Tester le Shure Sm7B comme micro voix? Pour un micro si réputé, la proposition peut prêter à sourire, mais si le Sm7B a déjà maintes fois prouvé son efficacité sur du chant, qu'en est-il exactement pour les voix parlées et les podcasts ?
Classique des classiques, le Shure Sm7B est devenu au fil des années, un incontournable de la prise de voix. Que cela soit en radio, en TV, ou en musique (pop, rap, métal, électro et j’en passe), pour de la voix parlée, criée, chantée ou hurlée, bien difficile de ne pas croiser ce micro quasi iconique. Mais s’il se défend aussi bien dans les conditions confortables d’un studio d’enregistrement, est-il réellement adapté pour les podcasters et autres streamers dont l’équipement est rarement aussi pointu et professionnel que dans une régie son ?
Tour d’horizon
Autant l’avouer de suite, c’est mon vieux Sm7B, acheté il y a maintenant plus de dix ans, qui servit pour ce test et il fut un peu déstabilisant d’ouvrir sa boîte en carton en essayant d’y jeter un regard neuf et surtout le plus objectif possible. Mais l’exercice est amusant !
Le Sm7b arrive donc dans une boîte en carton toute classique et sans grande prétention. Blotti dans un moule en polystyrène, le micro est livré avec une notice et une seconde bonnette assez imposante. Le packaging n’est pas des plus époustouflants et l’absence de housse de rangement m’a toujours étonné, mais il faut bien l’avouer, après toutes ces années de bons et loyaux services, la boîte ne s’est toujours pas désagrégée et elle protège toujours aussi efficacement le microphone.
Le micro
Le Sm7B présente plusieurs particularités quasiment toutes maintes fois copiées, mais très rarement égalées. Tout d’abord, cette fameuse bonnette noire recouvrant une grille de protection à l’intérieur de laquelle se cache la capsule du micro. La grille et la bonnette permettent toutes deux d’atténuer l’effet de proximité et l’envie de se coller au micro, quasi instinctive, ne portera que très rarement préjudice à vos enregistrements. L’une des raisons pour laquelle vous rencontrerez souvent des chanteurs en train de « manger » ce microphone.
La seconde particularité typique du micro est la suspension incorporée directement à son corps. Avec ses deux bras en métal, la suspension permet une fluidité de mouvement très large et le positionnement du micro se fait sans à-coup, de manière vraiment très naturelle. Grâce à elle, quasiment toutes les configurations deviennent possibles ; le Sm7B reste aussi bien à l’aise sur un pied de micro classique que la tête en bas, sur un bras articulé.
Troisième particularité : les filtres positionnés sur l’arrière du microphone incluant un coupe-bas et un « boost » de présence. Nous y reviendrons plus tard.
Quatrième particularité : la connectique xlr, habilement située dans le corps de la suspension. De la sorte, le câble ne vient jamais perturber les mouvements du microphone et/ou de la suspension. L’esthétisme d’un tel choix est en outre un grand plus visuellement, aucun câble disgracieux ne polluera alors votre cadre.
Cinquième et dernière particularité (et pas des moindres) : le Sm7B est construit comme un tank. Hyper solide, compact, et protégé par cette fameuse grille, le micro est quasi incassable (toutes proportions gardées bien sûr). Un tel micro est fait pour durer et une fois en votre possession, il risque de devenir un ami fidèle pour de nombreuses années.
« LE » son
A l’instant même où vous entendez le Sm7B, vous retrouvez d’emblée « LE » son entendu depuis tant d’années sur vos disques (ou stations de radio) préférés. Concis, compact, précis sont les premiers adjectifs qui viennent à l’esprit. Les médiums sont bien présents et chaleureux à souhait. On comprend bien pourquoi ce dynamique a tant de fois été utilisé en musique, la voix se plaçant si facilement, si rapidement dans un mix.
L’effet de proximité induit par le microphone est indéniable et en devient presque un jeu. On se surprend à se rapprocher ou non de la bonnette pour grossir, arrondir ou désépaissir sa voix. Pour les fans de rap, vous retrouverez ce son si typique des émissions de Skyrock avec des « peuh » et autres plosives bien présents mais jamais étouffants. Pouvoir moduler le rendu aussi rapidement en jouant avec la distance du micro est un bel atout et le résultat en sera toujours de très bonne qualité.
Si au contraire vous recherchez un effet de proximité moindre, le switch coupe-bas deviendra un sérieux allié. Le choix de la fréquence de coupure est idéal : votre voix restera corpulente, son intelligibilité n’en sera que meilleure et vous pourrez à nouveau jouer avec la distance du micro et vous rapprocher de la capsule sans crainte de mouvements d’air intempestifs.
Si jamais vos plosives restaient trop présentes, une deuxième solution se présente à vous : la seconde bonnette. Plus large et plus conséquente, cette bonnette possède deux avantages. Premièrement, elle vous permettra effectivement d’amoindrir encore un peu plus l’effet de proximité tout en vous laissant l’opportunité de rester collé au microphone. Ensuite, elle adoucira légèrement les médiums du microphone. Si vous trouvez donc que certaines fréquences de votre voix sont un peu trop agressives ou trop dures, ne négligez surtout pas cet accessoire, il vous facilitera de nombreuses fois la vie !
Vous trouverez une autre façon de changer la couleur de votre son via le switch de présence. Un léger « boost » des hauts médiums est alors appliqué. Si votre voix vous paraît trop terne ou trop grasse, ce petit switch éclaircira directement votre prise. Comme pour le coupe-bas, le choix des fréquences amplifiées est très bien effectué et une fois activé, vous ne devriez pas souffrir de sifflantes ou du suraigu invasifs.
Seul bémol relevé lors du test : le micro perd de sa superbe dès lors que vous vous en éloignez trop. Le son de pièce devient prédominant et votre rendu sonore s’en verra malheureusement appauvri. Pas de discussions possibles : le Sm7B est un micro fait pour être utilisé en proximité !
- Sm7 Proxi00:29
- Sm7 Collé00:29
- Sm7 Collé + Antipop00:28
- Sm7 Grosse Bonnette00:29
- Sm7 20cm00:29
- Sm7 Coupe-bas00:30
- Sm7 Presence00:28
- Sm7 Coupe-bas + Presence00:29
La sensibilité
Vient le moment délicat du défaut du Sm7B. Car oui, ce micro à un défaut : sa sensibilité. En effet, il est préconisé d’utiliser un préampli de très bonne qualité pour tirer tous les profits du Shure. Et si possible, que votre préampli puisse délivrer au minimum 60 dB de gain (je dis bien au minimum !). Si en studio, ce genre de préamplificateur est courant, faites bien attention que votre interface audio soit aussi puissante. Sinon, votre rapport signal/bruit ne sera pas des plus optimaux et le résultat final risque de vous décevoir fortement.
Un petit accessoire peut toutefois vous sauver la mise : l’achat d’un petit préamplificateur pour booster votre signal. Plusieurs marques proposent ce genre de produits et je vous conseille de vous tourner vers les cloudlifter, dbooster, fethead etc., tous de très bonne qualité. Une fois alimenté en 48 v, ces petits boîtiers amplifieront votre signal d’environ 25 ou 30 dB (en fonction du constructeur). Votre préampli retrouvera alors toute sa verve, votre signal/bruit sera parfait et votre rendu sonore n’en deviendra que plus qualitatif ! Notez que la notice de Shure conseille elle-même l’utilisation d’un tel accessoire (si bien sûr, vous sentez une faiblesse au niveau de votre préamplificateur).
Conclusion
Entre les différents switches, le jeu d’effet de proximité et les différentes bonnettes, la polyvalence du micro est totale et moduler la couleur sonore de votre voix un vrai jeu d’enfant. Avec un tel rendu, aucun doute possible, le Sm7B est un micro classique. Point.
Si vos finances le permettent et si vous recherchez LE son de voix que tout le monde connait et apprécie, ruez vous sur ce micro, il ne vous décevra pas. Mais prenez bien garde à la puissance de votre préamplificateur !