Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
18 réactions

Test du GForce M-Tron Pro IV - GForce donne le Tron

8/10
Award Valeur sûre
Valeur sûre
Award

Longtemps considéré comme le meilleur Mellotron virtuel du marché, le M-Tron de GForce s’est vu disputer son titre au cours des dernières années. Il fallait répondre à tout cela et c’est tout l’enjeu de cette quatrième mouture…

Test du GForce M-Tron Pro IV : GForce donne le Tron

D’une grande rareté (le M400, modèle le plus popu­laire, n’a été produit qu’à 2000 exem­plaires dans le monde dont il ne reste que quelques centaines en état de marche) et d’une grande fragi­lité (chaque patch implique l’usage de 35 bandes magné­tiques lues par 35 magné­to­phones et il faut entre­te­nir tout cela), le Mello­tron est à n’en pas douter l’un des instru­ments de musique les plus fasci­nants qui soient. Et ce n’est pas seule­ment parce qu’on le consi­dère à juste titre comme l’an­cêtre du sampler, mais parce qu’il jouit, comme peu d’ins­tru­ments, d’une poly­va­lence et d’une iden­tité sonore abso­lu­ment folles. Recon­nais­sables entre mille, les nombreux instru­ments qu’on trouve sur les claviers Mello­tron conti­nuent d’être utili­sés pour cette patine qu’ils donnent depuis plus de 50 ans à quan­tité de titres, sachant que si les nombreuses solu­tions de simu­la­tion de bandes permettent de s’ap­pro­cher de cette pâte sonore, l’émo­tion qui émane des bandes origi­nales demeure sans équi­va­lents.

De cela on comprend que l’enjeu de recréer un Mello­tron ne tient pas seule­ment dans telle ou telle fonc­tion­na­lité, mais plutôt dans le fait de dispo­ser du plus de bandes origi­nales possible, et qu’elles soient parfai­te­ment entre­te­nues, ce qui est la grande spécia­lité de GFor­ce… Reste que la supré­ma­tie de l’édi­teur a été remise en ques­tion récem­ment, par Artu­ria notam­ment, parce qu’à défaut de pouvoir se battre sur le terrain du contenu, l’édi­teur greno­blois a bossé celui des fonc­tion­na­li­tés, offrant notam­ment la possi­bi­lité d’im­por­ter ses propres samples pour les Mello­tro­ni­ser… Bref, GForce se devait de répondre à cela, comme aux nombreux Mello­tron sortis ici et là chez UVI, IK Multi­me­dia, Toon­tracks ou encore aux Mello­troïdes (Waves­fac­tory New Mello) et aux recréa­tions hard­ware qu’on a vu fleu­rir ici ou là : outre des patches pour les prin­ci­paux claviers de scènes et arran­geurs, on notera que la marque Mello­tron, rache­tée, a accou­ché d’un M4000D applaudi par la critique, même s’il est entiè­re­ment numé­rique et atro­ce­ment cher…

Les attentes pour ce M-Tron IV sont par consé­quent assez grandes. Voyons ce qu’il en est, en sachant que nous testons ici le bundle M-Tron Pro Complete qui, pour 400 £ TTC, propose toutes les banques addi­tion­nelles de l’ins­tru­ment, sachant que ce dernier est lui dispo­nible pour deux fois moins cher…

Et pour rappe­ler à tout le monde ce dont nous parlons, voici d’em­blée un petit medley de quelques fameux morceaux qui ont emprunté ses sons au Mello­tron :

Clas­siques-Mtron
00:0001:17

Grosse refonte

m-troninterfaceLe moins que l’on puisse dire en ouvrant cette quatrième version, c’est qu’il y a eu du chan­ge­ment du côté de l’in­ter­face ! Préci­sons en premier lieu qu’elle est désor­mais libre­ment redi­men­sion­nable par cliqué/glissé et qu’elle s’avère à la fois cohé­rente et lisible même si elle n’a plus grand chose à voir avec ce qu’on peut trou­ver sur un Mello­tron. Si la partie basse de la fenêtre où nous attendent le tradi­tion­nel sélec­teur de patches et ses trois potards (Volume, Tone et Pitch) évoque encore l’ori­gi­nal, toute la partie haute a été repen­sée pour accueillir au mieux les nombreuses nouvelles fonc­tions de cette V4.

m-tronbrowserAu sommet de la fenêtre, on accède au nouveau navi­ga­teur de presets, autre­ment plus complet que l’an­cien, puisqu’il est multi­cri­tère : on peut ainsi sélec­tion­ner une banque, une caté­go­rie d’ins­tru­ments, un type de patches ou un timbre, en sachant que ceux deux derniers argu­ments peuvent être combi­nés de manière exclu­sive ou inclu­sive. Voilà qui n’était pas du luxe, pas plus que le moteur de recherche ou la préécoute dont on dispose pour navi­guer dans les milliers de sons qui peuvent s’ac­cu­mu­ler lorsqu’on dispose de toutes les banques addi­tion­nelles de l’ins­tru­ment…

Imho­Tape

m-trontapeJuste en dessous sont affi­chés les deux « layers » A et B où l’on pourra d’un clic char­ger un son via un autre navi­ga­teur de sources, assez semblable à celui des presets. Il est à noter que tout ce qui suit en dessous permet d’édi­ter les para­mètres du layer qu’on aura sélec­tionné, ou bien des deux en cliquant sur le bouton Link. Ces para­mètres exis­taient pour la plupart dans les précé­dentes versions de M-Tron

On ne s’at­tar­dera donc pas trop sur les enve­loppes de volume ou du filtre multi­mode qui ne sont pas une nouveauté, ni même sur les inté­res­santes fonc­tions « Half-speed » ou « Break » (via la molette de modu­la­tion, vous pouvez frei­ner jusqu’à l’ar­rêt le « moteur » qui fait varier le son jusqu’au tape stop) pour rele­ver ce qui change.

m-tronlfoEt on commen­cera par la modé­li­sa­tion du pleu­rage et du scin­tille­ment de la bande dont on dispose désor­mais, avec un inté­res­sant para­mètres Insta­bi­lity qui permet d’ajou­ter un peu d’aléa­toire dans le trai­te­ment, à la façon du RC-20 de XLN Audio. Gageons que si les bandes de base du M-Tron n’étaient pas assez Lo-Fi pour vous, vous avez le loisir de les dégra­der sensi­ble­ment avec cette section où GForce refait son retard sur le Mello­tron V…

Le LFO fait aussi un bon petit bond en avant en offrant désor­mais plusieurs formes d’ondes que vous pour­rez adou­cir et surtout plusieurs desti­na­tions : Pitch, Filter, Pan ou Level… Voilà qui agran­dit signi­fi­ca­ti­ve­ment le terrain de jeu même si on demeure loin, très loin, des sections de modu­la­tion dantesques propo­sées par Artu­ria…

Voyez ce que tout cela donne sur un ensemble de clari­nettes avec d’un côté l’usage de la section Tape et de l’autre l’usage du LFO sur le filtre et le pano­ra­mique :

Clari­net­te­Ba­sic
00:0000:07
  • Clari­net­te­Ba­sic00:07
  • Clari­net­te­WOW­FLUT­TER00:07
  • Clari­net­te­MOD00:07

Tout cela est convain­cant même si on notera que l’édi­teur n’a hélas pas inclus de compen­sa­tion de gain auto­ma­tique sur sa section de satu­ra­tion…

FXtron

Notons aussi que le filtre multi­mode qu’on trou­vait déjà en V3 dispose à présent d’un second mode « variable state » qui offre plus d’in­sta­bi­lité et donc plus de vie tandis qu’en lieu et place du simple Delay et de l’ef­fet Ensemble dont on dispo­sait autre­fois, on nous propose désor­mais une section d’ef­fets bien plus complète.

m-tronfxsection

Globale, mais affec­table à toute ou partie des deux layers (compre­nez que chaque layer ne dispose pas de sa propre section), cette dernière reprend le Delay et le chorus Ensemble qui dispose d’un nouveau mode, mais y ajoute enfin une réverbe, et une section préam­pli qui permet­tra de faire satu­rer le signal, elle aussi la bien­ve­nue…

Là encore, voici quelques exemples avec les mêmes clari­nettes des diffé­rents petits nouveaux :

Clari­net­teEN­SEM­BLE2
00:0000:07
  • Clari­net­teEN­SEM­BLE200:07
  • Clari­net­te­RE­VERB00:07
  • Clari­net­te­SA­TU­RATE00:07

m-tronperformanceSigna­lons pour finir que M-Tron offre désor­mais la possi­bi­lité de rajou­ter sept demi-tons au clavier, ce qui sera pratique pour faire des claviers split­tés entre les deux layers, tandis que l’ins­tru­ment dispose de nouveaux para­mètres du côté des contrôles : on peut régler l’im­pact de la vélo­cité sur le filtre et le volume tout comme celui de l’af­ter­touch poly­pho­nique sur le filtre et le break. Last but not least, une fonc­tion Rewind peut désor­mais être acti­vée pour émuler le rembo­bi­nage des bandes passées les 8 secondes qu’of­frait chaque magné­to­phone sur l’ori­gi­nal.

Voyez ce que ça donne au niveau de l’usage de la vélo­cité sur l’am­pli­tude et le filtre avec cette ligne de basse :

BASS-velo­ci­teOFF
00:0000:09
  • BASS-velo­ci­teOFF00:09
  • BASS-velo­cite00:09
  • BASS-velo­ci­te­FIL­TE­ROFF00:09
  • BASS-velo­ci­te­FIL­TE­RON00:09

 Quant à l’af­ter­touch, voyez cette même ligne à la guitare cette fois, sachant que le CC sert à faire varier la vitesse de lecture tandis que la fonc­tion Rewind va fort logique­ment empê­cher les stac­ca­tos d’être joués :

GUITAR­dry
00:0000:09
  • GUITAR­dry00:09
  • GUITAR-brea­kaf­ter­touch(2)00:09
  • GUITAR-brea­kaf­ter­tou­chRE­WIND00:09

 

Monte le Tron

Vous le voyez : le moins que l’on puisse dire en consi­dé­ra­tion de la V3, c’est que GForce n’a pas chômé. M-Tron, qui n’était à l’ori­gine qu’un bête lecteur de samples, offre en effet nette­ment plus de possi­bi­li­tés aujour­d’hui, que ce soit en termes de trai­te­ments, de modu­la­tion ou de jeu. Il garde surtout un avan­tage abso­lu­ment déter­mi­nant sur tous ses concur­rents : il est le seul à propo­ser une telle collec­tion de bandes origi­nales, sachant que cette matière première, plus que toutes les possi­bi­li­tés de trai­te­ment ou d’édi­tion, est de très loin ce qui importe le plus pour un Mello­tron virtuel. Voyez d’ailleurs ces quelques exemples audio pour vous convaincre que le son est là :

Cello
00:0000:07
  • Cello00:07
  • Cham­ber­lin­Voices00:07
  • Funky­Gui­tar00:07
  • Guitar00:09
  • Mega­tron00:07
  • Piano00:07
  • Pond Drops00:07
  • Punch Brass00:07
  • Sax00:07
  • Vibes00:07

Préci­sons-le d’ailleurs : même si le M-Tron a une person­na­lité Vintage marquée, cela ne l’em­pêche pas d’être très perti­nent pour faire des choses plus modernes :

Trap­Tron
00:0000:20

Notez que le M-Tron vaut aussi pour les très nombreuses boucles déli­cieu­se­ment vintage qu’il contient :

ChaCha­Cha
00:0000:09
  • ChaCha­Cha00:09
  • Dixie00:09
  • Guitar00:09
  • Jazz­band(2)00:09

L’usage de ces dernières est toute­fois un brin labo­rieux : si l’édi­teur a fait le choix de ne pas utili­ser de Time Stretch pour les synchro­ni­ser au tempo, ce qui est compré­hen­sible d’un point de vue de puriste, il ne docu­mente pas pour autant ni les tempos ni les signa­tures ryth­miques de ses dernières dans l’in­ter­face. De fait, il faut char­ger la banque et s’amu­ser à trou­ver soi-même sur quel tempo l’ali­gner : c’est bien lourd ! Sans quoi, on se retrouve par exemple avec ça :

Wrong­TEMPO
00:0000:09

Et ce n’est sans doute pas le seul reproche que l’on fera à l’ins­tru­ment puisque, sans discon­ve­nir de la très nette supé­rio­rité de GForce sur ses concur­rents en matière de contenu, on pourra toute­fois lui adres­ser bien des reproches sur le plan fonc­tion­nel.

Peut mieux faire ?

C’est un fait : on en veut toujours plus et même si ce M-Tron a consi­dé­ra­ble­ment progressé sur les plans du trai­te­ment et de l’édi­tion, on ne peut s’em­pê­cher de penser à ce que serait le M-Tron parfait.

C’est d’abord un M-Tron qui propo­se­rait non pas seule­ment une section d’ef­fet globale, mais aussi une section d’ef­fets pour chacun de ses deux layers, histoire de pouvoir appliquer deux valeurs de delays diffé­rentes au deux sons par exemple. C’est aussi un M-Tron qui propo­se­rait nette­ment plus d’ef­fets : proces­seur à convo­lu­tion, trai­te­ments dyna­miques ou spec­tral, effet à modu­la­tion, bitcru­sher, etc. Et c’est encore un instru­ment qui devrait offrir plus de choix dans sa matrice de modu­la­tion : il n’y a pas de raison que tous les para­mètres ou presque ne puissent pas être assi­gnés à un LFO ou une enve­loppe.

Par ailleurs, puisque le respect des specs de l’ori­gi­nal n’a de toute façon plus lieu d’être depuis long­temps, on aime­rait dispo­ser d’un layer de plus comme chez Artu­ria, et surtout de la possi­bi­lité d’im­por­ter ses propres fichiers WAV pour les mello­tro­ni­ser : c’est d’au­tant plus perti­nent que c’est une chose que les posses­seurs d’un vrai Mello­tron peuvent faire en enre­gis­trant leurs propres bandes, mais pas ceux du M-Tron. On se doute bien évidem­ment qu’il s’agit pour GForce de ne pas compro­mettre les ventes de banques addi­tion­nelles, mais à l’heure où la concur­rence le propo­se…

Enfin, même si c’est là une demande qui ne fera pas l’una­ni­mité, j’avoue que j’ai­me­rais person­nel­le­ment dispo­ser d’un sampling un peu plus détaillé de la machine même : bruit des touches, du moteur et des diffé­rentes parties méca­niques qui, de mon point de vue, font aussi parti de l’ins­tru­ment et qu’on trouve juste­ment chez Artu­ria…

Conclu­sion

Très nette­ment supé­rieur à la version précé­dente qu’il améliore sur quan­tité de points, ce M-Tron 4 est loin d’être le Mello­tron moderne dont on rêve­rait sur le plan des fonc­tion­na­li­tés. Il n’en reste pas moins qu’à la faveur de ses nouvelles possi­bi­li­tés, mais surtout de l’ex­haus­ti­vité de ses banques qui fait défaut à toute la concur­rence, il demeure – et de loin – le meilleur choix actuel si vous cher­chez, non pas un instru­ment façon Mello­tron, mais LE vrai Mello­tron qui a écrit, et n’a pas fini d’écrire, les grandes pages de la musique. Et de ce point de vue, le prix auquel il est proposé comme le prix de son bundle, sont parfai­te­ment justi­fiés. On en arrive du coup à ce para­doxe de distin­guer M-Tron par un Award « Valeur sûre » parce qu’en défi­ni­tive, il est le meilleur de sa caté­go­rie pour l’es­sen­tiel, sans pour autant pouvoir lui mettre mieux que 8 sur 10 parce qu’il n’est pas le plus abouti sur les à-côtés fonc­tion­nels. Gageons que M-Tron V aura à cœur de faire chan­ger cela, sans manquer de souli­gner le kiff énorme qu’il y a à jouer avec le nouveau bébé de GForce !

Notre avis : 8/10

Award Valeur sûre
Valeur sûre
Award
  • La magie du Mellotron opère !
  • Interface redimensionnable, lisible et cohérente
  • Les fonctions Undo/Redo/Copy/Paste
  • Le nouveau navigateur de presets bien foutu
  • Les nouveaux effets : modélisation du pleurage et du scintillement, filtre à état variable, nouveau chorus, saturation et réverbe
  • Plus de possibilités en termes de modulation
  • Réglage de l’impact de la vélocité et de l’aftertouch
  • Tout ce qu’on aimait dans M-Tron : fonctions Half Speed, Reverse, Break, et surtout…
  • …la richesse du contenu qui ridiculise toute la concurrence ! Parce que l’important dans un Mellotron, c’est d’abord les bandes !
  • Rythmiques non syncronisables et dont ni le tempo ni la signature ne sont indiqués
  • Une unique section d’effets globale… et rudimentaire
  • Juste deux layers
  • Pas d’import de samples
  • Pas de sampling des parties mécaniques (touches, moteur, etc.)
Intêret de la mise à jour :
Pays de fabrication : Royaume-Uni

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre