Kontakt est un sampleur virtuel pour PC et Mac que l'on pourrait raisonnablement qualifier de puissant. De nombreux filtres, un concept "modulaire", du time stretching en temps réel... Bref, de nombreux atouts qui méritent d'être approfondis !
Installation
L’installation de Kontakt se passe sans problème sur ma configuration (PIII 933 / 512 Mo de RAM / Win 98 SE). Au niveau de la protection, seul le numéro de série du CD est demandé (merci Native Instruments, nous apprécions tellement lorsque les protections sont peu contraignantes pour l’utilisateur honnête).
Kontakt s’installe en [def]stand alone[/def] et en [def]plug-in[/def]. Etant un utilisateur de Cubase, j’ai installé la version VSTi . Sachez cependant que Kontakt existe dans de multiples formats : VSTi 2.0, DXi, DirectConnect, et MAS, et tourne depuis septembre 2002 pour PC et pour Mac.
La documentation est en français et fait 128 pages : de quoi bien débuter avec ce sampleur, mais certainement pas de quoi connaître toutes ses subtilités qu’il faut découvrir à l’usage. On peut y lire une petite introduction alléchante : Kontakt serait capable d’exploiter la [def]resynthèse granulaire[/def]… Et l’auteur y recommande de lire le manuel ! (Avec une petite touche d’humour – réaliste ? – disant que la plupart des musiciens ne lisent pas le manuel des logiciels qu’ils utilisent). Je vous conseille de lire le manuel dans le détail, sans quoi vous allez non seulement utiliser 10 % des possibilités du logiciel mais aussi et surtout limiter votre créativité avec celui-ci : Kontakt réclame à mon humble avis d’être maîtrisé pour donner le meilleur de lui-même.
Fonctionnalités
Au niveau de la compatibilité, on est plutôt bien servi, puisque Kontakt accepte d’importer les fichiers aux formats Akai S1000/S2000, Gigasampler, Sound Font 2, SDII, AIFF, WAV (de 8 à 32 bits) et bien sûr Battery (du même éditeur Native Instruments).
Certains paramètres sont personnalisables, comme le nombre de sorties audio simultanées (jusqu’à 10 sorties stéréo et 12 sorties mono), ainsi que la taille de la fenêtre occupée par Kontakt. Cela peut paraître anecdotique, et pourtant il s’avère utile de pouvoir modifier la taille en fonction de la résolution de son écran, tant le nombre de modules présents dans Kontakt est élevé si vos instruments sont complexes – grande résolution recommandée.
Certains concepts de Kontakt demanderont un peu de temps d’apprentissage avant d’être exploités au maximum par le nouvel utilisateur. Une fois ces concepts digérés, en revanche, Kontakt s’avère disposer de nombreuses fonctionnalités intéressantes :
Time streching et Pitch shifting
Kontakt fait aisément du [def]time-stretching[/def] et du [def]pitch-shifting[/def] et propose notamment une fonctionnalité intéressante : vous pouvez déclarer un échantillon sonore comme « Sampler », « Tone Machine » ou encore « Time Machine ». Le résultat ? Voici détaillée cette fonctionnalité :
Dans le mode « sampler », Kontakt va se comporter de manière classique, il va transposer le son en fonction de la note jouée. Par exemple, si vous avez une boucle à 100 BMP lorsqu’elle est jouée en do1, la jouer en do2 donne un son à 200 BPM et une octave au dessus, la jouer en do0 donne une boucle en 50 BMP et une octave en dessous.
Passons au mode « [mp3=133]tone machine[/mp3] », bien plus intéressant. Dans ce mode, Kontakt se transforme en genre de vocodeur, puisque, après une petite analyse de l’échantillon, il ne garde fixe que le timbre du son et transpose les harmoniques en fonction des notes jouées (c’est ici qu’il utilise sa fonctionnalité de pitch-shifting). Ainsi, le son d’origine perd son caractère tonal (ce sont alors les notes que vous jouez sur le clavier qui donnent la hauteur du son à émettre), mais garde la même durée et donc le même tempo quelque soit la note jouée.
Enfin, dans le dernier mode, [mp3=134]time machine[/mp3], Kontakt transpose l’échantillon comme dans le mode « sampler » mais compense systématiquement les décalages temporels dus à la transposition par du [def]time-stretching[/def]. J’avoue que je ne suis pas parfaitement convaincu par le traitement de time-stretching de Kontakt lorsque je l’applique moi même de manière « intuitive ». Cela dépend aussi du type du son d’origine. Sur une boucle de batterie, le son passe plutôt bien, sur un riff de guitare, un peu moins (le son tremble…)
Les presets sont déjà plus convaincants, étant réglés pour un son optimal en fonction de l’effet voulu et du type d’échantillon. En tous les cas, le time-strechting de Kontakt est au moins aussi bon que celui de logiciels comme Acid ou Sound Forge de Sonic Foundry. Malgré tout, selon le type d’échantillon, dès que l’on transpose un peu, le son est souvent déformé (sur une voix parlée c’est moyennement convainquant, sur un chant d’une voix féminine, ça l’est plus). De toutes les manières, il s’agit d’un avis personnel, et nombreux sont ceux qui utilisent Acid de Sonic Foundry régulièrement sans se plaindre de cette déformation, alors que je ne trouve pas non plus l’algorithme de time-stretching d’Acid convaincant ! Toujours est-il que grâce à ce mode, on peut transposer le son comportant des éléments rythmiques sans avoir peur de ne plus être dans les temps.
Concept « modulaire »
Apparence la plus simple (avant déploiement en modules) d’un instrument dans Kontakt
Kontakt est un logiciel complexe. Pour palier à la détresse du nouvel utilisateur, outre le manuel, on dispose d’une aide contextuelle permanente en survolant les boutons du sampleur avec la souris. Cependant, j’ai mis un peu de temps avant de trouver où se cachaient les filtres et les effets (impatient que j’étais, et en bon musicien, j’en ai eu vite assez de lire le manuel…). Après un petit temps d’adaptation, j’ai compris le concept de Kontakt : tous les modules (au sens de « boîtes noires » : filtres, effets, modulations…) peuvent être ouverts (pour les éditer) ou fermés (pour prendre moins de place).
Quand tout à coup, j’ai découvert les dits filtres… Et là, j’ai enfin été rassuré : je disposais de tout ce que j’espérais au niveau des filtres, voire… plus ! Beaucoup plus. Et ce que je trouvais peu compréhensible m’est tout à coup devenu familier.
Vous avez aimé le film « Alien » ? Avec Kontakt, vous êtes à peu près devant « Mother », l’intelligence artificielle du vaisseau… Croyez moi, quand au fur et à mesure de la découverte, on utilise la matrice de modulation pour contrôler 3 filtres simultanément à l’aide d’un LFO, par exemple, que l’on choisit tour à tour la fréquence de coupure (classique), mais aussi tous les autres paramètres des filtres, et que la modulation automatique du LFO s’affiche de manière lumineuse sur chaque potentiomètre… on se croit devant un tableau de bord d’un vaisseau extraterrestre !
Outre l’aspect esthétique, on commence à percevoir toute la puissance du logiciel au fur et à mesure que l’on déploie les modules qui sont un genre de racks fonctionnels, à la manière d’un synthétiseur modulaire.
Chaque instrument dans Kontakt peut apparaître sous forme condensée (comme ci-dessus) ou bien déployée, montrant dans ce dernier cas l’ensemble des modules qui lui sont rattachés. Dans la forme condensée, l’instrument fait apparaître son étendue sur le clavier ainsi que sur la plage de vélocité, le ou les canaux MIDI assignés à cet instrument, la polyphonie qui lui est attribuée, la taille prise en [def]RAM[/def] par le sample et enfin la sortie affectée à cet instrument. Les paramètres de hauteur, de panoramique et de niveau sonore sont également accessibles directement. Enfin, on apprécie la possibilité de mettre en solo ou bien de muter un instrument comme c’est le cas dans une table de mixage.
Je l’ai signalé tout à l’heure, Kontakt est très complet et … assez complexe. Heureusement, l’arborescence des modules au sein d’un instrument peut être visualisée d’un coup d’œil à l’aide du bouton « Structure / Files ». Un clic sur « modules » affiche l’ensemble des modules de l’instrument. Un double clic sur l’un des modules l’ouvre dans la fenêtre d’édition.
Fonctionnalités (2)
Mapping
Si vous désirez fabriquer un kit de batterie en quelques clics, vous allez être ravi par les possibilités de mapping de Kontakt. En effet, dans l’explorateur du logiciel, vous pouvez très bien sélectionner plusieurs échantillons sonores et les glisser-déposer vers la fenêtre de mapping tout en choisissant (selon la position verticale de la souris) le nombre de notes affectées à chaque échantillon.
D’une façon similaire, il est possible d’affecter plusieurs échantillons par note, en fonction de la vélocité. Cela permet par exemple de rendre plus expressif un son de batterie en ayant enregistré le batteur jouant le son du plus doux au plus fort. De la même manière jouer doucement sur le clavier déclenchera l’échantillon « doux » et jouer fort déclenchera l’échantillon « fort ». Il peut comme cela y avoir jusqu’à 128 échantillons par note, soit un échantillon différent par vélocité (les vélocités en MIDI allant de 0 à 127) !
Astuce :
- Pour créer un mapping en fonction de la note jouée, sélectionnez un ensemble d’échantillons puis glissez-les vers la fenêtre de mapping.
- Pour créer un mapping en fonction de la force de la note jouée, faites de même mais descendez la souris jusqu’à ce que les zones définies se partagent l’espace vertical de la fenêtre de mapping.
Enfin, vous pouvez créer des fondus enchaînés (crossfades) entre les différentes vélocités ou entre les différentes hauteurs de notes. Prenons un exemple : vous avez un sample A qui est joué pour un do1 enfoncé avec une vélocité entre 0 et 63. Vous avez un sample B qui est joué sur la même note, mais pour une vélocité variant entre 64 et 127. Si vous jouez la note plusieurs fois de suite avec une vélocité oscillant entre 60 et 70, vous passerez souvent de l’échantillon A au B et inversement. Mais plutôt que de passer brutalement de l’un à l’autre, pourquoi ne pas le faire progressivement ? C’est ce que propose Kontakt avec sa fonction « crossfade ». De la même manière, si le sample A joue du Do1 au Sol1 et le sample B joue du Sol#1 au do2, vous pouvez faire progressivement jouer le sample B en jouant des notes de plus en plus hautes, plutôt que de passer du sample A au sample B d’un coup, grâce à cette fonction de crossfading.
Le seul défaut de cet outil est la taille de la fenêtre de mapping, qui laisse peu de visibilité lorsque chaque note possède une zone distincte.
Looping
Kontakt permet d’avoir jusqu’à 8 points de looping dans un sample. Par exemple, si votre sample se compose de 4 mesures, vous pouvez dire à Kontakt de jouer les 4 mesures, puis la première à l’endroit, puis à l’envers, puis la troisième, puis encore la première… etc.
Le Loop Editor propose des zooms du plus faible au plus élevé pour caler au mieux les points de la boucle. Kontakt est également capable de trouver seul certains points stratégiques dans la boucle : le début et la fin d’une boucle rythmique, ou encore les points où l’onde passe par la valeur zéro (valeur à privilégier lorsque l’on veut faire une boucle, pour éviter tout clic).
Modulations
Comme expliqué précédemment, Kontakt possède une matrice de modulation permettant d’associer n’importe quel modulant (enveloppe, LFO…) à n’importe quel paramètre de l’instrument.
Détail important quant à la qualité de la modulation : contrairement au contrôle d’un paramètre de Kontakt via un contrôleur MIDI externe qui limite la résolution de l’évolution à 128 valeurs (limitation due à la norme MIDI), l’utilisation d’une source de modulation interne à Kontakt rend l’évolution du paramètre beaucoup plus fin (la résolution interne de Kontakt étant bien plus élevée que 128 pas par contrôleur).
Enveloppes
Les modulations des échantillons sonores sont multiples et paramétrables en finesse. Parmi celles-ci, vous disposez bien sûr d’une enveloppe, qui peut être de trois types (l’enveloppe DBD n’est pas accessible directement avec tous les modes) :
L’enveloppe de type AHDSR, qui est en fait une version évoluée des classiques enveloppes [def]ADSR[/def]. Simple mais efficace. Le graphe indique visuellement la conséquence de la modification d’un paramètre, effectuée exclusivement via les potentiomètres.
L’enveloppe de type DBD (Decay Breakpoint Decay) : pour expliquer brièvement le fonctionnement de cette enveloppe :
- Decay 1 est le temps que mettra l’enveloppe pour passer du premier niveau jusqu’au niveau défini par B (Break).
- Decay 2 est le temps que mettra l’enveloppe pour passer du niveau B au niveau zéro
L’enveloppe « flexible », qui est une enveloppe avec un grand nombre de points (jusqu’à 32), dont l’évolution est effectuée par des angles (point carrés sur l’image ci-dessous) et des points d’inflexions (points ronds).
Ce qui m’a impressionné, c’est que l’on peut générer autant d’enveloppes que l’on veut pour chaque instrument. La première enveloppe peut ainsi servir à moduler le niveau du son, la seconde la fréquence du filtre, la troisième la résonance, la quatrième le pitch, la cinquième la panoramique, et ce à l’infini ! L’aspect « modulaire » de Kontakt dont je parlais précédemment prend ici toute son envergure.
Enfin, sachez que l’enveloppe peut aussi se synchroniser sur le tempo du morceau. Imaginons un instrument dont la variation de la fréquence de coupure est modifiée par une enveloppe synchronisée sur le tempo. Si vous faîtes un ralenti du morceau, l’enveloppe suivra ce ralenti.
LFOs
Une fois de plus, Kontakt propose des outils classiques (enveloppes et LFO existaient déjà à l’époque des vieux synthétiseurs analogiques !) mais en ajoutant une touche personnelle. Outre les traditionnels LFOs sinusoïdaux, en triangle et en dents de scie, etc (voir image pour la liste complète), Native Instruments a innové en créant un « multi-LFO ». Il s’agit en fait de la combinaison de toutes les formes d’ondes des LFOs classiques. Ainsi, vous pouvez créer une onde modulante totalement inédite, en combinant une sinusoïde, un rectangle dont la largeur est variable, une onde en dents de scie et un générateur de bruit.
Autres modulations
Kontakt a également cherché à créer des modulations originales. Mis à part les classiques modulations énoncées précédemment, citons donc trois modules : step modulator, enveloppe follower et glide.
Le Step Modulator
Le Step Modulator est un modulateur (si si) qui fait varier son niveau de manière séquentielle et synchronisée soit sur une fréquence, soit sur une horloge externe (séquenceur par exemple). On peut l’appliquer par exemple à la fréquence de coupure du filtre, cela donne de bons résultats. Il est possible de faire correspondre le niveau de chaque pas du step modulator à un multiple de 1/12ème (en cochant « Snap 1/12 »), ce qui a pour conséquence de vous donner 24 valeurs possibles pour chaque pas. Pour 12 ? Pourquoi 24 ? Imaginez que vous assignez ce contrôleur à la hauteur du son, vous pouvez parfaitement créer un pattern mélodique grâce à cet outil.
L’enveloppe Follower
Ce module va convertir l’amplitude de l’échantillon courant en un signal de contrôle. Ce module peut s’avérer très intéressant si par exemple vous mettez en entrée un échantillon d’un instrument acoustique (comme une corde pincée) et que vous utilisez cette modulation sur un son synthétique : les variations de la corde seront répercutées sur le son électronique. Avis aux expérimentateurs… Les contrôleurs visibles sur la photo d’écran permettent d’ajuster l’ampleur de la modulation et sa façon d’évoluer (douce, sèche…).
Le Glide
Il s’agit en fait d’un effet de [def]portamento[/def] qui fonctionne selon deux modes : speed ou time. En mode « time », la durée du glissement entre deux notes est fixe quelque soit l’intervalle entre deux notes jouées, alors qu’en mode « speed », la durée dépend de l’intervalle entre les notes.
Calibrage des contrôleurs externes
Nous avons vu que les modulations sont nombreuses dans Kontakt, mais par défaut leur réponse est linéaire par rapport au contrôleur source. Par exemple, si vous assignez la fréquence de coupure du filtre sur la vélocité, jouer doucement impliquera une fréquence de coupure basse et jouer fort une fréquence de coupure élevée, ce de manière linéaire.
Mais vous pouvez très bien décider que l’évolution de cette fréquence de coupure se fasse exponentiellement par rapport à la vélocité, inversement proportionnellement à la vélocité, ou encore de manière plus ou moins chaotique. C’est possible sur toutes les sources de modulation disposant du bouton ci à gauche.
A noter enfin l’existence de presets de calibrage permettant d’obtenir les [def]tempérament[/def]s plus ou moins connus : chinois, tempéré, de Kirnberger, pur majeur, pur mineur, pytagoréen, raga, thaïlandais, de Werkmeister, africain, et bien d’autres.
Performances
Kontakt peut jouer jusqu’à 256 voix stéréophoniques de polyphonie. Bien sûr, cela dépend fortement de la puissance de la machine et de la complexité des instruments. Avec ma configuration (PIII 933, 512 Mo de RAM sous Win98 SE), voici les limites que j’ai atteintes :
- 83 voix de polyphonie sur un instrument simple (sans effets) en mode « sampleur »
- 75 voix de polyphonie avec le même son, mais sur lequel on a ajouté un filtre passe-bas du second ordre
- 74 voix de polyphonie avec le même son filtré, mais auquel on a ajouté une distorsion + le stéréo enhancer
- 44 voix de polyphonie avec le son précédent auquel on a encore ajouté les effets « lo-fi » ainsi que la compression de Kontakt
- 32 voix de polyphonie sur un instrument en mode « tone machine » sans effets ajoutés
- 26 voix de polyphonie sur un instrument en mode « time machine » sans effets ajoutés
Ce qui est pratique, c’est que Kontakt consomme dynamiquement la puissance du processeur en fonction de la polyphonie utilisée à chaque instant. Imaginons que dans l’un de vos morceaux, deux instruments se répondent (chacun joue à son tour), le premier joué par Kontakt et l’autre par un autre instrument virtuel. Lorsque Kontakt ne joue pas, il ne consomme presque aucune ressource et vous pouvez ainsi utiliser au maximum la puissance de votre ordinateur pour l’autre instrument.
Les performances dépendent également des effets et filtres ajoutés au son. Evitez par exemple d’utiliser le filtre multimode 3×2 si vous n’en n’avez pas une réelle utilisation (voir section « sonoritéss > filtres » pour plus d’informations sur ce filtre original).
Enfin, comme nous le verrons dans le chapitre « son », les instruments appartiennent à des groupes. Parmi ces groupes, les « Voice Group » permettent d’assigner une polyphonie maximale à un groupe d’instruments. Ainsi, un instrument qui possèderait un gros filtre, 2 effets, 10 modulations, pourrait être limité en polyphonie manuellement afin que cet instrument ne prenne pas toutes les ressources disponibles, et en laisse à d’autres instruments plus simples (et donc moins gourmands en mémoire). Ces derniers instruments pourront par conséquent se voir attribuer une polyphonie bien supérieure.
La puissance consommée par Kontakt est donc, vous l’avez bien compris, assez bien maîtrisée.
Le seul défaut (de jeunesse ?) est peut être l’algorithme utilisé pour la gestion de la polyphonie, qui semble être un peu simpliste. Prenons l’exemple du son de piano, limité volontairement par l’éditeur à 66 voix polyphonie (vous pouvez augmenter cette valeur si votre [def]CPU[/def] le permet). Si vous laissez la pédale de maintien enfoncée jusqu’à que le piano joue 66 voix en même temps, au lieu de libérer les voix de polyphonie correspondant aux notes les plus anciennes, qui sont les plus étouffées, le moteur audio va couper les nouvelles notes jouées. Dommage, gageons qu’une mise à jour du logiciel corrigera cette limitation. Vous me direz « comme cela les notes dont le niveau est le plus faible ne sont pas coupées et c’est donc plus fidèle à la réalité ». N’empêche que si vous jouez 66 notes, celles qui sont jouées depuis le plus longtemps peuvent être coupées sans que cela ne s’entende à l’oreille, alors que couper les nouvelles notes s’entend terriblement (le piano se transforme en « lead » monophonique.).Vous me direz à juste titre qu’il est rare de jouer 66 notes simultanément, même en gardant enfoncée la pédale de maintient. Certes. N’empêche que la plupart de synthétiseurs hardware (ex : mon K2000 de Kurzweil) gèrent mieux la polyphonie, suffisamment bien pour qu’une saturation de la limite de polyphonie ne s’entende souvent pas.
Sonorités
Les sons dans Kontakt
L’architecture de l’échantillonneur se divise en cinq niveaux :
- les échantillons (ou samples),
- les zones qui définissent l’action d’un échantillon,
- les groupes qui regroupent plusieurs zones,
- les instruments qui regroupent plusieurs groupes,
- et enfin les multi-instruments, composés de plusieurs instruments (jusqu’à 16 par instance de logiciel Kontakt, si on l’utilise en mode [def]plug-in[/def]).
Qualité des sons fournis avec Kontakt
Le package de Kontakt contient plus de 3 Go d’échantillons sonores (6 CD ROM) répartis en grandes familles :
- Best of synth, regroupant de nombreux synthétiseurs tirés des synthés native : Absynth, B4, Battery, FM7, Pro-52 et Reaktor
- Acoustic/Electric Bass & Guitar
- Piano
- Drums & Percussion
Tous les instruments sont signés par la société Yellow Tools, excepté « Best of synth » qui est produit par Native Instruments. Les échantillons sonores provenant de Yellow Tools ont été enregistrés et encodés en 24 bits. La plupart du temps, les « grosses » banques de sons sont déclinées en plusieurs versions des plus légères au plus complètes (S, M et L). On dispose ainsi de banques de son de 20 à plus de 200 Mo.
Dans l’ensemble les instruments sont excellents. Native Instruments a privilégié la qualité à la quantité. Seul regret, le piano est certes multi échantillonné (200 Mo tout de même !), mais ne possède qu’une couche pou l’ensemble des vélocités. Un simple filtre passe bas est utilisé pour adoucir la brillance des notes. Quitte à privilégier les sont multi échantillonnés de qualité, on aurait préféré plusieurs couches de vélocité !
Dommage qu’il manque des instruments acoustiques comme les cordes frottées… Comme il est possible d’importer des échantillons d’à peu près tous les univers, oublions cette petite faiblesse.
Vous avez un accès rapide aux sons, via un explorateur de fichiers interne à Kontakt. Celui-ci permet de glisser/déposer un instrument ou un son WAV. La lecture directe des CDs Akai est aussi possible via cet explorateur.
Filtres et égalisation
Vous disposez de 14 types de filtres différents : passe-bas, passe-haut, passe-bande, coupe bande, avec des pentes de 6, 12, 24 et même 36 dB/octave. Plusieurs combinaisons de ces filtres sont proposées, ainsi que des presets efficaces. Voici une liste plus précise des filtres, qui se doit d’être mentionnée :
- Passe-bas à 6 dB/octave, 12 dB/octave, 24 dB/octave, et 36 dB/octave
- Passe-haut à 6 dB/octave, 12 dB/octave, et 24 dB/octave
- Passe-bande à deux fois 6 dB/octave, 12 dB/octave
- Coupe bande à deux fois 12 dB/octave
- Et enfin, le filtre multimode 3×2, que nous allons tout de suite détailler
Le filtre multimode 3×2 contient en fait 3 filtres distincts, chacun étant un filtre à 12 dB/octave pouvant se transformer dynamiquement en passe-bas, passe-bande ou passe-haut. Vous pouvez combiner ces filtres pour obtenir des nouveaux filtres inédits. Des valeurs élevées de résonance peuvent provoquer une auto-oscillation du filtre (les filtres sont alors tellement résonants qu’ils oscillent tout seuls !). Les filtres contenus dans le filtre multimode peuvent être mis en parallèle ou bien en série, en jouant sur le paramètre « amount ».
Les filtres sont assez musicaux comme vous pourrez vous en rendre compte en écoutant les démonstrations en MP3. Tous disposent des réglages de la résonance et de la fréquence de coupure.
Effets pour chaque instrument
Moins nombreux que les filtres, les effets intégrés à Kontakt n’en demeurent pas moins efficaces. Parmi ceux-ci, citons tout d’abord un phaser, dont l’évolution peut être contrôlée (encore une fois) par n’importe quel paramètre, un LFO ou un contrôleur externe.
Deux filtres de type « voyelle », basés sur les formants, permettent de retranscrire la prononciation des voyelles sur n’importe quel son.
La distorsion peut être de type lampe ou transistor, le premier donnant un son plus chaud et moins dur que le second. La saturation est en fait un compresseur / expanseur de dynamique qui agit sur chaque échantillon plutôt que sur l’ensemble du son, ce qui peut générer une saturation numérique très agressive.
L’effet lo-fi combine plusieurs traitements sur le son : un « réducteur de bits » qui réduit la résolution du sample de 1 à 16 bits, un réducteur de fréquence d’échantillonnage qui va de 50 Hz à 29 KHz, et enfin un bruit, allant du [def]bruit rose[/def] au [def]bruit blanc[/def]. De quoi salir le son !
Vous disposez en outre d’un compresseur, dont on peut classiquement régler l’attaque, le relâchement, le seuil, le ratio, le niveau de sortie, la possibilité d’appliquer la même compression sur les deux canaux dans le cas d’un échantillon stéréophonique, et enfin une compensation automatique du niveau après compression permettant de réaugmenter le niveau du signal audio compressé.
Enfin, le dernier effet dont dispose Kontakt est dénommé « stereo enhancer », applicable uniquement aux signaux stéréophoniques, et qui permet de modifier la largeur stéréo du son.
Petite remarque d’importance, au passage : sur un instrument, vous pouvez cumuler l’ensemble des effets, comme on peut le voir sur la photo d’écran ci-dessous. Impressionnant, tout de même.
Module d’effets général
Nous venons de le voir : les effets précédents sont applicables à chaque instrument. Vous disposez en plus de ceux-ci, d’effets indépendants des instruments, pouvant s’appliquer à un ou plusieurs instruments en même temps, de la même façon qu’un départ d’effet sur une table de mixage envoie le signal d’une piste sur un processeur d’effets externe. Il s’agit en quelque sorte de la partie « multieffets » de Kontakt.
Au menu des effets disponibles dans cette section, les grands classiques panning delay, stereo chorus, stereo flanger, stereo phaser et réverbération. Comme à l’habitude, tous les paramètres de ces effets sont modulables via des contrôleurs MIDI externes ou bien via des modulants internes (enveloppes, LFOs etc.).
Conclusion et avis personnel
Si vous êtes un tant soit peu bidouilleur et persévérant, et que vous aimez trafiquer les sons, Kontakt vous rendra certainement heureux ! La quantité et la qualité des filtres plairont aux créateurs de musique électronique, et le côté « modulaire » de Kontakt permettra de créer une multitude de sons originaux. Dans le même esprit, tous les paramètres étant contrôlables via des contrôleurs externes et / ou via des « modulateurs internes », les possibilités d’évolution du son sont énormes.
Kontakt s’en sort très bien si vous utilisez le sampleur comme instrument à part entière plutôt que comme gros lecteur à échantillons. En effet, le fait qu’il doive charger tout en RAM limite les possibilités d’utiliser des échantillons de très grande taille (en fonction de la RAM disponible) comme certains échantillons Gigasampler. Sachez néanmoins que cette limitation devrait disparaître courant novembre lors de la mise à jour du logiciel prévue par Native Instruments. Il ne restera alors plus beaucoup de choses à redire sur le produit ! Cette partie de la conclusion sera alors corrigée en conséquence…
Notre volonté a toujours été d’écrire des articles objectifs, et je peux vous dire – objectivement, donc – que Kontakt est un excellent produit. Malgré sa relative complexité, il devrait en rendre heureux plus d’un. En ce qui me concerne, je vends mon sampleur hardware et le remplace par Kontakt. Adjugé vendu !