Catastrophe annoncée sur le vinyle
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Will Zégal
75040
Will Zégal
Membre depuis 22 ans
Sujet de la discussion Posté le 27/08/2015 à 12:49:56Catastrophe annoncée sur le vinyle
Il y a quelques temps, j'ai lu un article (dont le lien a probablement été posté par un AFien) annonçant une catastrophe en cours ou à venir pour le disque vinyle.
J'ai évoqué ça dans un autre sujet. Les gens m'ont demandé des détails, donc, j'ouvre ce sujet.
Désolé, je ne retrouve pas l'article d'où je tire ces infos, mais il semblait assez bien documenté. Je ne me rappelle même plus si c'était un article en français ou en anglais.
Ça disait en gros :
- le disque vinyle était, ces dernières années, un moyen pour les petits labels et les producteurs indépendants de sortir des nouveautés rapidement (sous une quinzaine de jours) et à coût raisonnable. Le marché était de niche (beaucoup de white labels) : quelques passionnés, certains DJ...
- avec le retour en mode du disque vinyle, les majors, industriels du disque, se jettent sur l'aubaine. Je l'ai moi-même constaté en passant à "l'espace culturel" Leclerc () près de chez moi l'autre jour : il y a désormais un (petit) rayon vinyles avec... tout sauf des nouveautés (Sardou, Johnny, Pink Floyd...)
- après le remplacement du vinyle par le CD, les moyens de production ont massivement disparu. Il n'y a pas eu de renouvellement. Ceux qui restent sont donc des vieux machins.
- il y a surtout un gros problème de compétences : avec la quasi disparition du vinyle à une époque, on a évidemment arrêté de former des gens. Beaucoup sont partis à la retraite et n'ont pas été remplacés. Ça concerne la production des disques elle-même, mais plus particulièrement la maintenance et réparation des machines et la fabrication de pièces et composants.
- pour certaines pièces ou composants essentiels au fonctionnement des machines et à la réalisation de masters, il n'y a plus qu'une personne dans le monde qui ait les compétences. Certains trucs sont fournis par des boîtes d'une ou deux personnes qui ont un monopole de fait parce que tous les concurrents ont disparu.
tout ceci est inquiétant tant pour la maintenance des machines que pour leur pérennité, mais tant que le vinyle était un marché de niche, le système tenait. Avec le retour des majors sur la demande :
- la production est sous pression, tournant à bloc. Les machines aussi > fragilisation
- la production va au plus offrant. Les majors réserveraient carrément des semaines de production à l'avance. Les petits labels et indépendants peuvent aller se rhabiller. Les délais s'allongent considérablement.
Il risque donc d'arriver un moment où
- les moyens de production vont s'effondrer. Déjà, il me semble que l'article parlait de période de pannes de 15 jours sur certaines machines, le temps qu'un technicien compétent qui ne sont plus qu'une poignée dans le monde ne puisse venir. Quinze jour de panne, c'est énorme dans le domaine industriel. Encore plus lorsqu'on est dans un truc à forte demande.
- les indépendants qui faisaient l'essentiel du marché ces dernières années vont devoir totalement tourner le dos à ce support
Bref, l'industrie du disque serait en train de tuer une seconde fois le vinyle.
Si quelqu'un retrouve l'article que j'évoque, merci d'en poster le lien.
J'ai évoqué ça dans un autre sujet. Les gens m'ont demandé des détails, donc, j'ouvre ce sujet.
Désolé, je ne retrouve pas l'article d'où je tire ces infos, mais il semblait assez bien documenté. Je ne me rappelle même plus si c'était un article en français ou en anglais.
Ça disait en gros :
- le disque vinyle était, ces dernières années, un moyen pour les petits labels et les producteurs indépendants de sortir des nouveautés rapidement (sous une quinzaine de jours) et à coût raisonnable. Le marché était de niche (beaucoup de white labels) : quelques passionnés, certains DJ...
- avec le retour en mode du disque vinyle, les majors, industriels du disque, se jettent sur l'aubaine. Je l'ai moi-même constaté en passant à "l'espace culturel" Leclerc () près de chez moi l'autre jour : il y a désormais un (petit) rayon vinyles avec... tout sauf des nouveautés (Sardou, Johnny, Pink Floyd...)
- après le remplacement du vinyle par le CD, les moyens de production ont massivement disparu. Il n'y a pas eu de renouvellement. Ceux qui restent sont donc des vieux machins.
- il y a surtout un gros problème de compétences : avec la quasi disparition du vinyle à une époque, on a évidemment arrêté de former des gens. Beaucoup sont partis à la retraite et n'ont pas été remplacés. Ça concerne la production des disques elle-même, mais plus particulièrement la maintenance et réparation des machines et la fabrication de pièces et composants.
- pour certaines pièces ou composants essentiels au fonctionnement des machines et à la réalisation de masters, il n'y a plus qu'une personne dans le monde qui ait les compétences. Certains trucs sont fournis par des boîtes d'une ou deux personnes qui ont un monopole de fait parce que tous les concurrents ont disparu.
tout ceci est inquiétant tant pour la maintenance des machines que pour leur pérennité, mais tant que le vinyle était un marché de niche, le système tenait. Avec le retour des majors sur la demande :
- la production est sous pression, tournant à bloc. Les machines aussi > fragilisation
- la production va au plus offrant. Les majors réserveraient carrément des semaines de production à l'avance. Les petits labels et indépendants peuvent aller se rhabiller. Les délais s'allongent considérablement.
Il risque donc d'arriver un moment où
- les moyens de production vont s'effondrer. Déjà, il me semble que l'article parlait de période de pannes de 15 jours sur certaines machines, le temps qu'un technicien compétent qui ne sont plus qu'une poignée dans le monde ne puisse venir. Quinze jour de panne, c'est énorme dans le domaine industriel. Encore plus lorsqu'on est dans un truc à forte demande.
- les indépendants qui faisaient l'essentiel du marché ces dernières années vont devoir totalement tourner le dos à ce support
Bref, l'industrie du disque serait en train de tuer une seconde fois le vinyle.
Si quelqu'un retrouve l'article que j'évoque, merci d'en poster le lien.
Will Zégal
75040
Will Zégal
Membre depuis 22 ans
11 Posté le 27/08/2015 à 15:29:01
Citation :
Comment ça "très cher" ? Si il rachète le vinyle original, là oui ce sera cher (et c'est normal vu qu'ils sont rares) mais un CD 6,99 € c'est le même prix qu'en téléchargement.
Je parlais de la vente des CD dans les années 80. Ils étaient alors vendus très chers, trop cher quand il s'agissait de la simple réédition d'un album précédemment sorti en vinyle et quelques fois même pas remasterisé pour le CD.
le reverend
33365
Vie après AF ?
Membre depuis 20 ans
12 Posté le 27/08/2015 à 15:40:49
Si c'est pour de la collection, rien à dire, ça se commande pas (ce sont en quelque sorte des CD-rougnes). En revanche Will
Quant au prix, si c'est une histoire de faire payer sa musique plus chere à l'acheteur sous couvert d' "objet"
- soit la différence de prix se justifie par la matière première et la technique employées, et là je vois pas de plus pour l'artiste, fût-il indépendant
- soit la différence de prix n'est pas entièrement justifiée par des considérations de support, et je peux pas trop souscrire à un artifice qui fait payer l'auditeur plus cher
Ou alors j'ai pas bien compris ce que tu disais
Citation :
ça peut toujours se copier, je l'ai fait avec mes vyniles à moi (avec le plugin adequat ) c'est donc pas très compliqué, c'est juste plus lent.contrairement au mp3, ça ne se copie pas facilement. Et l'acquisition d'un objet manufacturé permet de faire passer auprès de l'acheteur un prix qu'il ne serait pas forcément prêt à mettre dans un produit dématérialisé.
Quant au prix, si c'est une histoire de faire payer sa musique plus chere à l'acheteur sous couvert d' "objet"
- soit la différence de prix se justifie par la matière première et la technique employées, et là je vois pas de plus pour l'artiste, fût-il indépendant
- soit la différence de prix n'est pas entièrement justifiée par des considérations de support, et je peux pas trop souscrire à un artifice qui fait payer l'auditeur plus cher
Ou alors j'ai pas bien compris ce que tu disais
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
Catradora
623
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 9 ans
13 Posté le 27/08/2015 à 15:44:11
Citation de Will :
Citation :Comment ça "très cher" ? Si il rachète le vinyle original, là oui ce sera cher (et c'est normal vu qu'ils sont rares) mais un CD 6,99 € c'est le même prix qu'en téléchargement.
Je parlais de la vente des CD dans les années 80. Ils étaient alors vendus très chers, trop cher quand il s'agissait de la simple réédition d'un album précédemment sorti en vinyle et quelques fois même pas remasterisé pour le CD.
Ah ok (je ne pouvais pas savoir car je n'étais pas né ) !
Citation de le :
ça peut toujours se copier, je l'ai fait avec mes vyniles à moi (avec le plugin adequat ) c'est donc pas très compliqué, c'est juste plus lent.
Oui mais c'est moins précis et on perd de la qualité par rapport au CD, non ?
Will Zégal
75040
Will Zégal
Membre depuis 22 ans
14 Posté le 27/08/2015 à 16:05:48
Certainement. Et on perd l'intérêt de l'objet.
Le reverend : tu as parfaitement compris ce que je disais. Sauf que tu prends un chemin trop rationnel qui ne prend pas en compte l'aspect psychologique.
je vais te faire une analogie : je discutais un jour avec un designer du look déplorablement lourd des Mercedes (surtout à l'époque, vers le milieu des années 90). Le gars m'a expliqué que c'était un choix délibéré : l'image comme le positionnement de Mercedes alors, c'était la solidité. Quand t'as mis autant de pognon dans une voiture sensée être solide comme un tank, il faut qu'elle ait plus l'air d'un tank que d'une danseuse d'opéra, même si un tank est beaucoup moins joli qu'une danseuse d'opéra.
Prenons l'exemple des bouquins : avec le livre numérique, les gens gueulent contre le prix des livres en téléchargement qui sont en gros au même prix que les versions papier.
Ce qui choque les gens, c'est qu'ils pensent qu'un truc dématérialisé devrait être moins cher parce que sa production coûte moins cher. Or, il semble que pour l'instant, la commercialisation d'un livre numérique coûte à peu près la même chose qu'un livre papier. Et de toutes façons, ce qu'on paye, ce n'est pas l'objet, mais le contenu, la création. Pourtant, ça choque moins les gens de payer 20 € un libre papier qu'un livre numérique. Avec un livre papier, les gens possèdent quelque chose. Ils ont beaucoup moins cette sensation avec un truc dématérialisé.
Ce en quoi ils n'ont pas tort non plus : le livre papier, le CD, le vinyle, une fois acheté, il conserve une valeur car tu peux le revendre. T'as déjà essayé de revendre des e-books ou des mp3 ?
Le reverend : tu as parfaitement compris ce que je disais. Sauf que tu prends un chemin trop rationnel qui ne prend pas en compte l'aspect psychologique.
je vais te faire une analogie : je discutais un jour avec un designer du look déplorablement lourd des Mercedes (surtout à l'époque, vers le milieu des années 90). Le gars m'a expliqué que c'était un choix délibéré : l'image comme le positionnement de Mercedes alors, c'était la solidité. Quand t'as mis autant de pognon dans une voiture sensée être solide comme un tank, il faut qu'elle ait plus l'air d'un tank que d'une danseuse d'opéra, même si un tank est beaucoup moins joli qu'une danseuse d'opéra.
Prenons l'exemple des bouquins : avec le livre numérique, les gens gueulent contre le prix des livres en téléchargement qui sont en gros au même prix que les versions papier.
Ce qui choque les gens, c'est qu'ils pensent qu'un truc dématérialisé devrait être moins cher parce que sa production coûte moins cher. Or, il semble que pour l'instant, la commercialisation d'un livre numérique coûte à peu près la même chose qu'un livre papier. Et de toutes façons, ce qu'on paye, ce n'est pas l'objet, mais le contenu, la création. Pourtant, ça choque moins les gens de payer 20 € un libre papier qu'un livre numérique. Avec un livre papier, les gens possèdent quelque chose. Ils ont beaucoup moins cette sensation avec un truc dématérialisé.
Ce en quoi ils n'ont pas tort non plus : le livre papier, le CD, le vinyle, une fois acheté, il conserve une valeur car tu peux le revendre. T'as déjà essayé de revendre des e-books ou des mp3 ?
[ Dernière édition du message le 27/08/2015 à 16:07:47 ]
le reverend
33365
Vie après AF ?
Membre depuis 20 ans
15 Posté le 27/08/2015 à 16:18:29
C'est juste que pendant des années, on nous a seriné avec l'idée que les CD (par exemple) étaient chers parce que ça coutait cher à fabriquer.
Et là aujourd'hui on me dit que ça coute cher même si on n'en fabrique pas. Et vue la proportion du prix de vente qui revient à l'artiste, j'ai pas trop l'impression qu'on paye le contenu artistique en achetant un CD ou sa version dématérialisée aussi chere.
Donc pour moi argument foutage de gueule.
D'accord avec toi sur la marchandise qu'on ne peut plus revendre.
Et là aujourd'hui on me dit que ça coute cher même si on n'en fabrique pas. Et vue la proportion du prix de vente qui revient à l'artiste, j'ai pas trop l'impression qu'on paye le contenu artistique en achetant un CD ou sa version dématérialisée aussi chere.
Donc pour moi argument foutage de gueule.
D'accord avec toi sur la marchandise qu'on ne peut plus revendre.
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
Will Zégal
75040
Will Zégal
Membre depuis 22 ans
16 Posté le 27/08/2015 à 16:23:11
Citation :
C'est juste que pendant des années, on nous a seriné avec l'idée que les CD (par exemple) étaient chers parce que ça coutait cher à fabriquer.
Ce qui était une escroquerie.
Citation :
j'ai pas trop l'impression qu'on paye le contenu artistique en achetant un CD ou sa version dématérialisée aussi chere.
Ça dépend du circuit. Si tu achètes un truc produit ou distribué par une major, effectivement, la portion qui revient à l'artiste est congrue.
Si tu achètes un autoproduit directement auprès de l'artiste ou d'un label indépendant, la part est autrement plus conséquente.
le reverend
33365
Vie après AF ?
Membre depuis 20 ans
17 Posté le 27/08/2015 à 16:26:21
je comprends quand même pas ta peréquation
Si on paye l'artiste un certain pourcentage par morceau, le prix de vente du morceau ne devrait etre augmenté que de la portion "support matériel" du morceau. Rien pour l'artiste là-dedans, sinon pour moi c'est une arnaque.
Mercedes ou pas Mercedes (mais j'aurais mieux compris une métaphore à base d'Audi )
Si on paye l'artiste un certain pourcentage par morceau, le prix de vente du morceau ne devrait etre augmenté que de la portion "support matériel" du morceau. Rien pour l'artiste là-dedans, sinon pour moi c'est une arnaque.
Mercedes ou pas Mercedes (mais j'aurais mieux compris une métaphore à base d'Audi )
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
Will Zégal
75040
Will Zégal
Membre depuis 22 ans
18 Posté le 27/08/2015 à 16:40:19
Récemment, j'ai acheté deux t-shirts que je trouvais assez fun. Je les ai payés 15 € pièce.
Il semblent de qualité médiocre avec un tissus fin et des coutures assez moyennes. Je les comparerais aux t-shirt qu'on achète quelques euros dans certaines chaînes de magasins.
Sauf que je les ai achetés pour leur graphisme. Ils sont faits par une petite boutique indé et vendus dans très peu de magasins. C'est donc une toute petite série.
Pourquoi ai-je accepté de les payer 15 € ?
- parce que j'ai payé pour une création graphique qui ne sera amortie que sur quelques dizaines d'exemplaires et non sur des milliers
- parce que je veux soutenir ces créateurs et que je sais qu'ils ne pourraient économiquement continuer s'ils vendaient leurs produits à quelques euros
C'est pareil pour les white labels.
Il semblent de qualité médiocre avec un tissus fin et des coutures assez moyennes. Je les comparerais aux t-shirt qu'on achète quelques euros dans certaines chaînes de magasins.
Sauf que je les ai achetés pour leur graphisme. Ils sont faits par une petite boutique indé et vendus dans très peu de magasins. C'est donc une toute petite série.
Pourquoi ai-je accepté de les payer 15 € ?
- parce que j'ai payé pour une création graphique qui ne sera amortie que sur quelques dizaines d'exemplaires et non sur des milliers
- parce que je veux soutenir ces créateurs et que je sais qu'ils ne pourraient économiquement continuer s'ils vendaient leurs produits à quelques euros
C'est pareil pour les white labels.
[ Dernière édition du message le 27/08/2015 à 16:40:45 ]
le reverend
33365
Vie après AF ?
Membre depuis 20 ans
19 Posté le 27/08/2015 à 16:56:12
je vois pas bien en quoi soutenir des artistes en achetant plus cher du vynile est plus efficace que soutenir des artistes en achetant plus cher du mp3
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
Catradora
623
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 9 ans
20 Posté le 27/08/2015 à 18:14:45
Citation de le :
je vois pas bien en quoi soutenir des artistes en achetant plus cher du vynile est plus efficace que soutenir des artistes en achetant plus cher du mp3
Dans certains cas c'est le vinyle qui est moins cher que le CD : Amazon - Led Zeppelin IV
Mais c'est vrai qu'ici le mp3 est moins cher.
Cependant, vu que le CD a de plus en plus de mal à se vendre, je trouve bizarre qu'ils prennent des marges importantes dessus. Cela dit il est vrai qu'un CD récent se vend à 15 € alors qu'au bout de quelques mois il n'est plus qu'à 6,99 voire 5,99... A moins que ce soit les enseignes qui prennent leurs marges. Je pense qu'ils profitent du fait que certaines personnes comme moi préfèrent les supports matérialisés.
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Hors sujet :le reverend, on écrit "vinyle" et pas "vynile"
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