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Test de FabFour, Gypsy et Voice of Passion - Trois banques pour un lecteur

Longtemps éditeur de bibliothèques de samples, EastWest a franchi le cap en développant son propre lecteur d’échantillons, Play. Le Namm 2008 a vu l’annonce de nombreux produits utilisant ce dernier. Ce sont les trois banques, Fab Four, Gypsy et Voices Of Passion qui nous intéressent aujourd’hui.

Long­temps éditeur de biblio­thèques de samples, East­West a fran­chi le cap en déve­lop­pant son propre lecteur d’échan­tillons, Play. Le Namm 2008 a vu l’an­nonce de nombreux produits utili­sant ce dernier. Ce sont les trois banques, Fab Four, Gypsy et Voices Of Passion qui nous inté­ressent aujour­d’hui.

Ouverture!

Dans le domaine de la banque de sons, on est rapi­de­ment passé des sons sur disquette au support DVD, indis­pen­sable pour conte­nir des biblio­thèques de plus en plus massives. La course au Giga est telle que certaines d’entre elles sont main­te­nant vendues instal­lées sur disque dur…

L’uti­li­sa­teur et l’édi­teur sont confron­tés du coup à deux impé­ra­tifs : la gestion Ram / strea­ming et la multi­tude de formats, puisqu’il y en a presque autant que de sampleurs, réels ou virtuels. Heureu­se­ment, certains conver­tis­seurs permettent d’im­por­ter des samples et programmes de diverses prove­nances dans son instru­ment favori, parfois au détri­ment des subti­li­tés de program­ma­tion propres à un format.

Afin de propo­ser des solu­tions auto­nomes, certains éditeurs ont choisi des moteurs sous licence (East­West, Zero-G, Best Service avec Kompakt, Spec­tra­so­nics, Motu avec l’UVI, etc.). La plupart ont rapi­de­ment déve­loppé leur propre lecteur, pour ne pas rester tribu­taires de compa­ti­bi­lité aléa­toire ou simple­ment béné­fi­cier de marges de manœuvre tant finan­cières que tech­no­lo­giques.

La problé­ma­tique de l’ac­cès aux biblio­thèques est autre. Soit l’on solli­cite le disque dur (strea­ming) auquel cas il faut un débit régu­lier, donc un proto­cole rapide et dans l’idéal des ports et disques dédiés, soit l’on utilise la lecture à partir de la Ram et l’on se frotte aux limites des OS 32 bits, à savoir l’uti­li­sa­tion de 4 Go simul­ta­nés (2 puis­sance 32). Quelques logi­ciels permettent cepen­dant de doser un usage combiné. Toute­fois, si l’on veut dépas­ser la limite actuelle, il faut adop­ter un système 64 bits (soit 2 puis­sance 64, 17 milliards de Go…).

East­West débarque donc avec sa propre solu­tion, Play, lecteur 64 bits (compa­tible 32 bits).

Play, le lecteur

Browser

Compa­tible Mac (UB) et Windows (XP et Vista), Play est dispo­nible sous forme de stan­da­lone et plug AU, VST (RTAS Mac seule­ment, PC à venir) et néces­site une clé iLok.

Le prin­cipe est celui d’une inter­face dont les éléments graphiques et les para­mètres changent en fonc­tion de la biblio­thèque. Play héberge des banques conçues pour lui, aux instru­ments consti­tués de samples sur plusieurs niveaux de vélo­cité, dont on sélec­tionne les arti­cu­la­tions par keys­witches. Les presets Elements n’ont qu’une arti­cu­la­tion acti­vée, les Master les ont toutes. Play est multi­tim­bral et multi­ca­nal. Le haut de l’in­ter­face regroupe les menus dérou­lants de sélec­tion, Control et Instru­ment. Deux boutons encadrent le logo EW, Settings (réglages audio, Midi, strea­ming, etc.) et Brow­ser. On pourra rappe­ler les 10 presets les plus récents par Control.

Chan­nel Source permet de char­ger les diffé­rentes versions d’un programme : stéréo, mono (somme L/R), mono from Left ou from Right. On dispose d’un Pan et d’un rota­tif Stereo, dont l’usage diffère selon les banques : dans Fab Four par exemple, il permet de simu­ler une stéréo avec les samples mono (on entend deux samples distincts, peut-être à la manière de Virtual Guita­rist qui utilise des sons un demi-ton au-dessus ou en dessous et les trans­pose en temps réel). Dans les autres banques, il élar­git le signal en retar­dant l’un des canaux d’un son stéréo, comme des prises avec diffé­rents micros (les voix de VOP). On évitera de mani­pu­ler ce réglage en cours de jeu ou de lui appliquer une auto­ma­tion, le son subis­sant alors des arte­facts.

Autres fonc­tions

Articulations

Plusieurs écrans dans la partie infé­rieure renseignent sur l’ac­ti­vité, les para­mètres Midi et les sons. Midi permet de régler les canaux, la trans­po­si­tion (plus ou moins deux octaves), la réponse à la vélo­cité et ses limi­ta­tions. Info donne la consom­ma­tion CPU (peu fiable), le débit du disque dur, la mémoire utili­sée et le nombre de voix (diffé­rent de celui de notes).

Midi Port permet de choi­sir quel maté­riel Midi est actif, en stan­da­lone ; en plug, c’est l’hôte qui prend la main. Ce réglage étant indé­pen­dant par preset, on peut assi­gner un contrô­leur Midi spéci­fique par instru­ment. En dessous se trouve l’ac­cès aux sorties sépa­rées : en stan­da­lone, on peut router le son vers les diverses sorties de la carte-son. En mode plug, Play n’offre pas encore de sorties multiples avec Logic 8 (fonc­tionne en revanche avec Logic 7), Cubase, Nuendo et Pro Tools et EW nous a confirmé travailler sur ce problème pour un prochain update.

Dernier écran, Arti­cu­la­tions : dans l’ordre, on y visua­lise le nom, le keys­witch utilisé, si le son est actif, chargé (on peut “vider” les arti­cu­la­tions inuti­li­sées pour libé­rer de la Ram) et un volume réglable.

Clavier

En dessous se trouve un clavier fonc­tion­nel qui montre en jaune les notes inuti­li­sées, en blanc la tessi­ture couverte par l’ar­ti­cu­la­tion et en bleu les keys­witches.

La partie centrale affiche un écran flanqué de trois vumètres, pour les niveaux droite-gauche et le pan. La répar­ti­tion des fonc­tions est commune sur les biblio­thèques ici testées, mais chan­gera sur les suivantes (QL Pianos, Sympho­nic, Forbid­den Planet, etc.).

Les contrôles de trai­te­ment du son sont pratique­ment les mêmes. Un Delay avec réglage Time (0,2 à 4,6 s, avec simu­la­tion de l’ef­fet de pitch des délais analo­giques lorsque l’on bouge rapi­de­ment le réglage), Feed­back et niveau, une enve­loppe AHDSR (jusqu’à 10 secondes pour chaque segment, de 0 à –120 dB pour le sustain), un volume entouré par Mute et Solo (qui n’ont d’ac­tion que sur l’ins­tru­ment affi­ché) et, à l’ex­cep­tion de FabFour, un Filter, filtre passe-bas réso­nant 12 dB/oct. (coupure de 35 à 23999 Hz). Un bouton Reset Round Robin permet de forcer le cycle de samples alter­nés à reprendre sur le premier.

Espaces et samples

Menu

East­West a inclus un ADT (Auto­ma­tic ou Arti­fi­cial Double Tracking), système de doublage arti­fi­ciel de piste mis au point aux studios Abbey Road par Ken Town­send. EW a repro­duit de façon convain­cante ce procédé, Delay donnant le retard du signal (de 0 à 50 ms), Depth et Speed émulant la profon­deur et la vitesse de modu­la­tion du signal, et Level le niveau du signal retardé. Les réglages Delay et Depth ne pour­ront être auto­ma­ti­sés, Depth surtout, qui produit des clicks quand il est modi­fié pendant qu’un son est joué.

Atten­tion cepen­dant entre l’ADT et le mode Stéréo à ne pas créer de sérieux problèmes de phase…

Enfin, une réverbe à convo­lu­tion four­nit 35 réponses impul­sion­nelles, de plates (EMT), Hall, Studio, Cham­ber, Church, etc. Les réverbes étant de très bonne qualité, il est dommage de ne dispo­ser que d’un seul réglage (Niveau). On aurait appré­cié une plus grande finesse de para­mètres, mais cela n’au­rait certai­ne­ment été possible qu’au prix de ressources supplé­men­taires, alors que la réverbe est actuel­le­ment assez sobre.

Quelques préci­sions sur les presets. EW a retenu le prin­cipe de keys­witches, ce qui permet de chan­ger d’ar­ti­cu­la­tion par une note Midi (temps réel ou dans une séquence). Une arti­cu­la­tion est une varia­tion, une tech­nique de jeu, des bruits, etc. pour un même instru­ment. Play peut recon­naître le jeu legato de l’in­ter­prète, mais atten­tion, le jeu n’est pas mono : si les deux notes se chevauchent, on les entend, l’une n’an­nule pas l’autre. Le suffixe Mod signi­fie une modi­fi­ca­tion du son par la molette (le taux de disto, le niveau de samples de release, etc.). Quand le son est doté d’un DXF, la molette pilote le passage d’un layer à un autre. RR désigne le Round Robin : une même note déclen­chera x samples succes­si­ve­ment, plutôt qu’un seul (ce qui évite l’ef­fet “mitraillette”).

Petit reproche, les assi­gna­tions sont figées dans les programmes, et il n’y a pas de Midi Learn. Le seul moyen d’au­to­ma­ti­ser Play est d’uti­li­ser l’au­to­ma­tion de l’hôte et tous les para­mètres ne sont pas dispo­nibles. Mais on peut aussi décou­vrir des para­mètres ne figu­rant pas sur l’in­ter­face, comme diffé­rentes topo­lo­gies de filtres. Autre reproche, la commande circu­laire des réglages est impré­cise, rendant l’ac­cès aux réglages extrêmes diffi­cile. Heureu­se­ment, la molette de la souris est implé­men­tée sur tous les réglages du logi­ciel et permet d’at­teindre toute valeur.

Fab Four

Y-a-t-il un doute, avec un tel nom ? EW a fait appel à Ken Scott (ingé-son de White Album et Magi­cal Mystery Tour), Laurence Juber (Wings) et Denny Seid­well (batteur sur trois McCart­ney). Par souci d’au­then­ti­cité, l’édi­teur a retrouvé tous les instru­ments, amplis, micros et outboard d’époque, para­sites et bruits garan­tis vintage (parfai­te­ment maîtri­sés, aucun instru­ment n’est injouable). Ce qui permet d’en­tendre des basses Hofner de 63, Ricken­ba­cker de 64, une superbe batte­rie Ludwig, des guitares Epiphone et Strat de 56, Les Paul de 57, Tele de 51, Gretsch, Ricken­ba­cker, etc. Sans comp­ter quelques claviers rares, comme un Clavio­line (un Selmer ?), un clave­cin élec­trique Bald­win ou un orgue Lowrey Heri­tage Deluxe. Quelques tablas, percus­sions, sitars et cris de filles en folie complètent un instru­men­ta­rium très varié (13 Go de samples).

FabFour

La ques­tion est : Fab Four est-il condamné aux reprises stricto sensu des Beatles, ou peut-il s’in­té­grer dans d’autres styles ? Les claviers, guitares et basses peuvent être utili­sés des contextes pop-rock ou chan­son acous­tique sans problème. Les basses rondes trou­ve­ront faci­le­ment leur place dans un mix, les diverses arti­cu­la­tions permet­tant une program­ma­tion assez réaliste. Les claviers sont superbes, même si le Madonna Piano aurait mérité plus de layers de vélo­cité. Ou l’har­mo­nium, très réussi, mais dont certaines notes du Solo sont trop courtes (du resam­pling ?). Autre ambiance, le Within A Sitar et ses six arti­cu­la­tions, qui fonc­tionne idéa­le­ment sur de la musique à l’image, ou les percus­sions avec une belle sélec­tion de claps humains, plutôt rares.

Côté guitares, EW four­nit les accords sépa­rés d’une chan­son et les guitares corres­pon­dantes, samplées chro­ma­tique­ment. Les accords permet­tront de rejouer à l’iden­tique telle ou telle chan­son, strum­ming, aller-retour alterné, effets, tout y est. Mais il sera diffi­cile, sauf cas isolé, de les inté­grer dans une chan­son. Côté samples, les sons sont clai­re­ment datés, n’ont pas beau­coup de corps, mais c’est tout leur inté­rêt. On peut faci­le­ment les détour­ner pour construire des back­grounds inté­res­sants, en jouant sur les réverbes, les pan et délais. Ou pour tout autre partie, puisqu’on dispose là encore de nombreuses arti­cu­la­tions par instru­ment (slide, hammer, pull-off, mute, etc.) C’est valable pour les élec­triques comme les acous­tiques : celle-ci, bien connue quand elle joue ça peut aussi deve­nir ça. Ou encore si l’on mélange cette guitare, les harmo­niques de celle-là et cette bassepour faire ceci.

On finit par les batte­ries. Premier point : on appré­cie les sons main droite-main gauche et les samples alter­nés, ce qui évite l’ef­fet mitraillette. Côté son, EW a fidè­le­ment repro­duit les toms mats (le son carton…), les cymbales très compres­sées, les caisses claires courtes avec beau­coup de timbre, etc. Les char­leys sont un régal à jouer au clavier, leur réponse étant idéale. Tout n’est pas forcé­ment utili­sable dans tous les contextes, puisque les sons ont été enre­gis­trés et trai­tés (réverbe, compres­sion, etc.) de manière à repro­duire le morceau d’ori­gine, mais il y a là quelques sons à mettre de côté. C’est là que l’on aime­rait pouvoir piocher diffé­rents sons et les rassem­bler au sein d’un preset maison.

Bref, une biblio­thèque répon­dant à ses promesses et utili­sable dans d’autres contextes. Mais il ne faut pas l’ac­qué­rir en pensant ache­ter un instru­ment géné­ra­lis­te…

Gypsy

On conti­nue avec un instru­ment tout aussi spécia­lisé, Gypsy, mais peut-être plus poly­va­lent que Fab Four. Avec un nom pareil, les guitares acous­tiques sont à l’hon­neur, mais aussi les accor­déons, bando­néon, violon, percus­sions diverses, jusqu’à un trom­bone et un cymba­lum. Une fois de plus, qualité sonore irré­pro­chable et nombreuses arti­cu­la­tions offrent des instru­ments très agréables à jouer (12 Go de samples).

Gypsy

Parmi les guitares, les Clas­si­cal, Flamenco et Spanish Steel String en solo sont très détaillées, offrant entre 4 et 16 arti­cu­la­tions, du jeu legato aux claps sur la caisse en passant par les harmo­niques, slides par demi-ton ou ton, etc. Comme on dispose de trois modèles diffé­rents, il est bien tentant de faire ça. Les accords ne seront pas toujours utili­sables, à cause de la dépen­dance à un tempo, la vitesse du strum­ming ne pouvant s’adap­ter. Un logi­ciel comme Melo­dyne voire un Recycle! auront leur utilité sur les plans ryth­miques (double ou triple répé­ti­tion d’ac­cords, etc.).

Seule la Django est plutôt ratée : ni la guitare solo, ni surtout les accords ne sont convain­cants, pas moyen d’ar­ri­ver à repro­duire une pompe manouche faisant illu­sion. C’est dommage, car les guitares de type Selmer/Macca­feri sont rare­ment propo­sées, que ce soit au sein d’un instru­ment ou sous forme de biblio­thèque indé­pen­dante. Un autre problème : quand on charge les guitares, le violon ou le trom­bone, le niveau de réverbe est à 0 dB, ce qui rend les instru­ments pratique­ment injouables, il faut donc modi­fier ce réglage manuel­le­ment, et éven­tuel­le­ment sauve­gar­der le preset.

Le Cymba­lum est superbe, fourni avec des roule­ments (à un seul tempo, hélas), enre­gis­tré de manière à ce que l’on entende aussi bien le “ping” des mailloches que le bois de l’ins­tru­ment. Un instru­ment rare et qui est idéal pour poser des ambiances à l’image. La plupart des compo­si­teurs de musique de film l’ont utilisé, d’une manière ou d’une autre.

Le trom­bone n’ap­pelle pas de commen­taires parti­cu­liers, plutôt passe-partout, voire quel­conque. Il dispose lui aussi d’une arti­cu­la­tion True Legato.

Les accor­déons et le bando­néon sont aussi très “acous­tiques”, avec le gros son typique de l’édi­teur, incluant air et bruits de touches. Ils sont très expres­sifs, grâce aux nombreuses arti­cu­la­tions, cres­cendo, sfor­zando et aux divers réglages (musette, single reed, double reed, etc.). Recherche de réalisme oblige, l’édi­teur four­nit le son poussé et tiré, ainsi que les main droite-main gauche. Il faut en revanche s’ha­bi­tuer à entendre la main gauche dans le moni­teur droit et inver­se­ment, EW ayant choisi la pers­pec­tive “public”. Mais un petit plug peut remé­dier très faci­le­ment à cela. Si vous cher­chez abso­lu­ment des “souf­flets” virtuels crédibles et musi­caux, aux sons poly­va­lents, de la tension d’As­tor Piaz­zola au lyrisme de Richard Galliano, de la linéa­rité de Hermeto Pascoal au swing de Gus Viseur, ne cher­chez plus…

On finit par une des pièces maîtresses de cet instru­ment déci­dé­ment très réussi : le violon. 26 arti­cu­la­tions diffé­rentes en font un des instru­ments les plus détaillés de la série. Deux programmes Legato offrent les samples spéci­fiques, avec un passage d’une note à l’autre plus ou moins rapide selon l’em­pla­ce­ment de la molette de modu­la­tion. Avec un peu de travail, on arrive à des résul­tats bluf­fants, que ce soit avec le son d’ori­gine pour tout style acous­tique ou avec des effets à la Ponty-Lock­wood ou comme sur ce petit hommage.

Au final, un plug-in d’ex­cep­tion qui répon­dra à presque tous les cas de figure impliquant guitares acous­tiques et accor­déons, sans oublier la qualité du Cymba­lum et du violon. Deux regrets cepen­dant : alors qu’il est indis­pen­sable pour le violon, le pitch bend n’est pas implé­menté. Et il arrive que l’image stéréo bouge un peu lorsque l’on passe d’une arti­cu­la­tion à l’autre, obli­geant à la corri­ger en jouant du pan et/ou d’un plug.

Voices Of Passion

Dernier instru­ment de ce test, Voices Of Passion regroupe dans 7,3 Go les voix de cinq chan­teuses d’ho­ri­zons divers (USA, Pays de Galles, Syrie, Inde et Bulga­rie). La qualité d’en­re­gis­tre­ment ne souffre aucun reproche, chaque prise vocale a été effec­tuée à l’aide de deux micros, un Tele­fun­ken Ela-M 251 à lampe et un RCA 44 à ruban. On peut ainsi choi­sir l’un ou l’autre, ou les deux à la fois. Les samples sont en grande majo­rité à base de voyelles, même si on trouve des consonnes labiales, arti­cu­la­tions ou mots. Les presets sont en géné­ral dotés de réverbe, dont on n’hé­si­tera pas à descendre le niveau.

Si chaque “instru­ment”, America, Bulga­ria, India, Syria et Wales, propose les habi­tuels Elements et Master, trois offrent plus de possi­bi­li­tés : America dispose ainsi de Oo en True Legato et Porta­mento, Bulga­ria contient des sons Breath. Wales est le plus fourni, puisqu’outre des Ah, Oh en True Legato, Porta­mento et DXF, East West a enre­gis­tré les voyelles et des mots et phrases. Même si l’en­re­gis­tre­ment est idéal, le fait de jouer solo, chro­ma­tique donne parfois un rendu arti­fi­ciel, la phase, l’an­nu­la­tion ou l’ad­di­tion de certaines fréquences/harmo­niques provoquant quelques frot­te­ments malve­nus.

Voice of Passion

America Master offre 10 arti­cu­la­tions, de Ah à Muah, dans une ambiance très Enya ou Dead Can Dance. Ces sons sont clai­re­ment conçus pour le jeu en nappes ou pour une note isolée, pas pour produire des mélo­dies.

Bulga­ria est plus ciblé, offrant aussi bien des sons tenus que des mots ou arti­cu­la­tions, ainsi que des phra­sés typiques des Voix bulgares. Le prin­cipe, repris dans certaines des autres voix, est de propo­ser des phrases complètes dont la première note corres­pond à celle que l’on joue. Le déve­lop­pe­ment de la phrase est ensuite plus ou moins libre. On est ainsi à peu près sûr de toujours jouer un mot ou un début de phrase dans la tona­lité dési­rée.

India n’uti­lise pas tout à fait le même prin­cipe : même si on retrouve avant tout des phrases complètes, ces dernières sont surtout canton­nées à quelques tona­li­tés, et ne présentent pas l’avan­tage chro­ma­tique de Bulga­ria. On s’en servira donc dans un contexte tonal plus limité. Un avan­tage : la molette change le point de départ de la phrase chan­tée, ce qui permet de répé­ter la même note en ayant deux résul­tats diffé­rents.

Ce prin­cipe est repris dans Syria, mais cette fois, les phrases sont chan­tées en corres­pon­dance avec la note du Keys­witch. En clair, si vous appuyez sur la note de Keys­witch “F”, toutes les phrases seront en Fa, majeur, mineur ou selon les modes les plus fréquem­ment utili­sés.

Gros morceau du plug, Wales offre pas moins de 44 arti­cu­la­tions plus 8 arti­cu­la­tions indé­pen­dantes (Oh, Ah en mode legato ou DXF). Cette fois, les Keys­witches appel­le­ront tour à tour des syllabes, voyelles ou mots mappés chro­ma­tique­ment, que l’on harmo­ni­sera donc sans problèmes. Peu importe là le sens de la phrase, on se retrouve plutôt dans un système de construc­tion vocale à la Eliza­beth Fraser (mais pas dans le timbre).

Sur toutes les voix, VOP montre une régu­la­rité correcte, sans trop de détim­brage, seuls quelques phra­sés deman­dant de la puis­sance sonnent un peu “en dehors”, éloi­gne­ment des micros oblige. Toutes les phrases d’une même arti­cu­la­tion sont homo­gènes, d’un point de vue timbral et stéréo. Après, d’une arti­cu­la­tion à l’autre, ça peut chan­ger. On gagnera alors à utili­ser VOP sans la réverbe incluse, en sélec­tion­nant les Chan­nel Sources mono ou en jouant sur diffé­rents routages de bus et plugs (pour lisser les sons et resser­rer les petites varia­tions de stéréo entre diffé­rents Keys­witches). En tout cas, voici un instru­ment de très bonne qualité, bien plus pratique à utili­ser qu’une banque de boucles sépa­rées et qui fera des merveilles pour la musique à l’image. Le travail avec Melo­dyne, Time Machine, Radius ou autre soft compa­rable permet­tra de pous­ser encore plus loin l’uti­li­sa­tion de VOP. Le but étant de n’être pas tribu­taire des phrases par tona­lité ou place­ment ryth­mique, mais de s’en affran­chir par trans­po­si­tion et time stretch d’ex­cel­lente qualité.

Au chapitre des regrets : les deux voix Syria et India auraient pu offrir autant de sons que les trois autres. Un petit bruit bizarre par-ci, par-là (le Do#4 de Bulga­rian Master/arti­cu­la­tions D0, ou quelques notes du même layer où l’on entend l’un des micros tordre). Et surtout, pourquoi ne pas avoir proposé un mode spécial de construc­tion de mots, tel celui que East­West a déve­loppé pour Sympho­nic Choirs avec le Word Buil­der ?

Au final

Habi­tué des banques sur support CD ou DVD, East­West rentre avec succès dans le clan des déve­lop­peurs d’ins­tru­ments logi­ciels. Play sonne, est assez ergo­no­mique, très réussi graphique­ment même si un peu impo­sant, et surtout débarque en 64 bits et donc avec tous les avan­tages liés (gestion de la Ram, etc.). Les banques sont bien entendu à la hauteur de la répu­ta­tion de l’édi­teur, avec ce “gros” son qui le carac­té­rise. Tout n’est cepen­dant pas parfait : les exigences CPU sur des machines “anciennes”, certains instru­ments peu convain­cants, des dispa­ri­tés entre diffé­rentes arti­cu­la­tions d’un même programme, quelques défauts sur certains samples, le mode Stéréo Double qui peut géné­rer quelques problèmes de balance, l’im­pos­si­bi­lité de compo­ser ses propres presets à partir de plusieurs samples, etc.

Mais le bilan est globa­le­ment posi­tif, d’au­tant que les instru­ments n’usurpent pas leur nom : chacun d’eux répond spéci­fique­ment à la théma­tique choi­sie. Gypsy est à mon avis le plus réussi, suivi de très près par VOP pour sa poly­va­lence, et malgré le manque de contenu pour India et Syria. Fab Four est plus anec­do­tique, même s’il pourra rendre quelques services dans un contexte plus géné­ra­liste. Concer­nant VOP, on peut souhai­ter parmi les déve­lop­pe­ments à venir l’in­té­gra­tion d’un time stretch et d’une fonc­tion de trans­po­si­tion à la hauteur du son, ou d’un Word­Buil­der.

Après, à chacun de juger de son utilité par rapport à ses projets, mais les compo­si­teurs à l’image, et les compo­si­teurs tout court à la recherche de sono­ri­tés moins usuelles, trou­ve­ront là de nombreuses ressources, simples à mettre en œuvre et de très bonne qualité sonore.

  • Excellente qualité de son
  • Interface unique
  • Multitimbralité
  • Plug 64 bits (gestion Ram...)
  • Originalité
  • Spécialisation revendiquée et assumée
  • Très beaux instruments et voix de Gypsy et VOP
  • Réussite nostalgique de Fab Four
  • Sons complets
  • Principe d’articulations
  • Accès par Keyswitch
  • ADT
  • Implémentation de la molette
  • Paramétrage simplifié
  • Quelques instruments ratés
  • Quelques samples avec défauts
  • Image stéréo parfois capricieuse
  • Potards peu précis (sauf à la molette)
  • Réverbe trop présente sur nombreux presets
  • Pas encore de sorties multiples sous Logic 8, Cubase, Nuendo et Pro Tools
  • Pas de copier-coller de samples d’un préset à l’autre
  • Quelques instabilités
  • Indicateur CPU fantaisiste
  • Gourmand
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