8 Go de guitares acoustiques et électriques permettant de réaliser des accompagnements personnels dans plus de 80 styles musicaux, un éditeur de phrase sophistiqué, le tout complété d’un rack d’effet, voilà le nouveau guitariste que nous présente aujourd’hui Steinberg. Une excellente occasion d’aller lui serrer la pince…
8 Go de guitares acoustiques et électriques permettant de réaliser des accompagnements personnels dans plus de 80 styles musicaux, un éditeur de phrase sophistiqué, le tout complété d’un rack d’effet, voilà le nouveau guitariste que nous présente aujourd’hui Steinberg. Une excellente occasion d’aller lui serrer la pince…
Évidemment, vous êtes probablement trop jeunes pour vous en souvenir, mais pourtant, à l’aube des premières années de ce nouveau millénaire, Steinberg s’était distingué en lançant une première offensive sur le front de la 6 cordes virtuelle. Il était jusqu’alors totalement inconcevable de s’y attaquer, car ce qui était arrivé aux batteurs depuis de longues années déjà, à savoir se faire purement et simplement transformer en puce, paraissait impossible pour nos amis guitaristes. Il faut dire qu’il ne semblait pas aussi évident de mettre en boîte une rythmique de 12 cordes, avec toutes ses subtilités et ses résonances, que le bruit de la batte sur une peau de grosse caisse. Soit !
Pourtant, dès la première tentative de papa Cubase, qui arrivait avec ses gros sabots en la personne de Virtual Guitarist 1 et de Virtual Guitarist Electric Edition, on avait vu une levée de rires jaunes, de plus en plus importante au fur et à mesure que le soft était employé non seulement avec une fréquence croissante dans des productions très sérieuses, mais en plus, comble du comble, par des gratteux de métier qui l’utilisaient pour coucher rapidement des pistes de rythmiques qu’ils qualifiaient eux-mêmes de suffisantes pour la plupart des projets. Cela leur évitait ainsi d’avoir à descendre 5 étages avec le Marshall, ou plus simplement, d’avoir à installer un micro !
C’est donc 5 ans plus tard, et pas plus tard qu’aujourd’hui, que le petit prodige revient en version 2, avec de nouveaux styles de jeu et de nouvelles fonctions d’édition censées booster ce plug et le propulser au top niveau du sampling de guitare. Voyons donc un peu de quoi il retourne, et si le pari tant osé de l’éditeur allemand est toujours tenu, malgré les nombreuses avancées technologiques en matière de sampling…
On emménage…
On ne s’appelle pas Steinberg pour des prunes, et l’on sait vous amadouer avec un programme de mise en route simple et efficace. Grâce aux DVD double couche fourni ici, tout tient sur une seule galette et l’on n’aura pas besoin de rester scotché devant la tour pour changer de disque, nouvelle d’autant meilleure que c’est quand même assez long, cette affaire ! Enfin, bon, ça l’est quand même toujours moins que d’attendre son gratteux qui est parti chercher sa copine qui s’est pas réveillée, au RER qui est en grève, et qui n’a pas trouvé de tabac en revenant…
Ainsi, au départ, l’installateur permet de choisir les éléments à installer (plug-in VST, DXi ou AU) ainsi que l’emplacement de la banque de son, toujours pratique pour ceux qui possèdent un disque C bourré à craquer et ne reculeront moralement pas une seconde devant le choix politique d’exiler ces tout de même presque 8 Go de population samplitudinale dans l’obscure Sibérie d’un disque externe, ou complémentaire. Voilà, on coche 2, 3 cases, on browse un petit coup et l’on peut aller se faire une orange pressée pour se calmer le temps que la bonne confiture numérique dégouline sur la tartine. On en a en gros pour 20 minutes, mais en même temps, on est content, car on vient d’apprendre que le soft est compatible Rewire (et par exemple les heureux, mais néanmoins un peu coupés du monde, utilisateurs de Reason pourront en profiter de la manière la plus débridée), mais qu’il peut aussi tourner en Stand Alone, pour ceux que cela pourrait intéresser…
La douane
Pendant que le DVD drive ronronne paisiblement, et si vous avez fini votre jus d’orange, vous pouvez toujours en profiter pour accomplir les indispensables formalités d’autorisation du soft. Il vous faut pour cela une connexion Internet, un port USB et une clé Syncrosoft, qui vous servira de dongle chaque fois et partout où vous désirerez utiliser le programme. Si vous êtes un bleu-bite dans le merveilleux monde virtuel de Steinberg, et que donc vous n’avez pas encore de clé, sachez qu’il vous faudra l’acheter en plus du soft, pour la modique somme d’environ 30 euros. Bon, ce n’est pas la mer à boire, d’autant qu’ensuite, elle vous permettra d’autoriser tous vos autres éventuels programmes de l’éditeur : quand j’achète une fois c’est pour toujours ! A partir de là, rien de plus simple, on branche ce fameux stick anticopie (je ne vous refais pas le coup du spliff…), et le petit programme de Syncrosoft fourni nous obtient directement l’autorisation par le Web. Merci beaucoup de nous éviter le formulaire interminable qui t’oblige à aller chercher ton livret de famille pour pouvoir le remplir : il suffit ici de donner le numéro de série de la copie et c’est marre, cool !
Du cristal pur…
Ça y est, c’est enfin parti, ce n’est pas trop tôt, mais vous allez voir, franchement, ça valait le coup ! Parce que bien sûr, les 2 premières versions du bousin nous avaient pas mal esbroufés, c’est vrai. Mais là, on flotte carrément dans l’hyperbolique défragmenté, dans le pur cosmos de la gratte qui débarque dans ta piaule comme un pote tchétchène qui s’est fait virer de son hôtel de Barbès. Du bien réel, avec des grosses valises de groove et un son énorme pour tous (oui, oui…) les presets. Franchement, côté réalisation, l’équipe du pépère teuton s’est vraiment lâchée. Que ce soit pour les folks, les nylons, les 12 cordes, et toute la bande d’électriques en folie, de la cocotte funky à la disto plus épaisse qu’une purée en flocon préparée avec du mercure et plus méphitique qu’une grenadine diluée avec du Destop, c’est du zbouba dans ta face et sans latence ! On presse la touche du clavier, et on a comme l’impression que la guitare ou l’ampli est juste à côté, téléporté d’un simple petit coup de note midi, tant les différents styles proposés sont convaincants.
Et côté style justement, on retrouve bien entendu la cinquantaine de presets qui avait fait le succès des premières versions, augmentés d’une trentaine de nouveaux venus, élargissant la palette dans des directions légèrement plus world que les très classiques rythmiques d’origine. Désormais, outre le rock, le pop, le folk, le métal, le hard, le funk, le blues et le jazz, on dispose de toute une panoplie de nouveaux grooves allant des rythmiques gypsy aux pompes big band, en passant par de nouveaux riffs heavy, des swings boogie, des ambiances de Dobro, des tourneries de Wah-wah démoniaques, des arpèges nylons, et autres variantes indies déclinées dans toutes les langues de l’accompagnement crunchy. C’est donc un voyage encyclopédique pour lequel on part d’autant plus facilement que le soft propose désormais un mode preview qui permet de goûter à chaque style sans avoir à le charger en mémoire. En bref, que du très bon, suffisamment travaillé pour être crédible, mais aussi suffisamment neutre pour pouvoir s’insérer facilement dans toutes sortes de projets.
Comment on joue ?
Rangez vos médiators, car si c’est en sciant que Léonard de Vinci, c’est en cliquant que vos riffs prendront vie! Ou encore, c’est en pianotant sur les touches du clavier que vous obtiendrez cette avalanche de rythmiques que nous propose cette nouvelle version, dont le moteur audio a été complètement remanié, sur le modèle de Virtual Bassist. En effet, si la partie droite du clavier est toujours utilisée pour déclencher les différents types d’accords dont on a besoin, la partie gauche sert à faire varier en temps réel les différents patterns proposés pour chaque style. Cela s’avère beaucoup plus pratique que la gestion des variantes de l’ancien menu déroulant, qui obligeait une programmation en plusieurs étapes, et l’on peut désormais, avec un peu d’habitude, enregistrer en direct live et du premier coup, une piste complète de rythmique, avec plusieurs phrasés, des breaks, des fills, des stops, des percussions sur le corps de la guitare, des bruits d’arrêt… De plus, on constate ici tout de suite que la précision des transitions, qui laissait fort à désirer sur les premières versions du soft, anticipant ou retardant péniblement les changements harmoniques sur certains styles, est désormais parfaitement optimisée, grâce notamment à un sélecteur de quantisation de passage d’accord, permettant une sensibilité allant de la simple croche à la mesure complète.
Les accords
C’est justement au niveau des accords que l’on constate une autre amélioration sensible de la fluidité de Virtual Guitarist. En effet, si de nombreux styles ne permettaient souvent que de jouer sur une grille harmonique fort restreinte (3 ou 4 accords), on dispose désormais d’une palette très large qui permet un travail beaucoup plus souple et réaliste. Ainsi, on dispose d’une quinzaine d’accords, comprenant les 7, les maj7, les 5 aug, les 5b, les m7b5, les dim, les sus2, et les sus4 pour la plupart des styles qui en ont un réel besoin. Bien entendu, cette liste se voit restreinte pour certains accompagnements, comme les cocottes, les rythmiques percussives ou encore les power chords de heavy. Cependant, pour éviter de trop longs temps de chargement et une utilisation inutile de la RAM, une option permet de passer en mode économique (où seuls les accords usuels sont chargés), en mode moyen, ou en mode XXL, selon les besoins de chaque projet : bien vu !
Malaxez-moi…
Outre les variations jouées réellement par les guitaristes, on peut également appliquer aux grooves de bases de nombreuses variations automatiques, grâce à l’incroyable souplesse du moteur audio qui s’appuie sur le concept des slices. Ainsi, parmi les réglages les plus directs, on dispose d’un sélecteur permettant de multiplier ou diviser par 2 la vitesse relative de la rythmique par rapport au tempo de référence du séquenceur hôte, et de plusieurs potards autorisant de varier la durée de résonance des notes, la réponse dynamique à l’intérieur des phrasés, la présence (augmentation des fréquences medium-aigues), la mise en place (plus ou moins flottante), la largeur stéréo ou le shuffle (on y reviendra avec le GrooveMatch). Des sélecteurs permettent également de générer un doublage automatique de piste, d’enclencher le mode Latch (une note enfoncée continue de jouer jusqu’à la prochaine) et enfin de générer un bruit de frette artificiel pour faire plus comme dans la vraie vie. Si cependant cela s’avère insuffisant pour le démon de Midi que vous êtes, alors accrochez vos ceintures, car VG2 vous a réservé encore 2 bonnes surprises, dans la page Riff…
Editeur de riffs
Celle-ci, toute nouvelle, permet en effet de transformer manuellement chaque note ou accord de chaque riff ou rythmique proposés. Grâce à une interface graphique dans la tradition du célèbre Melodyne, on visualise les formes d’onde sur une table permettant, sur l’axe horizontal, de déplacer rythmiquement chaque slice, et sur l’axe vertical, d’en changer la hauteur. On dispose en outre d’une petite palette d’outils qui permet d’ajouter ou de supprimer des slices, et d’en régler le volume et la longueur. En bref, il permet non seulement d’adapter chaque variante d’un style à n’importe quel projet, mais aussi de composer ses propres rythmiques à partir du matériau d’origine avec une sauce entièrement originale. Bien entendu, toutes ces éditions pourront être sauvegardées pour être utilisées dans d’autres aventures.
GrooveMatch
Si vous n’êtes cependant pas encore convaincus de la mise en place de votre guitariste, la page riff propose une seconde fenêtre dédiée au Groovematch. Cet outil de désintégration rythmique est une nouveauté intéressante de la version 2. Il permet en effet d’agir sur la quantisation des slices de façon globale pour orienter le swing de différentes manières. Tout d’abord, pour faire vite, on peut ternairiser la pulse selon 3 valeurs rythmiques, à la double, à la croche ou à la noire. Par exemple, si l’on choisit la croche, ce seront les croches à contre temps qui seront rapprochées des croches sur le temps. Un potard labélisé Depth permet ensuite de préciser avec quelle intensité cette croche sera rapprochée, offrant ainsi une grande souplesse pour créer rapidement des feelings personnels. On peut aussi déplacer à la souris les petits marqueurs indiquant la position rythmique des slices, si l’on veut entrer dans les détails.
Mais le plus sympa, c’est sans doute la fonction « From Midi », qui permet de caler automatiquement le rythme de la guitare sur un pattern de batterie, de clavier, ou de n’importe quoi… Le fonctionnement est rigolo, mais pas évident à comprendre au départ à cause du manque d’explications de la notice bizarrement presque muette sur cet outil. Il s’agit en effet de faire jouer une séquence Midi sur la piste de Virtual Guitarist 2, ce qui n’ira pas sans générer un gros port’nawak si l’on utilise par exemple un groove de drums, mais qui permettra néanmoins au soft de repérer les attaques de la séquence, qui apparaitront progressivement sous la forme de petits peaks au milieu des markers. Ensuite, on pourra déplacer ces derniers à la main si l’on veut n’en caler que certains, ou sortir du mode « From Midi », ce qui aura pour effet de les caler tous d’un coup. Un régal ! Enfin, si l’on préfère s’en tenir au groove d’origine, une fonction Reset permettra de faire facilement machine arrière.
FX!
Enfin, lorsque vous avez enfin concocté le riff de la mort qui tue, au millionième de double croche près, il vous est encore possible d’en extraire des millions de combinaison, grâce au rack d’effet que nous propose le soft. Celui-ci contient tous les grands classiques du genre : égaliseur, pédale Wah-wah jouable en temps réel (notons ici que cette nouvelle version du plug propose un mode midi Learn qui permet d’assigner en un seul clic n’importe quel contrôleur externe à la presque totalité des paramètres d’édition du programme), phaser, chorus, bitcrusher, flanger, detuner, tremolo, delay, ainsi qu’un bonne réverbe de derrière les fagots spécialement conçue pour la guitare.
Outre ces effets très spéciaux, VG2 propose la modélisation de 3 types de têtes d’ampli (tube, transistor, ou rectifier), ainsi que de 4 haut-parleurs :1 × 12’’, 2 × 12’’, 4 × 12’’ et Radio (son pourri garanti !). De plus 2 types de micro (condensateur ou dynamique) positionnables en axe ou perpendiculaire à l’ampli sont également dispo. Si avec tout ça vous ne trouvez pas la combinaison qu’il vous faut, il ne vous reste vraiment plus qu’à sortir la râpe et l’accordeur. Mais même dans ce cas, vous pourrez encore vous servir de votre soft, puisque la partie FX est débrayable de l’ensemble et peut être chargée dans n’importe quel slot d’effet VST de votre séquenceur.
Voici quelques exemples audio avec des noms évocateurs :
- britpop 00:04
- boogie 00:04
- blues 00:04
- bigband 00:04
- ballad 00:04
- arpege 00:04
- 12corde 00:04
- wahwah 00:04
- wah2 00:04
- trance 00:04
- tradi 00:04
- stone 00:04
- rifffunky 00:04
- riff 00:04
- powerpop 00:04
- pig 00:04
- pickin 00:04
- nuriff 00:04
- muted 00:04
- mandolin 00:04
- lightstrummin 00:04
- heavy 00:04
- hard 00:04
- gypsy 00:04
- getfunky 00:04
- dark16 00:04
- cocot 00:04
Conclusion
On ne s’en lasse pas ! Et plus on se ballade dans la jungle de ses presets, plus on se convainc que Virtual Guitarist 2 enfonce le clou pourtant déjà saignant des versions ancestrales. Des sonorités réalistes, enregistrées avec brio, des grooves efficaces, facilement utilisables, joués avec feeling, une souplesse hallucinante du moteur audio, des fonctions d’éditions chirurgicales, peu de consommation des ressources processeur… C’est sans aucun doute un soft qui rendra de grands services à tous les home-studistes soucieux de coucher de jolies rythmiques de grattes sur leurs productions sans avoir à se prendre la tête avec l’enregistrement d’une vraie guitare. Bon, évidemment, c’est toujours pareil, une machine a toujours ses limites, et l’on pourra reprocher le manque de quelques accords supplémentaires, plus sophistiqués, ou encore le côté un peu figé de certains accompagnements standards. Mais c’est alors que l’on est très très très exigeant, ou que l’on ne s’est pas assez pris la tête sur toutes les possibilités du logiciel ! Voilà… Si vous n’êtes pas convaincus, allez jeter un peu d’oreille sur les quelques boucles que nos vous avons concoctées…