Catastrophe annoncée sur le vinyle
- 376 réponses
- 42 participants
- 21 121 vues
- 44 followers
Will Zégal
J'ai évoqué ça dans un autre sujet. Les gens m'ont demandé des détails, donc, j'ouvre ce sujet.
Désolé, je ne retrouve pas l'article d'où je tire ces infos, mais il semblait assez bien documenté. Je ne me rappelle même plus si c'était un article en français ou en anglais.
Ça disait en gros :
- le disque vinyle était, ces dernières années, un moyen pour les petits labels et les producteurs indépendants de sortir des nouveautés rapidement (sous une quinzaine de jours) et à coût raisonnable. Le marché était de niche (beaucoup de white labels) : quelques passionnés, certains DJ...
- avec le retour en mode du disque vinyle, les majors, industriels du disque, se jettent sur l'aubaine. Je l'ai moi-même constaté en passant à "l'espace culturel" Leclerc (
- après le remplacement du vinyle par le CD, les moyens de production ont massivement disparu. Il n'y a pas eu de renouvellement. Ceux qui restent sont donc des vieux machins.
- il y a surtout un gros problème de compétences : avec la quasi disparition du vinyle à une époque, on a évidemment arrêté de former des gens. Beaucoup sont partis à la retraite et n'ont pas été remplacés. Ça concerne la production des disques elle-même, mais plus particulièrement la maintenance et réparation des machines et la fabrication de pièces et composants.
- pour certaines pièces ou composants essentiels au fonctionnement des machines et à la réalisation de masters, il n'y a plus qu'une personne dans le monde qui ait les compétences. Certains trucs sont fournis par des boîtes d'une ou deux personnes qui ont un monopole de fait parce que tous les concurrents ont disparu.
tout ceci est inquiétant tant pour la maintenance des machines que pour leur pérennité, mais tant que le vinyle était un marché de niche, le système tenait. Avec le retour des majors sur la demande :
- la production est sous pression, tournant à bloc. Les machines aussi > fragilisation
- la production va au plus offrant. Les majors réserveraient carrément des semaines de production à l'avance. Les petits labels et indépendants peuvent aller se rhabiller. Les délais s'allongent considérablement.
Il risque donc d'arriver un moment où
- les moyens de production vont s'effondrer. Déjà, il me semble que l'article parlait de période de pannes de 15 jours sur certaines machines, le temps qu'un technicien compétent qui ne sont plus qu'une poignée dans le monde ne puisse venir. Quinze jour de panne, c'est énorme dans le domaine industriel. Encore plus lorsqu'on est dans un truc à forte demande.
- les indépendants qui faisaient l'essentiel du marché ces dernières années vont devoir totalement tourner le dos à ce support
Bref, l'industrie du disque serait en train de tuer une seconde fois le vinyle.
Si quelqu'un retrouve l'article que j'évoque, merci d'en poster le lien.
Anonyme
Will Zégal
Ca t'échappe vraiment que de moyen de transport le cheval soit devenu un moyen de loisir, un sport et une viande que des gens consomment ou bien t'es juste le mec du pub capable de la plus grande mauvaise foi ?
Toi, ça me ferait plaisir que tu lises ce que j'ai écrit au lieu de chercher n'importe quelle occasion de me rentrer dans le lard. Et je le dis très sérieusement.
Où ai-je dit que le cheval était un moyen de transport ? J'ai juste dit que ce n'est pas parce que le cheval est obsolète comme moyen de transport qu'il est obsolète tout court.
Le cheval est donc devenu, non pas un moyen de transport, mais un loisir,
Je n'ai pas dit le contraire.
Mais ça veut dire que si une chose n'a plus de raison utilitaire, elle n'a pas plus de raison d'être ? Intéressant.
Au passage, on peut rappeler que le cheval conserve un fonction utilitaire. On s'est aperçu que pour l'exploitation forestière et l'entretien des forêts, il était souvent plus pratique, moins coûteux et bien moins ravageur pour les sols que les si modernes bulldozers. Le cheval est aussi de plus en plus réutilisé en maintien de l'ordre dans les grands rassemblements.
Citation :Le cheval est donc devenu, non pas un moyen de transport, mais un loisir, et un loisir très élitiste qui ne concerne pas plus d'1 % de la population française
La Fédération Française d'équitation compte 600 000 licenciés (Fédé de tennis de table : 200 000). Ça la place au troisième rang des fédérations de sport en France, derrière le tennis, autre sport élitiste et évidemment le foot.
Ceci ne recoupe évidemment pas tous les pratiquants puisqu'il ne faut pas de licence pour aller faire une balade organisée et que ça ne compte pas les propriétaires directs qui montent leurs chevaux hors club. Et tous les gens gens que je connais qui font du cheval et sont très loin d'être dans des milieux socio-économiques qu'on pourrait qualifier "d'élitistes".
Mais c'est pas le sujet ici. Et je rappelle que je ne défend absolument pas le vinyle dont je n'ai personnellement que foutre et que je n'ai à aucun moment défendu dans ce sujet.
Par contre, je maintiens le terme de catastrophe, y compris dans la définition rappelée par Los Teignos. Je rappelle que le titre du sujet est "catastrophe annoncée sur le vinyle", pas "catastrophe annoncée sur la société" ou "catastrophe annoncée sur la vie sur terre".
Et non, je ne me retrouve pas dans les propos de Los Teignos que je trouve fatalistes et cyniques :
- sous prétexte que beaucoup (l'essentiel ?) de maisons de disques, de labels et de galeristes font de la merde, toutes les maisons de disques, labels et galeristes ne seraient que des parasites de l'art.
- le monde change, des choses disparaissent, c'est dans l'ordre des choses et ça n'a pas à susciter d'émotion.
J'ai déjà dit ce que je pensais du premier point.
Pour le second, autant je ne crois vraiment pas être passéiste et je n'estime pas qu'il faille défendre ou tenter à bout de bras de faire survivre des choses qui sont vouées à la disparition par l'évolution de la technique et de la société (sinon, on se retrouver à faire ce que la France a fait pour sa sidérurgie dans les années 80, soit du grand n'imp).
Pour autant, j'estime qu'on peut s'émouvoir de certaines de ces disparitions. Mais surtout, qu'il est sain de les regarder avec un peu plus d'attention et de réflexion qu'un vague "c'est la modernité, c'est comme ça". Parce que ça ne manque pas d'intérêt de s'interroger sur la façon dont se font les évolutions, sur ce qui disparaît et au profit de quoi, quels sont les acteurs de ces disparitions et leurs intérêts.
Un exemple tout con : en agriculture, on est en train de s'apercevoir que heureusement que des gens se sont cassé la nénette à conserver des variétés anciennes de plantes, parce que si on avait laissé faire, il n'y aurait quasiment plus qu'une poignée de variétés pour chaque plante domestique, la plupart du temps contrôlée par des gens aussi sympathiques de Monsanto. Or, des variétés anciennes, outre qu'elle réjouissent cuisiniers et gourmets, se montrent efficaces pour la résistance aux parasites et maladies et pour l'adaptation au changement climatique.
[ Dernière édition du message le 31/08/2015 à 07:56:04 ]
supermike12
Avoir un support matériel permet de pouvoir jouir de l'oeuvre quand bon nous semble.
Catradora
Et oui, subjectivement je trouve la grosse rondelle noire labourée par le diamand au bout d'un bras en S bien plus esthétique que le petit disc argenté qui disparaît dans la trappe, on sait plus où il est, est-ce bien lui qui nous donne de la musique? Je ne crois que ce que je veux voir.icon_mrgreen.gif La dématérialisation a commencé là pour moi.
D'accord pour ça.
Un truc pas cool qui m'est arrivé : j'avais téléchargé des musiques payantes légalement il y a quelques années. En récupérant le fichier je me suis rendu compte qu'il était protégé. Et aujourd'hui la plateforme n'existe plus donc je ne peux plus écouter les fichiers. Super, quand on pense qu'on les a payés (et en plus ils étaient seulement en 192 kbits) ! Du coup je n'ai plus jamais téléchargé un seul album, je les achète en physique.
[ Dernière édition du message le 31/08/2015 à 09:37:46 ]
j-master
mais en même temps, c'est la tendance actuelle : rien (ou presque) de ce qu'on achète n'est prévu pour passer quelques décennies peinardes. Alors c'est vrai que quand on peut avoir un objet qui reste, même avec un son qui se dégrade gentiment, on peut parfois être content.
"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus
supermike12
Pour moi le support materiel est important. Et forcément le choix de ce support est important. J'ai le vieux 33T de la mano Patchanka. Quand je le passe, je peux pas m'empécher de lorgner la pochette sous toutes les coûtures, je lis les textes en même temps que j'écoute la musique, l'odeur de vieux carton, je remet la cellule 3 fois sur mala vida si ça me chante. J'aime bien la mano que ce soit en CD ou en MP3 aussi mais je la préfère avec le vieux son vinyl bien crèmeux et représentatif des années 80.
J'ai pas mal de potes qui ont un "rapport intime" avec leur vinyls (je sais c'est dégueu
). Et quoi qu'on en dise le vinyl revient en force vers chez nous que ce soit en dub, en tek ou en ponk (surtout dans le ponk).
Alors sacrifier le vinyl sur l'hôtel du progrès en quelle honneur? Le cloud? La rentabilité? Le passéisme c'est mal? je m'esclaffe!!
Si on est capable aujourd'hui de construire des méga serveurs aux quatres coins de la planète avec ses millions de kilomètres de câblasse gainées de plastok et ses giga tones de matières dégueulasses, on devrais quand même etre capable de construire des machines modèrnes à faire des vinyls? non? que ce soit pour represser de la mano ou faire nos propres galettes.
Et faut pas se leurer! les majors 2.0 veulent vendre au mélomanes 2.0 de la de la bouze 2.0 compressée/autotunée à 30 euro de forfait par mois avec pub obligatoire svp! Et donc il nous faudrait acheter les machines (PC, Iphone, enceintes, etc) pour écouter (et qui sont programmées pour s'auto détruire), payer un FAI, le forfait zik qui va bien et en plus se fader leur pub insupportable?!? sans compter le fait d'etre espioné dans un but commercial et politique?!? c'est ça le progrès? beh moi je préfaire un bon vieux support audio, CD et/ou vinyl et l'écouter quand ça me chante connecté ou non.
Donc, au dela de l'affect, de l'esthétique, etc OUI le support audio est super important (de toute façon il y a toujours un support) et avoir le choix de ce support est garant d'une certaine indépendance que ce soit un cd ou un vinyl. Et c'est à nous, les "petits" labels et artistes indés de nous bouger la nouille pour faire en sorte que ces supports continuent d'exister. Sinon faudrat pas venir pleurer dans 15 ans
Je ne dit pas la qu'internet et la musique en ligne c'est le MAL hein! Ca reste aussi un super outil. mais y a pas que ça.
faites presser vos galettes!
Storky
Donc oui, on passe d'un modèle de possession à un modèle de service. En gros on ne sera plus propriétaire mais locataire à vie. Le jour où on n'a plus les moyens d'accéder à ces plateformes (faillite ..) et ben si on veux réécouter mozart c'est tintin. Alors que les 10ans d'abonnement auraient largement suffis a constituer une discothèque.
1) Trop cool on est asservis au système à 100%, on a accès à la culture qu'on veux bien laisser sur les plateformes (quand elles survivent).
2) On consomme en permanence, jamais on ne peux s'arrêter, impossible de se dire j'achète rien ce mois-ci, je me contente de ce que j'ai (vu qu'on ne possède rien). Ou alors on résilie l'abo et on perd tout pour un mois.
1-> Impossible de se libérer du système, de construire quelque chose (une discothèque, une bibliothèque) Et la culture deviens facile à censurer (voyez la censure numérique en Corée du nord)
2-> Poussé à consommer en permanence ce qui ne coûte presque plus rien à produire.
Génial, on garde le pire de l'idéologie communiste et de l'idéologie capitaliste.
Tout ça est dangereux, conserver un patrimoine personnel est indispensable.
Storky
supermike12
Hors sujet :
Et sinon
Citation de WillJe suis aussi tombé sur cet article :
https://www.challenges.fr/entreprise/20141127.CHA0856/ces-deux-bretons-veulent-faire-fortune-dans-le-disque-vinyle.htmlMoi je dis :
2 bretons +
des galettes =
Chauvinisme gastronomique breton
alex.d.
Alors sacrifier le vinyl sur l'hôtel du progrès en quelle honneur? Le cloud? La rentabilité? Le passéisme c'est mal? je m'esclaffe!!
Personne ne parle de "sacrifier" le vinyle. Personne n'a décidé de le tuer. Mais pour qu'ils continue de vivre, en revanche il faut que quelqu'un décide de le faire vivre, et y mette les moyens.
supermike12
samy dread
Les machines existantes sont vieilles, la maintenance devient lourdes et les compétences disparaissent.
Un micro marché pouvait survivre avec des couts faibles, les machines anciennes étant amorties par exemple. Mais maintenant il faut un peu réinvestir là dedans. Y'aura-t-il un nouveau point d'équilibre économique, c'est la question (parce que je pense qu'il y aura toujours des gens motivés).
s'il n'y pas de marché pouvant générer un chiffre d'affaire suffisant, il restera comme solution théorique un soutien de l'état, mais rien que de l'écrire, ça me fait sourire tellement cette idée est ridicule.
Non je ne mettrai pas de pull
supermike12
Citation de samy
Les machines existantes sont vieilles, la maintenance devient lourdes et les compétences disparaissent.
Il serait intéressant de savoir de quelle manière vont travailler les bretons dont parlait will . est ce qu'il vont faire de la sous traitance? est ce qu'il investissent carément dans une machine? neuve? occaze?
j'irais bien y jeter un oeil...
supermike12
Jackbrelle
Le 3D est pas encore au point mais ça pourrait venir...
Une chose m'échappe avec cette affaire de savoir faire qui se perdrait. Il a dû être trouver et mis au point...? Ensuite être théorisé, y doit bien y avoir des traces de tout ça non?
Après un échange d'idées, chacun peut repartir avec la sienne.
le reverend
Un putain de bien bel objet d'ailleurs, quel dommage qu'on n'en trouve plus chez les vendeurs de rouleaux, ah mais ouais, il n'y a plus de vendeurs de rouleaux
bon ce résumé alors ?
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
Jackbrelle
Les vendeurs sont au bout du rouleau.![]()
Après un échange d'idées, chacun peut repartir avec la sienne.
samy dread
les admins ont fait du hors sujet
Une chose m'échappe avec cette affaire de savoir faire qui se perdrait. Il a dû être trouver et mis au point...? Ensuite être théorisé, y doit bien y avoir des traces de tout ça non?
avoir des documents c'est bien gentils, mais c'est parfois un peu court.
dans mon labo on a des documents qui expliquent tout comment ça marche. Si je te donne les clés et que je te laisse seul te démerder, t'es pas sorti de l'auberge
Non je ne mettrai pas de pull
Los Teignos
Mais ça veut dire que si une chose n'a plus de raison utilitaire, elle n'a pas plus de raison d'être ? Intéressant.
Comme il est intéressant que tu utilises le mot 'être' avec le mot 'chose'. Peut-on parler de l'essence d'une chose ? De sa raison d'être ?
Tu me diras que je pinaille mais cette animation de la chose participe précisément de ce qui me gêne, tandis que ton ironique 'intéressant' suggèrerai presque que je serais de ces nazis qui voudraient éteindre la race chevaline parce que ce ne sont que des objets utilitaires.
Je le précise au cas où : je n'ai rien contre les chevaux ou les amateurs d'équitation. Un cheval n'est pas de mon point de vue un outil et je m'appliquais juste en choisissant cet exemple à montrer que deux technologies trop concurrentes ne pouvaient co-exister pour un même usage (de fait, le cheval a disparu de l'industrie du transport pour subsister dans celle du loisir). Et je n'ai rien contre le vinyle non plus ou ses amateurs que j'envisage pas de détruire en organisant des autodafé en robe blanche et cagoule pointue.)
Ce qui est marrant quand tu évoques "l'émotion" qui peut légitimement nous saisir à la disparition du vinyle, ou encore la "catastrophe" pour ce dernier, c'est que tu rentres précisément dans l'idée que cet objet est bien plus qu'un objet, comme s'il pouvait mourir alors qu'il n'a jamais été vivant. N'est ce pas étrange et merveilleusement décalé ? En terme de marketing, on ne rêverait en tout cas pas mieux. C'est comme les gens qui donnent un prénom à leur voiture, ou parlent de leur Mac ou de leur iPhone comme d'un compagnon (la com et le marketing d'Apple ont toujours cherché à élever les produits au rang de compagnon plus que d'outil, avec une "identité", une "âme", ce qui est, d'un point de vue philosophique, parfaitement ridicule (je pense que si Platon était parmi nous, il voudrait bannir de la Cité les gens qui font ça), mais très bien vu d'un point de vue commercial).
Du coup, j'en viens à me demander pourquoi le vinyle suscite autant d' "émotion", alors que l'abandon des écrans CRT, des disquettes, des téléphone filaires à cadran, des plumes d'oie ou du Minitel n'en ont pas suscité. Question de longévité bien sûr, qui fait que la disparition du vinyle renvoie les générations qui l'on connu à leur propre finitude, mais question de marketing aussi où l'industrie s'est bien appliquée à nous vendre le support autant que son contenu, comme s'il était une fin en soi. On voit ainsi des collectionneurs acheter différents pressage du même disque (!), tandis que l'industrie tire des éditions collectors numérotées et limitée, où que Jack White et le Wu-tang tirent le pressage de disque vers la performance d'Art contemporain. Du coup, il se crée autour d'un banal objet support un marché avec ses tendances, ses cotes, ses experts, et sa spéculation. Achetons des collectors aujourd'hui, qui sait ce qu'ils vaudront demain ? Bref, on fait rentrer l'art dans le consumérisme débridé et l'on est fier de sa collection de disques plus que de sa culture, comme si l'une impliquait l'autre. C'est une belle manoeuvre en tout cas : nous faire confondre un contenant et son contenu, la même manoeuvre qui voudrait que la pub soit une culture. On tente de rendre les lignes plus floues, à la Wharol.
Le vinyle, c'est un support qui a longtemps servi la cause de la musique en démocratisant ses enregistrements (merci pour ça, sincèrement, je sais ce que je dois au vinyle) mais c'est donc aussi ce veau d'or qui fait que les Daft Punk pressent un exemplaire vinyle de leur disque... pour prendre la thune les collectionneurs et ça n'a rien d'artistique. Idem avec les rééditions d'untel ou d'untel qu'on mettra en coffret pour apparaître dans les suggestions de 'beaux cadeaux' du guide Noël de la FNAC. Qu'on ne me dise pas que le but est artistique, il ne s'agit pas de diffuser une oeuvre d'art, il s'agit de se servir d'une oeuvre d'art pour vendre un objet plus cher qu'il ne le devrait, ce qui est contraire . De rabaisser l'art à ce niveau. Et l'expression 'bel objet', c'est dans la bouche de Pierre Bellemard qui présente le téléachat qu'elle a un sens. Pas pour une putain d'oeuvre d'art qui se contrefout d'être belle.
Certes, ce que je décris là est aussi valable pour le CD qui, issu de la même industrie, a répliqué ce modèle. Mais de grâce, encore une fois, ne confondons pas l'oeuvre et son support, d'autant que, comme dit plus haut, les vinyles vont maintenant faire le bonheur des antiquaires. Pas de catastrophe donc : je persiste. Même pour le vinyle qui n'est qu'un objet. Même pour ses adorateurs qui pourront toujours les écouter chez eux et dépenser leur salaire dans ces jolies boutiques.
Et si la catastrophe, comme tu l'expliques et l'a déjà dit, concerne la survie d'un label, des emplois, je rappelle que le rôle d'un label est d'aider à la production et à la diffusion d'une oeuvre. Un label qui ne ferait que de la diffusion en vinyle, rendant l'écoute de l'oeuvre réservée à l'élite qui a encore un électrophone, est un label qui ne cherche pas à diffuser l'oeuvre qu'on lui a confiée. Je ne vois pas comment on peut l'interpréter autrement.
D'ailleurs, je pense même qu'au contraire de ce qui était dit dans l'article que tu cites, c'est précisément le fait que les maisons de disques engorgent les presseurs qui peut permettre de réouvrir des usines de pressages.
Même si je n'y crois pas cinq minutes à moyen et long terme. Sans quoi le Minitel serait encore en fonction, et on pourrait toujours aller à Lyon en diligence.
- sous prétexte que beaucoup (l'essentiel ?) de maisons de disques, de labels et de galeristes font de la merde, toutes les maisons de disques, labels et galeristes ne seraient que des parasites de l'art.
Je te rassure : ce n'est pas du tout mon point de vue. Mais je pense que l'essentiel de la thune dans l'industrie de l'art n'est pas faite de façon vertueuse. Ca n'empêche pas qu'il y a sans doute plein de gens très honnêtes et très compétents au milieu de cette industrie, que ce soit chez des petits indépendants ou même au sein de grosses structures : après tout, la standardiste de Dassault armement est probablement une fille adorable et j'ai rencontré des gens d'Universal absolument charmant qui n'était pas forcément d'accord avec la politique globale de leur boîte mais "il faut bien bouffer". Je dis juste que quand ce système va s'effondrer (et tout me laisse à penser qu'il va le faire), il s'opérera un tri. Ceux qui avaient ça dans le sang continueront de le faire. Ceux qui avaient ça dans le portefeuille iront vendre du cuivre, du pétrole, des obligations bancaires ou de l'eau potable. On y verra plus clair alors.
Pour moi ça, c'est l'inverse du cynisme. C'est de l'espoir.
il est sain de les regarder avec un peu plus d'attention et de réflexion qu'un vague "c'est la modernité, c'est comme ça".
Evidemment que c'est sain, mais c'est un travail d'historien et une réflexion n'est pas nécessairement interventionniste. Quand je lis le mot catastrophe, avec toute la charge émotive qu'elle convoque, ce que j'entends c'est "comment on peut éviter ça ?". Faut-il sauver le vinyle? Pas nécessairement. Pas plus que la disparition du Minitel ou de la plume d'oie. Il a rempli son rôle et c'est très bien : il ne faut pas nécessairement le rayer de la surface de la terre, ce serait ridicule, mais il faut passer à autre chose et, note bien, ça fait 10 ans qu'on est passé à autre chose, ce revival étourdissant mis à part. Il est remplacé par d'autres supports qui semblent objectivement plus aptes à répondre à quantité de points sur le cahier des charges d'un support de stockage, qui elles-même seront remplacées à leur tour par des choses a priori meilleures en regard d'un cahier des charges qui a changé. Et ça n'empêche en rien la musique de faire son bonhomme de chemin, sachant que le numérique permet au musicien de diffuser sa musique pour beaucoup beaucoup moins cher.
Pour ma part, j'achète encore des CD mais aussi parfois du dématérialisé, parce qu'on n'en parle pas, mais il y a aussi beaucoup de musiques qu'on ne peut acheter qu'en dématérialisé, parce que les artistes qui les produisent n'ont pas les moyens de se faire un pressage CD ou vinyle. Rappelons-le aussi contrairement à ce que tu dis dans ton post initial : les gens qui n'ont vraiment pas de thune, il ne font pas de pressage du tout. Et des prix que j'ai pu constater, quand ils ont un peu de thune, il font presser des CD et non des vinyles parce que ça coûte beaucoup moins cher. Le vinyle, c'est un truc de hype à l'heure actuelle et certainement pas un bon plan pas cher.
__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
le reverend
putée Los T. tu écris toujours des postes longs comme ça ?
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
Los Teignos
Avec Will, on est deux bavards alors si faut refaire le monde en mode alcoolique qui s'engueulent au bout du zinc alors qu'ils sont probablement d'accord sur plus de choses que l'inverse, j'en suis.
__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
Will Zégal
+1
Si un jour on remplace un "on refait le patch" par un débat philosophico-jenesais quoi entre Los Teignos et moi, il faut absolument qu'on prévienne avant les commerciaux pour qu'ils vendent de l'espace pub aux vendeurs d'aspirine (pour les lecteurs qui tiendront) et de Guronsan (pour les autres)
Du coup, j'en viens à me demander pourquoi le vinyle suscite autant d' "émotion", alors que l'abandon des écrans CRT, des disquettes, des téléphone filaires à cadran, des plumes d'oie ou du Minitel n'en ont pas suscité.
Tout en rappelant que l'éventuelle disparition du vinyle ne suscite pas chez moi plus d'émotion que ça...
Peut-être suscite t-elle tant d'émotion parce que ses utilisateurs estiment que l'objet, contrairement à ceux que tu cites, n'a pas été correctement remplacé ou totalement remplacé par les évolutions qui ont suivi ?
Même si ce n'est pas mon cas, en tant que musicien, je peux comprendre que mettre de la musique en écoute ne soit pas un simple acte utilitaire comme de démarrer sa voiture. Et que certains qui ont l'équipement adapté puisse aimer le son des vinyles.
Pour ma part, j'écoute désormais probablement à 90% de la musique dématérialisé. Pourtant, je n'ai pas encore rippé toute ma CDthèque et je persiste à trouver que même le rituel d'ouvrir un boîtier de CD (en carton, pas en plastique), de mettre le disque dans le lecteur et de presser play est autrement plus plaisant que de naviguer dans les dossiers de mes disques durs.
Ce qui est marrant quand tu évoques "l'émotion" qui peut légitimement nous saisir à la disparition du vinyle, ou encore la "catastrophe" pour ce dernier, c'est que tu rentres précisément dans l'idée que cet objet est bien plus qu'un obje
Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?...
J'adhère à cette idée. J'ai, chez moi, une sculpture réalisée en béton cellulaire. C'est bien autre chose qu'un bout de béton cellulaire.
En terme de marketing, on ne rêverait en tout cas pas mieux. C'est comme les gens qui donnent un prénom à leur voiture [...]
Veux-tu dire que toute réaction humaine n'est que le fruit du marketing ? Ce qui ne serait pas impossible vu le lavage de cerveau dont nous sommes en permanence soumis par la publicité. Mais ne crains-tu pas que ce genre d'affirmation ne soit un peu condescendant à l'encontre des amoureux du vinyle, ou de toute personne dont tu ne partages pas les goûts ? "Si vous aimez ça, c'est que vous êtes une victime du marketing".
Par contre, je te suis globalement sur la suite de ton post, sauf en ce qui concerne le soit-disant "élitisme" des petits pressages vinyle. Je vois plutôt ça comme de l'artisanat.
Alors, oui, si je vais acheter une table basse chez un artisan, je ne vais pas la payer le même prix que chez Fly ou Ikea, mais j'aurais autre chose.
L'artisan qui la fabrique pourrait-il, comme Fly ou Ikea, la faire fabriquer en masse dans des usines et la distribuer tout aussi massivement ? Probablement pas. Parce qu'il lui faudrait alors toute la force d'un gros marketing pour accéder à une grosse distribution et qu'il n'en a pas les moyens.
C'est, je pense, la situation des ces petits labels qui pressent en vinyle : ils ne visent ainsi qu'un marché de niche, mais au moins, il ont un marché dans lequel ils ont une chance de visibilité au lieu d'être noyés dans un marché de masse.
Qu'il y ait ou pas un problème de production, la re-appropriation du support par le marché de masse restera probablement un problème pour ces labels.
J'ajoute que, personnellement, ça me désole de voir certaines musiques ne sortir qu'en vinyle parce que ça m'en coupe l'accès. Mais je peux difficilement en vouloir à des gens qui veulent que leur musique leur rapporte et n'ont pas les ressources du live de choisir un mode de commercialisation qui leur en donne la chance.
[ Dernière édition du message le 31/08/2015 à 13:24:11 ]
Anonyme
Le vinyle, c'est un truc de hype à l'heure actuelle et certainement pas un bon plan pas cher.
C'est aussi l'archive de grand papa, papa et moi, très loin des vieilles babioles jugés inutiles et qu'on garde juste parce que c'est vieux... C'est de la musique, de l'art qui même vieux demande à être écouté, un support qui n'est pas obligatoirement attaché aux bigdata, ça n'a pas de prix.
Jackbrelle
Bon en même temps une platine tourne-disque honnête ( avec USB ) ça coûte 70-80 euros, c'est pas la mort.
( Pareil pour un Teppaz sur une brocante
)
Après un échange d'idées, chacun peut repartir avec la sienne.
Anonyme
- < Liste des sujets
- Charte

