Le Montmartre d'AF : arts graphiques traditionnels
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j-master


Ce sujet est ouvert pour parler de tous les arts graphiques non informatisés, et plus particulièrement côté créateur, pour parler inspiration, astuces, matériel...
"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus

Anonyme


ça me donne envie de regarder à nouveau la série "peintures" d'Arte
Je vois juste une tête en cours de décomposition...
(encore les yeux, mais squelette de mâchoire)
[ Dernière édition du message le 08/02/2018 à 18:06:14 ]

Anonyme

vous croyez que les lignes de composition guident vraiment le regard, ou c'est un plus un truc théorique dans l'étude d'un tableau?

Lola Tance

Regarder une oeuvre c'est se poser un instant, essayer de rejeter toutes les images qui t'encombrent tous les jours, un peu de concentration, se poser des questions, et au delà de la subjectivité, du beau du moche et de l'affect tu pourras aller un peu plus loin que la simple observation....se sera plus une lecture...amha.

Lola Tance

bamblue man

oryjen

vous croyez que les lignes de composition guident vraiment le regard, ou c'est un plus un truc théorique dans l'étude d'un tableau?
Plastiquement oui. Mais pas seulement les lignes: aussi les couleurs, c'est-à-dire leurs rapports de proximité ou de contradiction, qui installent des tensions, des passages, des blocages, etc...
Oui, tout ceci fonctionne, à cause du temps qu'il nous faut pour parcourir la surface, de façon dynamique!
Cependant, comme nous sommes conditionnés à lire les images prioritairement selon leur contenu intellectuel ou symbolique, ce niveau "plastique" n'apparaît pas au commun des mortels. Il faut apprendre - et désapprendre - pas mal de choses, non pas de manière théorique, mais en perfectionnant un certain "lâcher-prise" face à la peinture.
Maintenant, toute cette espèce de "science" verbeuse à propos de peinture, procure aux cons un certain effet d'autorité, une sorte de petit pouvoir merdique... On se détourne à juste titre de cette saloperie. Malheureusement ça pousse les gens écoeurés à se détourner aussi de l'art en général.
Ces insupportables spécialistes "amis de l'art" font plus de mal que les ennemis de l'art.
L'ambigüité repose sur cette chose toute simple: La peinture n'est pas faite d'idées, mais pour parler du coeur de ce qui l'anime, on doit prononcer des paroles, qui sont des idées mises en formes.
Ainsi le public imagine que l'art est [encore] une [autre banale] affaire d'idées; d'où la méprise commune "artiste=intello".
Tous ces bavards feraient mieux de se taire. Pourtant c'est par le bla-bla qu'ils existent. Comment renoncer à l'existence?
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 09/02/2018 à 07:08:14 ]

Vince_

a priori je la trouve génante et aurait préféré du bleu et sans la petite bande blanche, pour laisser ouvert comme sur les 3 autres côtés. Et puis après réflexion, on se demande si l'équilibre général du tableau ne serait pas moins bon sans cette bande marron. Bref, j'ai assez ce concept d'élément perturbateur, qui t'occupe la vue et l'esprit, et te fait te demander si c'est l'élément le moins bon ou le meilleur du tableau.
J'aimerai savoir votre position par rapport à l'art abstrait, sa place dans la peinture, son intérêt comparé au figuratif et un regard sur la difficulté ou non, les points communs avec le figuratif dans les problématiques etc....
bref, vous aimez bien ou pas ?


oryjen

Focaliser là-dessus, c'est détourner le regard de l'essentiel.
D'un autre côté, comme le contenu réel de la peinture va à contre-courant de la vision apprise, il est bien naturel que peu de gens puissent y accéder spontanément, et que les filous gagnent une popularité facile en escamotant la distinction et en perpétuant cette gué-guerre vide de sens entre abstraction et figuration.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

Lola Tance

La composition les couleurs le sujet la technique m’interessent aussi....elles existent, aucune différence abstrait/figuratif/figuration libre...., ça reste un exercice, une activité.....

Vince_

Peut on dire que la majorité des gens sont plus facilement sensible à du figuratif et que ça peut être plus compliqué pour ce dernier d'accroché les gens, pour casser leur scepticisme ?
Autant pour le figuratif, on a des repères, autant c'est un peu moins le cas pour l'abstrait et il n'est pas impossible que certains se posent la question de la légitimité de leur adhésion( " ça on peut aimer ou pas ?")
pour être plus direct, est-ce un peu plus facile d'exposer / vendre lorsque l'on fait du figuratif que si l'on reste en total abstrait ?
[ Dernière édition du message le 09/02/2018 à 10:46:11 ]

Lola Tance



oryjen

Indice: L'effort des génies de la peinture (figurative) est purement abstrait.
L'art abstrait "représente" toujours quelque chose: une sensation, un sentiment, un "parfum"...
"La pittura e cosa mentale" dixit Léonard...
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 09/02/2018 à 11:08:50 ]

Vince_

Non c’est pas comme les salades...
sauf qu'on a besoin de manger aussi, c'est pas fou de se poser des questions alimentaires.


oryjen

la vérité du voir, tu peus m'expliquer le concept version " pour les nuls "
Bon, je la tente version courte.
ATTENTION (paskeu je connais la musique, hein

La vision, comme nos autres sens, est largement le produit de notre éducation d'une part, et d'un auto-conditionnement rendu plus ou moins nécessaire par l'usage quotidien que l'on en a.
Le rapport que nous entretenons couramment avec l'image en découlant directement, celui-ci n'est ni neutre ni objectif.
A mon sens, si l'art a quelque légitimité particulière (autre que tous ces phénomènes socio-psycho ridicules qui le phagocytent), c'est dans le sens où il constitue un langage capable de transcender les barrières culturelles, idiomatiques, donc très précisément les conditionnements.
Est-ce à dire que l'art recèlerait/révèlerait une dimension objective (alors que tout le monde raconte qu'il ne s'agit que d'une gigantesque promotion du subjectif)?
Oui je le crois.
La peinture permet de découvrir/développer un mode de voir délivré du conditionnement.
S'appliquant au monde, et ressortant de lui, elle en révèle la trame objective.
Le "coup de patte", le "tour de main" sont des qualités auxquelles on peut réduire l'artisan, et à peu près inutiles à l'artiste.
On ne peint bien qu'à l'unique condition de bien voir, c'est-à-dire de voir vrai.
Bien voir ce que l'on voit.
Bien voir ce que l'on fait.
Et bien pré-voir ce qui est susceptible d'arriver à l'ensemble selon l'option choisie ici ou là.
Par-delà la subjectivité et le goût personnel, qui ont de l'importance comme moteurs de la sincérité, mais à quoi ne peut se résumer la pratique, il existe donc en peinture (figurative ou non) une notion de vrai ou de faux: Dans tel ou tel contexte (défini par l'ensemble des rapports plastiques déjà fixés), on PEUT faire ceci ou on NE PEUT PAS faire cela.
Tout rapport à deux éléments installe une dynamique ouverte, mais qui déjà indique un sens à suivre.
Un troisième élément, et la voie est tracée: il ne s'agit alors que d'avancer le nez au vent en humant le parfum (chaque fois différent, raison pour laquelle il n'existe aucune recette universelle, n'en déplaise aux Tartuffes qui éditent des méthodes infailliblesà peindre ou à dessiner) qui conduit plus ou moins droitement à une conclusion disons "logique".
Bon bien sûr, pas question ici de logique intellectuelle. Il s'agit plutôt de devenir capable d'évaluer des ensembles complexes de rapports visuels et de tendances, travail de puissante synthèse et de fine sensibilité dont l'intellect (monodique et par conséquent linéaire) est rigoureusement incapable.
Disons plutôt "logique poétique".

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 09/02/2018 à 19:46:18 ]

Lola Tance

Fauve man

oryjen


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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

Vince_


j'espère fortement qu'il soit possible d'avoir une légitimité d'artiste / peintre, en se cantonnant à l'abstrait.
Qu'on pardonne à celui qui pense qu'on en a déjà des caisses de caisses de container de paquebot par tonne " d'artistes " qui font du figuratif. ( justement à Montmartre par ex sans vouloir être péjoratif, tout en l'étant )
je continue à penser qu'il y a une certaine majorité de personnes qui sont plus sensibles au figuratif, à mon sens parcequ'ils ont des repères avec, beaucoup plus qu'avec l'abstrait qui les questionnent sur leur regard strictement personnel et qu'il est plus difficile d'assumer, d'avoir confiance en son propre ressenti.
j'espère que chacun a le droit de s'exprimer comme il l'entend, à la manière de la musique où l'on a pas demander à Kurt Cobain d'interpréter une marche turque au piano avant de le légitimisé comme artiste musical.

oryjen

Mais c'est là un énorme malentendu. Il y a, pour l'éclairer, cette célèbre anecdote à propos de Delacroix: Delacroix, qui était un mondain, n'avait pas paru en soirée depuis plusieurs semaines. Un ami ami qui s'inquiétait vient le voir à l'atelier à l'improviste. Entrant sans faire de bruit, il le trouve à travailler sur une grande toile. On y voit entre autres choses une charrette attelée sur laquelle se trouve un gros fagot de bois. Delacroix s'escrime sur le fagot; il peste, il tempête, il enrage.
- Allons calme-toi, lui dit l'ami. Ton fagot est parfait!
- Quel fagot? lui répond Delacroix. Le problème n'est pas le fagot. C'est ce GRIS que je ne parviens pas à accorder!
Cette autre à propos de Giotto (vers 1300): Sa renommée avait grandi au point que le pape, désireux de le faire travailler à quelque saint projet, envoie un émissaire chercher la preuve qu'elle n'était pas usurpée.
L'émissaire se pointe, est reçu par le maître, et lui expose l'objet de sa mission.
Giotto attrape un papier, un fusain, et trace à main levée un cercle absolument parfait.
- Remets ceci au Saint Père, et raconte-lui ce que tes yeux ont vu. Il comprendra.
j'espère fortement qu'il soit possible d'avoir une légitimité d'artiste / peintre, en se cantonnant à l'abstrait.
Qu'on pardonne à celui qui pense qu'on en a déjà des caisses de caisses de container de paquebot par tonne " d'artistes " qui font du figuratif.
Sans étaler ma science, je te dirais qu'on en a déjà aussi des pleins musées, d'oeuvres abstraites ultra-consacrées, et même sanctifiées!

Question de sotte idéologie aussi, donc.
C'est donc bien la sensibilité "nue" qui peut faire la différence: L'oeuvre vraie a une sorte de pouvoir magique: Tu as beau avoir très sottement décidé ceci ou cela, en vertu de tel ou tel référentiel intellectuel, et généralement pour aucune autre raison que de conforter encore plus le système de pensée dans lequel tu te sens bien à l'aise, quand tu te retrouves face à face avec elle, elle agit, frappe au coeur, et balaie tous les préconçus.
Evidemment, il faut avoir auparavant travaillé suffisamment dans le bon sens pour être devenu perméable à cette action. De trop nombreuses années passées à finalement rien d'autre que de se cramponner au confort procuré par un ensemble de préconçus, non seulement empêchent les impacts bénéfiques de parvenir à leur destination (on appelle ça du "confort"!


Je me suis souvent livré, en tant que prof avec mes élèves adultes, à de petites expériences sous forme d'exercices, pour leur montrer à quel point ils ne voient pas, ou voient faussement. Et tout de suite après, bien sûr, pour leur montrer à quel point la vision nue et propre est puissante et efficace (il ne sert à rien, dans le cadre d'un apprentissage, de focaliser sur l'erreur: On ne construit vraiment que sur la réussite).
C'est vrai: le filtre des idées empêche de voir.
Il y a un travail de patiente déconstruction du mur de merde à accomplir pour saisir à quel point la bataille abstraction contre figuration est hors-sujet.
justement à Montmartre par ex sans vouloir être péjoratif, tout en l'étant
Oui je vois bien ce dont tu parles. Mais le truc est tout simple: Ce ne sont pas des artistes, ce sont des artisans qui appliquent des recettes. Leur vie est consacrée à l'impeccable reproduction du même. Cela n'a rien d'une aventure créatrice. Mais figure-toi que parmi eux se trouve aussi un certain nombre d'"abstraits".

j'espère que chacun a le droit de s'exprimer comme il l'entend
Oui, mais avec justesse, toujours, et avant tout.
Les questions de "style", de "genre", d'"école" et autres modes sont superficielles et n'obnubilent que les crétins futiles. En même temps on leur en veut pas trop: Tant qu'ils s'en tiennent là, dans leur bel uniforme fluo, on les voit bien, et leur nuisance demeure toute relative.
L'oeuvre inspirée par le vrai revêt souvent une forme étonnante, inusitée, parce que la forme qu'elle emprunte, qui n'est qu'un véhicule, n'a qu'une importance limitée, et ne recherche en fait aucune conformité à quoi que ce soit à part la justesse intrinsèque des choses. C'est là sans doute que le vulgaire puise cette impression confuse qu'il nomme "création"... en s'attachant à la surface, pauvret: l'impact n'a pu que très partiellement traverser les peaux de saucisson qui voilent son regard.


Désespérante et élitiste, cette vision?
Non, car finalement, au terme de plus de 30 années d'enseignement, j'ai vu que très peu de gens, et indépendamment de leurs options esthétiques ou idéologiques, demeurent absolument inaccessibles au vrai. L'impact patient et doux finit par faire son oeuvre. La nature est forte: L'enfermement et la grisante liberté, malgré la persistance quotidienne du conditionnement dégueulasse, sont reconnus par "quelque chose" à l'intérieur des gens pour ce qu'ils sont vraiment.
A condition de travailler.
Personne, subitement un beau matin, n'accède au vrai en se tirant du lit (à part quelques saints "visités", prétend-on. Autant dire qu'il est absolument inutile de compter là-dessus).
Il faut déconstruire le faux, en s'appuyant sur l'exaltante aventure de la conquête d'une liberté de vision.
C'était la version longue. Pardon.


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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

dana12

Malevitch, pour certaines aussi.
Toutefois, je pense qu'il existe des "maitres" qui font du n'imp' et qui se drapent derrière le "vous ne pouvez pas comprendre ma vision de l'art".
Perso, je n'ai jamais compris Soulages ou Dubuffet. Je ne dis pas que c'est du nawak, mais je suis encore hermétique à leur concept d'art.
J'aime bien la série de portraits d'OK, notamment le dernier

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste
[ Dernière édition du message le 10/02/2018 à 07:51:31 ]

oryjen








Pas d'accord avec toi en particulier à propos de Dubuffet, qui a beaucoup écrit et parlé contre une certaine fumisterie de l'intelligentsia artistique justement, et a accompli à ce titre un énorme travail de promotion de l'"art brut" (on lui doit le terme, et dans une large mesure la réhabilitation du douanier Rousseau qu'on a trop longtemps pris pour un débile).
Dans la même mesure exactement que pour Basquiat, à cause d'une certaine esthétique "mauvais goût", on n'a pas vu en quoi l'oeuvre de Dubuffet se rattache de très près aux invariants de la peinture occidentale depuis l'aube de l'histoire. Esthétiquement parlant, d'un point de vue proprement pictural, et par-delà l'iconographie faussement enfantine et volontiers grinçante, on n'est pas loin d'une certaine période de Rembrandt (je trouve):






(J'aime bien sa tête de complice aussi

Quant à Soulages, sur photos (de cet oeuvre proprement in-photographiable) j'ai longtemps pensé comme toi, ayant pourtant très tôt bien apprécié ses premiers travaux noir et blanc très contrastés et très construits, qu'il se foutait du monde.
Un jour je suis entré dans une salle pleine de ses toiles "récentes" (une espèce de rétrospective de la série "Outre-Noirs") et j'ai saisi, bouleversé, à quelle sublime légèreté il tentait d'accéder à l'aide de ces matières ultra-lourdes!
L'approche iconographique, aussi bien que l'ensemble du corpus idéologique à propos de l'Hââârt, c'est la petite mort de la peinture!
Ca se respire, putain! Allez dans les musées, y compris les musées d'art moderne et d'art content-pour-rien. Le temps fait un tri assez sûr.
Le résultat est que finalement, parmi quelques erreurs conservées là à titre purement historique ou documentaire, une fois passé l'effet du prestige personnel et des modes, on y retrouve un condensé d'une certaine forme de la pensée humaine parmi les plus élevées, qui est probablement une forme de sagesse et de lucidité aussi valable que les variantes des méditations orientales.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 10/02/2018 à 09:30:20 ]

Lola Tance

Slip Socquette

oryjen


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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

Lola Tance



Anonyme

T'as pas l'oeil.


oryjen




Faune étique?

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

Vince_

j'ai vu ça c'est l'avatar d'un membre AF et j'ai penser auto à la photo postée plutôt ici.
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