Longtemps éditeur de bibliothèques de samples, EastWest a franchi le cap en développant son propre lecteur d’échantillons, Play. Le Namm 2008 a vu l’annonce de nombreux produits utilisant ce dernier. Ce sont les trois banques, Fab Four, Gypsy et Voices Of Passion qui nous intéressent aujourd’hui.
Longtemps éditeur de bibliothèques de samples, EastWest a franchi le cap en développant son propre lecteur d’échantillons, Play. Le Namm 2008 a vu l’annonce de nombreux produits utilisant ce dernier. Ce sont les trois banques, Fab Four, Gypsy et Voices Of Passion qui nous intéressent aujourd’hui.
Dans le domaine de la banque de sons, on est rapidement passé des sons sur disquette au support DVD, indispensable pour contenir des bibliothèques de plus en plus massives. La course au Giga est telle que certaines d’entre elles sont maintenant vendues installées sur disque dur…
L’utilisateur et l’éditeur sont confrontés du coup à deux impératifs : la gestion Ram / streaming et la multitude de formats, puisqu’il y en a presque autant que de sampleurs, réels ou virtuels. Heureusement, certains convertisseurs permettent d’importer des samples et programmes de diverses provenances dans son instrument favori, parfois au détriment des subtilités de programmation propres à un format.
Afin de proposer des solutions autonomes, certains éditeurs ont choisi des moteurs sous licence (EastWest, Zero-G, Best Service avec Kompakt, Spectrasonics, Motu avec l’UVI, etc.). La plupart ont rapidement développé leur propre lecteur, pour ne pas rester tributaires de compatibilité aléatoire ou simplement bénéficier de marges de manœuvre tant financières que technologiques.
La problématique de l’accès aux bibliothèques est autre. Soit l’on sollicite le disque dur (streaming) auquel cas il faut un débit régulier, donc un protocole rapide et dans l’idéal des ports et disques dédiés, soit l’on utilise la lecture à partir de la Ram et l’on se frotte aux limites des OS 32 bits, à savoir l’utilisation de 4 Go simultanés (2 puissance 32). Quelques logiciels permettent cependant de doser un usage combiné. Toutefois, si l’on veut dépasser la limite actuelle, il faut adopter un système 64 bits (soit 2 puissance 64, 17 milliards de Go…).
EastWest débarque donc avec sa propre solution, Play, lecteur 64 bits (compatible 32 bits).
Play, le lecteur
Compatible Mac (UB) et Windows (XP et Vista), Play est disponible sous forme de standalone et plug AU, VST (RTAS Mac seulement, PC à venir) et nécessite une clé iLok.
Le principe est celui d’une interface dont les éléments graphiques et les paramètres changent en fonction de la bibliothèque. Play héberge des banques conçues pour lui, aux instruments constitués de samples sur plusieurs niveaux de vélocité, dont on sélectionne les articulations par keyswitches. Les presets Elements n’ont qu’une articulation activée, les Master les ont toutes. Play est multitimbral et multicanal. Le haut de l’interface regroupe les menus déroulants de sélection, Control et Instrument. Deux boutons encadrent le logo EW, Settings (réglages audio, Midi, streaming, etc.) et Browser. On pourra rappeler les 10 presets les plus récents par Control.
Channel Source permet de charger les différentes versions d’un programme : stéréo, mono (somme L/R), mono from Left ou from Right. On dispose d’un Pan et d’un rotatif Stereo, dont l’usage diffère selon les banques : dans Fab Four par exemple, il permet de simuler une stéréo avec les samples mono (on entend deux samples distincts, peut-être à la manière de Virtual Guitarist qui utilise des sons un demi-ton au-dessus ou en dessous et les transpose en temps réel). Dans les autres banques, il élargit le signal en retardant l’un des canaux d’un son stéréo, comme des prises avec différents micros (les voix de VOP). On évitera de manipuler ce réglage en cours de jeu ou de lui appliquer une automation, le son subissant alors des artefacts.
Autres fonctions
Plusieurs écrans dans la partie inférieure renseignent sur l’activité, les paramètres Midi et les sons. Midi permet de régler les canaux, la transposition (plus ou moins deux octaves), la réponse à la vélocité et ses limitations. Info donne la consommation CPU (peu fiable), le débit du disque dur, la mémoire utilisée et le nombre de voix (différent de celui de notes).
Midi Port permet de choisir quel matériel Midi est actif, en standalone ; en plug, c’est l’hôte qui prend la main. Ce réglage étant indépendant par preset, on peut assigner un contrôleur Midi spécifique par instrument. En dessous se trouve l’accès aux sorties séparées : en standalone, on peut router le son vers les diverses sorties de la carte-son. En mode plug, Play n’offre pas encore de sorties multiples avec Logic 8 (fonctionne en revanche avec Logic 7), Cubase, Nuendo et Pro Tools et EW nous a confirmé travailler sur ce problème pour un prochain update.
Dernier écran, Articulations : dans l’ordre, on y visualise le nom, le keyswitch utilisé, si le son est actif, chargé (on peut “vider” les articulations inutilisées pour libérer de la Ram) et un volume réglable.
En dessous se trouve un clavier fonctionnel qui montre en jaune les notes inutilisées, en blanc la tessiture couverte par l’articulation et en bleu les keyswitches.
La partie centrale affiche un écran flanqué de trois vumètres, pour les niveaux droite-gauche et le pan. La répartition des fonctions est commune sur les bibliothèques ici testées, mais changera sur les suivantes (QL Pianos, Symphonic, Forbidden Planet, etc.).
Les contrôles de traitement du son sont pratiquement les mêmes. Un Delay avec réglage Time (0,2 à 4,6 s, avec simulation de l’effet de pitch des délais analogiques lorsque l’on bouge rapidement le réglage), Feedback et niveau, une enveloppe AHDSR (jusqu’à 10 secondes pour chaque segment, de 0 à –120 dB pour le sustain), un volume entouré par Mute et Solo (qui n’ont d’action que sur l’instrument affiché) et, à l’exception de FabFour, un Filter, filtre passe-bas résonant 12 dB/oct. (coupure de 35 à 23999 Hz). Un bouton Reset Round Robin permet de forcer le cycle de samples alternés à reprendre sur le premier.
Espaces et samples
EastWest a inclus un ADT (Automatic ou Artificial Double Tracking), système de doublage artificiel de piste mis au point aux studios Abbey Road par Ken Townsend. EW a reproduit de façon convaincante ce procédé, Delay donnant le retard du signal (de 0 à 50 ms), Depth et Speed émulant la profondeur et la vitesse de modulation du signal, et Level le niveau du signal retardé. Les réglages Delay et Depth ne pourront être automatisés, Depth surtout, qui produit des clicks quand il est modifié pendant qu’un son est joué.
Attention cependant entre l’ADT et le mode Stéréo à ne pas créer de sérieux problèmes de phase…
Enfin, une réverbe à convolution fournit 35 réponses impulsionnelles, de plates (EMT), Hall, Studio, Chamber, Church, etc. Les réverbes étant de très bonne qualité, il est dommage de ne disposer que d’un seul réglage (Niveau). On aurait apprécié une plus grande finesse de paramètres, mais cela n’aurait certainement été possible qu’au prix de ressources supplémentaires, alors que la réverbe est actuellement assez sobre.
Quelques précisions sur les presets. EW a retenu le principe de keyswitches, ce qui permet de changer d’articulation par une note Midi (temps réel ou dans une séquence). Une articulation est une variation, une technique de jeu, des bruits, etc. pour un même instrument. Play peut reconnaître le jeu legato de l’interprète, mais attention, le jeu n’est pas mono : si les deux notes se chevauchent, on les entend, l’une n’annule pas l’autre. Le suffixe Mod signifie une modification du son par la molette (le taux de disto, le niveau de samples de release, etc.). Quand le son est doté d’un DXF, la molette pilote le passage d’un layer à un autre. RR désigne le Round Robin : une même note déclenchera x samples successivement, plutôt qu’un seul (ce qui évite l’effet “mitraillette”).
Petit reproche, les assignations sont figées dans les programmes, et il n’y a pas de Midi Learn. Le seul moyen d’automatiser Play est d’utiliser l’automation de l’hôte et tous les paramètres ne sont pas disponibles. Mais on peut aussi découvrir des paramètres ne figurant pas sur l’interface, comme différentes topologies de filtres. Autre reproche, la commande circulaire des réglages est imprécise, rendant l’accès aux réglages extrêmes difficile. Heureusement, la molette de la souris est implémentée sur tous les réglages du logiciel et permet d’atteindre toute valeur.
Fab Four
Y-a-t-il un doute, avec un tel nom ? EW a fait appel à Ken Scott (ingé-son de White Album et Magical Mystery Tour), Laurence Juber (Wings) et Denny Seidwell (batteur sur trois McCartney). Par souci d’authenticité, l’éditeur a retrouvé tous les instruments, amplis, micros et outboard d’époque, parasites et bruits garantis vintage (parfaitement maîtrisés, aucun instrument n’est injouable). Ce qui permet d’entendre des basses Hofner de 63, Rickenbacker de 64, une superbe batterie Ludwig, des guitares Epiphone et Strat de 56, Les Paul de 57, Tele de 51, Gretsch, Rickenbacker, etc. Sans compter quelques claviers rares, comme un Clavioline (un Selmer ?), un clavecin électrique Baldwin ou un orgue Lowrey Heritage Deluxe. Quelques tablas, percussions, sitars et cris de filles en folie complètent un instrumentarium très varié (13 Go de samples).
La question est : Fab Four est-il condamné aux reprises stricto sensu des Beatles, ou peut-il s’intégrer dans d’autres styles ? Les claviers, guitares et basses peuvent être utilisés des contextes pop-rock ou chanson acoustique sans problème. Les basses rondes trouveront facilement leur place dans un mix, les diverses articulations permettant une programmation assez réaliste. Les claviers sont superbes, même si le Madonna Piano aurait mérité plus de layers de vélocité. Ou l’harmonium, très réussi, mais dont certaines notes du Solo sont trop courtes (du resampling ?). Autre ambiance, le Within A Sitar et ses six articulations, qui fonctionne idéalement sur de la musique à l’image, ou les percussions avec une belle sélection de claps humains, plutôt rares.
Côté guitares, EW fournit les accords séparés d’une chanson et les guitares correspondantes, samplées chromatiquement. Les accords permettront de rejouer à l’identique telle ou telle chanson, strumming, aller-retour alterné, effets, tout y est. Mais il sera difficile, sauf cas isolé, de les intégrer dans une chanson. Côté samples, les sons sont clairement datés, n’ont pas beaucoup de corps, mais c’est tout leur intérêt. On peut facilement les détourner pour construire des backgrounds intéressants, en jouant sur les réverbes, les pan et délais. Ou pour tout autre partie, puisqu’on dispose là encore de nombreuses articulations par instrument (slide, hammer, pull-off, mute, etc.) C’est valable pour les électriques comme les acoustiques : celle-ci, bien connue quand elle joue ça peut aussi devenir ça. Ou encore si l’on mélange cette guitare, les harmoniques de celle-là et cette bassepour faire ceci.
On finit par les batteries. Premier point : on apprécie les sons main droite-main gauche et les samples alternés, ce qui évite l’effet mitraillette. Côté son, EW a fidèlement reproduit les toms mats (le son carton…), les cymbales très compressées, les caisses claires courtes avec beaucoup de timbre, etc. Les charleys sont un régal à jouer au clavier, leur réponse étant idéale. Tout n’est pas forcément utilisable dans tous les contextes, puisque les sons ont été enregistrés et traités (réverbe, compression, etc.) de manière à reproduire le morceau d’origine, mais il y a là quelques sons à mettre de côté. C’est là que l’on aimerait pouvoir piocher différents sons et les rassembler au sein d’un preset maison.
Bref, une bibliothèque répondant à ses promesses et utilisable dans d’autres contextes. Mais il ne faut pas l’acquérir en pensant acheter un instrument généraliste…
Gypsy
On continue avec un instrument tout aussi spécialisé, Gypsy, mais peut-être plus polyvalent que Fab Four. Avec un nom pareil, les guitares acoustiques sont à l’honneur, mais aussi les accordéons, bandonéon, violon, percussions diverses, jusqu’à un trombone et un cymbalum. Une fois de plus, qualité sonore irréprochable et nombreuses articulations offrent des instruments très agréables à jouer (12 Go de samples).
Parmi les guitares, les Classical, Flamenco et Spanish Steel String en solo sont très détaillées, offrant entre 4 et 16 articulations, du jeu legato aux claps sur la caisse en passant par les harmoniques, slides par demi-ton ou ton, etc. Comme on dispose de trois modèles différents, il est bien tentant de faire ça. Les accords ne seront pas toujours utilisables, à cause de la dépendance à un tempo, la vitesse du strumming ne pouvant s’adapter. Un logiciel comme Melodyne voire un Recycle! auront leur utilité sur les plans rythmiques (double ou triple répétition d’accords, etc.).
Seule la Django est plutôt ratée : ni la guitare solo, ni surtout les accords ne sont convaincants, pas moyen d’arriver à reproduire une pompe manouche faisant illusion. C’est dommage, car les guitares de type Selmer/Maccaferi sont rarement proposées, que ce soit au sein d’un instrument ou sous forme de bibliothèque indépendante. Un autre problème : quand on charge les guitares, le violon ou le trombone, le niveau de réverbe est à 0 dB, ce qui rend les instruments pratiquement injouables, il faut donc modifier ce réglage manuellement, et éventuellement sauvegarder le preset.
Le Cymbalum est superbe, fourni avec des roulements (à un seul tempo, hélas), enregistré de manière à ce que l’on entende aussi bien le “ping” des mailloches que le bois de l’instrument. Un instrument rare et qui est idéal pour poser des ambiances à l’image. La plupart des compositeurs de musique de film l’ont utilisé, d’une manière ou d’une autre.
Le trombone n’appelle pas de commentaires particuliers, plutôt passe-partout, voire quelconque. Il dispose lui aussi d’une articulation True Legato.
Les accordéons et le bandonéon sont aussi très “acoustiques”, avec le gros son typique de l’éditeur, incluant air et bruits de touches. Ils sont très expressifs, grâce aux nombreuses articulations, crescendo, sforzando et aux divers réglages (musette, single reed, double reed, etc.). Recherche de réalisme oblige, l’éditeur fournit le son poussé et tiré, ainsi que les main droite-main gauche. Il faut en revanche s’habituer à entendre la main gauche dans le moniteur droit et inversement, EW ayant choisi la perspective “public”. Mais un petit plug peut remédier très facilement à cela. Si vous cherchez absolument des “soufflets” virtuels crédibles et musicaux, aux sons polyvalents, de la tension d’Astor Piazzola au lyrisme de Richard Galliano, de la linéarité de Hermeto Pascoal au swing de Gus Viseur, ne cherchez plus…
On finit par une des pièces maîtresses de cet instrument décidément très réussi : le violon. 26 articulations différentes en font un des instruments les plus détaillés de la série. Deux programmes Legato offrent les samples spécifiques, avec un passage d’une note à l’autre plus ou moins rapide selon l’emplacement de la molette de modulation. Avec un peu de travail, on arrive à des résultats bluffants, que ce soit avec le son d’origine pour tout style acoustique ou avec des effets à la Ponty-Lockwood ou comme sur ce petit hommage.
Au final, un plug-in d’exception qui répondra à presque tous les cas de figure impliquant guitares acoustiques et accordéons, sans oublier la qualité du Cymbalum et du violon. Deux regrets cependant : alors qu’il est indispensable pour le violon, le pitch bend n’est pas implémenté. Et il arrive que l’image stéréo bouge un peu lorsque l’on passe d’une articulation à l’autre, obligeant à la corriger en jouant du pan et/ou d’un plug.
Voices Of Passion
Dernier instrument de ce test, Voices Of Passion regroupe dans 7,3 Go les voix de cinq chanteuses d’horizons divers (USA, Pays de Galles, Syrie, Inde et Bulgarie). La qualité d’enregistrement ne souffre aucun reproche, chaque prise vocale a été effectuée à l’aide de deux micros, un Telefunken Ela-M 251 à lampe et un RCA 44 à ruban. On peut ainsi choisir l’un ou l’autre, ou les deux à la fois. Les samples sont en grande majorité à base de voyelles, même si on trouve des consonnes labiales, articulations ou mots. Les presets sont en général dotés de réverbe, dont on n’hésitera pas à descendre le niveau.
Si chaque “instrument”, America, Bulgaria, India, Syria et Wales, propose les habituels Elements et Master, trois offrent plus de possibilités : America dispose ainsi de Oo en True Legato et Portamento, Bulgaria contient des sons Breath. Wales est le plus fourni, puisqu’outre des Ah, Oh en True Legato, Portamento et DXF, East West a enregistré les voyelles et des mots et phrases. Même si l’enregistrement est idéal, le fait de jouer solo, chromatique donne parfois un rendu artificiel, la phase, l’annulation ou l’addition de certaines fréquences/harmoniques provoquant quelques frottements malvenus.
America Master offre 10 articulations, de Ah à Muah, dans une ambiance très Enya ou Dead Can Dance. Ces sons sont clairement conçus pour le jeu en nappes ou pour une note isolée, pas pour produire des mélodies.
Bulgaria est plus ciblé, offrant aussi bien des sons tenus que des mots ou articulations, ainsi que des phrasés typiques des Voix bulgares. Le principe, repris dans certaines des autres voix, est de proposer des phrases complètes dont la première note correspond à celle que l’on joue. Le développement de la phrase est ensuite plus ou moins libre. On est ainsi à peu près sûr de toujours jouer un mot ou un début de phrase dans la tonalité désirée.
India n’utilise pas tout à fait le même principe : même si on retrouve avant tout des phrases complètes, ces dernières sont surtout cantonnées à quelques tonalités, et ne présentent pas l’avantage chromatique de Bulgaria. On s’en servira donc dans un contexte tonal plus limité. Un avantage : la molette change le point de départ de la phrase chantée, ce qui permet de répéter la même note en ayant deux résultats différents.
Ce principe est repris dans Syria, mais cette fois, les phrases sont chantées en correspondance avec la note du Keyswitch. En clair, si vous appuyez sur la note de Keyswitch “F”, toutes les phrases seront en Fa, majeur, mineur ou selon les modes les plus fréquemment utilisés.
Gros morceau du plug, Wales offre pas moins de 44 articulations plus 8 articulations indépendantes (Oh, Ah en mode legato ou DXF). Cette fois, les Keyswitches appelleront tour à tour des syllabes, voyelles ou mots mappés chromatiquement, que l’on harmonisera donc sans problèmes. Peu importe là le sens de la phrase, on se retrouve plutôt dans un système de construction vocale à la Elizabeth Fraser (mais pas dans le timbre).
Sur toutes les voix, VOP montre une régularité correcte, sans trop de détimbrage, seuls quelques phrasés demandant de la puissance sonnent un peu “en dehors”, éloignement des micros oblige. Toutes les phrases d’une même articulation sont homogènes, d’un point de vue timbral et stéréo. Après, d’une articulation à l’autre, ça peut changer. On gagnera alors à utiliser VOP sans la réverbe incluse, en sélectionnant les Channel Sources mono ou en jouant sur différents routages de bus et plugs (pour lisser les sons et resserrer les petites variations de stéréo entre différents Keyswitches). En tout cas, voici un instrument de très bonne qualité, bien plus pratique à utiliser qu’une banque de boucles séparées et qui fera des merveilles pour la musique à l’image. Le travail avec Melodyne, Time Machine, Radius ou autre soft comparable permettra de pousser encore plus loin l’utilisation de VOP. Le but étant de n’être pas tributaire des phrases par tonalité ou placement rythmique, mais de s’en affranchir par transposition et time stretch d’excellente qualité.
Au chapitre des regrets : les deux voix Syria et India auraient pu offrir autant de sons que les trois autres. Un petit bruit bizarre par-ci, par-là (le Do#4 de Bulgarian Master/articulations D0, ou quelques notes du même layer où l’on entend l’un des micros tordre). Et surtout, pourquoi ne pas avoir proposé un mode spécial de construction de mots, tel celui que EastWest a développé pour Symphonic Choirs avec le Word Builder ?
Au final
Habitué des banques sur support CD ou DVD, EastWest rentre avec succès dans le clan des développeurs d’instruments logiciels. Play sonne, est assez ergonomique, très réussi graphiquement même si un peu imposant, et surtout débarque en 64 bits et donc avec tous les avantages liés (gestion de la Ram, etc.). Les banques sont bien entendu à la hauteur de la réputation de l’éditeur, avec ce “gros” son qui le caractérise. Tout n’est cependant pas parfait : les exigences CPU sur des machines “anciennes”, certains instruments peu convaincants, des disparités entre différentes articulations d’un même programme, quelques défauts sur certains samples, le mode Stéréo Double qui peut générer quelques problèmes de balance, l’impossibilité de composer ses propres presets à partir de plusieurs samples, etc.
Mais le bilan est globalement positif, d’autant que les instruments n’usurpent pas leur nom : chacun d’eux répond spécifiquement à la thématique choisie. Gypsy est à mon avis le plus réussi, suivi de très près par VOP pour sa polyvalence, et malgré le manque de contenu pour India et Syria. Fab Four est plus anecdotique, même s’il pourra rendre quelques services dans un contexte plus généraliste. Concernant VOP, on peut souhaiter parmi les développements à venir l’intégration d’un time stretch et d’une fonction de transposition à la hauteur du son, ou d’un WordBuilder.
Après, à chacun de juger de son utilité par rapport à ses projets, mais les compositeurs à l’image, et les compositeurs tout court à la recherche de sonorités moins usuelles, trouveront là de nombreuses ressources, simples à mettre en œuvre et de très bonne qualité sonore.