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Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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5521
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Citation :
Quand le vent vient de l'ouest, ça sent plutôt l'oeuf pourri. Quand c'est de l'est qu'il souffle, il y a comme une odeur de soufre qui nous prend à la gorge. Quand il vient du nord, ce sont des fumées noires qui nous arrivent droit dessus. Et quand c'est le vent du sud qui se lève, qu'on n'a pas souvent heureusement, ça sent vraiment la merde, y a pas d'autre mot.
[...]c'est pas sain cet environnement, les enfants sont palots, les vieillards pas bien vieux. On fait d'ailleurs pas toujours la différence entre les deux.


C'est la phrase qui ouvre le livre et on a tout de suite compris que:
1/ on va rigoler
2/ c'est un bien drôle d'endroit que celui dans lequel vit le narrateur.
De ce dernier on ne sait d'ailleurs ni le nom, ni l'âge, juste qu'il est un peu candide, travaille à l'abattoir (comme presque tout le monde dans le coin) et qu'il vit avec sa grand-mère dans cette contrée bien singulière qui semble coupée du monde. Il y a bien des avions qui décollent et atterrissent pas loin de chez eux mais ils semblent appartenir à un ailleurs totalement inaccessibles aux gens du coin.
Écrit à la première personne, notre vision est donc limitée à celle du narrateur et nous sommes coincés comme lui dans cet univers qu'on imagine porté à l'écran par Kerverne et Delépine, qui nous emmèneraient dans le quotidien d'une commune grolandaise.
L'ensemble, très bien écrit dans un style faussement léger, est saupoudré de touches d'humour bien senties, mais on n'échappe pas au glauque, au sordide, au cynisme et tout un environnement qui pousse forcément le narrateur à rêver de partir. Excellent moment de lecture.


Quelques citations en apéro:

Citation :
Il faut imaginer un sale temps par une nuit polaire. C'est à ça qu'elles ressemblent nos belles journées.


Citation :
J'ai joué là au bord des voies ferrées, j'ai grimpé aux pylônes, je me suis baigné dans les bassins de décantation. Et, plus tard, j'ai connu l'amour à la casse, sur les sièges éventrés des épaves. J'ai des souvenirs qui ressemblent à des oiseaux mazoutés, mais ce sont des souvenirs quand même. On s'attache, même aux pires endroits, c'est comme ça. Comme le graillon au fond des poêles.


Citation :
Mais ce qui me console, c’est de me dire qu’avec un gros billet en poche à la place de mes petites pièces, j’aurais pas l’air plus malin devant la machine à café.


Citation :
je me suis dit qu'il devait quand même bien avoir quelques qualités, Pignolo, pour l'avoir séduite et affublée d'un nom aussi ridicule. Nous qui l'avons si souvent vu nu sous la douche, ça sautait pas aux yeux, en tout cas, ou alors c'étaient des qualités de cœur.


Citation :
Tôt le matin, le brouillard nous tombe dessus, on y voit à peu près aussi bien que sous une avalanche.
[...]au mieux on en a pour la journée, au pire, on y verra plus clair le mois prochain.[...]Je sais pas qui c’était, j’en ai aucune idée, mais dans le doute et dans le brouillard, faut être bien poli pour vexer personne. Mieux vaut saluer des inconnus qu’ignorer des amis.


Citation :
Le jour où je m'en irai, ça me fera quand même quelque chose, je le sais bien. J'aurai les yeux mouillés, c'est sûr. Après tout, c'est ici que j'ai mes racines. J'ai pompé tous les métaux lourds, j'ai du mercure plein les veines, du plomb dans la cervelle. Je brille dans le noir, je pisse bleu, j'ai les poumons remplis comme des sacs d'aspirateur, et pourtant, je le sais bien que le jour où je m'en irai, je verserai une larme, c'est certain.....


Citation :
Ils sont pas plus stupides qu'ailleurs, les poissons, c'est pas ça, tout ce qu'ils veulent c'est qu'on les sorte de l'eau, qu'on les tire de là.




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Tu donnes envie de le lire !:bravo:
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Commandé ! icon_mrgreen.gif

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier

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Sinon, voici la dernière histoire de mon blog :
http://histoirehebdo.blogspot.bg/2017/03/sans-savoir-ou-aller.html

Je ne poste pas chaque semaine, ça me semblerait un peu maniaque... Mais de temps en temps pour rappeler l'existence de ce défi en cours. Presque le premier quart est passé ! :)
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J'ai terminé "un Noël de Maigret". Qu'est-ce que j'aime Simenon, j'adore voyager dans ces époques où tout parait sombre, ou ça boit trop et ou la fumée de la pipe brouille la vue... Y a pas à tordre, c'est mieux que les séries télé :bravo:
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Paris de nos jours.
Sébastien Ponchelet doit avoir entre 35 et 45 ans.
Issu de la classe ouvrière, des gens de peu. Son histoire commence avec cette phrase:

"Je suis un homme d'en bas. J'ai toujours levé la tête pour parler aux autres."

Le déterminisme social le pousse irrémédiablement à des emplois qu'occupait son père: manutention et magasinage. Puis il s'acoquine avec des malfrats, prends part à un hold-up qui tourne mal. Il n'a pas de sang sur les mains mais écope de 5 ans de prison.
Au début du livre il est en liberté conditionnelle et travaille dans une grande maison d'édition parisienne. Son boulot? Ranger et trier les livres; réceptionner et expédier les manuscrits; faire des photocopies; remplacer une ampoule ici ou réparer une serrure par là.

Un soir alors qu'il est dans le métro le ramenant chez lui, par un enchaînement de faits dont je ne peux pas vous révéler les détails, il trouve dans son sac un manuscrit qui aurait dû être ré-expédié à son auteur. C'est un manuscrit assez différent de ceux qu'il a l'habitude voir. En effet celui-ci est tapé à la machine, grossièrement relié et bourré de ratures et d'annotations. Il a du mal à trouver la première page mais la repère finalement. La phrase ouvrant le livre est la suivante:

"Longtemps, je me suis couché de bonne heure."*

Cette phrase éveille quelque chose en lui. Mais quoi? Et pourquoi?


*Pour les deux du fond, c'est la première phrase de "À la recherche du temps perdu" de Marcel Proust.



Bien prenant ce livre, et très riche. On se retrouve dans des univers inattendus mais c'est la différence de classes sociales qui sert de trame au récit et donne corps aux personnages, à leurs psychologies respectives, à leurs recours et ressorts dans certaines situations banales ou plus inattendues.
L'auteur se garde pourtant bien de servir des clichés et rends les choses plus crédibles et nuancées avec une approche très réaliste dans le sens où malgré ce qu'on peut croire au premier abord, les personnages sont bien différents de l'images qu'ils donnent.

Outre l'aspect social il y a aussi toute une réflexion sur la peinture (les oeuvres d'art ont-elles vraiment leur place dans des musées?) et la lecture (à qui s'adressent les livres?). Certains codes culturels ou générationnels de notre société contemporaine sont également effleurés, juste assez pour illustrer un certain cynisme et compléter ainsi le tableau dans lequel évolue le personnage. On ne se perd donc pas dans les détails mais on en souligne quelques-uns afin que le lecteur affine mentalement sa vision du contexte.
Puisque je parle de contexte, les ambiances sont particulièrement bien rendues avec quelque chose de très cinématographique. Je pense qu'il y a moyen de faire un bon film avec ça.

Seul petit bémol: à un moment apparaît un personnage clef, mais je n'ai finalement pas saisi qui il était et pourquoi il était là. Il est là et puis il n'y est plus mais on n'en sait pas plus.

Si je n'ai pas su repérer un style, le tout est très maîtrisé et bien écrit avec de très belles fulgurances jamais pédantes car jamais trop verbeuses, ce qui produirait une rupture peut-être trop grande avec le reste du livre.
J'ai pris plaisir à lire ce bouquin et suivre les personnages très attachants, ce qui fait que pendant quelques jours je ne me suis pas couché de bonne heure :oops2:


5527
Merci. :bravo:
Je le note.

Pour ma part, je viens de terminer "Le rouge et le noir" que je n'avais pas réussi à lire dans le passé : il m'était deux fois tombé des mains.
Là, j'ai accroché. Le début me semble toujours aussi laborieux, mais on s'y prend de plus en plus.
La peinture de l'époque est vraiment terrible. De quoi relativiser un peu notre époque de merde. :-D

Ensuite, j'ai été fainéant ces derniers jours et j'ai pratiquement pris le premier bouquin qui venait dans la bibliothèque et ai donc relu "en nos vertes années" de Robert Merle (deuxième tome de la série "fortune de France"). Bon, ben le bouquin n'a fait que quelques jours. :-D
J'en reparle pas puisqu'on en a déjà pas mal parlé dans ce sujet.

[ Dernière édition du message le 27/03/2017 à 14:54:57 ]

5528

Kumo -> j'ai acheté et lu le bouquin "l'étourdissement" samedi matin, ça m'a bien plu.

Merci

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier

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Ah cool ! Ça fait plaisir :bravo:
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Fortune de France, j'avais lu jusqu'à La volte des vertugadins.
J'avais vraiment beaucoup aimé, mais pour lire la suite, il faudrait que je relise tout les premiers.

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste