comme Kerwax en Bretagne, où vous trouverez le matériel qui vous fait saliver et des gens sachant l’utiliser. Vous ferez non seulement des économies mais obtiendrez à la fin un résultat bien meilleur tout en gagnant du temps.
Les plus rageux de la bande me diront que dans le contexte d’un home studio roots et vintage, on peut tout à fait aussi s’équiper d’un 4 pistes à cassettes que l’on dénichera pour pas cher dans les occasions d’Audiofanzine ou dans un vide grenier. C’est vrai : on peut le faire car, après tout, le Nebraska de Springsteen a été enregistré de la sorte. Mais comprenez bien que sans avoir ni la qualité sonore de la bonne grosse bande ni sa souplesse (le montage sur cassette est un sport qui compte moins de licenciés que le culring subaquatique), vous limiterez grandement vos possibilités… ce qui, nous le verrons toutefois ultérieurement, n’est pas forcément inintéressant.
Ceci étant dit, revenons à nos moutons numériques (dont on se demande bien à quoi ils rêvent) en détaillant l’option la plus évidente qui se présente à nous : l’enregistrement via un enregistreur numérique ou un ordinateur.
L’ordinateur roi
C’est un fait : quasiment tous les studios d’enregistrement s’articulent aujourd’hui autour d’un ordinateur et, à moins d’être foncièrement allergique à l’informatique, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas aussi le cas de votre Home Studio. Depuis les années 90 en effet, ce dernier s’est peu à peu installé dans l’écrasante majorité des studios où il n’a cessé de se rendre de plus en plus indispensable, profitant de périphériques et de logiciels toujours plus puissants, ergonomiques et polyvalents.
Principal logiciel utilisé pour la production musicale, la STAN (ou DAW en anglais – voir l’encadré) était, dès son invention, bien plus qu’un simple enregistreur multipiste : elle révolutionnait le montage et l’édition audio avec des fonctions aussi « bêtes » que le couper/copier/coller et la possibilité de sauvegarder autant de versions d’un projet que nécessaire sans aucune dégradation du signal original, ou encore la possibilité d’annuler une ou plusieurs opérations malheureuses… voire de revenir sur ces annulations. Comme nous l’avons vu, avant l’essor du numérique et de l’informatique, tout se faisait sur bande de manière destructive (mieux valait ne pas se rater !) tandis qu’on passait son temps à rembobiner les bandes magnétiques et à documenter précisément le minutage de ce qu’elles contenaient pour ne pas perdre de temps ensuite dans les multiples opérations de calage. Rien qu’à cause de ces dernières, on comprend qu’un studio ne pouvait autrefois fonctionner de manière optimale sans la présence d’assistants prenant en charge ces basses besognes, ce qui a un coût.
Au fil des années, les STAN n’ont en outre cessé de faire des progrès, ne se contentant plus d’être de simples magnétophones et banc de montage logiciels mais cumulant des fonctions réservées à quantité d’autres équipements. C’est ainsi qu’on trouve dans les STAN une table de mixage en plus de myriades de fonctions toutes plus intelligentes les unes que les autres : automatiser des réglages (on appelle cela des automations), jouer après coup sur le tempo ou la hauteur tonale des enregistrements (via des algorithmes de Time Stretching ou de Pitch Shifting), recaler des enregistrements sur les temps ou sur un groove particulier (ce qu’on appelle la quantisation), produire des partitions, etc.
Et c’est sans même parler des effets (égaliseurs, compresseurs, réverbérations, amplis guitare, etc.) ou encore des instruments de musique : de la batterie aux synthés en passant par les pianos ou l’orchestre symphonique au grand complet, les instruments virtuels ont envahi la musique, au niveau amateur comme professionnel. Vous vous souvenez des synthés du Night Call de Kavinski ? Ils sont logiciels ! Tout comme quantité d’orchestres symphoniques qu’on entend sur les BO de jeux vidéos, de films ou de séries.
De fait, en dehors du local, les seules choses qui relèvent encore exclusivement du domaine du matériel sont les microphones, les enceintes, les casques, les câbles (encore que le nombre de ces derniers diminue grandement avec les logiciels) et… l’ordinateur donc, flanqué d’une interface audio ! Pour le reste, le soft a réponse à tout, au point d’avoir réellement bouleversé la manière dont on produit la musique à tous les niveaux : le temps, le budget, le personnel nécessaires sont sans commune mesure avec ce qu’on observait dans les années 70, avant l’arrivée de l’informatique. Et si les professionnels de l’audio demeurent malgré tout attaché à quantité d’équipements matériels dont la table de mixage, s’ils sont encore nombreux à chanter les louanges de l’analogique, il n’est pas rare de nos jours d’apprendre au détour d’une interview d’ingénieur du son célèbre que le dernier disque de telle ou telle vedette a été mixé « in the box », c’est-à-dire avec des logiciels exclusivement, et sans le concours du moindre assistant.
Parce que l’ordinateur est désormais lié à Internet, il n’est pas rare non plus d’apprendre qu’un album a été réalisé via une multitude de collaborations à distance : on enregistre les batteries ici, les voix là, sachant que les titres seront mixés autre part et masterisés encore ailleurs, tandis que le client suit le bon déroulement de tout cela via son e-mail, sa Dropbox ou une plateforme dédiée dans le Cloud. Bref, il n’y a rien d’exagéré à parler de révolution du studio et du home studio après l’avènement de l’informatique musicale car que ce soit au niveau des tâches mêmes de la production audio comme du coût d’un album, de l’accès aux outils ou de la façon dont on collabore désormais, l’ordinateur a tout changé.
A ce point précis, alors que mon propos sur la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) fait montre d’un enthousiasme zélé et, avouons-le, un brin provocateur, j’imagine une grosse veine battre sur la tempe des aficionados du bon vieux matériel. Aussi n’allons nous pas nous dégonfler en sautant à pieds joints dans le plat de lasagnes de cheval, et en abordant l’un des plus terribles débats ayant secoué (et secouant encore) le petit monde de l’audio après Analogique Vs Numérique… Matériel Vs Logiciel !