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Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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5531
Lu le mois dernier l'Inclinaison (trad. "The Gradual") de Christopher Priest.
Dernier opus publié.
Celui de l'an passé, un recueil de nouvelles plus ou moins recyclées ou réécrites (mais avec un certain nombre d'inédits) m'avait... déconcerté.
Celui-ci est un roman, qui se place dans le cycle de l'Archipel du Rêve.
Moins aride que "L'archipel du Rêve" ou "les Insulaires", il a la saveur narrative de l'Adjacent (par lequel, il y a 3 ans, j'avais découvert ce cycle magistral, et à partir duquel j'avais remonté le fil, jusqu'à La Fontaine Pétrifiante, déjà ancien).

C'est l'histoire d'un musicien, né dans une dictature militaire du Nord en guerre, qui part à la recherche de deux "doubles": Son frère, disparu dans les méandres temporels de ce monde auquel seuls quelques étranges "adeptes" comprennent quelque chose, et un autre musicien habitant une île équatoriale distante, et qui, selon lui, le plagie.
Musique, temps déréglé, jeunesse éternelle et solitude.

Je vous le conseille, ainsi que tous les autres de la série.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

[ Dernière édition du message le 28/03/2017 à 09:32:08 ]

5532
saint-quelqu-un-49660-264-432.jpg

La France sous l'Occupation.
Louis Jousselin travaille pour une entreprise de bétonnage qui l'éloigne de sa petite famille pendant deux mois,
au bout desquels il revient pour huit jours.
Le jour suivant son retour, sa femme découvre dans une des poches de la veste de son mari,
une lettre froissée, en boule. Une lettre d'une autre femme.
"Tu me dégoûtes !" lui lance-t-elle.


Il ne faut pas se fier à ma petite présentation qui ne laisse présager qu'une banale rupture
de couple comme il en abonde dans la littérature.
La rupture est là bien plus profonde, ou plutôt, bien plus "élevée" si je puis dire.

Pour ne rien gâcher c'est merveilleusement écrit avec une poésie sobre mais très évocatrice. Le style est très particulier avec des phrases plutôt brèves dont le rythme est quelques fois déconcertant puisque l'auteur joue avec la syntaxe et met des accents là où ne s'y attends pas forcément.
Cela dit ça reste très lisible mais on est quelques fois un peu surpris, peut-être autant que Louis Jousselin lorsqu'il perçoit les petits décalages qui vont finir par modifier sa manière d'être au monde.
Il y a selon moi bien des choses à dire sur ce livre qui n'a l'air de rien mais il propose une histoire loin d'être banale dans un style vraiment original. Super moment de lecture.

Je pourrais mettre des dizaines d'extraits mais non seulement je n'ai pas le temps,
mais en plus certains n'auraient aucun sens en-dehors du récit.
En voilà tout de même quelques-uns:

Citation :
La nuit est tiède et commence à quitter le sol. Il fait presque jour dans l'eau d'une bassine.


Description du réveil de Mme Jousselin, le lendemain de la découverte de la lettre:

Citation :
Elle s'appuie sur un coude et retrouve intacte la douleur de la veille.[...]
Elle se débat. De force, elle introduit les objets dans le monde de la souffrance et de la dureté pour n'être point isolée dans son mal.[...] Les mots font des trous où la souffrance se précipite, comme la mer quand on creuse le sable.


Description d'une vieille dame faisant face à Jousselin dans un train:

Citation :
Depuis longtemps la veuve s'est rassise, a fini son dernier sandwich, pensé au prix des choses et sorti plusieurs fois le permis de conduire de son mari pour se rappeler la bonne vie.


Lors d'un autre voyage en train, alors que Jousselin regarde par la fenêtre:

Citation :
Le paysage recule, s'en va derrière le train recomposer sa vraie figure.[...] Le train rejette les banlieues vers Paris.
5533
Que d'images condensées! Ca a l'air excellent!

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

5534
Oui, bien poétique
5535
Citation de -Livingroom- :
J'ai terminé "un Noël de Maigret". Qu'est-ce que j'aime Simenon, j'adore voyager dans ces époques où tout parait sombre, ou ça boit trop et ou la fumée de la pipe brouille la vue... Y a pas à tordre, c'est mieux que les séries télé :bravo:

Et aussi ces galeries de personnages avec leur personnalité et leur histoire, ainsi que le lieu de l'action qui est souvent inhabituel pour un polar.

Ce sont vraiment de beaux romans, et pas du tout de la littérature de genre. J'adore aussi :bravo:
5536
quelques lectures récentes que je vous livre...

un peu de poésie avec Hardellet que j'ai redécouvert avec "Les Chasseurs".. il y a un rythme chez lui, et des images simples qui font mouche chez moi...c'est pas racoleur, ni affecté, ni virtuose. Ce sont majoritairement de toute petites histoires de deux pages...c'est bien.
RO90078265.jpg



Découvert un poète suédois, Harry Martinson (visiblement Nobel dans les années 70 partagé avec d'autres, et encore très connu en Suède).
Le livre des cent poèmes (piochés dans ses recueils). C'est plus classique, ça se lit très bien. Il a vécu en marin, puis en vagabond et est mort dans une misère sordide.
Des poèmes très courts, qui racontent très bien la vie de marin, les tempêtes, mais aussi la nature. Me semblent bien traduits.
martinson.jpg



sinon, en roman, un Rezvani "Le vol du Feu"
On suit de façon un peu décousue, dans les 50's, des histoires qui se rejoignent de plusieurs personnages dans le massif des maures..la vie misérable et assez violente, de fausses communautés réunies un peu par la force des choses, au milieu de bûcherons et journaliers italiens et espagnols...c'est poisseux, dense et au final assez chiant, il faut dire..
CVT_Feu_9534.jpeg
5537
Les temps sont pas tres joyeux et si vous cliquez sur le lien de ma signature, vous aurez pour mes dernieres histoires quelques moments un peu sombres...

Je viens de lire les contes de Diderot,
c'est moins brillant que Le neveu de Rameau ou Jacques le fataliste et son maitre, que je trouve geniaux,
mais quand meme c'est pas mal, et le Supplement au voyage de Bougainville m'a plu. :bravo:

[ Dernière édition du message le 04/04/2017 à 18:52:42 ]

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Jacques le fataliste, excellent ! On dirait que ça a inspiré les créateurs d'une célèbre bd, pour l'esprit.




5539

Essentiel Jacques le Fataliste, si je ne devais en retenir qu'un seul ce serait celui ci de loin !

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier

5540
Je suis en train de lire "Mémoires d'un paysan bas-breton" de Jean-Marie Déguignet.

Difficile de mieux résumer que ce qu'écrit la page Wikipedia qui lui est consacrée. C'est l'autobiographie d'un type né en 1834 dans une famille (très) pauvre de la région de Quimper. Après une jeunesse rurale où il se montre plutôt brillant, il s'engage dans l'armée
Citation :
Il y restera 14 ans, participant à la guerre de Crimée, à la campagne d'Italie, à la soumission de la Kabylie en Algérie, ainsi qu'à l'expédition du Mexique. Lors de ces campagnes il eut le loisir d'apprendre l'italien et l'espagnol. Il y perfectionna aussi son français, lisant tout ce qu'il pouvait et recherchant le contact de toute personne cultivée. C'est à cette époque que se mirent en place ses idées républicaines et violemment anticléricales.


Je vous met quelques autres citations de la page WP pour vous mettre en bouche
Citation :
Déguignet doit être reconnu comme un véritable écrivain : certes, comme Casanova, autre auteur d'une Histoire de ma vie, son français est parfois hasardeux (plein de bretonnismes), mais il écrivait avec passion et talent, dans un style truculent et ironique: au terme d'une destinée aventureuse et parfois difficile, il avait beaucoup à raconter, ce qu'il a fait avec un humour teinté d'indignation, de provocation, mais aussi de curiosité, un amour désintéressé de l'universel et une inimitable sincérité.

Le portrait que Déguignet trace de lui-même nous montre un homme très intelligent voire surdoué, aux fortes convictions républicaines et anticléricales, polyglotte, sans doute habile agriculteur, capable d'entraîner ses égaux ; mais aussi animé par une vision anticonformiste et libertaire qui le mettait en décalage avec la société répressive de son siècle.


Citation :
Accueil critique
« Un livre extraordinaire » (Michel Polac à propos des mémoires de Jean Marie Déguignet)
« Déguignet est aussi bruyant vivant que mort. Sa voix d'imprécateur n'est pas près de s'éteindre » (Étienne de Montety - Figaro Magazine)
« D'aucuns s'étonneront de la violence des propos de Déguignet envers ses propres compatriotes bretons. (...) Pourfendeur du conservatisme, de la routine, sensible aux thèses anarchistes et révolutionnaires, il s'est trouvé en porte à faux par rapport à la société de son temps » (Bernez Rouz, extrait de la préface, éd.pocket, mai 2001, p. 19)


J'en suis à une bonne moitié et je doute que le bouquin finisse la semaine. :bave:

[ Dernière édition du message le 05/04/2017 à 01:29:16 ]