La musique est-elle un langage?
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roman66
4443
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 19 ans
Sujet de la discussion Posté le 03/06/2006 à 17:54:33La musique est-elle un langage?
Après avoir reçu un message me disant que la musique n'était pas un langage, j'aimerais avoir vos opinions, chers Afiens.
Jules Joffrin
22971
Vie après AF ?
Membre depuis 20 ans
2 Posté le 03/06/2006 à 18:00:51
Au sens stict du langage, effectivement non, la musique n'est pas un langage. Je suis plutôt à penser comme Stravinsky, à savoir la musique ne signifie rien.
Ce qui n'empêche nullemeent de créer des émotions. C'est toute sa force.
Ce qui n'empêche nullemeent de créer des émotions. C'est toute sa force.
roman66
4443
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 19 ans
3 Posté le 03/06/2006 à 18:17:41
Citation : > langage
(nom masculin)
Système de signes permettant l'expression et la communication de la pensée.• En général, tout moyen d'expression, de communication, d'instruction au moyen de signes: le langage animal, le langage informatique.• Langue propre à un peuple, à un groupe social.• Manière de parler.• Langage formel: langage qui utilise un ensemble de termes et de règles syntaxiques pour permettre de communiquer sans aucune ambiguïté (par opposition à "langage naturel")
Trouvé sur tv5.org, pas eu le temps d'aller voir l'ami Larousse ou le pote Robert.
Mais d'ici peu je vous trouve ça!
sickfuzz
5142
Je poste, donc je suis
Membre depuis 20 ans
4 Posté le 03/06/2006 à 18:20:08
Citation : sans aucune ambiguïté
un sol mal placé ça peut pretter à confusion
roman66
4443
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 19 ans
5 Posté le 03/06/2006 à 18:31:46
Ça peut aussi mener à se casser la gueule!!!
tibendum
415
Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 19 ans
6 Posté le 03/06/2006 à 18:54:45
En même temps en général tu "communiques" des sensations et des émotions ...
bemol1
2517
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 21 ans
7 Posté le 03/06/2006 à 18:54:59
La musique est-elle un langage?
Si on considère qu'appréhender et communiquer un phénomène mental à l'aide d'une sémiologie sonore peut être qualifié de langage, alors la musique en est un.
Mais si on prétend qu'un langage, pour être ainsi qualifié, doit analyser, organiser, ratifier et représenter d'une manière absolue une pensée qui, de ce fait, deviendrait une, commune et signifiante pour tout interlocuteur éventuel, alors la musique n'est pas un langage.
Cette déclaration qui pourrait paraître infirmante valorise pourtant son objet.
Flash-back: je me suis interrogé sur les premières apparitions du chant dans l'utilisation de la voix et la réponse est contraire à l'évidence, tout en étant conforme à la logique, ce qui déplairait à Boileau mais conforterait Pascal.
Š le chant, ou plutôt l'usage de la voix infléchie, allant de la psalmodie au cri en passant par la mélopée, la mélodie, le lyrisme et l'extase, a certainement précédé le langage parléŠ
Prenons le trajet dans sa chronologie. L'homme est le seul animal qui a su combiner la création du son par le passage de l'air dans la musculation laryngée avec la motricité de la langue et les autres mécaniques faciales que sont l'articulation du maxillaire inférieur et les multiples fonctions labiales.
La morphologie des phonèmes, la graduation de hauteur des sons, la rythmique des onomatopées produisent par leurs compositions une musicalisation de la voix représentative des intentions modulées de la pensée mais ne traduisent pas une signification proprement dite.
Message sans être langage. Ce sont en somme tous les ingrédients de la musique bien avant le verbe.
Déviation: le perfectionnement d'une certaine formulation du son æ dont les critères de précision sont la cinétique "langue-lèvres" et non pas "moule-gorge" æ fait que le signal sonore, stigmatisé par le signal écrit et fidèle à cette signalétique, a progressivement annulé le véhicule musical du langage au profit de sa signifiance.
Cependant tous les caractères musicaux de la voix, c'est-à-dire la variation de hauteur, l'onctuosité, la rugosité, la vitesse, l'amplitude, ont conservé la responsabilité de l'intention avec les subtilités de "l'accrochage" consonne-voyelle.
Mais l'intention ne serait-elle pas le véritable sens ?
La musification resterait la substance de la communication. Ainsi le langage, en venant nommer et concrétiser, se substituerait sournoisement à la source.
Il en est de cela comme des couloirs aériens de l'aviation: le choix de l'altitude, de la direction, de l'heure est déterminant.
Mais voilà, il fallait fixer le code, donc inventer la prononciation et plus tard sa rigidité par l'écriture, faute de quoi le sens était en péril et, peut-être, dois-je le dire, l'intention trop lisible.
C'est donc par le signe que la voix s'est éloignée du chant. Quel besoin est-il de continuer à moduler si le graphisme d'une part et la précision de l'articulation scellée par le "glyphe" d'autre part suffisent au sens: le dessin au détriment de la couleur !
Ah! s'il n'était rouge, le sang ressemblerait à l'eauŠ si elle n'était verte, l'herbe ne serait pas même foinŠ
Ainsi la voix s'est primitivement manifestée par le chant. Et dans l'intention d'accoupler cette contre-évidence la voix n'a peut-être pas été la source première de la musique. Nous admettons médicalement que le mutisme a pour cause la surdité. On en déduit logiquement que l'envie de "faire du bruit" vient de l'avoir entendu.
Si la nature, avec son bruitisme incessant, pervers mais subtil, désordonné mais éloquent, non signifiant mais interrogatif, inonde notre ouïe, celle-ci hérite de son imaginaire implicite et n'a qu'un désir, c'est d'utiliser cette fortune. L'argent sert à acquérir des richesses qui sont tout sauf l'argent.
Alors, si le langage est sorti du chant, l'instrument est sorti du bruit et, comme deux prophètes issus du même village empruntant des directions différentes, ils se retrouvent à l'envers de la terre pour se marier dans ce que nous appelonsŠ musique.
Le folklore est-il de la musique ?
Si on considère que la musique, pour être ainsi qualifiée, doit être constituée d'éléments sonores, identifiables et significatifs, fabriqués par des assemblages de cellules "nomables" afin de parvenir à une communication, alors le folklore est musique.
Mais si on prétend que la musique est une architecture sonore polyphonique obéissant à une volonté de syntaxe qui réunirait les structures de la pensée et celles de la phénoménologie, ayant pour ambition un idéal mouvant parce qu'éloigné, et donc véhiculé par une métamorphose ininterrompue, alors le folklore n'est pas musique.
Cette déclaration qui pourrait paraître infirmante valorise pourtant son objet.
Ethymologie: le latin vulgus donne volk germanique qui donne folk: peuple. Le saxon lore donne lehren, enseigner, connaître. Folklore: savoir populaire.
Encore une fois je vais m'opposer aux idées admises qui décidément sont désinformantes au point de croire que tout ce qui s'admet volontiers est trompeur. L'homme est une excellente proie pour le mensonge !
Mensonge: rêve de l'esprit (défions encore la convention) et non pas contraire à la vérité.
Le folklore n'est pas forcément d'origine vocale. L'animal vertical qui a, par un trait d'habileté de nature spirituelle, libéré de la marche ses membres antérieurs, s'en sert pour jouer, ce qui est, comme chacun sait, la plus mystique des entreprises humaines. Améliorer l'usage manuel, défier la maladresse, multiplier les doigts, interroger les objets et parler avec eux, frotter un boyau dont on varie la longueur, souffler dans un tube dont on bouche les trous, frapper successivement des matériaux de résonances multiples a toujours excité l'imagination.
On peut même penser que les délires du pouvoir vocal, impossibles à se réaliser en lui, se sont expatriés sur les instruments. Admirable ambition qui trouve toujours une embarcation pour quitter le rivage vers les hautes mers !
Remarque: ici interviendrait l'insondable histoire de la psychologie des ethnies dont les facultés industrieuses se sont manifestées dans la facture instrumentale. Ce n'est pas par hasard si la Chine a généré presque simultanément les embryons du violon (rebec), les premières flûtes (suling) et les blocs de bois (mu-yü, "poissons de bois", ou mokugyos japonais) à une époque où la terre était sillonnée partout ailleurs par des guerriers occupés à chevaucher les espaces afin de réduire en esclavage leur prochain.
Ce n'est pas par hasard non plus si l'Afrique a toujours utilisé une lutherie de bouts de ficelles à l'image de sa pauvreté et non pas de son insuffisance (on pourrait me reprocher de le dire ainsi). Disons aussi que la musique en Afrique est l'art des pauvres alors qu'en Asie c'est celui des nantis.
Grossièrement l'Asie est théiste, donc reconnaît et honore le pouvoir d'en haut, alors que l'Afrique est animiste, donc vitalise et dialogue avec les entrailles.
Enfin, sans se montrer partisan, l'Europe a conduit très avant le travail instrumental avec cet acharnement industriel qui fait sa gloire et entamera peut-être sa perte. On meurt sous le poids de ses bijoux !
Dire que le folklore est le musée d'une civilisation est une banalité dont j'aurais honte d'être le rapporteur. Plus intéressant est d'observer que sa manière de changer vient de la distance que l'on prend à partir de lui. L'éloignement du temps et de l'espace est une métamorphose qui affecte autant celui qui demeure que celui qui marche, si tant est que l'on sache dire celui qui bouge.
Ainsi l'intérêt du folklore est tout entier dans la place que l'évolution lui réserve.
L'énergie de résistance, avec laquelle les oeuvres orales, comme celles de bibliothèque qui constituent à très longue échéance un patrimoine populaire (que les créateurs originaux me pardonnent cette intégration), traversent les tempêtes de l'esthétique, ne sera plus qu'anecdotique dans les siècles des siècles.
Le plus passionnant dans les oeuvres de l'esprit n'est-il pas dans l'esprit plutôt que dans l'oeuvre, et ainsi l'oeuvre n'est-elle pas l'inlassable fabrication de cet esprit !
Le langage est-il un folklore ?
Si on considère que parler, c'est échanger pour augmenter notre efficacité en la composant et que ce mécanisme d'origine populaire en conserve le système initial sans chercher à en altérer le procédé, lequel est inventé par une certaine société animale limitée dans l'univers et dans son niveau d'utilisation (même si, de la nécessité de survivre à la spéculation intellectuelle, le chemin est long), alors le langage est un folklore.
Mais si on pense que le verbe est l'outil d'une cinétique mentale qui, quoique partiellement représentée par l'homme, est de nature universelle, alors le langage est plus qu'un folklore.
Ces deux déclarations ne s'infirment pas mutuellement mais valorisent leur objet.
Le rôle du langage étant de véhiculer une chose qui, jusqu'à son expression verbale, n'est pas identifiée, laisse la pensée dans une dépendance et dans une situation d'abstraction probablement incomplète. On pourrait estimer que la pensée n'est elle-même que lorsqu'elle est "dite". La musique est une image cryptique d'un phénomène conceptuel qui n'a pas subi la concoction des mots et elle s'adresse directement à la zone mentale dont elle est issue. Elle est identique à elle-même.
Bien entendu je ne parle pas d'autre chose que d'une musique idéale que les hommes réalisent fragmentairement et souvent imparfaitement mais qui nous permet d'imaginer ce que serait la symphonie universelle.
Puisque je cultive souvent le paradoxe, je pourrais conclure ainsi: les langages, quoique fonctionnant selon des principes similaires (transmission sonore articulée représentative des objets, des mouvements et des abstractions) ont les caractères spécifiques des peuples dont ils émanent, alors que les folklores sont très semblables dans leurs significations essentielles, quelles que soient les parties du monde dont ils sont issus, mais sont articulés selon des principes originaux: probablement parce que le verbe sert les civilisations pour leur "nécessité" alors que la musique des peuples surgit de l'âme humaine et s'y retrouve.
Ce n'est pas aller trop loin que d'affirmer en définitive que le langage est le folklore de la musique.
(Source: IRCAM - Patrice SCIORTINO)
Si on considère qu'appréhender et communiquer un phénomène mental à l'aide d'une sémiologie sonore peut être qualifié de langage, alors la musique en est un.
Mais si on prétend qu'un langage, pour être ainsi qualifié, doit analyser, organiser, ratifier et représenter d'une manière absolue une pensée qui, de ce fait, deviendrait une, commune et signifiante pour tout interlocuteur éventuel, alors la musique n'est pas un langage.
Cette déclaration qui pourrait paraître infirmante valorise pourtant son objet.
Flash-back: je me suis interrogé sur les premières apparitions du chant dans l'utilisation de la voix et la réponse est contraire à l'évidence, tout en étant conforme à la logique, ce qui déplairait à Boileau mais conforterait Pascal.
Š le chant, ou plutôt l'usage de la voix infléchie, allant de la psalmodie au cri en passant par la mélopée, la mélodie, le lyrisme et l'extase, a certainement précédé le langage parléŠ
Prenons le trajet dans sa chronologie. L'homme est le seul animal qui a su combiner la création du son par le passage de l'air dans la musculation laryngée avec la motricité de la langue et les autres mécaniques faciales que sont l'articulation du maxillaire inférieur et les multiples fonctions labiales.
La morphologie des phonèmes, la graduation de hauteur des sons, la rythmique des onomatopées produisent par leurs compositions une musicalisation de la voix représentative des intentions modulées de la pensée mais ne traduisent pas une signification proprement dite.
Message sans être langage. Ce sont en somme tous les ingrédients de la musique bien avant le verbe.
Déviation: le perfectionnement d'une certaine formulation du son æ dont les critères de précision sont la cinétique "langue-lèvres" et non pas "moule-gorge" æ fait que le signal sonore, stigmatisé par le signal écrit et fidèle à cette signalétique, a progressivement annulé le véhicule musical du langage au profit de sa signifiance.
Cependant tous les caractères musicaux de la voix, c'est-à-dire la variation de hauteur, l'onctuosité, la rugosité, la vitesse, l'amplitude, ont conservé la responsabilité de l'intention avec les subtilités de "l'accrochage" consonne-voyelle.
Mais l'intention ne serait-elle pas le véritable sens ?
La musification resterait la substance de la communication. Ainsi le langage, en venant nommer et concrétiser, se substituerait sournoisement à la source.
Il en est de cela comme des couloirs aériens de l'aviation: le choix de l'altitude, de la direction, de l'heure est déterminant.
Mais voilà, il fallait fixer le code, donc inventer la prononciation et plus tard sa rigidité par l'écriture, faute de quoi le sens était en péril et, peut-être, dois-je le dire, l'intention trop lisible.
C'est donc par le signe que la voix s'est éloignée du chant. Quel besoin est-il de continuer à moduler si le graphisme d'une part et la précision de l'articulation scellée par le "glyphe" d'autre part suffisent au sens: le dessin au détriment de la couleur !
Ah! s'il n'était rouge, le sang ressemblerait à l'eauŠ si elle n'était verte, l'herbe ne serait pas même foinŠ
Ainsi la voix s'est primitivement manifestée par le chant. Et dans l'intention d'accoupler cette contre-évidence la voix n'a peut-être pas été la source première de la musique. Nous admettons médicalement que le mutisme a pour cause la surdité. On en déduit logiquement que l'envie de "faire du bruit" vient de l'avoir entendu.
Si la nature, avec son bruitisme incessant, pervers mais subtil, désordonné mais éloquent, non signifiant mais interrogatif, inonde notre ouïe, celle-ci hérite de son imaginaire implicite et n'a qu'un désir, c'est d'utiliser cette fortune. L'argent sert à acquérir des richesses qui sont tout sauf l'argent.
Alors, si le langage est sorti du chant, l'instrument est sorti du bruit et, comme deux prophètes issus du même village empruntant des directions différentes, ils se retrouvent à l'envers de la terre pour se marier dans ce que nous appelonsŠ musique.
Le folklore est-il de la musique ?
Si on considère que la musique, pour être ainsi qualifiée, doit être constituée d'éléments sonores, identifiables et significatifs, fabriqués par des assemblages de cellules "nomables" afin de parvenir à une communication, alors le folklore est musique.
Mais si on prétend que la musique est une architecture sonore polyphonique obéissant à une volonté de syntaxe qui réunirait les structures de la pensée et celles de la phénoménologie, ayant pour ambition un idéal mouvant parce qu'éloigné, et donc véhiculé par une métamorphose ininterrompue, alors le folklore n'est pas musique.
Cette déclaration qui pourrait paraître infirmante valorise pourtant son objet.
Ethymologie: le latin vulgus donne volk germanique qui donne folk: peuple. Le saxon lore donne lehren, enseigner, connaître. Folklore: savoir populaire.
Encore une fois je vais m'opposer aux idées admises qui décidément sont désinformantes au point de croire que tout ce qui s'admet volontiers est trompeur. L'homme est une excellente proie pour le mensonge !
Mensonge: rêve de l'esprit (défions encore la convention) et non pas contraire à la vérité.
Le folklore n'est pas forcément d'origine vocale. L'animal vertical qui a, par un trait d'habileté de nature spirituelle, libéré de la marche ses membres antérieurs, s'en sert pour jouer, ce qui est, comme chacun sait, la plus mystique des entreprises humaines. Améliorer l'usage manuel, défier la maladresse, multiplier les doigts, interroger les objets et parler avec eux, frotter un boyau dont on varie la longueur, souffler dans un tube dont on bouche les trous, frapper successivement des matériaux de résonances multiples a toujours excité l'imagination.
On peut même penser que les délires du pouvoir vocal, impossibles à se réaliser en lui, se sont expatriés sur les instruments. Admirable ambition qui trouve toujours une embarcation pour quitter le rivage vers les hautes mers !
Remarque: ici interviendrait l'insondable histoire de la psychologie des ethnies dont les facultés industrieuses se sont manifestées dans la facture instrumentale. Ce n'est pas par hasard si la Chine a généré presque simultanément les embryons du violon (rebec), les premières flûtes (suling) et les blocs de bois (mu-yü, "poissons de bois", ou mokugyos japonais) à une époque où la terre était sillonnée partout ailleurs par des guerriers occupés à chevaucher les espaces afin de réduire en esclavage leur prochain.
Ce n'est pas par hasard non plus si l'Afrique a toujours utilisé une lutherie de bouts de ficelles à l'image de sa pauvreté et non pas de son insuffisance (on pourrait me reprocher de le dire ainsi). Disons aussi que la musique en Afrique est l'art des pauvres alors qu'en Asie c'est celui des nantis.
Grossièrement l'Asie est théiste, donc reconnaît et honore le pouvoir d'en haut, alors que l'Afrique est animiste, donc vitalise et dialogue avec les entrailles.
Enfin, sans se montrer partisan, l'Europe a conduit très avant le travail instrumental avec cet acharnement industriel qui fait sa gloire et entamera peut-être sa perte. On meurt sous le poids de ses bijoux !
Dire que le folklore est le musée d'une civilisation est une banalité dont j'aurais honte d'être le rapporteur. Plus intéressant est d'observer que sa manière de changer vient de la distance que l'on prend à partir de lui. L'éloignement du temps et de l'espace est une métamorphose qui affecte autant celui qui demeure que celui qui marche, si tant est que l'on sache dire celui qui bouge.
Ainsi l'intérêt du folklore est tout entier dans la place que l'évolution lui réserve.
L'énergie de résistance, avec laquelle les oeuvres orales, comme celles de bibliothèque qui constituent à très longue échéance un patrimoine populaire (que les créateurs originaux me pardonnent cette intégration), traversent les tempêtes de l'esthétique, ne sera plus qu'anecdotique dans les siècles des siècles.
Le plus passionnant dans les oeuvres de l'esprit n'est-il pas dans l'esprit plutôt que dans l'oeuvre, et ainsi l'oeuvre n'est-elle pas l'inlassable fabrication de cet esprit !
Le langage est-il un folklore ?
Si on considère que parler, c'est échanger pour augmenter notre efficacité en la composant et que ce mécanisme d'origine populaire en conserve le système initial sans chercher à en altérer le procédé, lequel est inventé par une certaine société animale limitée dans l'univers et dans son niveau d'utilisation (même si, de la nécessité de survivre à la spéculation intellectuelle, le chemin est long), alors le langage est un folklore.
Mais si on pense que le verbe est l'outil d'une cinétique mentale qui, quoique partiellement représentée par l'homme, est de nature universelle, alors le langage est plus qu'un folklore.
Ces deux déclarations ne s'infirment pas mutuellement mais valorisent leur objet.
Le rôle du langage étant de véhiculer une chose qui, jusqu'à son expression verbale, n'est pas identifiée, laisse la pensée dans une dépendance et dans une situation d'abstraction probablement incomplète. On pourrait estimer que la pensée n'est elle-même que lorsqu'elle est "dite". La musique est une image cryptique d'un phénomène conceptuel qui n'a pas subi la concoction des mots et elle s'adresse directement à la zone mentale dont elle est issue. Elle est identique à elle-même.
Bien entendu je ne parle pas d'autre chose que d'une musique idéale que les hommes réalisent fragmentairement et souvent imparfaitement mais qui nous permet d'imaginer ce que serait la symphonie universelle.
Puisque je cultive souvent le paradoxe, je pourrais conclure ainsi: les langages, quoique fonctionnant selon des principes similaires (transmission sonore articulée représentative des objets, des mouvements et des abstractions) ont les caractères spécifiques des peuples dont ils émanent, alors que les folklores sont très semblables dans leurs significations essentielles, quelles que soient les parties du monde dont ils sont issus, mais sont articulés selon des principes originaux: probablement parce que le verbe sert les civilisations pour leur "nécessité" alors que la musique des peuples surgit de l'âme humaine et s'y retrouve.
Ce n'est pas aller trop loin que d'affirmer en définitive que le langage est le folklore de la musique.
(Source: IRCAM - Patrice SCIORTINO)
tibendum
415
Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 19 ans
8 Posté le 03/06/2006 à 18:58:00
J'ai cru une seconde que t'avais tapé tout ça toi-même ....
bemol1
2517
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 21 ans
9 Posté le 03/06/2006 à 19:00:33
Je suis bien trop con pour pondre ce genre de truc.
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