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Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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5921
Citation de kumo :
41GzoZaEjLL._SX210_.jpg
L'homme-boîte
Kobô Abé
Japon 1973

Quatrième de couverture:
Citation :
Cet homme qui a enfoui sa tête et le haut de son corps dans une boîte en carton n'est pas un Diogène cynique réfugié dans un tonneau par mépris de l'humanité.
Tourmenté et solitaire, c'est un anti-héros, un être mythique dont le mal profond est l'impuissance, et pour qui la boîte, à la fois sécurisante et protectrice, est un écran placé entre lui et les autres, destiné à le protéger des contraintes de la société... Ecrit dans une langue dense, drue, dépourvue de sentimentalisme, ce roman a eu un immense succès au Japon, avant d'être traduit dans une quinzaine de langues.


Pas facile de résumer ce livre mais on aura compris qu'il s'agit là d'histoires ayant à voir avec l'homme-boîte au sens général. Un phénomène social imaginé par l'auteur. Il ne s'agit pas d'un récit à proprement parlé, mais de diverses situations plus ou moins liées entre elles. La forme est donc assez irrégulière avec des chapitres narratifs, d'autres constitués de dialogues ou encore d'idées plus ou moins relatives au sujet. C'est quelques fois assez direct mais d'autrefois assez surréaliste, poétique et absurde avec une petite dose d'humour. Il est bien évidemment beaucoup question de voir, d'être vu sans être vu, de cacher son regard et de se cacher du regard des autres mais il y a bien d'autres choses encore. Je dois avouer qu'au début, le côté surréaliste m'a rapidement ennuyé. Mais c'était sans compter sans quelques îlots poétiques vraiment merveilleux qui m'ont poussés à aller jusqu'au bout. Il faut donc saluer la traduction de Suzanne Rosset. C'est donc un roman au charme étrange, qui ne laisse pas indifférent si on accepte de se laisser porter. Moins barré que Rendez-vous secret, mais résolument plus abstrait que La face d'un autre (tous les deux du même auteur). Pour lecteur averti.

Quelques extraits ci-dessous vous permettront j'espère d'apprécier les qualités littéraires de Kobô Abé:

Citation :
Le canon du fusil puis la boîte firent un bruit ressemblant à un bas de pantalon humide secoué avec un manche de parapluie.


Citation :
Depuis ce matin, la pluie ne cesse de tomber, et le ciel sombre de la nuit trace comme une ligne au niveau du sol.


Citation :
Bien qu'on ne puisse y attacher aucun prix, chacun sait que le reflet du verre a une étrange fascination:
sans qu'on s'en rende compte, on est amené à pénétrer un monde où le temps a une autre dimension.


Citation :
Elle avait une démarche bleutée et légère échappant à tous les horizons comme un ciel immense.


Citation :
Ce cou éphémère, pâle et transparent.


Citation :
La blouse blanche de l'infirmière avait pour effet d'arrêter le temps.


Citation :
[...]de légers sourires, sculptés dans un air durci, éphémères et vulnérables
comme si ils avaient été colorés avec un pinceau de lumière.


Citation :
Un phototgraphe...c'est un voyeur...sa spécialité, c'est de percer des trous,
où qu'il soit. Sa nature est bien vile.


Citation :
Mais ce genre de regard est comme si on vous retirait quelque chose au couteau,
comme si on déchirait les vêtements que vous portez.


Citation :
Mais quel genre de chute peut faire un poisson de mer?
Je n'ai jamais entendu parler de la chute d'un poisson !
Un poisson finit toujours par remonter et flotter à la surface de l'eau.
[...]C'est une chute renversée. Oui, une chute dans l'autre sens...une chute à l'envers.
[...]Le faux-poisson a décidé d'attendre. Sa volonté, fût-elle teintée du bleu de l'océan,
finit par pâlir.[...]Il se noya dans l'air et mouru.


Citation :
Oui...la regarder nue, et la dépouiller encore plus de sa nudité
jusqu'à voir une nudité au-delà de la nudité...


Citation :
C'était une nudité déjà contemplée par quelqu'un d'autre.


Citation :
Une nudité légère comme si elle flottait dans l'eau.


Citation :
Une légère vapeur se glissait à la naissance de la cuisse
dont le devant était doucement effleuré par la brise comme une ombre.


Citation :
Elle avait dû retirer ses sous-vêtements peu de temps avant. Elle les avait enlevés,
les avait enroulés et jetés en boule à ses pieds.[...]
Les petits sous-vêtements noirs étendaient leurs pattes comme une araignée morte.


Citation :
Tous mes muscles étaient prêts à jaillir comme des étincelles.


Citation :
Écoute...tu es beaucoup plus nue quand tu commences à retirer tes vêtements
que quand tu les as complétements retirés.[...]Une nudité en train de s'accomplir
une action encore plus purement nue que la simple nudité.


Citation :
Elle est dans une position où elle attend d'être contemplée avec intensité.


Citation :
Un noir intense comme un ascenseur qui chute ! Un noir sans fond qu'on pouvait
voir même une fois yeux fermés.


Citation :
En fait, auparavant, j'étais terriblement empoisonné par les nouvelles.
Je me demande si vous pouvez comprendre ce que je veux dire. Je ne pouvais calmer
mon inquiétude si il n'y avait pas constamment des nouvelles fraîches[...]
Pourquoi en quelque sorte, pourquoi tout le monde recherches les nouvelles et les transformations
du monde de cette façon...afin de le connaître à l'avance et d'être prêt en cas d'urgence?
Avant, c'était ainsi que je pensais. Mais c'est une vaste comédie ! Les gens écoutent les nouvelles
pour se tranquilliser. Aussi importante que soit la nouvelle qu'on leur fait entendre,
ils l'écoutent et restent parfaitement vivants. La véritable grande nouvelle, c'est l'annonce
de la fin du monde...je crois que c'est l'ultime nouvelle. Bien entendu, tout le mondre désire l'entendre.
Car l'homme, alors, ne sera pas seul à quitter le monde. Quand j'y pense, mon intoxication
venait de ce que j'avais un ardent désir d'entendre cette ultime émission.


Citation :
Un oeil regarda. Un oeil sans expression qui ne faisait que regarder.
Un oeil insolent qui me forçait à être vu et à ne pas voir.


Citation :
On avait l'impression de caresser le bas d'un oeuf avec une paume
de main enduite de crème de beauté.
[...]
Elle avait l'allure d'un appareil de précision
de petit format qui ne donne pas l'impression de dépenser d'énergie.


Citation :
Elle me donna un léger coup d'oeil...si léger qu'il aurait pu flotter ainsi
une demi-journée dans l'espace.


Citation :
Un slip fin, couleur d'eau, incroyablement petit, mordait dans la chair de ses hanches.
Elle plia légèrement les jambes et mit les paumes de la main le long des flancs,
dans la position de quelqu'un qui va plonger, mais on avait la sensation
de quelque chose de plus comique. Ses mouvements l'un après l'autre, teintés
de lumière et d'obscurité, traçaient des volutes dans l'air, sculptant un univers spécial.
Un sentiment de tristesse s'empara de moi, comme si j'attrapais un rhume.


Citation :
Je n'ai besoin que d'une chose pour sortir de la boîte [...]une paire de pantalons.
Des pantalons...Si seulement j'en avais, je pourrais parcourir le monde !
[...]une société éclairée ressemble à une société-pantalon.


Citation :
Tu regardes en l'air, face au mur, en tendant les oreilles pour entendre les bruits
à travers le plafond. La peur fige l'expression de ton visage comme une couche de vernis
passée au pinceau. Le vernis, vite sec, craquelle ta peau de petites rides comme une crêpe.
Tu es beaucoup trop nerveux. Pourquoi ne peux-tu pas te tenir plus près de la réalité?[...]
Maintenant tu regardes le bord de la plaque épaisse posée sur le bureau: un bleu pur,
privilège du néant qui anéantit toute notion de distance.
Un bleu infini teinté de vert. Couleur dangeureuse qui incite à la fuite.
Tu te noies dans le bleu; ton corps s'y engloutit pour l'éternité.
Tu te souviens du nombre de fois où tu as été tenté.
Le bleu du sillon gonflant l'hélice d'un bateau...
l'eau stagnante d'une mine de soufre abandonnée...
des pelletées bleues de mort-aux-rats comme des bonbons gélatineux...
l'aube violette qui se lève lorsqu'on attend le premier train destination nulle part...
le verre teinté des lunettes d'Amour distribuées par la société d'encouragement au suicide ou,
si tu préfères, par le Club spirituel de l'euthanasie.
Le verre est teinté avec la fine membrane du pâle soleil d'hiver qu'un technicien habile
décolle avec soin. Seuls ceux qui portent ces lunettes peuvent apercevoir la gare de départ
de l'express sans retour.


Citation :
La couleur de la pluie qui enrhume les pauvres...la teinte de l'heure où tombent
les rideaux des passages souterrains...la couleur de la montre donnée en récompense des succès
aux examens et qui a été portée au mont-de-piété...la couleur de la jalousie
jetée sur l'évier en inox de la cuisine...la couleur du premier matin de chômage...
la couleur de l'encre d'une vieille carte d'identité qu'on ne peut plus utiliser...
la couleur du dernier ticket de cinéma acheté par le candidat au suicide...
la couleur du trou rongé pendant des heures par la forte alcalinité
de l'anonymat, de l'hibernation, de l'euthanasie.


Citation :
Peut-être ne me croiras-tu pas, mais tout ce que j'ai écrit jusqu'ici est sans doute le produit
de mon imagination, et pourtant ce n'est pas faux. Un mensonge trompe et t'éloigne de la vérité,
mais l'imagination peut servir de raccourci y conduisant.

Citation :
Un violent désir de gratter ses souvenirs avec ses ongles.


Citation :
Le monde était empli de la douceur éternelle d'un samedi soir.
Il regarda la rue au-delà du champs du miroir , et la rue lui rendit son sourire.


Citation :
Le bruit de la porte qui se ferme était empli d'une profonde compassion.


Citation :
L'efficacité des mots, c'est l'affaire d'une distance de deux à cinq mètres, quand on a conscience de l'autre comme d'une personne différente.


Citation :
Le cadran de la montre s'use inégalement.
L'endroit le plus abîmé,
c'est autour du chiffre huit.
Parce qu'il a été fixé avec des yeux qui abrasent deux fois par jour,
assurément.





Ça nous dit pas s’il la baise à la fin
5922
The-most-beautiful.jpg]

Oui, mais non quoi…

La nana nous raconte sa vie, rencontre Prince à 16 ans, travaille pour lui à 18, se met en couple à 20, se marie à 22.

Bon, je veux bien qu’elle nous fasse croire qu’elle était jeune et naïve, qu’elle a jamais rien vu et pas compris, que les malaises de la star était dû à l’aspirine…

… mais sitôt séparée de Prince, elle se met en couple avec Tommy Lee (oui, le mec des Motley Crue, celui qui niveau poudre fait passer Escobar pour le marchand de sable).

Bref, une belle histoire pour ceux qui veulent y croire.

 Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/

 

5923
Citation :
Ça nous dit pas s’il la baise à la fin


L'homme-boîte fait toujours un carton.
5924
Oui mais l'homme-carton se prend souvent une boîte.;)

--------------------------------------------------------------------------------

L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

5925
928190.jpg
Le Meurtre d'O-Tsuya
Junichirô Tanizaki
Japon 1915

Japon XIXème siècle.
Shinsuke est un jeune commis chez un riche prêteur sur gage.
Ce dernier a une fille, O-Tsuya, jeune également. Le couple
vit son amour en cachette.
Un soir O-Tsuya met a profit l'absence prolongée de ses parents
et mettre à exécution la fugue des amants planifiées depuis quelques temps.
Ils s'en vont.



Trame assez classique du jeune couple séparés par leurs classes sociales
respectives, le poids de la morale et de la société, la nature humaine
dans ce qu'elle a de plus sombre. C'est une nouvelle assez
dense et complète qui vaut bien un roman. Ça ne m'a pas transcendé mais quand même,
il faut reconnaître que Tanizaki maîtrise tous les codes classiques qui rendent le récit efficace
et captivant avec les personnages, les traits de caractères et les situations qui vont bien
une fois le tout balancé dans le shaker. Distrayant.


51sKRdT7uZL._SX301_BO1,204,203,200_.jpg

La Complainte de la Sirène
Japon 1917

Chine du XVIIIème siècle.
Shidao est orphelin, mais il a hérité de l'immense fortune de son père.
Arrivé à l'âge de 25 ans il est blasé par tout ce que son argent peut
lui offrir et sombre dans une espèce de dépression.
Un soir à l'occasion d'une fête populaire qu'il observe depuis son balcon,
il remarque dans la rue un personnage assez mystérieux, aux airs de vagabond.
Un hollandais semble-t-il. Ce dernier ayant également repéré Shidao sur le balcon,
le jeune homme est intrigué et le fait monter dans ses appartements.



On est là dans une trame qui tient du conte et ça marche assez bien je dois dire.
Les principaux protagonistes sont très bien définis.
L'histoire aurait bien pu être inversée géographiquement, avec un vieux
chinois mystérieux débarquant en Hollande.
Certains passages assez poétiques et lyriques sont réellement envoûtants.
Je n'ai pas encore saisi la fin de l'histoire, mais mon imaginaire a été
bien "illustré" par les images proposées. Pas l'histoire de l'année,
mais c'est très maîtrisé et plaisant à lire.


Le Pied de Fumiko

Japon 1919

Tokyo début du XXème siècle.
Unokichi est un jeune étudiant des beaux-arts.
Afin de ne pas se trouver complètement livré à lui-même
il est dirigé vers Tsukakoshi, dit "Le Retraité", un vieux marchand fortuné.
Apparenté à Unikichi, ce dernier ne le connaît que très peu car il a été
mis à l'écart par sa famille pour ses moeurs légères.
Pensez-donc, il a eu plusieurs concubines, et alors qu'il approche
les 60 ans, lui qui est encore fidèle à un art de vie hérité d'Edo,
vient de prendre à son service la belle geisha Fumiko,
âgée d'à peine 16 ans.
Un jour alors que Unokichi lui rend visite, il lui fait une demande a priori
banale: étant étudiant aux beaux-arts et maîtrisant la peinture à l'huile,
pourrait-il faire un portrait de Fumiko?
Ce qui est moins banal, c'est la pose demandée et l'insistance du vieil homme
sur la nécessité que le pied gauche
soit très fidèlement représenté.


Nouvelle étonnante sur la thématique du fétichisme du pied, sujet certainement assez original quand on pense qu'elle a été écrite en 1919. Un long passage sur la description du pied rend le fétichisme très palpable même si l'on n'est pas adepte de la chose, et rien que pour ça la nouvelle est réussie. Le vieux Tsukakoshi est également très attachant.


Dans ses écrits Tanizaki naviguent entre deux pôles: les récits très classiques, au romantisme ostentatoire et les récits un peu bizarres axés sur un érotisme à peine voilé mais ne tombant jamais dans la pornographie.
Lire ça aujourd'hui peut sembler banal, mais je pense qu'à certaines époques aucun auteur japonais
traitaient de ce dont Tanizaki parle dans certaines de ses livres.
Encore en 1956 son livre "La Clef" a fait scandale.

Quelque chose que j'ai particulièrement aimé dans tous ces livres ce sont les références
culturelles (coutumes, habillement, codes sociaux, livres, poètes, peintres et peintures) données soit par l'auteur, soit par les traducteurs.



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