Une fois encore, la marque allemande Harley Benton a créé la surprise en dévoilant deux nouveaux modèles Single Cut équipés de micros EMG. Si la lutherie et les finitions étaient globalement satisfaisantes pour des guitares de ce tarif, il est vrai que l’électronique ne m’avait pas vraiment transcendé lors des tests des modèles T-Style l’an dernier. Mais l’annonce de ces deux nouvelles SC équipées de micros made in USA a vivement éveillé ma curiosité. C’est donc avec un sentiment assez particulier que j’ai ouvert l’emballage qui abritait cette SC-550 plus EMG PAF dont nous allons faire le tour.
Le carton portant le logo Harley Benton est assez fragile, mais la guitare est bien emballée dans une voilette en polystyrène qui la protège. À première vue, la guitare semble plutôt bien finie et jolie, surtout dans cette teinte Paradise Amber, un clin d’œil aux instruments du guitariste des Guns’n’Roses, Slash. Le corps de la guitare est en trois pièces d’okoumé et il est recouvert d’une table en érable flammé AA qui laisse apparaître de jolis motifs : c’est une bonne surprise. Le manche au profil 1960 « C » est en Nyatoh et il est collé au corps. Son talon est travaillé de façon à faciliter l’accès aux frettes les plus hautes, mais la jonction corps-manche est, il faut bien le dire, assez moche. Il est équipé d’une touche en Jatoba torréfié qui ressemble à s’y méprendre à du palissandre, au rayon de 13,78 pouces. Cette dernière accueille 22 frettes médiums Jumbo et des repères en forme de trapèzes. Le diapason est, sans surprise, de 24,75 pouces, du classique pour ce genre de guitare fortement inspirée de la Gibson Les Paul. L’accastillage chromé est lui aussi assez traditionnel avec un cordier de type Stop Bar, un chevalet WSC LP17 Tune-O-Matic et des mécaniques WSC J07 LKF à blocage de style Schaller. Le sillet est en graphite. Un filet couleur ivoire fait le tour de la table et du manche de la guitare. Enfin, l’intégralité de l’instrument est recouvert d’un vernis brillant. Pas de quoi sauter au plafond côté lutherie… L’électronique en revanche regroupe des micros EMG Retro Active Fat 55 qui sont équipés d’aimants AlNiCo 5. Selon le fabricant, ils sont directement dérivés des PAF Gibson et devraient donc générer des sonorités et des sensations de jeu évoquant les années 50 et 60. Ils jouissent néanmoins d’une conception de micros actifs et sont donc accompagnés d’un préampli qui aide beaucoup à conserver un son presque sans bruits de fond. Cependant, les Retro Active Fat 55, toujours selon la marque, conservent un caractère de micros passifs. Les aimants AlNiCo génèrent des graves amples et bien présents ainsi que des aigus clairs et précis.
Pour compléter le look « Slashesque », Harley Benton a choisi la finition Zebra pour ces EMG. Ils sont contrôlés par un sélecteur à trois positions et un couple volume-tonalité chacun.
Ça sonne ?
Comme je l’évoquais plus haut, la lutherie n’offre rien de transcendant et le son de la SC-550 Plus à vide s’en ressent. La guitare ne résonne pas beaucoup et ne projette pas énormément. On sent néanmoins des vibrations, certes un peu faiblardes, se disperser dans le manche ; on peut donc s’attendre à un sustain assez correct. Ce dernier offre d’ailleurs un profil plutôt confortable et familier. Je ne m’attarde pas sur le son de la guitare à vide et m’empresse de la brancher. En son clair, on retrouve effectivement le caractère de micros passifs avec un niveau de sortie modéré, à la manière des PAF Gibson. Même en attaquant très franchement, le son ne sature pas et reste clair. En revanche, on ressent une certaine compression apportée par le préampli qui n’autorise qu’assez peu de dynamique. Cela plaira à certains, mais en rebutera d’autres. En son clair, cela ne m’a personnellement pas dérangé. Le micro manche est agréable et assez doux avec une tonalité générale feutrée et presque veloutée. On a un peu moins d’attaque que sur un micro simple, mais on peut quand même jouer quelques cocottes funk, bien que la guitare ne soit pas franchement faite pour cela. La position intermédiaire est très chouette, c’est sur cette dernière qu’on retrouve le plus le caractère d’une Les Paul, en son clair en tout cas. Le micro chevalet n’a pas vraiment de personnalité, mais possède quand même un bel équilibre en fréquences.
Je donne un coup de bottine sur ma fidèle Charlie Brown de JHS et c’est parti pour les sons crunch ! Dans ce registre, on sent que les micros sont plus à l’aise. La guitare, malgré sa lutherie pas exceptionnelle, m’a étonné par son sustain, même avec un niveau de gain très modéré. Cela dit, on peut également mettre ça sur le compte du préampli qui a tendance à compresser un peu le son. D’ailleurs, si on y gagne en sustain, on y perd en dynamique de jeu et c’est dommage. Les micros ont effectivement une sonorité qui rappelle celle de micros passifs de type PAF, mais leurs réactions aux variations d’intensité de la main droite (ou gauche pour nos amis lefties) ou aux réglages de volumes ne sont, selon moi, pas à la hauteur. Encore une fois, c’est une question de goût ; en son crunch, cela ne m’a pas réellement gêné, mais un peu déstabilisé. Le micro manche conserve le caractère velouté et fluide observé en son clair et la position intermédiaire est toujours aussi sympa. Le micro chevalet s’affirme par son caractère assez vif, bien tranchant avec un caractère presque vintage. Pour les sons un peu plus énervés, j’ai sollicité la fameuse Panama de chez Carl Martin pour son caractère très « Marshallesque ». La guitare ne bronche toujours pas et on découvre même une autre facette de sa personnalité. Si elle s’est montrée très efficace en son crunch, elle ne l’est pas moins en grosse distorsion. Les micros aident beaucoup, bien entendu, et, comme nous l’affirme EMG, ils sont effectivement aussi à l’aise dans un registre Blues que dans du Hard Rock bien joufflu. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on reconnaît le timbre et le caractère d’une Les Paul, car ce n’est pas le cas. Le ressenti de jeu procuré par la guitare est assez satisfaisant, surtout au regard de son prix qui défie toute concurrence. Aucun bord de frettes n’est venu me cisailler la main gauche et les finitions sont, dans l’ensemble, très correctes.
- Clean04:31
- Crunch03:36
- Lead03:43
Conditions du test : Harley Benton SC-550 Plus EMG PAF – JHS Charlie Brown (pour les sons crunch) - Carl Martin Panama (pour les gros sons) – Ampeg GVT15h – Two Notes Torpedo Captor-X (simulation d’enceinte 2X12 avec haut-parleurs Celestion Vintage 30 repiqués avec un SM57 et un Neumann U87) – Audient iD22 – Logic Pro X
$199 de micros…
Si l’on considère que le kit EMG Retro Active Fat 55 est proposé sur le site de la firme américaine à $199, la Harley Benton SC-550 Plus EMG PAF est étonnante. Malgré sa lutherie loin d’être incroyable, elle offre un confort de jeu tout à fait correct, des mécaniques à blocage qui tiennent l’accord et d’assez bons équipements. Si on ajoute à ça la très jolie table qui lui donne un look très sympa, elle constitue une alternative solide si on cherche une guitare type Les Paul avec de bons micros. Avec son tarif de 368 €, elle a un bon rapport qualité-prix. Cependant, ces quelques défauts peuvent en rebuter certains, tout comme sa forme un peu spéciale ou encore la jonction corps-manche vraiment pas très réussie…