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Un petit hors sujet pour vous faire un retour sur la promotion soundcloud que j'ai lancé à la mi-décembre sur le morceau "acid blood" que j'ai posté récemment ici.
La fin du mois approche donc je fais mes comptes.
Et c'est sans appel : 941 personnes ont vu cette promotion dans leur soundcloud et je n'ai que 43 écoutes sur tout le mois de décembre.
Donc c'est simple, soit la technique de promotion de soundcloud est totalement inefficace, soit les gens en ont rien à foutre. Par expérience, je pencherais plutôt pour la deuxième explication.
On nous fait croire qu'on est entré de plein pied dans une nouvelle ère de diffusion de la musique avec tous les codes d'internet qui vont avec mais moi je dis : arrêtez cette hypocrisie immonde.
En plus j'ai ciblé le public dans cette campagne de promotion sinon ce serait probablement pire.
A l'époque on avait plein de disquaires dans toutes les grandes villes qui faisaient des sélections et les gens allaient dans les magasins pour acheter des valeurs sûres et aussi pour découvrir. Aujourd'hui on a des gens sur youtube (beaucoup moins nombreux) qui ont des chaines qui ne servent qu'à diffuser des nouveautés électro / techno et qui donc font des sélections aussi (probablement basées sur des critères beaucoup plus personnels et subjectifs) et qui donnent la tendance. Ces gens là sont suivis en masse et ils servent même parfois de références. Globalement, on a des espèces d'influenceurs dans la musique sur internet qui ont quasiment le même rôle que les disquaires des années 90 / 2000.
Autrement dit, il n'y a aucune révolution dans le business de la musique électronique. Les recettes sont toujours les mêmes : si tu n'es pas sélectionné par des gens considérés comme des références, tu n'existes pas, tu es totalement invisible et même encore plus qu'avant étant donné la quantité de nouveautés par semaine qui a littéralement explosée.
Le mot de la fin ?... Je vous le laisse.

salut Karl Dekos,
Je ne sais pas si ça peut te rassurer, mais Il faut aussi considérer aussi que Soundcloud n'est plus une plateforme très active - pour ne pas dire dead. Fini les gros engouements circa 2012... Certains podcast que j'écoute se sont barrés de SC pour cette raison (manque d'écoutes)

Tu peux dire où se sont barrés tes podcast favoris...?

ils ont pas migré sur autre chose, mais arrêté Soundcloud en gardant les autres plateformes habituelles (Apple Podcast, Youtube etc...)

Au delà de SoundCloud, je pense que ton constat est correct et valable non seulement en electro, mais aussi pour toute musique et tous les arts. Je dis souvent qu'aucun genre musical complètement nouveau n'a émergé depuis le rap, soit presque cinquante ans. Bon, en électro, disons, depuis la d'n'b ou la jungle. Ça n'empêche pas que j'écoute des nouveautés et qu'il y ait beaucoup de créativité, on est bien d'accord. Ceci dit, Richard D. James remarquait qu'avant l'avènement d'internet, chacun bricolait ses sons dans son coin avec amour voire jalousie et qu'aujourd'hui tout le monde a les mêmes, en caricaturant le propos.
Et si j'élargis, je suis assez pessimiste : l'époque n'en a, au fond, pas grand chose à foutre de l'art et des artistes – sauf s'il rapportent de la thune ou prennent la lumière –, est assez conservatrice et fonctionne sur des identités et des réseaux bien fermés. On pourrait dire que ce n'est pas nouveau non plus mais on est loin du bouillonnement de périodes fécondes comme autour de 68, l'après-guerre, les années 20, le XVIIIe siècle... L'heure est plus à la fin du monde qu'à un avenir plein d'espoir, plus à la crise qu'à la révolution.... En tous cas, ce n'est pas parce qu'on multiplie les canaux de diffusion, les accès directs, qu'on rencontre plus facilement le succès et le public. L'audience, les acheteurs ne sont pas moins moutonniers, ni plus autonomes et moins consuméristes qu'avant. J'ai même le sentiment que c'est tout le contraire.

Citation :

Au delà de SoundCloud, je pense que ton constat est correct et valable non seulement en electro, mais aussi pour toute musique et tous les arts.

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Citation :

Et si j'élargis, je suis assez pessimiste : l'époque n'en a, au fond, pas grand chose à foutre de l'art et des artistes – sauf s'il rapportent de la thune ou prennent la lumière –, est assez conservatrice et fonctionne sur des identités et des réseaux bien fermés.

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Ce n'est pas mon sentiment. Seulement, comme toujours, la masse des gens consomme ce que lui donnent les médias de masse. La masse des amateurs de musique consomme que leur donnent les réseaux un peu plus pointus et les amateurs hardcore ont leurs réseaux encore plus underground et pointus.
Je ne crois pas que ça ait tellement changé.
Quand on regarde un peu chaque époque, on a tendance en tant qu'amateurs à ne voir que ce qui était bon et qui a parfois perduré. Sauf que si on regarde ce qui était écouté, ben c'était surtout de la merde très formatée.

Sinon, je ne sais pas comment ça se passe dans les régions où vous vivez, mais chez moi, il y a un bouillonnement de festivals de toutes tailles, des associations, des soundsystems, des bar associatifs, des tiers lieux qui organisent des concerts, des expos, etc. On est très loin du mainstream et des artistes "dans la lumière". (et j'ai volontairement laissé de côté le riche et bien vivant réseau trad qui est encore autre chose).

Je ne crois pas à Internet pour faire connaître sa musique. Je crois au live et aux rencontres, aux réseaux, etc.
Il y a peut-être eu une petite période où Internet a permis à des artistes de trouver un public, mais j'ai plutôt l'impression que c'étaient des épiphénomènes montés en épingle. Combien de gens sortis de MySpace ont fait carrière ? Sur combien de musiciens présents sur la plateforme ?

A contrario, j'ai une bonne copine qui fait de la chanson hyper féministe bien dans ta gueule en live-looping. Vraiment pas le truc ni mainstream, ni facile à placer. Elle a bouclé son intermittence en trois mois cet été. Bon, elle avait passé deux mois au téléphone pour trouver ses dates, mais elle a tourné et cachetonné.

Bien sûr, Internet peut contribuer et peut difficilement être éludé. Il permet notamment de s'affranchir des limites géographiques et du temps du live/mix. Mais de toutes façons, la musique enregistrée n'est plus qu'une promotion pour le live.