La mode est au Vintage. Surfant sur cette vague oldies, la marque Vintage propose une série complète de guitares au look vieilli, dont une copie ‘Les Paul Gibson’ qui nous intéresse aujourd’hui...
La mode est au Vintage. Surfant sur cette vague oldies, la marque Vintage propose une série complète de guitares au look vieilli, dont une copie ‘Les Paul Gibson’ qui nous intéresse aujourd’hui…
La marque Vintage est assez récente et est le fruit d’une association entre un gros distributeur anglais (JHS) et une pointure du monde de la guitare, Trévor Wilkinson. Ce dernier, connu notamment pour ses vibratos et ses micros, est à l’origine du design de ces guitares. N’oublions pas que ce Monsieur a travaillé avec Léo Fender durant des années en équipant notamment les Strat’ plus, ce qui est un gage de sérieux incontestable.
La création de modèles de guitare Relics avait déjà créé un débat au sein des amateurs de guitares Fender, qui, s’ils comprenaient l’intérêt d’instruments ‘réédition’ fidèles en tous points aux modèles célèbres (bois, électronique, radius, etc.), étaient en revanche très partagés sur l’utilité d’altérer un instrument d’exception pour faire ‘vieux’. L’intérêt est d’autant plus discutable lorsqu’il s’agit d’une copie réalisée par une marque qui n’a jamais produit l’instrument à son état original. Pour ma part, je pense que c’est assez fun d’avoir un instrument patiné, même si cela n’est pas nécessaire. Après tout, on achète bien des Jeans déchirés !
La guitare V100 se place en terme de prix sur le créneau des Epiphone Les Paul Standard (459€), Gretch pro jet et des Washburn Wi64ND (475€). La tranche 400–500€ représente un large marché sur lequel le client devient exigeant en termes de finition et de qualité générale. À noter que pour ce prix la V100 n’est livrée ni en étui, ni en housse.
Présentation générale
La guitare Vintage V100 est donc une copie de guitare Les Paul, possédant un corps et un manche en acajou, avec une table en érable flammée. La touche est en palissandre et les inserts sont de type perloïde (à la manière de Gibson). Au niveau accastillage, la V100 dispose d’une gamme de produits Wilkinson, avec des mécaniques Deluxe WJ44 qui assurent une tenue d’accord irréprochable, et le chevalet tune-o-matic, fiable et précis. Les micros double bobinages sont également estampillés Wilkinson. La qualité de l’accastillage est un gros point positif, car c’est souvent ce qui fait défaut sur les guitares de cette gamme. Ici, vous n’aurez ni à changer les micros, ni les mécaniques, ni le chevalet. Tous ces équipements sont chromés, et n’ont pas subit de traitement de vieillissement artificiel. Au niveau des contrôles, là aussi c’est du standard, avec deux potentiomètres de volume et de tonalité (un par micro) et un switch trois positions typique des guitares de type Les Paul. Le manche (22 cases) est assez fin, on est loin ici des gros manches en U des années 50, on se rapprocherait plutôt d’un manche en V type années 60.
La Vintage V100 pèse environ 3,6 kg, ce qui est un poids assez léger comparé à celui d’une Gibson qui se situe plus au-dessus de 5 kg.
Les détails
Le modèle testé ici est une copie Les Paul ‘distressed honey burst’. Au premier coup d’œil, le sérieux de fabricant peut se percevoir. La guitare ne fait pas ‘cheap’ et le son à vide (très important) est clair, bien que l’on sente déjà un léger manque de caractère qui peut s’expliquer par la qualité des bois.
Les finitions sont plutôt bonnes, le frettage est impeccable (les frets sont bien assemblés et ne dépassent pas). Les inserts sur les touches semblent pas mal de loin, mais de près on voit clairement les zones d’assemblage, il ne faudra pas être trop regardant sur ce détail. Le collage corps/manche est bon et le centrage du chevalet et des cordes est parfait. Dans l’ensemble, cet instrument a bien été fabriqué. On sent une rigueur dans le cahier des charges.
Le reliquage de cet instrument est assez ciblé, il se situe principalement au niveau du corps, où l’on voit des traces d’usure sur la partie supérieure de la table (usure liée à l’avant-bras), mais également sur la partie centrale du corps (passage du médiator). La partie arrière du corps n’est pas non plus épargnée, avec des traces rappelant un frottement avec la ceinture. L’arrière de manche est usé également, pour simuler des années de jeux. Sur ce point, je trouve l’usure trop ‘linéaire’ sachant qu’elle est identique tout le long du manche. Un manche. Normalement, il y a toujours des endroits plus usés que d’autres. Le vernis de la guitare est assez terne, voire même mate, rappelant ainsi des années de jeux de guitare. Pour finir sur la partie ‘reliquage’, il est à noter que le binding a été jauni et que les tranches de l’instrument intègrent des zones d’usure noircies assez réalistes.
On branche !
Il est évident que lorsqu’on teste une copie de Gibson Les Paul, on se base sur le son produit par l’originale. Afin que vous vous fassiez votre propre opinion, j’ai testé à la fois la Vintage et la Gibson sur les mêmes extraits audio (mêmes réglages).
En son clair sur le micro chevalet, le son ressort assez rapidement comme peu clair, et il faut monter le spectre médium afin d’obtenir un bon clean exploitable. Le son de ce micro est assez étouffé finalement, mais il procure un bon sustain.
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En son clair sur la position intermédiaire nous obtenons un son classique ‘à la Gibson’, idéal pour le blues, le funk ou les arpèges fins. Cette position apporte un peu plus de netteté au son, et, à mon avis, elle est bien plus exploitable que la précédente. D’autre part, la sensation d’épaisseur sonore est bien plus présente en position intermédiaire.
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En son clair sur micro manche l’on obtient un son assez chaud, utilisable dans divers styles. Le micro manche est très sensible à la dynamique du jeu.
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En son crunch sur le micro chevalet le son est parfait pour les rythmiques et les riffs fin 60’s. On retrouve les caractéristiques sonores des groupes comme Steppenwolf, repris par des groupes récents comme Franz Ferdinand. Ce micro chevalet est bien plus convaincant dans le mode crunch qu’avec un son clair.
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En son crunch sur la position intermédiaire le son redevient très épais tout en gardant sa dynamique. Le mix des deux micros est jusqu’à présent la bonne surprise de cette guitare, c’est la position la plus qualitative au niveau sonore.
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En son crunch sur micro manche on retrouve les gros standards de son utilisés par les Floyds à leurs débuts, mais également Led Zeppelin. Là encore, pas de faute de goût, cette guitare semble véritablement chercher le vieux son. Chose étonnante, elle garde sa personnalité même lorsque l’on touche aux réglages de l’ampli.
Et en saturé ?
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Maintenant, changeons de registre et testons la guitare sur un mode ‘grosses saturations’ en utilisant une « RAT » en mode « Turbo ». Dans cet exercice, comme vous pouvez l’entendre, le micro chevalet garde encore ses caractéristiques sonores, en produisant un son bien plus ‘noisy’ que métal. Le son produit reste toutefois exploitable, à condition de ne pas trop exagérer le gain.
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En son saturé sur la position intermédiaire, on obtient une texture sonore très intéressante, « massive » et « lourde », bien loin des sons actuels. On se rapproche des Stooges, avec un côté moins agressif.
En son saturé sur micro manche on a la position idéale pour « riffer » de manière assez sauvage. Le micro grave donne une grosse profondeur sonore dans les médiums / graves très intéressante, surtout si vous avez une bonne attaque au médiator (c’est même impératif !).
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Chose amusante : écoutez le début de l’extrait audio. Vous entendez le son de la guitare avec le potentiomètre de volume à zéro ! Du son sort à faible volume lorsque le potentiomètre de volume du micro aigu est à fond. Problème de câblage ?
Résumons…
Après plus de quatre heures de jeu sur cette guitare, mon analyse est très positive. La V100 sonne bien, tout en possédant une énorme texture ‘old sound’ qui la rend à la fois attrayante pour les amateurs des 60’s et des 70’s, mais peu intéressante pour les guitaristes souhaitant un son actuel. Les trois positions donnent des variations sonores qui finalement ne sont pas énormes. La position intermédiaire apporte une épaisseur de son supplémentaire, alors que la position basse offre un son profond et gras. Les tests successifs avec une Gibson & une Vintage montrent que la première reste une référence incomparable, en termes de précision et de puissance sonore. Les micros Wilkinson sont très sensibles au toucher, mais le son sortant de l’ampli souffre d’un trop-plein de basses qui, à mon avis, provient de la qualité de la lutherie.
Conclusion
Si votre budget ne vous permet pas d’accéder au monde Gibson et que vous cherchez une bonne copie, la V100 peut être réellement une alternative à une Epiphone Les Paul. Dotée de bonnes mécaniques et d’une électronique Wilkinson de super qualité, cette Vintage est très bien équipée. Son look, très fun, ajoute encore à la caractéristique sonore très marquée du son qu’elle produit. Dommage que la lutherie ne soit pas tout à fait au niveau de l’accastillage! Cette guitare souffre encore de la jeunesse de la marque Vintage mais je vous invite vraiment à aller l’essayer. À l’image de son look, le son qu’elle offre est clairement très orienté. Au moins, elle ne laisse pas indifférent !