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Sujet Globe Trotter land

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Sujet de la discussion Globe Trotter land


J'ai pas l'impression qu'un tel topic existe ici...Or au fil des différentes discussions sur AF, je me rends compte que pas mal de gens ont voyagé, ont vécu (même pas longtemps) dans d'autres contrées...que ce soit des voyages de classe, des voyages en famille, des trip solitaires, votre témoignage est le bienvenu!

Evidemment, le but n'est pas ici de se la péter à dire "moi j'ai vu ci, j'ai fait ça" (voyager est une chance et tout le monde en a pas forcément l'occase), mais plutôt essayer de faire partager ce qu'on a ressenti à l'étranger, humainement, socialement, géographiquement, (et musicalement aussi tiens).

Bien sûr, les envies de voyages, les destinations rêvées, etc.. sont également bienvenues!

Ca botte du monde?

 

Un verre à moitié vide est aussi à moitié plein. Un type à moitié intelligent est généralement complètement con

https://soundcloud.com/newcarradio

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1731
Solution des jeux: la cravate, ce bidule grotesque que les connards de banquiers prennent dans les narines les jours venteux, vient de Croatie.
Ce genre de truc faisait partie de l'habit traditionnel.
En Croate, "Croate" se dit Hrvats (on ajoute "ko" au masculin et "ka" au féminin). On prononce le H initial comme le ch allemand dans "ich", et on ajoute après le H un "e" ouvert qu'on n'écrit pas mais qu'on prononce.
Un français normalement doué pour les langues barbares comme ils le sont presque toujours, entend "keurvats", vite francisé en "carvate".
Et comme le fORmage est devenu fROmage, la "cARvate" n'a point tardé à devenir "cRAvate".
Et les connards de porter l'uniforme comme de bons petits soldats de merde qu'ils sont.:-D

Par quelle étrange association d'idées ce truc venu d'europe centrale est devenu un emblème de respectabilité (mes fesses), si quelqu'un sait, ce doit être rigolo et absolument passionnant.
Personnellement je l'ignore.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

[ Dernière édition du message le 17/08/2017 à 18:22:06 ]

1732
Merci pour ton carnet de voyage. :bravo:
Une carte postal suffisait.... :oops2:
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite
1733
:oops2:Qui ne lime eau qu'on sent:oops2:

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

1734
Citation :
Je crois voir à peu près où tu essaies d'en venir avec tes petites interventions


et bien, non pas tant que ça :oops2:.

en fait à lire tes premières interventions, j'ai l'impression qu'elles auraient pu être écrite en lisant un gros bouquin encyclopédique sur un pays exotique, sans avoir besoin d'y aller. Comme dit plus haut, ça manque de petites anecdotes sur lesquelles on peut s'appuyer pour dire beaucoup de choses. Ainsi je préfère largement quand tu racontes le passage en douane et voir des photos de bunker, soit ce qui n'est jamais ou rarement raconté, l'envers du décor.

du coup ça fait des posts trop longs. re:oops2: (comme ça on te l'aura dit 2 fois)

Non je ne mettrai pas de pull

[ Dernière édition du message le 17/08/2017 à 22:25:20 ]

1735
Le début faisait moins récit de voyage, ou alors journalisme gonzo, mais c'était bien aussi. Et la fin aussi. :boire:


J'ai tout lu et j'ai bien aimé. Merci !

[ Dernière édition du message le 18/08/2017 à 00:49:40 ]

1736
Euh, c'est pas terminé. J'ai commencé par des considérations abstraites et générales (appuyées tout de même sur certaines constatations de terrain, aurez-vous la bonté de me concéder), parce que l'ambiance inattendue à peine entré dans le pays m'a immédiatement renvoyé à des choses profondes qui travaillent le monde en général et l'europe en particulier.
Je termine par une galerie de "portraits et choses vues" (ici les amateurs de pittoresque en auront pour leurs sous.:oops2:). A vous de faire le lien rétrospectif avec le pensum du début...
Surtout qu'y en a encore pour quelques bonnes pages (avec des images, bande de drogués...:-D)
(Mais pas ce matin, désolé: je viens de passer une heure sur les schémas et datasheets pour aider un copain à dépanner son vieux Delta.
J'ai levé Fiston.
On file se taper deux heures de bois dans la forêt (la machette c'est pour les tapettes: Nous on travaille à la hache, au merlin et à la tronçonneuse, nan mais 1895038.gif ))

J'avais prévenu, avant de commencer, que le "journal de voyage" avait tourné à "l'essai".
J'ai pas fait exprès.
Il y a de la candeur dans ma rusticité.
Et de la spontanéité.
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Je tâche d'en poster une page cet apm.
Bisous.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

1737
Bon, la forme que tu as choisie, elle me convient parfaitement et s'il y a des longueurs sur des trucs qui me parlent moyen, je zappe et c'est marre. Continue icon_bravo.gif

Sinon, comme Rifki, j'attendais de toi plus d'anecdotes perso, comme le traitement réservé aux sangliers icon_mrgreen.gif

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

1738
Ca va venir...

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

1739
Grandiose, vertigineuse escalade des montagnes sur une route dans un état indescriptible, quoique asphaltée, que l’on regrettera après le col. Aucun parapet, de bonnes moitiés de chaussée emportées par de gros éboulis sur quelquefois vingt mètres, parfois signalisées par trois bêtes fers à béton verticaux, et parfois non. Amusement quand quelquefois, la signalisation blanche toute neuve peinte au sol, qui apparaît quelquefois comme par caprice puis disparaît sans raison apparente, contourne un gros rocher tombé qui encombre la moitié du passage. Ailleurs, de loin en loin, les grosses pierres tombées sur le bitume sont juste laissées là et peintes en blanc, pour éviter qu’on les percute après la tombée de la nuit.

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Après le col dix-sept kilomètres de piste non revêtue, pleine d’ornières énormes ou de rochers inamovibles, et par endroits comme étroitement incrustée, sertie dans la paroi. Là, en calculant presque le placement de chaque tour de roue, il faut croiser souvent les minibus qui desservent la vallée, les vieux et énormes 4x4 des habitants les plus aisés, des Mercédès préhistoriques, des troupeaux avec leurs bergers et leurs mules, et même, on n’en croit pas ses yeux, de petites voitures modernes dont on n’eût jamais supposé qu’elles pussent supporter un traitement pareil, conduites par de jeunes Albanais en vacances, ou de vieux habitants endimanchés…

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Lors de ces croisements quelquefois délicats, qui obligent souvent l’une des deux voitures à manœuvrer à reculons, à l’approche revêches ou parfois inquiétants - gangs de terreurs à barbes, aux yeux noirs, à cinq ou six dans les voitures haletantes- les conducteurs finissent souvent par lâcher un signe de la main, un bref sourire, un hochement de tête aimable.
Le fond de la vallée est occupé par le lit large et blanc d’une rivière de fonte -en plein Juillet, et malgré la chaleur, il reste de la neige sur les hauteurs escarpées- qui en cette saison ne coule que sur un petit quart de sa largeur totale.

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Et là, surprise en forme de désillusion : Au milieu de ce cadre grandiose, quasiment vierge, juste au bord de cette eau d’une pureté surnaturelle, alors qu’on attend de découvrir le village au détour d’un virage, cette localité représentée par un point sur la carte se révèle être un assemblage incompréhensible de maisons, de ruines, de friches, de constructions en béton plus ou moins achevées, de projets audacieux avortés à une époque mal définie, de champs et de jardinets cultivés… Tout ceci au milieu de sacs d’immondices éventrés, de déchets de plastique à la pelle, de vêtements souillés abandonnés que semblent paître bêtement les vaches maigres en liberté.
On y regarde à trois ou quatre fois pour savoir si telle ou telle ruine est toujours habitée, au moins partiellement, et c’est souvent le cas.

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On suit un panneau indiquant le « qendër » (centre) sur cette rue principale qui n’est que le prolongement défoncé de la piste, mais il n’y a pas de centre. Une école, dont on apprend qu’elle ne fonctionne qu’un mois par an, en Septembre, avant que les enfants ne redescendent en ville, chassés par les hivers terribles. Un petit dispensaire, appelé « hôpital », composé d’une pièce unique, propre et semblant fonctionnelle.
Une stèle étrange en pleine friche, entre la route et la rivière, toute blanche et ornée d’un joli bas-relief un rien naïf représentant deux femmes drapées dans des volutes de tissus harmonieusement agencées, porte, outre des mots indéchiffrables en Albanais, le mot AMERICAN. Mystère…
Du côté gauche de la « route » en allant vers le « centre », chaque ferme ou presque s’intitule « Guest-House » et fait café-resto dans une partie des bâtiments fraîchement retapée dans un style indéfinissable, très variable selon l’établissement, probablement laissé totalement à la fantaisie du propriétaire-constructeur.

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Souvent, juste derrière, l’étable, la porcherie, où les jardins où plusieurs cultures - maïs, pommes de terre, haricots, potirons et courgettes - sont astucieusement mélangées et couvrent entièrement le sol.
N’ayant pas trouvé de centre à l’agglomération, au-delà de l’école on poursuit le chemin. Les fermes-Guest-Houses continuent de s’égrener sans ordre apparent - La friche fait partie de l’ordre sur le plateau : Elle signale traditionnellement les terres de celui qui a « repris le Sang », c’est-à-dire vengé un mort au prix d’une autre vie fauchée dans la famille ennemie. Celui-là est soit mort à son tour, soit enfermé dans une tour de claustration, pour échapper à la vengeance qui s’ensuit. Ses terres sont en friche. Il y restera jusqu’à ce que mort s’ensuive, à moins que la « Besa » (pardon conventionnel, offre contractuelle de réconciliation, qui intervient rarement tant le tarif en est astronomique) ne lui permette de sortir, parfois après plusieurs années de claustration dans une obscurité presque totale - on dit qu’alors ses yeux resteront à jamais incapables de se réhabituer à la lumière.
La friche fait partie de l’ordre, elle témoigne d’une histoire, d’un état. Nos yeux habitués à l’ordre et à l’occupation des sols ne la comprennent pas ; la voient comme un désordre.
Ceci dit le Kanun ne dit rien des ordures ce me semble - insouciance traditionnellement répandue dans les contrées ayant souffert des délires communistes : La nature n’est rien, ne compte pas, le cœur des hommes ne doit pas s’en trouver affecté, absorbé tout entier par de grands objectifs rationnellement planifiés (demain-on-rase-gratis et tout le fourbi…)

Plus loin, dans la même direction, on arrive à la Tour, celle dont il est question plus haut.
Aujourd’hui, se retrouvant étrangement sur un terrain privé (alors qu’elle est traditionnellement le No Man’s Land par excellence), elle se visite comme curiosité historico-tragico-touristique, au prix d’un droit d’entrée (ridicule) perçu par le propriétaire, d’ailleurs fort sympathique.

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Cela laisse à penser au visiteur naïf qu’on a fait table rase de ces coutumes moyenâgeuses, moralement indéfendables.
Il n’en est rien : A Tiranë (la capitale), tout un secteur du centre-ville sert de refuge aux assassins d’honneur qui ont « repris le Sang » pour apurer une dette datant souvent d’avant le communisme, ou à de jeunes innocents, éventuelles cibles.
L’autorité actuelle, comme toutes les autres auparavant depuis plus de mille ans - à part celle d’Hoxha - ne sait que dire à ce sujet, et laisse faire.
L’intégration européenne n’est pas gagnée !
Au-delà de la tour, un sentier continue. On arrive bientôt à une masure à la toiture végétale, affublée d’une parabole - hiatus extravagant.
Les gens de la Tour sont une famille de la ville, Shkodër, qui vient ici passer l’été et arrondir le revenu annuel grâce au droit de visite, un peu de snack et de boisson.
Ils présentent la chose comme une vieillerie pittoresque, insistant lourdement sur le côté tragique… le père porte l’habit traditionnel, et joue à la demande des airs d’antan à la feuille de frêne. La petite fille de onze ans, qui parle un anglais impeccable, joue pour le visiteur d’une sorte de luth étroit à deux cordes.

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Ils semblent raconter que ces foutaises sont d’un autre temps, bon pour le souvenir uniquement.
En Octobre, avant la neige, ils redescendent tous en ville s’occuper à d’autres métiers…
Mais cependant, juste derrière, de la masure on voit sortir de temps à autre une sorte d’esquimaude noiraude au large visage plat légèrement concave, aux yeux fixes et noirs, allant pieds nus, qui porte l’habit ordinaire (extraordinaire à nos yeux) tous les jours, et mendie un petit quelque chose à ceux qui s’aventurent au-delà de la Tour… malgré la parabole…
Un cheval attelé est rangé près de la maison. Extraordinaire télescopage des temps…
Notons qu’à part les pieds, et cet air suppliant de miséreuse qu’elle est probablement, la dame semble être d’une propreté impeccable. Ses cheveux traditionnellement teints en noir profond empêchent de lui donner un âge…
Sous la falaise, au-dessus de tout ça, un sentier parallèle à la route dessert un ingénieux système de captage de sources qui est utilisé en-dessous pour irriguer les jardins et pour l’alimentation des maisons.
On a surpris, au détour d’un virage, un drôle de grand chien dégingandé et sombre qui a filé furtivement… je crois bien que c’était un loup.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

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