Dans cet antépénultième épisode, attardons-nous un instant sur quelques points à prendre en compte afin d’obtenir un résultat final optimal en regard du moyen de diffusion de vos œuvres.
Quel support ?
Si vous vous êtes trituré le ciboulot pour enregistrer, mixer et masteriser vos morceaux, c’est bien que vous envisagez de les faire écouter d’une façon ou d’une autre. Or, la question du moyen de diffusion n’est pas un détail anodin lors de la délicate étape du mastering. En effet, que vous choisissiez le classique – et bientôt désuet – support CD, la dématérialisation totale sauce MP3 ou autre, voire une diffusion uniquement vidéo via YouTube & Co, cela implique forcément un rendu spécifique de vos fichiers.
Commençons par le chouchou des années 80/90, le support CD. Hormis la contrainte du 16-bit/44.1 kHz et le passage obligé par le dithering dont nous avons déjà parlé, il faut impérativement prendre en compte les desiderata de la société qui va presser votre CD. Certaines acceptent le bête format .wav en version informatique, d’autres exigent de votre part un CD audio gravé, sans parler de celles qui ne jurent que par le format DDP. Bref, cela paraît être le b.a.-ba et pourtant beaucoup de personnes oublient de se renseigner au préalable auprès du prestataire qui fixera la galette pour l’éternité. C’est du vécu… Pas plus tard qu’hier, des amis ont massacré le beau master que je leur avais fait car ils avaient oublié de me dire qu’il leur fallait du DDP ; du coup, ils ont dû tout refaire eux-mêmes en urgence pour respecter la deadline imposée par leur calendrier.
En ce qui concerne les formats numériques compressés, utilisez si possible des formats sans pertes (lossless) comme le FLAC ou l’ALAC qui respecteront un peu plus votre musique que ce maudit MP3. Quoi qu’il en soit, les formats compressés supportent souvent moins bien les crêtes intersamples lors de la lecture/décompression, prenez donc une plus grande marge d’erreur lors du mastering à l’étage du limiteur avec un niveau maximum de sortie bloqué à −0,5 dB. Enfin, pensez à renseigner soigneusement les TAGs pour que vos œuvres soient bien identifiables par les lecteurs numériques.
Si vous envisagez le retour au bon vieux vinyle, il y a là encore quelques spécificités à prendre en compte. Tout d’abord, sachez que la plage de fréquences pour un 33 tours ne descend pas en dessous de 50 Hz. D’autre part, il est très important de ne pas trop pousser la largeur de l’image stéréo et de recentrer les basses fréquences car cela peut engendrer des problèmes lors de la reproduction mécanique du vinyle sur votre platine, typiquement des « sauts » de la cellule de lecture. Enfin, prenez garde aux contraintes de temps induites par le support et répartissez équitablement vos morceaux sur chaque face.
Finissons ce tour d’horizon avec la diffusion vidéo. La principale chose à savoir, c’est que la fréquence d’échantillonnage doit être fixée à 48 kHz et non à 44.1 kHz. En dehors de cela, il n’y a pas de réelle contrainte, mais le bon sens voudrait que vous n’abusiez pas une fois encore de l’élargissement stéréo. En effet, la plupart du temps les vidéos sont regardées sur des téléviseurs, des ordinateurs, voire des téléphones portables, bref, des systèmes de diffusion n’ayant pas l’image stéréophonique pour point fort, prudence donc…
Pour aller plus loin…
Notre monde tendant vers l’hypercommunication, il est peu probable que vous vous contentiez d’un seul et unique moyen de diffusion. Dès lors, il semblerait judicieux de produire plusieurs masters différents d’une même œuvre afin d’offrir une expérience idéale à l’auditeur, quel que soit son moyen d’écoute. À bon entendeur…