Quelle relation entretenez-vous avec votre instrument?
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hillmore
Le sujet est ouvert à tout musicien qui possède au moins un instrument non-virtuel, acoustique ou amplifié, quel que soit le style, le niveau de pratique, le type de formation, la raison pour laquelle il possède cet instrument et sa marque de bière préférée. On peut présenter un instrument (ou plusieurs!) en expliquant dans quel contexte on l'utilise (pratique en groupe, onanisme, collectionneur, dealer...) et livrer quelques confidences sur la relation qui nous unit à l'objet (passion, alimentaire, fantasme, investissement, souvenir...).
Chaque témoignage étant libre et personnel, merci à tous de garder à l'esprit la qualité subjective et émotionnelle des avis qui seront postés ici!
[ Dernière édition du message le 15/04/2012 à 19:38:09 ]
LumBiBalo
Je vous l'ai promis, voici la suite
J'ai ajouté un petit enregistrement que j'ai réalisé, si vous voulez écouter en même temps que vous lisez, c'est le titre Impro Orgue Bayon
https://soundcloud.com/user-972811090
En cette journée de la Toussaint, beaucoup d'entre eux ont pu exalté les paroissiens pour un dernier rassemblement avant l'entrée dans ce long hiver.
Mais avant que je rentre davantage dans les détails, laissez moi vous expliquer pourquoi on le considère comme un véritable orchestre miniature :
Un orgue contient différents types de tuyaux appelés jeux. Chaque jeu à un timbre avec sa propre identité. Si on le compare à l'orchestre, chaque jeu est un instrument différent.
Comme il existe des familles d'instruments, il y a différentes familles de tuyaux, en bois, bouché, en métal, à anche
Et comme il y a différentes formations orchestrales, les claviers permettent de répartir ces jeux pour constituer différents ensembles sonores.
Voici la composition de celui l'orgue de Bayon, chaque colonne correspond à un clavier + le pédalier
Sans parler des combinaisons qu'offrent les cuillères et les pédales d'expressions, les accouplements et les tirasses.
Ah, je vous ai perdu,
Celui sur lequel j'ai fais mes débuts n'est certainement pas un des moindres. J'ai fait sa rencontre alors que je voulais abandonné le conservatoire quand j'avais 12 ans, naufragé d'une pédagogie intransigeante.
C'était lors des journées du patrimoine, l'orgue du village d'à côté, Bayon, venait d'être construit, on en avait visité l'intérieur. Oui, oui, c'est tellement grand que l'intérieur d'un orgue se visite. C'est plutôt rare de voir dans une commune de 1500 habitants un projet à 350 000 € aboutir !!! Manufacturé par l'entreprise alsacienne Kern, j'ai étais instantanément conquis par ses 35 jeux répartis en 3 claviers, soit plus de 2000 tuyaux. Autant de voix qui emplissent l'église, se mélangent, se confondent, émergent, s'estompent. Je ne savais plus où donner de l'oreille.
C'était une révélation.
Alors la semaine suivante, je changeais de classe. Ma motivation était gonflée à bloc, je déchiffrais des recueils entiers de partitions, jouais les chorales de Bach allegro, qui évidemment sont sensées être lentes et solennelles.
Je m'entraînais pratiquement qu'à Bayon, par tout temps j'y allais en vélo, activais le chauffage d'appoint et m'équipais de mes mitaines pendant l'hiver. Quand j'oubliais de prendre ma lampe-torche, il me fallait parcourir toute la nef dans le noir complet, avec pour seule indication lumineuse, la petite bougie du tabernacle, sortir par la sacristie pour ensuite traverser le cimetière.
Mais le jeu en valait la chandelle. Cet instrument me mettais dans un tel état méditatif que j'en ressortais aussi shooté qu'un hippie dans un champs de cannabis. Je me souviens encore parfaitement d'un soir où je suis reparti en songeant aux infinies possibilités qu'offre ce fabuleux instrument, et toutes les mélodies qu'il reste encore à créer.
Alors j'ai commencé à mêler mon univers aux voûtes divines, inspiré par le petit ange du buffet (d'ailleurs, j'en ai développé un geste inconscient; à chaque fois que je recherche de l'inspiration, même s'il y a rien devant moi, je lève la tête comme pour le voir imaginairement). J'arrangeais des pièces orchestrales de films et de jeux vidéos, faisant dialoguer les claviers, élaborant divers plans sonores, montait des crescendo grâce à mes 2 acolytes, les pédales d'expressions (qui servent à intégrer des nuances). Quand j'enfonçais les notes du clavier, les images se formaient dans ma tête avec force et magnificence.
Cependant, j'en délaissais mes pièces d'études, mon professeur ne comprenant pas que des musiques de films puissent prévaloir aux chefs-d'œuvre des maîtres de la composition, il ne pouvait pas imaginer le lien que j'entretenais entre l'image et le son. Du coup, j'ai poursuivi l'orgue seul. J'allais jouer sans partition, pratiquant l'improvisation à travers divers modes médiévaux, fantastiques. Ça me permettait de lier des thèmes de Pirate des Caraïbes à ceux d'Interstellar en passant par un air de Skyrim. Et franchement, ça rend superbement bien à l'orgue.
Ce qu'il y a aussi de formidable quand on est organiste, c'est de partir à la découverte de ces instruments. Chacun a son propre caractère, sa propre histoire, bien plus grande que la notre. Et en avoir l'accès, c'est l'accomplissement d'une quête, parfois, on doit animer des messes, pour d'autres, échanger quelques morceaux avec un vieil organistes, aider l'association des amis de l'orgue lors des concerts. Autant de situations à l'origine d'échanges humains autour de ce merveilleux instrument.
Un souvenir qui restera longtemps dans ma mémoire est celui de ma rencontre avec un père à Conques. Il n'était pas un virtuose, mais il avait composé une mélodie qu'il jouait en même temps qu'il faisait changer la couleur des éclairages des vitraux. C'était simple et ça fonctionnait très bien. En fait, la mélodie s'était construite sur les notes encore jouable de l'orgue et elle exprimait toute sa majesté décadente. Hélas, quelques années après, j'ai appris qu'il ne pouvait plus jouer du tout à l'orgue à cause du manque d'entretien.
J'ai pu jouer dans un certain nombre d'églises, et malheureusement, je constate que la majorité d'entre eux manquent d'attention, en même temps que les budgets pour la culture s'amenuisent, que la communauté chrétienne s'évapore et que les mécènes se raréfie.
Alors, pourquoi pas ouvrir cet instrument qui a un fort potentiel à d'autres genres musicaux, c'est en tout cas ce que j'essaierai de prouver ces prochaines années.
Ainsi, vous m'entendrez peut-être pendant mon périple à Troyes, une petite ville assez bien dotée en la matière.
Bon dimanche, et l'aventure n'est pas encore finie, donc à la semaine prochaine
Musicalement
[ Dernière édition du message le 01/11/2020 à 23:20:14 ]
jeanseb85
gratte grattounette.....
MaiMai
On percoit en toi cette envie que tu as eu de découvrir toujours plus à fond l"orgue de manière non académique, comme cela te convenait le mieux.
Bravo, et c'est agréable à lire en plus !
moi, j'ai pas d'blé mais j'ai du son...
zekragash
sonicsnap
jeanseb85
Dans la commune vendéenne de VOUVANT (867 hab) ils ont également fait entrer un orgue dans l'église. Pour l'instant je n'en ai vu que des photos mais voilà toujours un reportage
gratte grattounette.....
LumBiBalo
[ Dernière édition du message le 03/11/2020 à 10:17:10 ]
jeanseb85
gratte grattounette.....
Prior Arthur
J'ai un éditeur qui écrit quand je parle, et je me relie pas donc si des phrases font bizarre pensée phonétique.
J'ai commencé à toucher un synthétiseur il y a quelques mois, et puis je me suis beaucoup beaucoup pris la tête pour en choisir un. J'ai finalement choisi le mode X6 de Yamaha. Il fait tout ce que je veux et j'utilise sûrement 5 % de ses possibilités, et en faite j'utilise presque tout le temps les instruments qui sont des orgues d'église. Je joue aussi dans l'orgue d'église :
c'est une posture philosophique.
Pendant 20 ans j'ai voulu sauver le monde, et puis finalement je m'en suis lassé.
Je me suis dit que j'allais jouer de l'orgue–d'église–en contemplant la fin du monde.
Ça me semble une posture bien moins stressante que de penser qu'on a une part de la responsabilité de ce qui va nous arriver.
L'orgue d'église c'est grandiose, c'est chaud, c'est rassurant, ça peut être intime. Avoir accès à des orgues d'église, ça n'est pas toujours évident, malheureusement que j'ai aussi le synthétiseur à la maison. D'autant que je joue beaucoup la nuit. Maintenant je regarde plus l'écran, j'ai mis un micro et je chante en même temps que je joue, le tout au casque (je suis dans un immeuble faut pas déconner non plus) quand je des insomnies je chante et je joue jusqu'à ce que je me mette à Barrier, je sais que c'est bon mon corps a fait un cycle et je peux retourner au lit j'ai remarqué que suivant la façon dont tu joues ça peux être un truc qui excite trop le cerveau ou un truc qui le calme.
C'est le piège avec les synthétiseurs ou tu peux passer du temps à régler des boutons, et surtout est d'autant plus depuis qu'ils ont des écrans tactiles.
Donc finalement je crois que je vais abandonner un peu les entrailles profondes de la programmation et améliorer mon doigté, mes mélodies intérieures, maintenant je commence à voir mes doigts qui touchent les notes mêmes quand je suis couché, ça doit être cynique mon cerveau continu d'apprendre quand je ne joue pas.
À côté de mon synthétiseur j'ai une zoom l8, table de mixage enregistreur. Ça me permet d'inviter des musiciens la maison ont fait des impro à l'arrache et on les met sur soundcloud. C'est pas léché, c'est pas fini, mais c'est du live, et c'est marrant. Et quel pied de pouvoir publier des trucs marrants qu'on a faits juste après l'avoir fait et l'envoyer à tes potes. Merci soundcloud. Merci audiofanzine merci au mec qui réponde à mes questions de débutants qui pataugent vraiment merci https://soundcloud.com/prior-arthur
www.alturas.xyz
https://soundcloud.com/prior-arthur
le reverend
Tu sais que c'est illisible ?
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
MaiMai
J'ai un éditeur qui écrit quand je parle, et je me relie pas donc si des phrases font bizarre pensée phonétique.
... Ou le must du sommet du Best of de la politesse...!
moi, j'ai pas d'blé mais j'ai du son...
W-Addict
MaiMai
Vous êtes rudes. Un peu nan ?
Peut-être un peu.
Mais c'est dans Jeux sans frontière qu'on va te demander de lire un pavé en mode "Phone et Tic"...
moi, j'ai pas d'blé mais j'ai du son...
W-Addict
le reverend
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
sonicsnap
Pourquoi utiliser un "éditeur qui écrit quand on parle"? Prior Arthur n'a peut-être pas l'usage de ses doigts?
MaiMai
Comme on prend le temps de lire, on peut prendre le temps d'écrire.
moi, j'ai pas d'blé mais j'ai du son...
jeanseb85
Vous êtes rudes. Un peu nan ?
Je me suis efforcé de tout lire et ne pas l'être. Mais bon....
L'orgue d'église c'est grandiose,
C'est sûr, moi ça m'a toujours foutu les poils ce truc, dès les premières notes d'un morceau.
je chante et je joue jusqu'à ce que je me mette à Barrier, je sais que c'est bon mon corps a fait un cycle et je peux retourner au lit
ça doit être quelque chose pour les voisins
Finalement ça un fait peu comme pour moi avec le PSR36. Je bidouille les sons et j'essaie de rejouer/reproduire des trucs que j'ai entendus. Parfois je tape dans de l'orgue de messe, mais plus souvent c'est le répertoire trad/folk (scotish/mazurka/avant-deux etc.....) avec un son qui se rapproche de l'accordéon diatonique.
gratte grattounette.....
[ Dernière édition du message le 04/11/2020 à 18:14:08 ]
Al1_24
Citation de Prior :L'orgue d'église c'est grandiose,
C'est sûr, moi ça m'a toujours foutu les poils ce truc, dès les premières notes d'un morceau.
L'orgue de ma paroisse me hérisse les poils mais pas pour la même raison : ça fait bien (trop) longtemps qu'il n'a pas été réaccordé
Je ne tolère pas l'intolérance
jeanseb85
gratte grattounette.....
sonicsnap
*ARNO*
[ Dernière édition du message le 05/11/2020 à 11:11:20 ]
sonicsnap
LumBiBalo
Une petite musique, pour se mettre dans l'ambiance.
https://www.youtube.com/watch?v=UQk_YyoQ5gg
Aujourd'hui, il s'agit de parler de l'instrument qui décrit au mieux toute ma folie musicale, et m'a permis de m'émanciper davantage du conservatoire de musique. Il se cache dans les cartables des écoliers, bénéficie d'une réputation de saigneur d'oreille auprès de ses novices, mais à qui sait contrôler son souffle, la flûte à bec saura lui dévoiler ses mélodies intérieures.
Tout a débuté un dimanche, le genre de dimanche où on récupère de la veille, où on a pas encore les idées tout à fait en place.
Mais c'est devenu sérieux quand je suis parti en Thaïlande. Ne pouvant embarquer de piano dans la soute, j'ai du me résigner à ne pas faire de musique là-bas.
J'apprenais d'un instrument pour la première fois seul. Pas de partitions, juste l'oreille et la mémoire. Pas d'exercices, juste de l'improvisation pour la technique. Construisant ainsi mon répertoire, où figurais aussi bien des mélodies irlandaises que des reprises de rock comme The Wind of change de Scorpion, j'ai atteint un assez bon niveau pour deux mois de pratiques. Ça m'a conforté dans ma pédagogie.
Petit à petit, ce compagnon de voyage s'est trouvé fort utile à m'exprimer par la musique dans un pays dont je ne connaissais pas la langue. Il était mon traducteur dans toutes les situations, pour accompagner la guitare du voisin, à donner vie aux fantômes du temple devant les enfants, à inspirer les méditations d'élèves yogi ou encore de sortir un air de Star Wars quand je roulais avec un thaïlandais sur son humble scooter.
De retour en France, j'ai bien entendu embarqué cet enjoliveur au festival le Cabaret Vert. Attachée à ma ceinture, prête à être dégainée à tous moments, je ne ratais pas une occasion, même dans le blablacar pour aller à Charleville-Maizières. Quand j'ai récupéré un bonnet à clochette de Chouffe, habillé d'un pantalon coloré, j'avais le costume d'un ménestrel.
Depuis cet été, ma flûte ne me quitte plus. Grâce à elle, j'ai développé de nouveaux talents, en jouer sur un vélo
Jouer de la flûte à bec seule, ça passe pas inaperçu, il faut pouvoir l'assumer. D'autant plus quand j'étais dans une école d'ingénieur, un milieu pas vraiment artistique. Alors quand la plupart faisait leur pause clope, on pouvait entendre une mélodie qui venait suspendre la routine.
C'est aussi grâce à elle que je pourrai construire mon personnage de scène, elle m'a permis de l'identifier, de lui donner forme et de l'accepter. La flûte incarne pour moi un esprit libre et festif, une philosophie d'allégresse et de légèreté.
A la semaine prochaine,
[ Dernière édition du message le 31/01/2021 à 23:56:33 ]
sonicsnap
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