Globe Trotter land
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-Liam-
J'ai pas l'impression qu'un tel topic existe ici...Or au fil des différentes discussions sur AF, je me rends compte que pas mal de gens ont voyagé, ont vécu (même pas longtemps) dans d'autres contrées...que ce soit des voyages de classe, des voyages en famille, des trip solitaires, votre témoignage est le bienvenu!
Evidemment, le but n'est pas ici de se la péter à dire "moi j'ai vu ci, j'ai fait ça" (voyager est une chance et tout le monde en a pas forcément l'occase), mais plutôt essayer de faire partager ce qu'on a ressenti à l'étranger, humainement, socialement, géographiquement, (et musicalement aussi tiens).
Bien sûr, les envies de voyages, les destinations rêvées, etc.. sont également bienvenues!
Ca botte du monde?
Un verre à moitié vide est aussi à moitié plein. Un type à moitié intelligent est généralement complètement con
https://soundcloud.com/newcarradio
oryjen
Quelque chose de l'ordre de la répulsion nous a retenu de faire ces images...
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Lola Tance
aussi sympa que du TexCoco....
edit:crosspost 1740
[ Dernière édition du message le 19/08/2017 à 10:37:29 ]
samy dread
Non je ne mettrai pas de pull
Anonyme
Je n'ai aucune photographie (ma femme non plus) des ordures, pourtant omniprésentes, dont je parle à longueur de page...
Quelque chose de l'ordre de la répulsion nous a retenu de faire ces images...
t'as déjà été en Tunisie ? Perso un truc qui m'avait choqué (j'y avais été quelques mois avant leurs changements politiques, j'ignore totalement si ça a changé depuis sur ce point), c'est l'omniprésence des ordures....
Y en a partout dès lors qu'on sort des zones à touristes. Des champs entiers, sur des dizaines voire des centaines d'hectares, sont totalement et intégralement recouverts de détritus. Je vois même pas comment ça pourrait être enlevé, vu le gigantisme des décharges publiques, qui au final composent 90% de la superficie du pays, la seule région non touchée étant la partie désertique....
[ Dernière édition du message le 19/08/2017 à 11:12:57 ]
Anonyme
Anonyme
Un peu comme le sud de la France ou l'Italie quoi.
J'ai jamais vu aucun champ recouvert intégralement d'ordures en Italie. Par contre niveau ramassage dans certaines villes, c'est pas trop ça...le cas de Naples est inquiétant...
oryjen
Sur une route de montagne en piètre état se frayant un passage sur des pentes abruptes et sèches, entre Nulle-Part et Pas-Grand-Chose, un garçon de dix ans trotte au soleil piquant, portant d’une main un sac en plastique rempli de courgettes, et de l’autre tenant un téléphone portable. Le nez collé dessus, comme tous ses semblables absolument indifférent à quoi que ce soit alentour, il effeuille du pouce des pages virtuelles…
D’où vient-il ? Où va-t-il ? Pas une maison à la ronde…
Dans les montagnes, des barrages titanesques de trois ou quatre cents mètres de hauteur, hérités de l’époque communiste, ferment d’étroites vallées pour constituer d’immenses réserves d’eau qui alimentent, à leur pied, des centrales électriques vieillissantes toutes peintes en jaune pisseux.
Un homme, avec deux mules, parcourt inlassablement un sentier de montagne caillouteux et escarpé par une chaleur infernale. Un lourd chargement de canettes en packs bâchés de blanc est arrimé sur les bâts.
Cet équipage d’un autre âge approvisionne les buvettes le long de cette gorge encaissée que visitent les touristes.
Violetta.
Dans Berat, la-Ville-aux-Mille-Fenêtres, on a laissé la rivière magnifique aux quais ombragés et populeux, et pris à gauche, à pieds, une montée antique, interminable dans la chaleur d’après-midi, sur des pavés lustrés d’usure, luisants et remarquablement glissants, pour visiter l’ancienne citadelle fortifiée.
Selon le schéma albanais désormais familier, et contrairement à beaucoup de vestiges empaillés et vernis que nous avons pu visiter les années précédentes au Portugal, en Crète, les ruines d’un passé supposément glorieux et la décrépitude actuelle de pauvres logements semblent se côtoyer avec malice, avec complicité et bienveillance… on pense à l’habitude antique plus ou moins fantasmée de déposer pour un moment un cadavre sur une table du banquet afin que chacun se rappelle le caractère transitoire de la vie, ainsi que la raison pour laquelle il convient de profiter du temps qui nous est imparti… On pense aussi à ces vieux châtaigniers, par chez nous, qui sont des êtres étranges, à moitié morts et à moitié vivants…
Bien que le bouquin sommaire qui sert de guide ait averti qu’il ne fallait pas trop compter trouver un logement derrière les remparts, une fois passée la porte fortifiée, on a erré dans les ruelles et demandé ici et là, tout en visitant le site où s’empilent à la diable les traces plus ou moins conservées de diverses époques, de diverses cultures.
Un peu partout, des autochtones affirment complaisamment une activité hôtelière improvisée à l’aide de grandes lettres mal écrites à la peinture à même le mur (les plus raffinés écrivent sur une planche) près de l’entrée : « HOTEL », « GUEST HOUSE », « KAFE », « 8€ » (par personne et par nuit)…
Tout est complet…
On a visité un logement, pour la forme, une dame gentille et accueillante proposant même (au même tarif) un bout de couloir, un coin de canapé branlant précairement rafistolé…
On a bien hésité… on voudrait bien dormir, même assez mal, derrière les remparts : Les gens aimables et amicaux, le calme des ruelles où le temps paraît suspendu à l’orée des jardins soignés ou à demi en friche derrière les vieux murs, les vieilles palissades, semblent nous inviter, malgré la chaleur implacable, à insister encore. On n’a aucune envie de redescendre sur les berges chercher un logement dans un de ces hôtels touristiques incongrus, clinquants de marbres et de dorures au Ripolin…
Au musée Onufri, une dame en noir affairée, mine sévère -sans doute responsable de quelque chose- bien que ne parlant pas l’Anglais, comprend notre recherche et passe plusieurs appels avec son téléphone portable. Elle demande combien nous sommes, combien de nuits… Elle avise le chien, ajoute quelque chose, puis nous fait signe de la suivre.
On traverse la cour du musée, et par une porte dérobée dans un étroit passage, elle nous mène rapidement dans un dédale de ruelles que nous n’avions pas encore exploré.
Ayant tourné un coin, elle s’arrête brusquement devant un grand portail fermé en bois à deux vantaux. A droite, sur le mur peint en blanc, de grandes lettres rouges inégales et hâtives prétendent qu’il s’agit d’un « KAFE ».
La dame frappe, et une jolie grand-mère trapue vient ouvrir. En nous voyant elle semble un peu embarrassée, puis rapidement sourit de manière accueillante.
La dame du musée dit quelques mots rapides, et puis s’éclipse.
On a passé la nuit chez Violetta, dans sa chambre à coucher (son lit) où trônent des photos de mariage et d’enfants, et son salon (nous sommes quatre). Nous ignorons où elle a pu dormir… Violetta ne parle qu’Albanais.
On a compris deux ou trois choses, à propos d’intendance, d’argent, et elle a fait comprendre qu’elle a trois enfants : Un fils au Kosovo, deux filles en Grèce.
On a compris par nous-mêmes, en visitant le pauvre appartement, la salle de bains spartiate ripolinée, le beau petit jardin astucieusement agencé et soigneusement travaillé dans le but évident de fournir un maximum de nourriture, un certain nombre d’autres choses…
Violetta est veuve. Elle survit durement. Malgré sa gentillesse et une certaine timidité, elle négocie âprement le tarif de la nuit et fait grimper les prix en proposant toutes sortes de bricoles que soi-disant elle fabrique : des confitures, du miel, de mystérieux breuvages en fioles minuscules, de petits chaussons et des bonnets de grosse laine lourdement tricotés…
Son intérieur soigné ne cache pas la pauvreté des matériaux, des meubles, et des équipements (pour avoir de l’eau chaude à la douche, elle actionne dans la cour un assemblage précairement bricolé composé d’une vieille pompe électrique bruyante et d’un interrupteur bizarre).
Malgré tout il se dégage de cette maison un charme ancien et amical. C’est un endroit qui a vu des malheurs (Violetta cache mal un fond de profonde tristesse), mais où il fait bon vivre.
Le soir, dans sa table de nuit, on découvre des livres usés: Stefan Zweig, Thomas Mann, et un traité ancien de politique soviétique consacré à Staline…
Violetta vit dans le passé. C’est une intellectuelle, une lettrée. On devine une ancienne vie d’engagement, de convictions… elle a peut-être fait partie de l’intelligentsia du régime communiste… On imagine bêtement un mari exécuté dès la fin de la dictature, peut-être même avant. A moins qu'il n'ait été pris dans les inextricables rets de la Dette de Sang... Ou malade, ou tué sur la route, comme tout le monde...
Comme c’est étrange… Cette dame si gentille… Ce régime tellement réputé pour sa férocité.
C’est si curieux de découvrir des traces de l’usage intime, simple et sincère, de l’abomination…
Une fois de plus, l’abîme s’ouvre devant moi sur les mystères de la conscience humaine… Plus loin, plus tard, à Gjirokastër, nous verrons sur un mur, à la peinture blanche, un appel étranglé au retour du bourreau héroïque : « ENVER ». Je me rappelle aussi deux jeunes Serbes très gentils, Chongor et Djurdjitsa, assez perchés New-Age, rencontrés voici trois ou quatre ans dans un camping perdu en Croatie sur l’île de la magicienne Circé, avec lesquels nous avions eu de longues discussions… Ils avouaient une forte nostalgie pour une époque qu’ils n’avaient pas connue, celle du Maréchal Tito… Il est vrai que la Yougoslavie ("le Royaume des Slaves du Sud"... Ni les Bosniaques, ni les Croates, ni les Albanais ne se reconnaissent d'ascendance Slave), au beau prétexte de "fédération communiste", et aux dires aujourd'hui des "minorités" d'alors (qui étaient la majorité), n'était rien d'autre qu'une sorte de "grande Serbie".
Le lendemain matin, nous avons réglé Violetta (qui a réussi à tirer 50 euros de quatre nuitées à 8 euros chacune, plus trois bricoles), et nous nous sommes embrassés chaleureusement avant de reprendre la route vers le Sud. Elle nous a appris à dire « au revoir » en Albanais ("mirupafshim", à se revoir), et elle a bien voulu poser, avec le beau gilet qu’elle est allée chercher exprès, à la porte de son « établissement ».
Je me rappelle le son de sa voix aiguë et plaintive, et sa façon de secouer la tête de côté d’un air gêné pour dire « oui ».
Plus tard, à Gjirokastër... certains regrettent le tyran...
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 22/08/2017 à 09:47:22 ]
Djardin
CloudBreak, crapule Suisse Londonienne, regarde tes messages privées !
Référence en matière de bon gout capillaire et vestimentaire.
homme à tête de zizi.
oryjen
Pardon?
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Djardin
En attendant, on a vu l'éclipse Totale : le Soleil entièrement bloqué par les nuages.
La prochaine est prévue aujourd'hui.
Et Londres, c'est des polonais, des polonais, des français, des viets, des polonais, des allemands, des espagnols, des pakistanais, des indiens ...
On n'a pas encore croisé de Londoniens.
Référence en matière de bon gout capillaire et vestimentaire.
homme à tête de zizi.
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