Cette semaine, nous allons voir comment travailler en amont afin de limiter autant que possible tous les bruits pouvant venir souiller inopinément vos enregistrements vocaux…
Finger in the noise
Que le lecteur attentif se rassure, cet épisode n’est nullement une réécriture du dix-huitième article de ce guide. Ceci étant, je vous invite fortement à relire ce dernier en guise de préambule au sujet du jour.
Bon, commençons par une bonne vieille évidence qu’il me paraît tout de même utile de rappeler à propos des bruits de bouche, raclements de gorge, gargouillis et autres sons du genre. Comme vous devez vous en douter, le meilleur moyen de lutter contre un tel brouhaha corporel se résume à avoir le gosier suffisamment humecté et la panse confortablement pleine sans aller jusqu’à l’excès. Moralité, veillez à ce que votre chanteur ait toujours à portée de main de quoi se sustenter au besoin ainsi qu’un verre d’eau, une tisane ou tout autre breuvage lui convenant. Notez qu’il vaut mieux éviter toute nourriture trop « sèche » afin de ne pas empâter inutilement sa cavité buccale. Les boissons gazéifiées et/ou alcoolisées sont également à proscrire car elles peuvent provoquer plus de dégâts qu’autre chose.
Passons à présent aux bruits parasites « externes » pouvant être provoqués par l’interprète. Là encore, cela pourra vous sembler anecdotique mais je vous assure que ce genre de son incongru peut ruiner la prise du siècle. Je l’ai malheureusement appris sur le tas à mes dépens… Bref, en partant de bas en haut, nous avons tout d’abord les pieds et/ou les chaussures en contact avec le sol. Évitez de placer le chanteur sur une surface générant trop de bruits car s’il a tendance à se déplacer, piétiner ou simplement battre la mesure, cela s’entendra. Personnellement, j’ai dans mon attirail magique un vieux tapis que je traîne systématiquement à chaque session d’enregistrement et qui m’a sauvé la mise à plus d’une reprise. Niveau sabot en soi, le cuir est à fuir tant cela peut produire des craquements déplaisants au moindre gigotement d’orteil…
Passons aux vêtements. Lors des mouvements, ces derniers peuvent engendrer des bruits de froissement ou de craquement. Si votre interprète est habillé en cuir, avec une layette trop ajustée ou des nippes au tissu trop rigide, ça sent le sapin… Je ne suis pas en train de vous dire qu’il vous faut l’obliger à venir en séance affublé d’un pyjama en pilou deux tailles trop grand mais une tenue confortable et silencieuse me semble être tout de même un minimum. Tant pis pour les photos promos, il vous sera toujours possible d’organiser une fausse session d’enregistrement spécialement pour le photographe après coup.
Nous arrivons à la tête. Pour les chevelu(e)s, c’est élastique obligatoire à partir du moment où ils s’adonnent au headbanging ou au simple dodelinement vigoureux en cours de morceau. Je sais, c’est bête mais lorsqu’un tif frappe un micro, ça n’est pas très joli à entendre. Pour les moins chevelu(e)s adeptes des galurins en tout genre, veillez à ce que le couvre-chef soit bien fermement vissé sur la caboche car une chute est vite arrivée et ça ne sonne pas des masses. Niveau bijoux, pendants et colliers peuvent produire des bruits particulièrement inesthétiques au moindre mouvement, surveillez-les donc de très près.
Enchaînons à présent avec les bruits de manipulation. Ici la règle est très simple : il faut tout simplement les éradiquer. Pour ce faire, pensez à fournir un pupitre suffisamment large pour faire tenir en même temps toutes les pages du texte car tourner une feuille au beau milieu du chant n’est non seulement pas confortable, mais cela peut également s’entendre ! Dans un autre genre, certains chanteurs adorent tripoter le câble qui pendouille du pied de micro, engendrant ainsi des bruits forts mal venus… Veillez donc à convenablement fixer ce dernier le long du pied. Bref, je ne vais pas vous passer toutes les possibilités en revue car de toute façon il y aura toujours un petit malin pour créer un son parasite auquel vous n’aurez pas pensé… J’espère que vous saisissez juste l’idée générale : prévenez autant que faire se peut en amont, restez attentif tout au long de la séance et soyez près à intervenir dès qu’un son imprévu pointe le bout de son bruit.
Pour finir, laissez-moi vous rappeler qu’il est primordial d’utiliser une suspension adaptée au micro que vous utilisez lors de ces sessions de prise de voix. Mine de rien, cela vous évitera de capter toutes les vibrations pouvant être transmises via le pied de micro. Notez que cette remarque s’applique à tous les types de micros, même les dynamiques qui sont malheureusement bien souvent les parents pauvres en la matière. Si vous n’êtes pas équipés, sachez qu’il existe des suspensions génériques pouvant s’adapter à plusieurs gabarits de micro. Ne faites donc pas des économies de bouts de ficelle, ce genre d’ustensile n’est absolument pas un luxe, loin de là…
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !