Nous avons jusqu’à présent parlé de ce qu’il y a dans les micros, parlons maintenant de leur aspect extérieur.
Là encore, la méfiance est de mise, car si des automatismes existent, et des formats à peu près standards, il n’y a pas de lien systématique entre la forme d’un micro et ce qu’il contient à l’intérieur. De plus, les noms utilisés pour désigner un format de micros sont souvent liés à un instrument voire un type de micro au sens de la construction, mais c’est quasiment toujours un abus de langage (une synecdoque pour être exact). Le nom d’une forme de micro désigne en fait, à la fois la forme de l’objet micro, et la forme du trou dans l’instrument qui est destiné à recevoir cet objet.
Micros pour guitare
Chez les guitaristes, les deux types principaux de micros sont le « format humbucker » et le « format single coil ».
Le « format humbucker » désigne le micro de forme rectangulaire assez large proposé initialement par Gibson avec son PAF. Il existe en version avec ou sans capot métallique laissant apparaître les plots.
À l’intérieur de ce format, proposé par la quasi-totalité des fabricants de micros, on trouve généralement un humbucker au sens électronique de la chose, c’est à dire comme vu précemment un couple de deux bobines, généralement reliés en série. Toutefois, nombre de fabricants proposent des versions splittables ou switchables série/parallèle de ces humbuckers, ce qui permet d’obtenir un son de single coil avec un tel micro.
Enfin, des fabricants de micros de remplacement proposent des micros « single coil », par exemple de type P90, au format humbucker pour les possesseurs d’une guitare qui a un emplacement déjà taillé pour recevoir ce format, mais souhaite utiliser un micro single coil plutôt qu’un humbucker.
Le « format single coil » désigne le format des micros single coil d’une Stratocaster, ou du micro chevalet d’une Telecaster. À l’intérieur de ce format, il existe bien entendu une large gamme de micros qui sont des single coil d’un point de vue électronique, mais aussi de très nombreux autres types de micros, à commencer par des humbuckers (à plots, à lame…) destinés à proposer un son de humbucker sur un instrument dont les emplacements sont taillés pour un « format single coil » sans creuser la guitare pour y implanter un « vrai » humbucker au sens Gibson de la chose (c’est-à-dire un pavé deux fois plus large). Ironie de la chose, ces humbuckers au format single coil peuvent bien sûr être splittables pour retrouver un son de single coil…
D’autres formats plus rares existent aussi, comme le « lipstick » (micro manche d’une Telecaster, micros des guitares Danelectro…), le P90 (un format rectangulaire assez proche du format d’un humbucker quoique plus étroit, et destiné à accueillir un micro single coil typique de chez… Gibson !), les micros des Fender Jazzmaster (proches dans l’esprit des P90 susmentionnés), les micros des guitares Gretsch ou Rickenbacker…
Chez les graves
Chez les bassistes, c’est encore plus complexe, car les formats de base sont plus nombreux.
Le « format Precision Bass » désigne le micro de l’instrument du même nom, que l’on doit à Leo Fender : il s’agit d’un micro à deux plots par corde, scindé en deux parties, reliées entre elles en série afin de former un humbucker du point de vue électronique pour éliminer les parasites, mais qui ne captent pas les mêmes cordes en même temps, donc délivrant un signal de single coil du point de vue sonore. Sous ce double capot typique, grâce à l’inventivité des fabricants, on peut aujourd’hui trouver à peu près tout : micros à plots ou à lames, single coil ou humbucker…
Le « format Jazz Bass » procède du même esprit : il s’agit initialement du format du micro single coil (à doubles plots) typique de cette basse que l’on doit aussi à Leo Fender (un rectangle étroit et allongé). C’est très probablement le format de micro basse le plus courant au monde, et sous ce capot on peut trouver absolument tout : du single coil au humbucker, à plots, à lames, splittables ou non, plots apparents ou non…
Le « format MusicMan » désigne le gros pavé à double série de gros plots typique d’une basse que l’on doit encore à Leo Fender (!). À nouveau, méfiance, car sous le capot se cache généralement un humbucker, mais des subtilités existent (splits, série/parallèle, bobines fantômes…).
Dernier format typique des basses, le plus récent : le « soapbar ». Littéralement « savonnette », ce format désigne un micro rectangulaire généralement (mais pas systématiquement) sans plot apparent qui donne globalement l’aspect d’une grosse savonnette noire. Il s’agit d’un format au sens large, car il n’y a pas de dimension standardisée pour ce pavé, mais plutôt une infinité de subtiles variations de longueurs, largeurs et angles plus ou moins arrondis. Deux tendances se dégagent principalement, les coins carrés avec une largeur faible (type EMG 40, du nom du micro qui a popularisé ces dimensions) et les coins arrondis avec une large plus grande (type Bartolini P9, pour les mêmes raisons) et l’on trouve des fabricants qui se réfèrent à ces deux formats, mais aussi d’autres fabricants qui innovent dans toutes les dimensions jusqu’à des micros parallélépipédiques (Sandberg) ou ovales (Delano). À l’intérieur d’un soapbar, c’est la foire d’empoigne : on peut trouver absolument tout, du single coil au quad coil, des humbuckers splittables dans tous les sens, des aimants en plots ou des barres, apparents ou non, et même des micros d’autres formats camouflés sous une enveloppe modernisée, comme un micro Jazz Bass ou Precision !
Chez les basses aussi, à côté de ces standards gravite une infinité de formats plus ou moins répandus, à commencer par l’outsider Rickenbacker qui ne fait jamais comme les autres.
De la relativité d’un standard…
Attention à la notion de « format de micro standardisé » : rien n’étant réellement standardisé dans ce domaine, deux micros adoptant le même format, mais issus de marques différentes, ou de la même marque à des années d’intervalle, peuvent différer de quelques millimètres qui, une fois qu’il s’agit de les installer dans un instrument, font toute la différence entre une installation facile et un cauchemar à base de limes, de défonceuse et de copeaux accidentels. De nombreux instruments à travers les âges témoignent de ce type de greffes plus ou moins Frankenstein, consulter à ce sujet les fameux sujets « gratte moche land » et « basse moche land » sur le forum ;-D. Si vous ne voulez pas échouer dans cette catégorie, et que vous n’avez pas non plus pour ambition de vous improviser luthier, prenez toutes vos précautions côté mesures et dimensions au moment d’envisager la chirurgie sur votre instrument.
De plus, les cordes d’un instrument de type guitare ou basse ne sont pas strictement parallèles entre elles, elles sont de plus en plus écartées à mesure qu’on se rapproche du chevalet. Les formats de micros prennent ceci en considération. Par exemple, les deux micros d’une Jazz Bass ont l’air identiques à l’œil nu, mais sont en réalité légèrement différents de quelques millimètres (le micro chevalet est plus grand), et les plots eux-mêmes sont plus écartés sur le micro chevalet. Et bien sûr comme jamais rien n’est une règle absolue, les fabricants de micros à lames qui n’ont pas à se soucier de ce problème d’écartement de plots, proposent des paires de micros format JB où les deux micros ont la même taille, pour des instruments modernes aux cordes resserrées au chevalet…
Du côté des guitaristes, la présence ou non d’un vibrato au chevalet, en particulier un Floyd Rose, influe sur l’écartement des cordes et doit être prise en compte dans la mesure des dimensions d’un micro de remplacement.