Guitariste et chanteur occasionnel du groupe de BritPop Oasis, Noel Gallagher est un musicien incontournable de la scène britannique des années 90. L’Epiphone Riviera qu’il a utilisée intensément pendant l’enregistrement de l’album « (What’s The Story) Morning Glory ? » est devenue très célèbre par la suite, et immédiatement associée à l’artiste. Cette année, Gibson a décidé de ressortir ce modèle devenu iconique. C’est sur cette ré-édition que j’ai la chance de me pencher aujourd’hui.
Entre Liam et Noel coule une Riviera
Au-delà de leurs divers succès musicaux, les frères Gallagher sont célèbres pour leurs nombreuses chamailleries. La dernière en date, juste avant de rentrer sur scène à l’édition 2009 du festival Rock en Seine a d’ailleurs mis fin au groupe, Liam ayant fracassé la Gibson ES-355 de 1960 de Noel (guitare qui sera ramenée à la vie par un luthier et reproduite par le Custom Shop Gibson). Si la carrière du groupe a été marquée par de nombreuses discordes entre les deux frères, elle l’a aussi été par leurs différents succès. Du morceau « Wonderwall » à l’album « Definitely Maybe » en passant par « Don’t Look Back In Anger », Oasis a écrit et enregistré de nombreuses chansons qui sont aujourd’hui ancrées dans la culture Pop au même titre que la discographie des Beatles. Les Beatles ont d’ailleurs beaucoup influencé Noel Gallagher qui, en voyant Paul, John et George jouer leur Epiphone Casino, s’est lui aussi dirigé vers Epiphone pour l’achat d’une de ses premières guitares. C’est cette guitare qu’on aperçoit entre les mains de Noel dans le clip du morceau « Don’t Look Back In Anger » et qu’on entend sur toutes les chansons de l’album « (What’s The Story) Morning Glory ? ». Noel l’a d’ailleurs beaucoup jouée sur scène, avant de réaliser que sa Gibson ES-355 de 1960 était un formidable instrument qui méritait lui aussi un peu d’attention.
I said maybeeeeeeeeeeee
La guitare la plus emblématique qu’a utilisée Noel pendant la première tournée d’Oasis était une Epiphone Riviera des années 80. Cet instrument étant toujours dans la collection du guitariste, Epiphone a donc pris la liberté de l’étudier sous toutes les coutures afin d’en produire une réplique la plus exacte possible. Le résultat est cette nouvelle Noel Gallagher Riviera recouverte d’une finition Dark Wine Red, comme l’originale. Le corps de la guitare est entièrement construit en érable laminé. Le bloc central est lui aussi confectionné dans cette essence. Le manche en acajou au profil Slim’Taper C est collé à la caisse. La touche au rayon de 12 pouces est en laurier indien et elle est sertie de 22 frettes médiums Jumbo pour un diapason de 24.75 pouces, ou 628,65 mm. Les repères de touche sont en pearloid et sont en forme de parallélogrammes. L’accastillage est nickelé et regroupe des mécaniques Epiphone à bain d’huile avec petits boutons ovales, un sillet Graph Tech et le célèbre couple cordier et chevalet (Stop Bar et Tune-o-Matic) LockTone. Les boutons de potentiomètres sont les fameux Black Watch Hats et disposent d’un petit pointeur métallique. Le pickguard est celui de la Riviera d’époque et il possède, comme le cache truss-rod, le logo « E » qu’on trouve aussi sur les modèles iconiques de la marque comme la Casino ou la Texan. Enfin, la signature de Noel Gallagher figure au dos de la tête qui possède d’ailleurs une jolie volute, comme le modèle original des années 80.
Si la lutherie n’apporte aucune surprise, l’électronique est aussi très classique pour une Epiphone. On retrouve, sans surprise, deux micros AlNiCo Classic PRO estampillés Epiphone. Ce sont des micros qu’on connaît bien pour les avoir déjà testés à de nombreuses reprises sur les nouveaux modèles Epiphone depuis 2019. Ils sont contrôlés par un sélecteur à trois positions, un volume et une tonalité chacun.
Le son de Noel ?
À vide, la Noel Gallagher Riviera fournit une belle résonance, le son est ample et la guitare projette bien. On sent l’ensemble de l’instrument vibrer ce qui est en général gage d’une lutherie saine et soignée. Une guitare semi-acoustique comme celle-ci a tendance à développer un volume assez conséquent à vide par rapport à une solid body. C’est évidemment le cas avec cette Epiphone Riviera. Je commence le test par écouter les sons clairs, comme à mon habitude. La guitare et les micros se sont montrés très efficaces dans ce registre. Ce sont des humbuckers mais avec une résistance de sortie assez faible ; on profite donc du grain et de la signature sonore de ce type de micros tout en attaquant l’ampli raisonnablement. Sur le même réglage, les micros P-90 Gibson de la Rick Beato Les Paul Special Double Cut (qui arrive bientôt !) faisaient légèrement tordre le canal clair du Marshall DSL15C. Ce n’est pas du tout le cas ici comme vous pouvez l’entendre sur l’extrait audio. Le son reste très clair, très défini et très droit. Les attaques sont un peu moins nerveuses et rapides que sur une guitare à corps plein, c’est assez chouette en son clair justement. La Riviera est très agréable à jouer malgré son gabarit assez imposant. Attention cependant au profil du manche qui m’est apparu comme assez plat, pas vraiment en « C » donc. Cela ne m’a personnellement pas déplu, mais c’est un profil assez inhabituel ; essai fortement conseillé avant achat, donc.
Je pousse le gain et le volume du canal Classic Gain du Marshall DSL15C à fond afin de le faire cruncher. Le premier accord joué sur ce réglage m’a beaucoup perturbé dans la mesure où le son est quasiment identique à celui qu’on entend sur les premiers albums d’Oasis. La guitare possède une signature sonore bien présente, mais se montre à l’aise dans beaucoup de registres au-delà de la Britpop. Elle sera très à l’aise pour du blues à la B.B King par exemple et même du Rock à la Rolling Stones et Led Zeppelin. La position intermédiaire sur ce réglage est très sympa et offre un son aérien et qui « respire », typique des guitares semi-hollow.
- NGRiviera – Clean03:35
- NGRiviera – Crunch04:01
Je termine le test en passant sur le canal Ultra Gain pour les sons saturés. Bien que ce ne soit pas son terrain de jeu préféré, la Riviera s’en sort quand même très dignement. On conserve pas mal de détail et de précision dans le son. Les potentiomètres CTS permettent de contrôler le niveau de saturation directement avec le réglage de volume respectif de chaque micro. Attention cependant à ne pas monter trop le niveau de gain au risque d’entendre le son devenir un peu brouillon et perdre en définition. Pour jouer les solos et les riffs les plus énervés d’Oasis, la Riviera fait des merveilles.
Supersonic
Proposée à un tarif moyen de 919 €, étui rigide inclus, l’Epiphone Noel Gallagher Riviera a un rapport qualité/prix assez moyen. On regrette, comme sur toutes les nouvelles Epiphone, que la touche soit en laurier indien et non en palissandre. La lutherie est cependant très soignée, les finitions le sont tout autant. La guitare a l’air très fidèle à l’originale, que ce soit visuellement ou sur le plan sonore. Seul le profil du manche pourra en rebuter certains, d’où l’importance de l’essayer avant de craquer. Elle incarne quand même la guitare ultime pour tous les fans d’Oasis dont je fais partie. Tarif raisonnable pour une guitare réussie et attachante : bien joué Epiphone !