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Comparatif des services de Mastering automatique en ligne : Bilan - La semaine du mastering en ligne : Bilan

Après six épisodes passés à essayer différents prestataires de « Mastering automatique » en ligne, l’heure est venue pour votre serviteur de dresser un bilan…

Comparatif des services de Mastering automatique en ligne : Bilan : La semaine du mastering en ligne : Bilan
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Pour quoi ? Pour qui ?

Je dois bien avouer qu’avant d’at­taquer ce compa­ra­tif, j’étais assez dubi­ta­tif quant à l’ef­fi­ca­cité de ce genre de service. Main­te­nant que j’ai pu juger sur pièces, et malgré certains rendus meilleurs que d’autres en fonc­tion des services, mais aussi des morceaux, je suis plus que jamais scep­tique…

Commençons par le ressenti en termes d’es­thé­tique musi­cale, sujet ô combien subjec­tif s’il en est. Lorsque l’on prend la peine de compa­rer tous les rendus avec les mixages origi­naux en prenant soin d’équi­li­brer la sensa­tion de volume sonore perçu, il y a d’em­blée certains « masters » qui me semblent complè­te­ment détruire les morceaux… Où est donc passée la dyna­mique ? Si So Pretty supporte légè­re­ment mieux cet outrage, les titres Call it even et The Fire­thief, avec leurs défauts, deviennent parfois carré­ment inécou­ta­bles… Ça pompe, des zones du spectre sont litté­ra­le­ment avalées par cette course au volu­me… Bref, c’est moche.

Certains résul­tats s’en tirent mieux, notam­ment ceux prove­nant des services permet­tant de jouer sur l’in­ten­sité du trai­te­ment. Mais là non plus, je ne m’y retrouve pas vrai­ment. L’es­prit des mixes origi­naux ne me semble pas vrai­ment respecté. Surtout pour The Fire­thief dont l’iro­nie folle­ment sombre tend alors vers un sabir grand-guigno­lesque passa­ble­ment hors sujet selon moi. Mais comme je le disais, tout cela est tota­le­ment subjec­tif et je conçois que l’on puisse y trou­ver son compte. Voyons alors la ques­tion de façon un peu plus objec­ti­ve…

À quoi peuvent bien servir des titres « maste­ri­sés » ainsi ? Si le but est de faire un album et de l’en­voyer au pres­sage (CD ou vinyle), je me permets d’émettre plusieurs réserves.

Tout d’abord, d’un point de vue tech­nique, aucun service ne gère les codes PQ, ISRC ou le format DDP. Il n’y a pas non plus de gestion des temps de pause entre les morceaux, ni de gestion des fade-in / fade-out. Et avec certains pres­ta­taires qui four­nissent des fichiers tapant allè­gre­ment dans le rouge au regard des valeurs True Peak, bonjour la distor­sion incon­trô­lée suivant le système de diffu­sion de l’au­di­teur final. Ajou­tez à cela certains « masters » dont le Dyna­mic Range est rikiki (je consi­dère un DR de 8 comme étant un maxi­mum absolu à ne jamais dépas­ser, et encore cela dépend des genres musi­caux) et vous retom­bez à l’époque la plus sombre de la « Loud­ness War »…

Ensuite, d’un point de vue plus artis­tique, pas un seul des services passés sur le grill ne propose une unifor­mi­sa­tion sonore entre les titres compo­sant l’al­bum, tant au niveau de la « couleur sonore » qu’au niveau du volume perçu. Et mine de rien, c’est à mon sens l’as­pect prin­ci­pal d’un maste­ring réussi.

Si l’objec­tif se limite à une distri­bu­tion numé­rique et/ou s’il s’agit unique­ment d’un single et non d’un album, certains problèmes évoqués ci-dessus dispa­raissent, certes. Mais les autres points n’en demeurent pas moins tout aussi gênants il me semble, non ?

Pour de la diffu­sion en strea­ming alors, cela pour­rait-il faire la blague ? Eh bien encore moins ! Étant donné que les ténors du strea­ming appliquent de plus en plus de normes en matière de « loud­ness », aux alen­tours de –13 LUFS pour YouTube et même –16 LUFS pour iTunes Radio, les masters que nous avons obte­nus lors de ce compa­ra­tif vont immanqua­ble­ment voir leur volume bais­ser sur ces plate­formes. Notez au passage que même les services ayant produit des valeurs LUFS proches du fameux –13 LUFS seront touchés, car les valeurs True Peak trop proches de 0 posent problème, ne serait-ce qu’au niveau de l’en­co­dage. Et je ne vous parle même pas de la façon dont ces diffu­seurs en ligne bais­se­ront le volume de ces titres, certains utili­sant un limi­teur qui ne rendra bien entendu pas justice à la musique…

Inutile de s’at­tar­der sur le cas d’une diffu­sion TV ou ciné, les normes y sont encore plus dras­tiques et les rendus obte­nus seraient forcé­ment retoqués.

Envi­sa­geons à présent le cas du MAOïste amateur qui fait de la musique chez lui juste pour le fun sans aucune velléité de diffu­sion ou distri­bu­tion grand public. Ici, l’uti­li­sa­tion de ce genre de service pour­rait être envi­sa­geable, pourquoi pas ? Mais j’ai encore une fois quelques doutes…

Le quali­fi­ca­tif « amateur » ne veut abso­lu­ment pas dire « mauvais », je connais d’ailleurs des MAOïstes amateurs qui produisent des titres de haute volée. De plus, il est vrai que le titre So Pretty, avec son mixage hono­rable, survit mieux que les autres aux divers « maste­rings » auto­ma­tiques. Cepen­dant, il me semble que les personnes capables de four­nir un travail de mix au moins équi­valent sont certai­ne­ment capables d’ef­fec­tuer un maste­ring tout aussi « valable » que le meilleur de ces services en ligne. Mais peut-être me trompé-je ?

Quant aux MAOïstes moins compé­tents dont les mixages tiennent moins la route, il ne faut pas s’at­tendre à des miracles comme en attestent les « masters » des deux autres titres. Le côté posi­tif, c’est que cela peut juste­ment révé­ler les faiblesses d’un mix. Mais là aussi, je pense qu’il existe des alter­na­tives tout aussi valables à la portée de toute personne sachant ce qu’est un plug-in et comment le glis­ser sur son bus master. Je m’ex­plique : je me suis amusé à utili­ser de façon bête et méchante deux chaînes diffé­rentes de plug-ins gratuits sur les mêmes morceaux four­nis à chacun des services. Ces chaînes n’uti­lisent que des presets pour simu­ler l’as­pect auto­ma­tique de la chose. Dans le détail, nous avons :

  • Les morceaux dont le suffixe est « M4 » qui passent unique­ment au travers du free­ware Limi­ter N°6 de vladg/sound ;
  • Les morceaux dont le suffixe est « M6 » qui tran­sitent par une chaîne plus complexe compo­sée des free­wares Molot avec le preset « Mix BUSS », SlickEQ avec le preset « Stereo width enhan­ce­ment », à nouveau SlickEQ avec le preset « German Maste­ring », un autre Molot avec le preset « premas­ter », et enfin le Limi­ter N°6 avec le preset « Master_6 ». J’ai cepen­dant joué avec le niveau de sortie de la deuxième instance de SlickEQ (-4,7 dB), ce qui pour­rait s’ap­pa­ren­ter au réglage d’in­ten­sité de trai­te­ment proposé par certains services.

Pour mémoire, voici les mixages origi­naux :

01 So Pretty
00:0002:39
  • 01 So Pretty 02:39
  • 02 Call it even 00:36
  • 03 The Fire­thief 02:20

Voici main­te­nant les fruits du “maste­ring” auto­ma­tique maison :

01 So Pretty Home M4
00:0002:39
  • 01 So Pretty Home M4 02:39
  • 01 So Pretty Home M6 02:39
  • 02 Call it even Home M4 00:36
  • 02 Call it even Home M6 00:36
  • 03 The Fire­thief Home M4 02:20
  • 03 The Fire­thief Home M6 02:20

Voici à présent tout ce beau monde ramené au même niveau d’écoute à –18 LUFS :

01 So Pretty LUFS
00:0002:39
  • 01 So Pretty LUFS 02:39
  • 01 So Pretty Home M4 LUFS 02:39
  • 01 So Pretty Home M6 LUFS 02:39
  • 02 Call it even LUFS 00:36
  • 02 Call it even Home M4 LUFS 00:36
  • 02 Call it even Home M6 LUFS 00:36
  • 03 The Fire­thief LUFS 02:20
  • 03 The Fire­thief Home M4 LUFS 02:20
  • 03 The Fire­thief Home M6 LUFS 02:20

Et pour finir, les données chif­frées avec d’abord les valeurs pour les “masters” M4, puis M6, et bien sûr entre paren­thèses les mesures rela­tives au mixage origi­nal de chacun des titres.

Wave Home

So Pretty :

  • DR : 8/9 dB (11 dB)
  • Loud­ness : –9.9 / –11,1 LUFS (-19.4 LUFS)
  • True Peak : +0.2 / –0,2 dB (-5,2 dB)

Call it even :

  • DR : 8/10 dB (11 dB)
  • Loud­ness : –10.3 / –11.5 LUFS (-18.6 LUFS)
  • True Peak : –0.2 / –0,3 dB (-6,0 dB)

The Fire­thief :

  • DR : 9/11 dB (13 dB)
  • Loud­ness : –10.7 / –12,1 LUFS (-20.6 LUFS)
  • True Peak : –0.2 / –0,3 dB (-5,2 dB)

Comme vous pouvez le consta­ter, ce “maste­ring” auto­ma­tique maison est loin d’être irré­pro­chable, mais comparé aux six services évoqués ces derniers jours, les diffé­rences en valent-elles la chan­delle ? Je n’en suis person­nel­le­ment pas vrai­ment persuadé. D’au­tant qu’au-delà des ques­tions quali­ta­tive et finan­cière, cette solu­tion maison est autre­ment plus person­na­li­sable et surtout rapide à mettre en œuvre, car il n’y a alors aucun temps de télé­char­ge­ment de fichiers, ce qui peut être parti­cu­liè­re­ment long selon les connexions inter­net…

Pour conclure cet épisode, sachez que j’ai plei­ne­ment conscience de la sévé­rité de mon point de vue. Peut-être suis-je passé complè­te­ment à côté de l’in­té­rêt que peut repré­sen­ter ce type de service pour certains d’entre vous ? Si tel est le cas, vous m’en voyez désolé. D’ailleurs, malgré les nombreux exemples sonores four­nis ici, j’in­vite bien entendu toute personne inté­res­sée par le sujet à tester chacun des services sur ses propres morceaux via les offres d’es­sais gratuites histoire de voir s’il y trouve son compte. Ce faisant, si vous souhai­tez vous forger une opinion des plus objec­tives, n’ou­bliez surtout pas de compa­rer vos mixages et les “masters” à volume perçu égal, autant que faire se peut. Comme je vous l’ai dit dès le début de ce compa­ra­tif, j’ai mis un point d’hon­neur à ne pas expri­mer mon opinion avant la fin de cette série de façon à ne pas influen­cer votre juge­ment. De même, j’ai égale­ment souhaité rédi­ger mes propres conclu­sions avant la publi­ca­tion du moindre épisode de façon à ne pas être influencé par vos avis. Du coup, je ne vous cache pas que j’ai hâte de lire vos diffé­rents points de vue sur la ques­tion !

P.-S. J’ai volon­tai­re­ment omis plusieurs éléments de compa­rai­son entre ces “maste­rings algo­rith­miques” et le véri­table travail de maste­ring “clas­sique” réalisé par un tech­ni­cien du son spécia­lisé en la matière. Ne vous en faites pas, nous abor­de­rons cela à l’oc­ca­sion d’un huitième article “surprise” qui tien­dra lieu d’épi­logue à toute cette histoi­re…

Télé­char­gez les extraits audio Mix (format FLAC)

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