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Catastrophe annoncée sur le vinyle

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Sujet de la discussion Catastrophe annoncée sur le vinyle
Il y a quelques temps, j'ai lu un article (dont le lien a probablement été posté par un AFien) annonçant une catastrophe en cours ou à venir pour le disque vinyle.

J'ai évoqué ça dans un autre sujet. Les gens m'ont demandé des détails, donc, j'ouvre ce sujet.

Désolé, je ne retrouve pas l'article d'où je tire ces infos, mais il semblait assez bien documenté. Je ne me rappelle même plus si c'était un article en français ou en anglais.

Ça disait en gros :
- le disque vinyle était, ces dernières années, un moyen pour les petits labels et les producteurs indépendants de sortir des nouveautés rapidement (sous une quinzaine de jours) et à coût raisonnable. Le marché était de niche (beaucoup de white labels) : quelques passionnés, certains DJ...

- avec le retour en mode du disque vinyle, les majors, industriels du disque, se jettent sur l'aubaine. Je l'ai moi-même constaté en passant à "l'espace culturel" Leclerc (:facepalm:) près de chez moi l'autre jour : il y a désormais un (petit) rayon vinyles avec... tout sauf des nouveautés (Sardou, Johnny, Pink Floyd...)

- après le remplacement du vinyle par le CD, les moyens de production ont massivement disparu. Il n'y a pas eu de renouvellement. Ceux qui restent sont donc des vieux machins.

- il y a surtout un gros problème de compétences : avec la quasi disparition du vinyle à une époque, on a évidemment arrêté de former des gens. Beaucoup sont partis à la retraite et n'ont pas été remplacés. Ça concerne la production des disques elle-même, mais plus particulièrement la maintenance et réparation des machines et la fabrication de pièces et composants.

- pour certaines pièces ou composants essentiels au fonctionnement des machines et à la réalisation de masters, il n'y a plus qu'une personne dans le monde qui ait les compétences. Certains trucs sont fournis par des boîtes d'une ou deux personnes qui ont un monopole de fait parce que tous les concurrents ont disparu.

tout ceci est inquiétant tant pour la maintenance des machines que pour leur pérennité, mais tant que le vinyle était un marché de niche, le système tenait. Avec le retour des majors sur la demande :
- la production est sous pression, tournant à bloc. Les machines aussi > fragilisation
- la production va au plus offrant. Les majors réserveraient carrément des semaines de production à l'avance. Les petits labels et indépendants peuvent aller se rhabiller. Les délais s'allongent considérablement.

Il risque donc d'arriver un moment où
- les moyens de production vont s'effondrer. Déjà, il me semble que l'article parlait de période de pannes de 15 jours sur certaines machines, le temps qu'un technicien compétent qui ne sont plus qu'une poignée dans le monde ne puisse venir. Quinze jour de panne, c'est énorme dans le domaine industriel. Encore plus lorsqu'on est dans un truc à forte demande.

- les indépendants qui faisaient l'essentiel du marché ces dernières années vont devoir totalement tourner le dos à ce support

Bref, l'industrie du disque serait en train de tuer une seconde fois le vinyle.

Si quelqu'un retrouve l'article que j'évoque, merci d'en poster le lien. :bravo:
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76
Citation :
Non, la musique n'est pas une affaire de support. Son économie, si. En partie. Il y a tout un écosystème de labels (électronique, reggae) qui pressent des petites séries en vinyle. Ces vinyles sont vendus par des vrais disquaires spécialisés à un petit nombre de fans et d'amateurs qui recherchent ces productions rares, souvent pour les utiliser eux-même pour des remix et des mash up.
Si le vinyle disparaît, ou plutôt est phagocyté par les majors, je ne sais pas comment ce petit marché et ses participants vont évoluer. Peu-être en vendant des CD ? Mais le CD demande d'assez grosses séries pour rentabiliser un pressage : en faire 500 ou 1000 coûte quasiment le même prix.
De la gravure ? Personne ne veut acheter des CD gravés.
Des fichiers audio ? OK, mais adieux les disquaires dont le rôle est notamment de faire découvrir des trucs. Adieu le côté sympa du magasin point de rendez-vous, où on rencontre d'autres passionnés qui nous font aussi découvrir des trucs, etc.

Tout ça pour que des majors se fassent du fric en vendant cher des albums amortis depuis 30 ans à des gens qui suivent un effet de mode et quelques "on dit" débiles sur la qualité audio*, ça fait quand même un peu chier.

* laquelle demande de surcroît des chaînes haut de gamme que n'auront pas 99% des acheteurs.


Ok je comprends mieux, mais ça reste fumeux et les prix que tu annonces sont loin de ce que je vois perso. Le pressage CD coûte depuis longtemps moins cher que le pressage vinyle, tout comme le fret (et c'est facile de comprendre pourquoi). Donc il n'y a pas de raisons qu'il ne remplace pas le vieux support. Encore une fois, si les gens veulent acheter de la musique, et si les disquaires veulent vendre de la musique, ils s'y feront. Si en revanche ils veulent acheter ou vendre un support plus que des oeuvres, ils mourront. No big deal. Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt...

Quant aux disquaires de quartier, il faudrait commencer à les voir pour ce qu'ils sont devenus : des antiquaires spécialisés. C'est important que cela continue à exister mais en terme de relai de la culture underground, ils ont depuis longtemps été remplacé par le web. Ce n'est pas une bonne chose, ni une mauvaise, c'est... tout simplement. Et le devenir des usines de pressage ne changera absolument rien à l'affaire.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 28/08/2015 à 16:27:12 ]

77
Citation :
Dans les studios, est-on encore capable d'enregistrer à l'ancienne des trucs nouveaux, ou ça n'a rien à voir parce que les phases d'enregistrement / mixage / masterisation sont identiques?


sans hésiter : oui.
Disons pour la faire courte que qui peut le plus peut le moins.
Le close miking des Floyd, est d'ailleurs toujours utilisé, et peut l'être facilement même par un petit studio.
Les preamplis très colorés des 70's (je parle pas de ceux des 60's, où là y avait de sérieux problèmes techniques dûs à une technologie ultra datée) sont toujours régulièrement utilisés et toujours chouchous des ingés sons de tous âges, je pense aux Telefunken et consorts.

Après, le problème étant qu'on va attribuer trop d'importance au matos, et qu'utiliser tout le matos des Floyd période 70's n'est en rien garantie d'avoir leur son, qui vient avant tout de la composition des morceaux.
Même chose pour le son du morceau hotel california, amha un des meilleurs sons tous styles et époques confondues : sans cette pulsation lente de type reggae à la batterie (jouée de façon humble) laissant de la place à tout le monde, aucun matos ne pourra donner ce son à la batterie.
(et d'ailleurs le batteur des Eagles voulait le son de Led Zep, leur ingé son lui a dit que c'était pas possible parcequ'il tapait comme une fillette).

[ Dernière édition du message le 28/08/2015 à 16:29:32 ]

78

+1, une affaire de pertinence.

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier

79
Ne penses tu pas qu'on puisse avoir l'effet inverse? Retour du vinyle, les majors ont besoin d'une production fiable, on refabriques des presses et on recrée les emplois que le numérique à fait disparaître.

Hier matin à la radio, j'écoutais un sujet sur la crise de la presse, les kiosques, les imprimeurs etc .. Le numérique à ruiné l'écosystème jusqu'a sa base, l'Huma commence à avoir du mal à payer ses journalistes. C'est dingue ce que le numérique a pu détruire. C'est aussi pour ça que je me raccroche au vinyle comme un dinosaure du 20ème siècle.
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Sinon, le souci de non passation des connaissances de fabrication du vynil qu'évoquait WZ me fait penser à un autre truc ancien, dont la technologie est en train de se perdre : les lampes.
j'ai eu l'occasion d'en discuter avec plusieurs acteurs du milieu, en plus des constatations faites par moi-même, et y a un truc qui est en train de se passer : le haut de gamme devient dur à trouver :
1/ les anciens stocks ne peuvent que décroitre
2/ on sait plus les fabriquer, tout simplement....La technologie s'est perdue, et à un moment donné personne n'a voulu investir pour refaire de vraies lampes haut de gamme (marché de niche + couts ultra élevés de fabrication)....

Bref, là, ça devient de plus en plus dur de trouver des lampes haut de gamme qui le soient vraiment (y a plein de lampes Tesla, Siemens, etc, en circulation, mais la plupart ne sont pas de bonne qualité et donnent souvent des résultats bien trop hétérogènes).

On s'est d'ailleurs demandé si des constructeurs comme TLAudio ou Tubetech ne mettaient pas des lampes d'entrée de gamme genre sovtek pour éviter de placer des lampes différentes les unes des autres, et pouvoir garder une qualité égale d'un modèle à l'autre....
81
Aucun disquaire dans mon quartier, donc pour les pleurer moi, c'est un peu tard.
Et jamais un disquaire ne m'avait fait découvrir quelque chose quand j'étais môme. C'était plutot les potes.
Aujourd'hui, c'est plutot AF (donc les potes, mais pas comme quand j'étais môme)

Pour revenir au sujet de Will, il y a toujours une sorte d'équilibre : quand un truc vient à manquer, il y a alors toujours des petits malins pour se mettre dans le business.
Le business redevient rentable, attire du monde, redevient compétitif parfois en cassant les prix, reperd de son intérêt etc...
Et on recommence

Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique !  :-( :-)

82
Citation :
Ce n'est pas une bonne chose, ni une mauvaise, c'est... tout simplement.

Ça c'est ton point de vue. Mais il y a beaucoup de gens qui regrettent les disquaires qu'il y avait il y a encore une trentaine d'années même dans beaucoup de petits villages. Aujourd'hui pour en trouver un il faut aller dans les grandes villes, sauf que tout le monde (dont moi) ne vit pas dans les grandes villes.
Après avoir lu tes posts il est évident que tu ne trouves aucun intérêt pour le vinyle. C'est ton droit, mais ne dit pas pour autant que ça ne sert à rien, puisque des gens en veulent. C'est ton point de vue, c'est tout.

[ Dernière édition du message le 28/08/2015 à 16:38:21 ]

83
Citation de Storky :
Hier matin à la radio, j'écoutais un sujet sur la crise de la presse, les kiosques, les imprimeurs etc .. Le numérique à ruiné l'écosystème jusqu'a sa base, l'Huma commence à avoir du mal à payer ses journalistes. C'est dingue ce que le numérique a pu détruire. C'est aussi pour ça que je me raccroche au vinyle comme un dinosaure du 20ème siècle.

Si on compare le nombre de gens qui travaillent dans les médias maintenant et il y a 30 ans, je ne suis pas sûr que ça ait baissé. La presse papier baisse, c'est indéniable. La presse internet monte. La TV est passée de 4 à 250 chaines. Ce sont des vases communicants. Le solde en emploi est-il négatif ? Je ne pense pas.
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Il n'y a pas que le vinyle chez le disquaire. Ceux qui ont connu Franck chez Hellion Record à Rouen le regrettent, boutique de gros métalleux, le mec qui connais ses clients "ah tiens j'ai pensé à toi j'ai découvert un truc suédois .." Les mecs ressortaient toujours avec 4 squeuds sous le bras. T'y allait comme tu vas au bar, pour raconter ton dernier live, il y avait une ambiance digne d'une BD de coyote. Bon ben au bout de 10 ans à en chier, il a fini par lâcher. Il n'y a plus de commerçants pour la zique, les virgin ont fermés et les fnac commencent à vendre des aspirateurs. C'est triste, on est comme des cons à cliquer sur amazon et c'est pas moins cher.
85
En fait il faut distinguer 2 utilisations : celle pour les soirées (type reggae et tek notamment) où ce support résiste plus ou moins, et l’utilisation personnelle où il y a un léger regain pour les raisons vues plus haut.

Il y a des raisons objectives au fait que le vinyl perdure pour les gros volumes sonores lors d’écoutes collectives :

Une écoute domestique, et une écoute en sound system (the only good system), ce n’est pas vraiment le même niveau, et tout simplement certains vinyls sont produits pour être écoutés en sound system. Il y a une époque où en jamaique, les mêmes morceaux étaient enregistrés dans 2 studios différents : 1 pour les CD dédiées aux marchés US et européens, et 1 pour les 45T locaux et sound systems. 2 usages, 2 types de productions donc.


Ensuite il est plus facile de régler un gros volume sonore avec des vinyles qu’avec un CD (je parle d’ajustement morceau par morceau, pas de calage global d’un système) sans que le son ne devienne trop pénible pour les oreilles des auditeurs. Là c’est l’expérience personnelle qui parle. Quand on fait du sound system en reggae, on finit bien souvent par aller au limite de son système de son (le groupe ampli – enceintes – salle (si intérieur)). Sur la table on a en général que 3 réglages : bass, mid, high, et selon comment on s'est installé, on peut retoucher aussi aux amplis séparément ou au filtre (control tower !). Et là il s’avère que la matière sonore du vinyl est plus simple à travailler que celle sortant d’un CD. Et je vais plus loin : le 45 T est préférable au 33. Ca permet d’aller plus loin (en fait plus fort). Je dirais que les défauts du vinyl deviennent des avantages (ou que les qualités du CD deviennent des défauts).

Je ne dis pas autant que la technologie numérique est intrinsèquement inférieure, d’ailleurs le vinyle recule aussi dans ces soirées, mais quand c’est du vinyl, c’est en général plus doux et plus moelleux au final que dans une soirée où il y a enchainement de CD.

Pour ceux qui ne sont pas familier de cet univers, on peut voir des gens comme barbes D ou dubmatix par ex. qui jouent leurs musiques en multipiste en direct, ou OBF qui jouent leurs tracks en numérique. Et c’est très bon. Mais c’est des vrais pros. D’autres jouent des musiques simplement achetées et pour ceux qui sont plus que de simples amateurs, ils les remixent à la maison avant de les jouer en sound.


Bon, maintenant on voit des soirées où ça joue du mp3. Autant en domestique ça ne dérange pas, autant passé un certain volume sonore, c’est niet pour moi.


Non je ne mettrai pas de pull

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La perte des connaissance n'est pas réservée au vinyle.

Le fait d'avoir oublier que le maillon producteur, à savoir celui qui maitirse le savoir faire, et souvent en bas plutôt qu'en haut de l'échelle sociale nous a conduit à ça depuis la fin du militantisme politique de gauche socialiste (la vraie) ou d'extrème gauche (parce que la place de l'ouvrier était un pilier de ce militantisme). C'est assez bien expliqué dans le dernier bouquin du Comité Invisible mais la littérature politico-socialo regarge de démonstration de ce genre. Le dénigrement de l'ouvrier a entrainé en simultané une sorte de dénigrement inconscient du savoir faire, augmenté par le transfert des technologies et des usines à la main d'oeuvre moins chère.

Dans mon métier de restaurateur de monument historique, on y est confronté sans cesse. Là, je devais souder un bronze du 13ème siècle avec du cuivre moderne (la soudure, c'est ultra pointu et vraiment pas évident pour que ça dure longtemps, en fonction de chaque métaux), j'ai finit par toruver un soudeur via les monuments nationaux capable de me le faire, ça m'a pris une putain d'année entière, c'est le seul en France avec cette qualité, dans 6 mois il est à la retraite. Je réfléchis carrément à lui proposer de faire une formation à mes gars cet hiver tellement son savoir faire est exceptionnel et peu répandu. En charpente, pareil, ça a commencé après la guerre de 14, tous les charpentier avaient été envoyé pour étayer les tranchées. Aujourd'hui il reste très peu de monde succeptible de reprendre parfaitement comme avant les charpentes normandes par exemple. Etc.

Pour moi la question est vraiment sociale avant d'être technique.

 

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier

[ Dernière édition du message le 28/08/2015 à 17:06:26 ]

87
Citation :
Et après? La mort d'un label, ce n'est pas la mort d'une oeuvre ou d'un artiste : c'est la fermeture d'une structure commerciale avec des chaises, des bureaux et des photocopieuses.

Je trouve que tu as une vision très négative et très dure des labels. Dont le travail, d'ailleurs, pour ceux qui le font bien, ne se limite pas à la commercialisation.

x
Hors sujet :
Pour ce qui est des disquaires, je pense que leur disparition a largement contribué à la crise du disque.
Les bons disquaires connaissaient leurs clients. Comme le disait Storky, quand j'allais chez mon disquaire acheter un disque, je repartais avec 4-5 disques parce que le mec m'avait fait écouter des trucs qui me plaisaient.

Les majors ont préféré vendre moins de références dans les grandes surfaces. Sauf que là, il n'y a personne pour te faire découvrir les trucs. Ça ne servirait à rien d'ailleurs puisqu'il n'y a quasiment rien à découvrir dans les rayons de grandes surfaces qui ne sont remplis que de trucs archi connus.
88
Citation :
Ça c'est ton point de vue. Mais il y a beaucoup de gens qui regrettent les disquaires qu'il y avait il y a encore une trentaine d'années même dans beaucoup de petits villages. Aujourd'hui pour en trouver un il faut aller dans les grandes villes, sauf que tout le monde (dont moi) ne vit pas dans les grandes villes.
Après avoir lu tes posts il est évident que tu ne trouves aucun intérêt pour le vinyle. C'est ton droit, mais ne dit pas pour autant que ça ne sert à rien, puisque des gens en veulent. C'est ton point de vue, c'est tout.


Oui mais non. ;)

Oui, c'est mon point de vue car j'écris rarement pour énoncer le point de vue d'un autre. ;)

Je ne dis pas non plus que le vinyle ne sert à rien : il sert strictement à la même chose que le CD et le MP3, servir de support à une oeuvre ô combien plus intéressante que le support.

Par espièglerie, je soulignerai enfin que ce n'est pas parce que des gens en veulent que cela justifie son existence, l'un des plus facheux travers de notre société étant de justifier toutes les extravagances au nom de l'offre et de la demande, quitte le plus souvent à créer la demande artificiellement.

Toutefois, à chacun ses goûts, ses désirs et sa nostalgie, et je ne prétends en rien savoir ce qui est le mieux pour autrui.

Mais au delà de ça, ce qui m'ennuie dans cette idée de catastrophe liée au vinyle, au label, c'est qu'on tente de donner un sens moral à une banale évolution de l'histoire (en gros, les méchantes maisons de disques vont tuer les labels qui vont tuer les disquaires qui vont tuer les vinyles), comme on a pu vivre comme un scandale à l'époque la fermeture des mines de charbon au profit de l'énergie nucléaire.

Je ne pense pas que les technologies puisse co-exister indéfiniment. Pour faire simple, disons qu'on ne peut pas avoir une voiture et un cheval, une ampoule et une lampe à huile, une montre et un sablier, le plomb et la PAO. C'est comme en linguistique : lorsque deux mots sont des synonymes exacts, l'un finit par disparaître au profit de l'autre. Systématiquement.

Et quand tu dis :

Citation :
Il y a beaucoup de gens qui regrettent les disquaires qu'il y avait il y a encore une trentaine d'années même dans beaucoup de petits villages. Aujourd'hui pour en trouver un il faut aller dans les grandes villes, sauf que tout le monde (dont moi) ne vit pas dans les grandes villes.


Je réponds que le monde d'il y a 30 ans ne peut pas coexister avec le monde actuel. La différence entre les deux ? Internet. Ce n'est pas l'absence de vinyle qui menace les petits disquaires ou des problèmes de coûts de production pour des micros labels, c'est juste le web en général, que ce soit en terme de vente ou de conseil. Et c'est vrai dans quasiment tous les domaines. Où as-tu le plus de chances de croiser un expert en bricolage ? Chez Casto ou sur un forum dédié ? Le conseil que prodiguait le disquaire, il y a 30 ans, c'est aujourd'hui sur des sites spécialisés que tu le trouves. D'ailleurs, quand tu vas chez un disquaire, tu le trouves souvent... en train de surfer sur un site spécialisé...

Et je ne dis pas que c'est pas moins agréable que du vrai contact humain, mais si tu veux ça, alors il faut éteindre le web et Internet dans son entier (dont Audiofanzine) car les deux ne peuvent pas co-exister. Si l'on voulait revenir au cheval, il faudrait arrêter de produire des voitures. Aller dans le sens de la décroissance. Crois moi bien, je trouve ça très bien à plein de niveau la décroissance, même si ça a aussi des inconvénients.

Pour en revenir au vinyl, c'est un support qui sert à la même chose que le MP3/AAC ou le CD. Nous sommes encore dans une période de transition mais à la fin, il n'en restera qu'un de ces trois là et cette survie sera essentiellement due à des raisons pour la plupart objectives : physiques (résistance au temps, qualité audio), économiques (coût et simplicité de production mais aussi de fret, de stockage) et écologiques (matières premières, transport, stockage encore). Voilà : fais des colonnes, mets les plus et les moins de chaque format et vois ce qu'il en est.

Du coup, parler de catastrophe concernant une évidence flagrante me semble un brin déplacé : ce qui va 'tuer' les petits labels spécialisés, ce ne sont pas uniquement les maisons de disques qui engorgent les presseurs, mais c'est aussi le web qui fait que le disquaire n'a plus la même fonction qu'autrefois. Et si lui meurt, le label à vinyle meurt. Bref, même indirectement et au milieu de quantité de sites, Audiofanzine tue autant le label qu'Universal.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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Citation :
Je trouve que tu as une vision très négative et très dure des labels. Dont le travail, d'ailleurs, pour ceux qui le font bien, ne se limite pas à la commercialisation.


Je trouve ça très bien un label, hein, mais faut arrêter de penser que la survie de la musique est liée à celle de l'industrie du disque. La musique existe depuis des millénaires et les structures d'éditions (maison de disque, label, etc.) depuis 60 ans. Il y a eu un gros avant et il y aura un gros après. L'intérêt des labels et des maisons de disque, c'est de savoir monétiser les oeuvres d'art et c'est très utile si on veut qu'un maximum de gens en vivent (c'est un modèle que l'on suit : pourquoi pas). Mais ça n'a rien à voir avec l'Art. La seule chose qui a à voir avec l'Art, c'est l'artiste.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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+1000 sur ces 2 posts. J'ai bien fait d'attendre que quelqu'un écrive à ma place ce que je pense.

Oui, c'est mon point de vue car j'écris rarement pour énoncer le point de vue d'un autre.

Alors apparemment, sur AF, il faudrait préciser, parce que... Je sais pas pourquoi d'ailleurs. Je m'étonne que tu ne sois pas au courant icon_mrgreen.gif

J'arrête après.

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier

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Citation :
Si on compare le nombre de gens qui travaillent dans les médias maintenant et il y a 30 ans, je ne suis pas sûr que ça ait baissé. La presse papier baisse, c'est indéniable. La presse internet monte. La TV est passée de 4 à 250 chaines. Ce sont des vases communicants. Le solde en emploi est-il négatif ? Je ne pense pas.


Disons qu'il y a même plus d'emplois qu'avant mais que c'est plus précaire en terme de revenus comme en terme d'avantages sociaux (une grosse partie des gens qui écrivent sur le web sont des autoentrepreneurs, avec tout ce que cela implique en terme de droits). C'est comme les sociétaires SACEM : plus ça va, plus ils sont nombreux, mais plus ils touchent des sommes dérisoires.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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Je dirai aussi que les médias emploient plus de monde moins bien qu'avant. Après les médias d'aujourd'hui sont beaucoup plus diversifié que maintenant et je comprendrais jamais qu'on paie quelqu'un pour animer une page facebook bateau en faisant 1 copier coller de lien populaire sans grand intérêt ou autre quizz censé nous rendre riche...

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier

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Quand on vends du mp3 ça passe direct du studio à un serveur, je pense que oui, ça fait moins d'emplois.
Citation :
La seule chose qui a à voir avec l'Art, c'est l'artiste.

On a quand même vu des artistes raccrocher leurs instruments pour retourner à l'usine, fatigués de bouffer de la vache enragée. Je te parle de groupes qui tiennent la route, qu'on vois dans les festoches qui sont appréciés mais qui ne touchent pas un public assez large. L'artiste c'est un artisan, il faut qu'il puisse faire tourner la boutique.
94
Citation :
Pour moi la question est vraiment sociale avant d'être technique.


Exactement. Je ne veux présager d'aucune réponse, mais je suis toujours étonné que personne ne pose des questions à rebrousse poil que ce soit concernant la musique ou la culture en général. Il semble en effet acquis qu'il faut lutter contre toute disparition du patrimoine, et qu'il faille par ailleurs encourager la production culturelle à outrance.

Il serait établi qu'il faille toujours plus d'art, d'oeuvres, de disques, de livres, d'expos et pas une personne ne semble remarquer que nous suivons exactement la mécanique qui a conduit à la crise de 29. Et que cette surproduction n'est pas un choix social fait par la communauté ou ses élites, mais bien le fait d'entreprises désireuses de croître. Chaque jour, on publie des centaines de bouquins qu'on va archiver à la BNF. Sur ces centaines, la plupart n'auront pas plus d'une poignée de lecteurs (et sans doute même aucun lecteur). Pourquoi ? Quel intérêt ? Parce ce qu'on peut le faire ?

Le problème, c'est que cette surproduction conduit à une forme de bruit dont ne s'élève plus aucun message distinct, et on en arrive à devoir utiliser des outils de feedback (les réseaux sociaux notamment qui, en outre, ne sont pas objectifs) pour faire émerger des choses.

Alors là-dedans, la disparition d'un label...

Ce que je veux dire, c'est que s'il ne fait aucun doute pour moi que tout le monde devrait s'intéresser à l'art, et se confronter à la création artistiques, il n'est pas si évident qu'il faille pour autant que tout le monde produise une oeuvre et la diffuse. Si Charles Baudelaire publiait les Fleurs du Mal qui ont révolutionné la littérature en 1857, je ne suis pas qu'il y aurait quelqu'un pour remarquer son oeuvre entre les mémoires de Jean Roucas, le dernier roman d'Ana Gavalda et les 1000 autres conneries qui paraitraient la même semaine.

Encore une fois, j'ai beau être un fervent partisan de l'art par et pour tous, il ne me semble pas du tout évident que la disparition d'un label soit une catastrophe.

x
Hors sujet :

Citation :
On a quand même vu des artistes raccrocher leurs instruments pour retourner à l'usine, fatigués de bouffer de la vache enragée. Je te parle de groupes qui tiennent la route, qu'on vois dans les festoches qui sont appréciés mais qui ne touchent pas un public assez large. L'artiste c'est un artisan, il faut qu'il puisse faire tourner la boutique.


Je ne vais pas me faire d'ami en disant ça, mais "et alors ?". Un artiste fait de l'art parce qu'il ne sait pas ne pas le faire. Qu'il gagne sa vie avec ou non, il continuera de créer, sans relâche, persuadé que c'est la prochaine note, la prochaine phrase ou le prochain trait qui sera le bon.

Si c'est un artisan, alors ce n'est pas un artiste et il n'y avait pas grand chose à en attendre de toutes façons.

Note que ça ne me dérange pas qu'un artiste gagne sa vie avec son art, je trouve même ça très bien pour lui, mais ce sont deux choses qui n'ont rien à voir. On n'est pas artiste parce qu'on peut en vivre. Et si on arrête de l'être à cause de cela, alors c'est qu'on était pas artiste du tout et qu'il y a eu méprise. Artiste n'est certainement pas un métier à la base, c'est une fonction autant qu'un état.

D'ailleurs, si l'on excepte ces 60 dernières années où l'Art est devenu un bien de consommation comme de spéculation et où l'Artiste est devenu un modèle social comme le footballeur (quand on pense que Platon voulait le bannir de la Cité...), la plupart des grands artistes avaient un métier pour les faire vivre en marge duquel il créaient : certains étaient journalistes, d'autres profs d'anglais, d'autres encore avocats, précepteurs ou rentiers...

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 28/08/2015 à 18:47:04 ]

95
Bon, Los Teignos, je crois qu'on s'est mal compris. Moi j'écoute des vinyles parce que j'aime ça, toi apparemment tu préfères la musique dématérialisée, il n'y a pas de problème. Je respecte tes goûts, mais ça ne fait pas de moi un arriéré d'il y a 30 ans (époque à laquelle je n'étais même pas né :-D). C'est bien la preuve que les deux peuvent cohabiter, je ne vois pas pourquoi ça ne pourrait pas.
96
j'ai pas vu écrit le contraire

Le désaccord porte sur le fait qu'il y aurait catastrophe (ou pas)

Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique !  :-( :-)

[ Dernière édition du message le 28/08/2015 à 19:18:15 ]

97
Oui en fait si je comprend bien Los Teignos ce n'est pas le support physique ou non de la musique qui ne te plaît pas, c'est plutôt tout le système de labels et maisons de disque c'est ça ?

[ Dernière édition du message le 28/08/2015 à 19:35:36 ]

98
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite

Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique !  :-( :-)

99
Citation de le :
j'ai pas vu écrit le contraire

Citation de le :
On doit pas lire les même trucs faut croire...
icon_facepalm.gif


Pour répondre à ça :

Citation de matm85 :
Je respecte tes goûts, mais ça ne fait pas de moi un arriéré d'il y a 30 ans (époque à laquelle je n'étais même pas né :-D ).


Je voulais parler de ceci :

Citation de Los :
Je réponds que le monde d'il y a 30 ans ne peut pas coexister avec le monde actuel.

Citation de Los :
Je ne pense pas que les technologies puisse co-exister indéfiniment. Pour faire simple, disons qu'on ne peut pas avoir une voiture et un cheval, une ampoule et une lampe à huile, une montre et un sablier, le plomb et la PAO. C'est comme en linguistique : lorsque deux mots sont des synonymes exacts, l'un finit par disparaître au profit de l'autre. Systématiquement.

Voilà, en espérant qu'on lit les mêmes choses maintenant.


Enfin Los Teignos j'insiste sur le fait qu'écouter un vinyle ne signifie pas vivre comme autrefois.
D'ailleurs maintenant lorsqu'on achète un vinyle il est souvent possible d'avoir la version dématérialisée gratuitement avec, et pour le CD, on en parle même pas car on peut le riper. Donc, si, les deux peuvent cohabiter.
Et même si ce n'était pas le cas, comment expliques-tu que beaucoup de gens écoutent encore des vinyles ? Ce n'est pas pour ça qu'ils utilisent des lampes à huile et des sabliers.
Tu as parlé des chevaux, et bien c'est un joli exemple : un grand nombre de personnes font de l'équitation et pourtant vivent quand même au 21ème siècle. Pourquoi ? On peut très bien se déplacer en voiture ! Eh bien oui, mais ces gens là prennent plaisir à monter à cheval, et il n'y a pas de mal à ça.

[ Dernière édition du message le 28/08/2015 à 20:25:19 ]

100
Quand on vends du mp3 ça passe direct du studio à un serveur, je pense que oui, ça fait moins d'emplois.

Mouais, la question de l'emploi sans évoquer le partage du travail aujourd'hui, c'est pas hyper pertinent car dans la société actuel, le but c'est de diminuer l'emploi...

je suis toujours étonné que personne ne pose des questions à rebrousse poil que ce soit concernant la musique ou la culture en général

Serait-ce parce que ça met face à ses propres contradictions et que la plupart des gens qui n'ont pas d'autres soucis que de savoir quels films ils vont choisir prennent ça très mal ?

Par contre la ça glisse vers "touche pas au vinyl c'est le mieux", un débat d'un profond ennui amha.

beaucoup de gens écoutent encore des vinyles ?

C'est faux, ils ne sont pas beaucoup, et une partie de ceux-ci le font par opportunité et nostalgie (les disques et le matos de papa) et ne s'achèterai pas de platines ou de vinyle si ils n'en avaient pas. Et encore, moi j'ai la collection de vinyle familiale et la platine et j'en écoute jamais, je dois pas être le seul. Le revival qui dure finalement depuis quelques années (je me rappelle en 2005 déjà, des groupes modernes commençaient à ressortir des vinyles et j'en achetais encore) n'est pas sinonyme de très grand nombre de consomateurs, en tout cas j'ai pas du tout cette impression.

Le débat n'a rien à voir avec aimer le vinyle ou pas, et même si des gens aiment le vinyle il est voué à disparaitre à cause du phénomène social que décris teignos, et aussi simplement parce que, le vinyle, c'est du putaind de plastique dégueulasse, et que ça en 2015, ça n'a aucun sens, enfin, si on veut espérer que demain soit un poil mieux qu'aujourd'hui, dans le cas contraire, c'est comme le diesel, c'est trop cool. Tout les constats de ce type s'ajoute et rende le truc totalement moins pertinent que le reste.

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier